Comme à la maison

À flétrir la différence   
Poussent les graviers au bord de l'eau   
Entraînant le discours   
Du pour et du contre   
Hors des offres de l'altérité.      
 
Et de s'abstenir   
Quand les pensées n'en peuvent mais   
Cette impression de non-agir   
Qui rend la tâche ardue   
Avant de rentrer chez soi.      
 
Finalement finalement   
La perle n'étant la parente   
Ni du futur ni du passé   
Fût le fruit du manquement   
Cette cage à la porte ouverte.      
 
Au loin   
Besace pleine   
La berge rectiligne   
À la crête de coq jointe   
Était la quête de créer.      
 
Point d'église ni de château d'eau   
La partie se jouait   
Une pensée d'action au dénouement déroutant   
Évacuant la peur d'être entraîné   
Comme à la maison.      
 
1330

Ma flèche est pure

Ma flèche est pure   
Elle ne va pas droit au but   
Entre la naissance et la mort   
Elle est l'instant.      
 
Et si l'éclair de la vérité la révèle   
C'est que le blé est mûr   
Hors désir et exigence   
À la merci de sa propre réalisation.      
 
Ma fille éclaire   
Le manque de mes errances passées   
Mais que puis-je faire face au temps   
Si ce n'est être silencieux.      
 
Écrue de toi   
Comme le croassement des corbeaux   
Qui partent de la ville le matin   
Pour retrouver bois et prairies.      
 
Sans se déplacer   
Il interroge les amis dormant sur une étagère   
Puis regardant par la fenêtre   
Saisit la fuite des nuages.      
 
Et de lire jusqu'à l'éblouissement   
La réponse du guérisseur   
Au cœur-enfant profond   
"D'essayer d'aller par là."      
 
1329
 

Le lézard vert

Le lézard vert   
Sur sa pierre
À se réchauffer
Pensait peut-être à ce qu'il deviendrait
Demain
Quand douce mort viendra le cueillir.

Un autre, de même, en l'effet d'être
Un homme avec une conscience d'homme
Pour s'essayer au grandir de soi
Et se libérer des préjugés
Des attachements
Et des croyances.

De changer de forme
Est le monde qui à chaque instant
Se désincarne puis s'incarne
Comme si de prendre naissance et mort
Ne prend jamais naissance
Ni ne meurt.

Le lézard dit :"Je suis laid
Et pourtant je suis beau
Par la trace des ans que je révèle
Afin de soulager les souffrances
D'être le dernier désir
Avant d'atteindre le bris de chaîne."

Végétal même sec
Roche chaude
Suffisent qu'on expose l'animal
Pour que friction de l'âme et du poème
Engendrer le renouvellement
Et laisser les choses faire.

Accompagner sa vie
Tant qu'elle nous survit
Serait-il l'impasse
Où la voie d'amour et de service
Loin de l'intérêt personnel
Peine à s'extraire.

1328

À ne toucher la Réalité que du bout des rêves

À ne toucher la Réalité   
Que du bout des rêves
Les Ombres deviennent durables
Pour mécaniquement
Revenir à l'atome
Avant la grande explication.

Alors que respiration ralentie
Quand la brume vacille
Valsent chemins et coursives
De l'habitacle notre lieu
Pour recourir à ce qui touche le cœur
L'Énergie pleine et sans forme.

Au passage des nuées
Devant la porte cochère de nos représentations
Le son et la lumière
Organisent le tintouin de la fête
Éclosion de Présence
Mêlée aux impacts de la Conscience.

Nous irons bientôt en Loyauté
Nous mirer dans ce qui a été
Pour vol des trois instances
Être l'esprit
Être l'âme
Être le corps auquel revenir.

Ici, point de jeu de mots
La langue est celle du silence
Et si les gestes cliquettent
Dans l'assomption quotidienne de notre tâche
Il est toujours un endroit
Où la Lune et Vénus se rapprochent.

Plaque de métal apposée sur ma porte
Les démons se sont cassés le nez
À mesure que disparaissaient
Le mimétisme des années écoulées
Pour aller là où les gens sont sourds et muets
Offrant des bulles d'air sur fond d'humanité.

1327

J’ai joint les deux mains

J'ai joint les deux mains   
Et s'en est fallu de peu
Que l'entre ciel et arbre
La fusion des mots et des choses
Se remplissent des animaux de l'ombre.

Depuis des lustres
J'accueille et je retiens
Sans rajouter d'étages à ma conscience
Alors que vents et marées
Ont haussé la mire.

Ne peuvent apprécier
Les marais de l'arrière pays
Que les tenanciers de la langue
Tirant à boulets rouges
Sur le "oui" de l'autorité.

Aussi j'ai rejoint
Le lac bleu des montagnes
Pour suivre nuages changeants
Et se mirer, se réaliser, s'identifier
À ce que je suis.

1326

Au doigt levé

Il a marché sur le pierrier des instincts   
Et cela a fait mouche
À un degré
Que la méditation n'a pas suffi
Pour calmer ses ardeurs.

À mi-chemin
Il y eut le mauvais sang
Retournant vers sa base profonde
À faire se lever une volée de moineaux
Dans sa fricassée de cris.

Gorge chaude à l'ingéniosité prolongée
L'entablement des peurs
Fût pris par des imprécations
Saccageant à l'envie
La maison d'enfance.

L'homme n'est pas parfait
Et ne saurait contrôler le désir de santé
De son corps, de son mental
En quête jamais atteinte
D'une perfection à saveur sainte.

Et de prodiguer l'amitié
Le doigt de Dieu dirigé vers la montagne
À grappiller les traces du passé
Pour disposer le long du sentier
Les lueurs de la scène nue.

1325

Ce matin j’ai triché

Ce matin j'ai triché   
À ne pouvoir chasser la tristesse
Du fond de mon teepee de Gergovie.

J'ai cru que c’était pour toujours
Qu'accepter faisait moins souffrir
Et qu'à communiquer
Portait pommade à ma plaie essentielle.

Maintenant je suis seul
Et tisse l'insignifiant de la pensée du monde
Auquel j'ajoute quelques bourgeons de contrition
Par cette déambulation nocturne
À la mi-nuit d'une pluie fine
En compagnie des saints
En compagnie de mes défunts
Ouvrant d'un éclair magistral le tronc de mon Être
Faisant sien la fréquentation des heureux et des sages
Au centre des deux yeux
L'orage claquant le cœur du jeune daim
Sur la paroi métallique d'un justaucorps de circonstance.

J'use et refuse
Au temps qu'il me reste
De compatir aux phrases fourrées de miel
Et préférer l'amble d'un cheval ferré
Hennissant naseaux gonflés de nacre
Par soir de lune bleue
À même notre mort éternelle.

1324

À dire ou ne pas dire

À dire ou ne pas dire   
Des mots comme des chiots
Batifolent autour de leur mère
À se mordiller
À se califourcher
Entre deux tétées.

Ainsi passe la vie
Quand le passé est mort
Quand le corps recouvert d'un linceul
Le mental est fait de purée rose
Les arbres poussés au printemps le peuvent
Cette façon de joindre par les deux bouts
Et le tenace et le compréhensif
D'un chemin sans famille
Cherchant parmi les taupinières
Le mieux du moins
Ce qui reste de la dernière glaciation
Fervente discipline
À discerner le bien du mal
Jusqu'à ce que la volonté lâche
À même le seuil de mourir et de naître
La cendre finissant par se confondre avec la neige.

1323


Miss Deux mailles

Miss Deux mailles approche   
Qu'imaginer est un soucis
Pour loin de loin
N'avoir rien à prouver
Et progresser
Pour que la bise soit familière
La bise du soir
La bise du matin
Rose au lever du jour qui point
À la merci d'un merci.

Qu'avancer c'est être

Propre sur soi
Dans l'ivresse de la présence
Sans que cela soit terne
Lunettes bien en place
L'humanité sans trompette
Où tout est permis
Les papiers pliés en quatre
Remémorant le Saint Esprit
Pris au piège de la beauté
Sur un banc de bois usé
Comme Lahurlette
Et sa miss Tigrise
Sans se faire prier
Plein de fleurs des champs dans la main
À découvrir le visible
Sur la pente ami-ami
À faire des projets d'adulte
Sur la tubulure de l'ouverture
Mon sourire
Mon vertébré amour
À te parler vrai
Tel franchouillard de rencontre
À ouvrir l'horizon
Une huître vous dis-je
Au futur du mascaret
Ce matin
Où tout est solide mon petit
Et ne puis rien te dire
Au vert de gris de la balustrade
Que le parti prit pour romance
Au bric-à-brac de notre enfance
Alors que nous partagions l'animal humain
À coups de langue de bois
Parmi les biches de bon aloi
À vu
Pétales tombées
Sur la pierre des oublis
À refermer le tabernacle
Derniers regards troublés
Sur la passerelle
Épée à la pommelle dorée
Saillant d'un vertige
En souvenance
De ce rouge-gorge
Perché sur la plus haute branche
Signifiant par cela
La pertinence des choses partagées
Ouvrant grand les bras
Devant l'enfant lové en son ventre
Le bel œuf
Aux phrases courtes disposées.

1322

Compagnons de voûtes

Tu es venu   
Pour me dire ça
Que l'absence c'est la présence à venir
Et que gravir l'échelle
Cause la fracture éternelle.

Puis tu es parti
À remonter
les torrents
À fond la caisse
Sous le pas des chamois
Sans foi ni loi.

Lui ou moi
Qu'importe la journée
Toujours il y aura
Quelques mots de poser
Sur le papier par gratitude.

Que publier
Que naître
Que témoigner
Du secret des choses et de nous-même
Mène aux marges du monde.

Pour que là
Au soleil de la place des Fêtes
Il y est toujours
Le zozo à moto
Pour tirer son portrait.

À la mine de plomb
J'ai fait l'incroyable rencontre
De la force du rire
Haranguant une volée de moineaux
Dans un nuage de poussière.

Compagnons de voûtes
À décrypter la part du doute
Sommes assis sur le banc de pierre
Dédicaçant au scalpel
Le regard fraternel.

Je pense donc je fuis
Comme poncé lavé jusqu'à l'oubli
Faisant apparaître au grand soir
Portes ouvertes
Le merle blanc chantant à tue-tête.

Se déplacer sur la page
Augure de brûlantes rencontres
À refléter la brillance
De ce qui fait souffrir
De ce qui fait nous ouvrir.

Il est des parois vitrées
À l'entrée du chœur
Des instants de bonheur
Où pousser la balancelle
Sous une pluie de mirabelles.

Devant le pire
La masculinité
Il nous reste à découvrir
Le pauvre diable
Le marchand de couleurs couvert de poils.

D'une bordée l'autre
Aux vibrations que le soleil donne à la toile d'araignée
Soyons le retable des ardents
La béance des bêtes
Clouées sur la porte des granges.

1321

La présence à ce qui s'advient