Eternel paysage

Clameur métonymique
Fin écho de lumière
S’enflent à pleine vue
Le grave et le fragile
Sur fond d’efficace synecdoque.

Découpe franche
Au labyrinthe des passions
Le souffle devient signe
Par imposition des mains
Sur le râble de l’arbre.

Aux écueils de la répétition
Succède le raffinement
D’angoisses programmées
Par l’accroissement mnémotechnique
Des clauses du pourvoi.

Un monde nouveau s’ouvre
Au travers des bombardements et des épidémies
Se révèle la quête inclassable
Des notes verticales
Au dévers d’une portée musicale.

L’ossature du réel
À mesure des mutations changeantes
D’un haruspice médian
Inaugure traces de poèmes
En l’éternel paysage.

Objets symboles
Les légumineuses d’Archiboldo
Cueillent et mijotent
Les simagrées de la lune
Sur fond de noir perdu.


1516

La présence palpable

Toute pensée jaillit 
Sans fin
Dans la verte prairie parsemée de fleurs
Au beau du ciel
Face au bonheur des sens
Que les enfants accompagnent
Derrière le moucharabieh.

Générosité
Ô générosité
Que vous fûtes céans
De fraîcheur accomplie
Par ces temps de canicule
À la pointe des traditions
Imprégnant le cocon des souvenirs.

Le corps se détériore et l’esprit non
Pour vieillesse occasionnée
Intriquer l’écriture
Tel caillou jeté à l’eau
Qu’une libellule chevauche
Dans le défilé des résonances
Là où s’enjoint la présence palpable.

Avec avidité
La colère monte
Quand les contraintes
Tambourinent sur le pas de porte
À remonter le temps
Des résolutions perdues
Par nos vaines habitudes.

Au changement d’heure
L’eau continue de couler
Forme des profondeurs immenses
De vitalité révélée
Où s’émousse le sentiment de permanence
Stagnant à dessein
Dans la parodie du faire-valoir.

Regardons l’arbuste nourri par le vent d’ouest
Aux petits fruits rouges rigolos
Qui ébranle le lever tôt
Telle fenêtre ouverte
Sur le bout de panorama
Qu’une poignée de cendres
Recouvre d’un dernier sourire.


1515

Entre ciel et terre

Clivage entre ciel et terre
En majuscule de l’intérieur
S’écartent les chevaux du septième sceau
Au rythme poétique
D’un troisième élément.

Solidaires et hostiles
Les nuages tracent traits définitifs
Du plus que l’inventivité
Un condensé d’ondulations
Submergeant le grave et le sensuel.

Lumière à pénétrer
Le soir dans les églises
Toute grotte propice
Aux activités brûlantes de l’ombre
Immédiate saisie du jour finissant.

Attention ! Chef d’œuvre
Qu’à cela ne tienne

Aux métamorphoses douloureuses
Survient l’exil assumé
De la noix broyée en fond de mortier.

Aventure que celle de l’arrivée
En ces terres reculées
Ossature du réel
Recueillant mains tendues
Les perles de rosée.

Confer la tradition
Aux pâles lueurs
Capables de toutes formes
Succède ad dominum
Le chant d’une langue maternelle.


1514

La traversée

Cette traversée des anecdotes parnassiennes
Concasse les quatre dimensions
De l’heureuse clôture
À hauteur du grand temps
De la métamorphose.

Intime déploiement
Vers le centre ardent
Où ce qui émane
À force de retournements
Est flamme carnassière.

Permettre la saveur veloutée
Calme le poète muet
De désirs et de doutes
Devant la justesse des paysages
Maître-passeur d’entre les mailles.

Une brèche s’ouvre
À qui saura de prime abord
Entrer par effraction
Saillantes et discrètes
Là où s’achèvent les lentes pulsations.

Arbres et rochers
Fleurs et oiseaux
Tout par la colline
Aux picots de l’esprit
Il n’y a trait qui ne soit vivant.

Lavis halluciné
Créant son entre-soi
Le monde au visage défait
S’est mis à genoux
Juste avant les traces du dernier saut.


1513

Les elfes . 1

Saisir le sens 
Millefeuilles à portée de la main
Dans cette bibliothèque
Confiance retrouvée
Au cil à cil d’une émotion.

À la une à la deux
Se sont levés
Les ombres du passé
Calmement
À la merci d’une pensée.

Saisir les ailes du papillon
Augure d’un savoir-faire
Zigzagant devant le prisme
Pieds nus sur la terre moussue
Vers l’aval de la chute.

Septembre des grappes vermeilles
La lueur des ans
Charme de sa résille
L’ombre de la maison
Dans le mouvant de l’effluve.

Au ruisseau des Attelles
Surgissent les officiants de la lune
Yeux fermés en causerie
Glissant un son de violoncelle
Dans l’équilibre de l’instant.

Roches et feuillages
Ouvrent l’huis de la femelle obscure
Là où la vie engendre la vie
Nature profonde créée
Harmonie du regard et du chant.


1512

La gerbe des joncs

Parfum d’Ardèche
Empreintes du passé
Un festival de nouveautés
Nous attend
Au cœur de l’été.

Pavement exposé
Aux quatre coins de la maison
S’enflamment les pensées
En une danse sacrée
Autour du suc.

Paisible est l’élaboré
Comme un rêve
Aux rives invisibles
Cailloux roulés à vif
Sous le sans-forme d’un délire.

Goutte d’eau dans de l’eau
Par à-coups se rassemblent
Les pigments de l’éveil
En conséquence
À la gerbe des joncs.

Tape tape du pied
Le frère des Entommeures
À l’œuvre indéfectible
De cette vie minuscule
Au sol cendré.

Occasion manquée
De caresser la gouliche
Pardessus ajusté
Au sortir des redondances
Du chemin parcouru.


1511

Belle lettre envolée

Ce matin
J’ai essuyé la suie
Dans l’encoignure de la fenêtre
Pour message d’amour de tous les jours
Orner les joues
De traces noires
Avec mes doights gourds.

Pour aller à la guerre
Il les fallait
Ces marques à ne pas se faire voir
Être vivant sans être vivant
D’instinct je le suis devenu
Adepte de la nue participation
Au colloque des araignées d’eau.

La terre était verte
De l’herbe avait poussé dans le désert
Et le Petit Prince
Pouvait cueillir la fleur suprême
À déposer au cimetière Saint-Ferjeux
Simple travail en lumière
Au retour de l’arrière.

Battre campagne
À grandes enjambées
Chapeau bas
Mains dans les poches
Augure soucis de gestation
Quand la goutte au nez
Se joint aux lèvres de la parole.

Nuages nuages
Les champs seront enclos
Sans que les mots ne paissent
Dans la prairie du bas
Qu’il fallait préparer
Avant d’élever le palais
Des enfants obstinés.

Croix de bois croix de fer
Si je mens vais-je en enfer
À l’abri des sous-bois
De colère apaisé
Qu’un coup de vent
Souffla comme cendre
Belle lettre envolée.

1510

Lumière écrite

Lumière écrite
Contre le tronc du chêne
Évocation de l’absolu
Se savoure le jour
Des pierres posées
À la vie surabondante
Que rassure
Le regard et la bonté
Attentif amant
En quête d’un rayon soleil
À la vraie contorsion
Par le biais des mots
Que l’homme assis là
Inocule
Comme bébé tétant le sein
De l’outre renversée sur la dalle
Dans l’échappée de ce qui fût
Bien avant que le plaisir advienne
En excès de liturgie
Par temps de pluie
Au déploiement de la houle des galaxies.


1509

Onctueuse cicatrice

Onctueuse cicatrice
Du chêne à la veillée
Que le banc graphiquement
Accompagne d’un oubli
Aux courbures complémentaires.

Là, souffle l’esprit
Où le verbe se fait chair
Incarnée vivante prise
Du trait la belle espérance
Comme en marchant.

Musique du silence
À la feuille légère
Entrer en résonance
Avec le royaume de ce monde
Pur abandon de la virtualité.

Le paysage à hauteur d’épaule
Sommes déployés
En intimité ardente
Avec la route des migrateurs
Que le grand nord appelle.

La grêle des mots
Recouvre d’une caresse visuelle
Les mutations changeantes
D’un infini-fini
Que le dit non-dit accapare.

De l’un à l’autre
L’eau et l’arbre
Tressent le lien indéfectible
Du point de beauté
Avec la perpétuation de l’accablante nue.


1508

En légèreté de l’amour

Hors temps
Hors dimension
Hors époque
Les dinosaures se sont tus
Au reposoir des années passées.

Le roc acéré
Pic-épeiche de l’annonciation
Fait charnier des petits animaux de rencontre
Etreinte dernière
Aux closures de l’esprit.

Le fulgurant rai de lumière
Ecarte cœur battant
Le verbe créateur
Que la présence de l’ange
Ausculte en descente du train.

Passer à la ligne
Revient à dialoguer avec soi
Le sens faisant silence
Tel trio pour violon
En médiation d’imbroglios.

Farine de l’air
En explosion de la matière
Devant le regard lavé de tout préjugé
Nous plonge dans l’attente
En ignorance du bien et du mal.

Se joignent
Les dix doigts de l’homme
Sur le visage de la femme
Œuvre de grande clarté
En légèreté de l’amour.


1507

La présence à ce qui s'advient