Repeuplement

Revis et défis-moi
Repeuplement de la porte basse
Cloué sur un tronc d’arbre
Aux aspects de nature altière.

Casser les poncifs
Enténébrer les virtualités
Être le prince du siècle
Vorace comme vautour.

Souffle et ne demande rien
Progéniture à venir
Rendant paix et prospérité
À l’âme ensemencée.

Accueillir
Et blêmir d’avoir accueilli
La cause de la nuit
Obstacle à toute mesure.

À la Poterne c’est à pied
Que les hommes se sont rencontrés
Autour de la fontaine gelée
La prière comme calebasse.

Vertueuse réplique
Des bougies au sang mêlées
À la descente de l’Embraer
Avons sonné le glas.

Milles Africains valent mieux
Que cinq cents Européens
Mais quelle maison leur fournir
Le titre de séjour.

La vague a couché le château de sable
Au bas de l’édifice
Un morceau de métal
L’orifice par lequel s’employer.

Sous le vol des chauves-souris
L’œil du triton
Estafilade de la nation
Menton bien droit.

Les elfes et les fées
Dansant en rond
Ont magnifié le chaudron d’amour
De cendres et de douilles.

La momie demeurait discrète
La rouille éclipsait la lune
Filant à tire-d’aile
Vers un sac d’embrouille.

Que dites-vous de ça
Mes amis de cœur
Au café de la bonne humeur
Tirons un trait en bas de page.

1556

Tête unique à deux corps

Tête unique à deux corps
Corpuscule
Par tes ruses
Tu as escamoté le cœur de ma fille
Ô tout puissant seigneur.

Écoute-moi bien
La Vive qui ne vit que par mes yeux
Sois la grâce
Refuse ses avances
Où prépare-toi au trépas.

Virginal pèlerinage
De l’eau de rose distillée
Éclaire tes chastes épaules
Sur les pentes du Sinaï
À psalmodier les hymnes sacrés.

De la stérile lune
Trois fois réformée
Tu as extrait le jus des outrages
Des alambics de la folie
Tous dépendant du musc de la Bête.

Sublime acteur
Aux veines sous-ventrières extrêmes
Tu ne seras jamais l’excès larmoyant
Du lion épris du chèvrefeuille de l’enfance
Ceint d'effilochées de nuages.

Viens
Redoublons à foisons
Les faveurs de l’été
Par le jeu de marelle
Dressons les méandres du désir.

Nous serons Un
Sans gelée blanche
À provoquer la rose
Troublante parure
De la cause terminale.

Cueille la fleur
Comme dernière entrevue
Avec candeur et respect
Des yeux lapis lazuli
Prompts à la rage sauvage.

S’allonger
Augure ciel étoilé
Bourré d’étoupe fraîche
Avant la mise à feu
De la clameur charmante.

Où es-tu ?
Si proche hier
Aujourd’hui plus légère que le souffle
À plonger sans vergogne
Le doigt dans l’au-delà.

Ne pas avoir peur du lion
Exit les valses d’antan
Pour vider le liquide ambré
Dans l’étrange reflet de la lune
Brillante par la croisée.

Carrément propice
Aux sceaux de la félicité
Ils ont brassé la boue
Pour cristal de mariage advenu
Étreindre la honte d’une ferme lanière.


1555

La perle d’amour

Ne souhaite pas sortir du paysage
Joyau des profondeurs
Toute l’année est mon royaume
Dont je purifierai les mortelles épaisseurs.

Soyez gentils avec les gentils
Soyez flambeaux luisants
Sur le plateau disposé
Aux yeux endormis des vigilants.

La moindre fleur pleure
Le disiez-vous en silence
Vers le lieu recommençant
Des étages de la montagne.

Nous disperserons bientôt
Les oies sauvages de la contrée
Pour dégringoler les uns sur les autres
Au bas du mur de la raison.

Pendant le spectacle
Il suffira d’accrocher le chapeau pointu
Là, en haut de la sphère luisante
Et de danser.

Le poids des chagrins ne nous épargnera pas
Nous serons trompés et ruinés
Par qui viole le serment
Au mépris de l’infaillibilité du présent.

Ô merveille
Quand tu lèves ta main vers mes lèvres
Empourprées par la blessure d’amour
Le vent d’ouest balaye le noir des corbeaux.

Je te remercie de m’avoir guidé
En visite chez Tante Jeanne
Les paillettes de feu du soleil couchant
Faisant yeux de lumière.

Deux corps deux âmes
Prêtent le flanc à la même chanson
De créer habiles aiguilles
L’étoffe des fées.

Écharde enlevée
Avec délicatesse
Crée civilité pour dos tourné
Remédier à l’absence.

Toi, petit et bariolé
Tes ongles n’atteindront jamais
La blessure légère de mon cou
Simple piétinement sur le sable de l’allée.

Guerrier à l’épée foudroyante
Derrière le buisson
Je coucherai la couleur déclinante du jour
Pour raffoler de la perle d’amour.

1554

Je me demande

Je me demande si je dois en parler
Ça file vite
Aussi vite que les plateaux de la balance
Sont folie légère
À mesure de mon amour.

Noble race jusqu’à la mort
Point de serment
Juste quelques sarments brûlant au fond du corridor.

Les larmes se payent cash.

Pauvre intention du déplaisir à venir
Arguant du moment où se coucher
Sur la paillasse de feuilles de bouleau
Après avoir soupé
Cette nuit aux esprits transfigurés
Dans la chambre aux rats de l’enfance.

J’ai rarement cédé devant le miroir
Pour discordance aboutie
Faire fête
À rompre les amarres
Devant la pacotille.

Place à la misère accablée
Avant de succomber au service.

Et vous ne verrez rien de pareil
Par douceur exquise
Qu’esquisser le pas de trop
De l’éloquence impudique.

Quel spectacle
Que cette langue sanglante
Droite venue de la saumure
À l’ombre des tamaris
De l’Étang de la Bonde
Où bouillonne
Le fruit d’un forage extrême
Ce plâtras
Cette vérité même
Cette toute petite chose
Craintive
À se chuchoter
Dans l’alcôve éternelle.

Table d’opération
Faisant table de ping-pong
Pour fongicide absolu
Faire rebondir la balle
À gorge déployée.

La boule de la rampe du garde-corps
S’est dévissée
Tête roulant jusqu’à l’entre-deux des cours intérieures
Jusqu’au panier des finitudes
Panier de pique-nique
Couvercles ouverts
S’envolant
Vers l’attelle vermeille
De la marche des Cieux.

Pelure d’hiver
Aux lampées d’un vent salace
J’ai crû atteindre le fond des golfes amers
À portée de main
Sur la clide du jardin.

Une échelle
Permet de monter à la chambre de Van Gogh
Vers l’homme de profil
Au regard tourné vers le bow-window
De quelques occurrences jointes
Agrémentant la venue du partenaire.

D’évidence absconse
Sans rituel humiliant
La parole se délia
Pour être stockée dans la mémoire locale.

La tête du bovin
Parfaite tête
Avec ses cornes
Ses oreilles
Et son mufle luisant.

Le bœuf et le chien d’une crèche
À Lucéram
Point d’orgue du périple provençal.

Pas d’escalier
Rien que des plans inclinés
Glissant à souhait
Jusqu’à la soute du précieux trésor.

L’homme ouvrait son journal
Faits divers à la une
Pour d’un regard trempé au fil du ciseau
Faire jaillir pleine page
Les gouttes de sang de l’Adieu.

( Œuvre de Sylvain Gérard )

1553

Biloba

Biloba
Des baraques en bois
La bile fait tâche d’huile
Sur l’eau d’en bas.

Farfadet biscornu
D’un lapsus inconnu
Même avec binocles sur le nez
Le bilboquet se tient coi.

Biloba aux ailes de joie
Il eût été céans
De sortir du rang
En ignorance du chemin de croix.

Monsieur Biloba
Aux belles manières adombré
N’avait de sérail
Qu’à l’ombre des batailles.

Millepertuis du sans-souci
Bill au pas de course
Parcouru les derniers mètres de la parodie
D’un retour strié.

Billevesée des choses ordonnées
Au sortir du corral
La poussière endimanchée
Fût perçue comme un râle.

Biloba
Bisque de homard au repas
Voila sa voix
D’une blessure d’icône dans le noir.

Biscarosse
D’une longue flamme rousse
Épongea le soupir des livres
D’une poignée de givre.

1552

Au saut du lit de la merveille

M’émeut de toi
À l’orée de la forêt
Le doux enchantement
Du désir de liberté.

Visage aimé
De la vie en ses errances
Me plaît d’ajuster quelque ballade
Comme pain de chaque jour.

Même du temps volé à la régalade
Ai clopiné derrière les astres
À rire et à pleurer
Jusqu’à la statuaire vide des officiants.

D’être guidé à l’entrée de l’espace céleste
Cause abandon définitif
De la mer abusive
Aux dépouilles carnassières.

Pénates endimanchées
De l’absence à la sagesse
Eûmes par le passé
Les prolégomènes d’un conte de fée.

J’ai ouï dire de la beauté du monde
Les ressources parnassiennes
Prospérer d’une langue fantôme
Aux pieds légers du poème.

Bien me pris
Par l’esprit de la barbichette
D’occasionner moult rencontres
Parmi les vivants.

Prurit du mal-aimé
Saignée en bord du chemin
Tout demeure halluciné
Quand claque des doigts l’accompli.

En avant toute
Toute mesure est blessée
Au sortir du bois
Le buccin sonne l’hallali.

La veilleuse fait bloc
Avec le souvenir
Ni plus ni moins
Qu’un macaron de principes.

Plaît-il dirent-ils
À dormir ensemble
Fabrique l’entendement d’être humain
Au carrefour des attentes.

Plume d’ange
À l’intelligence étrange
Cueillons le réel
Au saut du lit de la merveille.

1550

L’immédiateté de l’instant

Un peu plus qu’un trou noir
Aspirant une étoile
Avons perçu
La petite cellule des égarés
Comme barque sans lien
Cherchant parabole
À se dire
Au couchant
Que la coquille du mental ergoteur
Se brisera
Sur la tranquille inflexibilité
D’un cœur appartenant aux nuages.

Toileux frimas des orifices
Que de gloses faut-il
Pour aborder
Pas de deux oblige
Les simagrées d’un poème qui n’en est pas un
Alors que dehors
Il ne faut tarder
À nourrir
Bouches petites
Comme des chas d’aiguille
Éternellement sur le qui-vive
L’immédiateté de l’instant.

1549

Puisque telle est la loi

Au Rond-point des Bergères 
Palinodie de la Défense
Se départir du déjà-là écrit
Pour se défaire de l’écriture
Allonger le pas sous les lilas de l’allée
Passer devant les toilettes sèches
Cueillir une cerise
Et croiser le chien Noir
Qui rendu à la porte du jardin
S’appuyait contre la barrière
Pour faire la fête à quelque passant.

Black m’avait juste frôlé
Sans s’arrêter
J’étais invisible !
Je revenais dans le jardin de Tante Marie
De la chambre à la cuisine
Puis de la cuisine à la table dressée sous les noisetiers
Il y avait fort à faire
Gabriel parlait de la Tirtaine
Kabou de la Kabylie
Samir du FLN et du MNA
Quant Luce accourant joyeusement
Vint nous montrer les fraises qu’elle avait cueillies.

Il était question du meilleur des couscous
Que Samir recevait du bled
Avec ses graines roulées à la main.

Black venait se blottir entre leurs jambes
Superbement il m’ignorait.

J’étais là
Seul
Décalé
Tous ces gens autour de moi
Pour qui je n’existais pas.

Une auto passa dans la rue
Le crissement des pneus brouilla la scène
Je me retournai
Le jardin était dévasté
Un tractopelle était passé
Amoncelant arbres et buissons
Planches et Parpaings
Dans un méli-mélo surmonté d’un chat trois couleurs.

De mes poches
Tombaient mes carnets à spirales
Attachés l’un à l’autre par la guidoline d’un vélo.

L’on entendait « la vie est belle »
Chantée par Brigitte Fontaine et Zaho de Sagazan
Ultime prêt-à-porter
D’un silence qui broutait le ciel
Rémanence lente des Shadocks
Remontant la piste de luge
En pompant la neige de leurs bâtons de ski.

Un loup passa
Il faisait nuit
Ses yeux blancs immobiles
Un œil pour mon père
Qui venait de quitter son EPAHD
L’autre œil pour mon fils
Qui enfonçait le couteau dans son ventre.

Rideau tiré
Les spectateurs restèrent coits
Une petite lumière en fond de salle jaillit
« Bonbons, caramels, glaces ! »

L’entracte fit s’ébrouer les têtes
Avec un grand panneau publicitaire
Descendant des cintres
Devant le rideau de velours.

C’était un 30 novembre
À 16 heures 30
Il y a 70 ans.

Je pouvais me le permettre
Avec cette cognée de charpentier
D’équarrir les poutres de la Forêt
Pour ce soir
Une dernière fois
Ranger le Pokémon
Sous le sapin des attentes
Une pluie de paillettes d’argent
Sitôt au sol devenir glace vive
Au Vel’ d’Hiv des reflets
Là, dans le nuage
Que nul ne vit
Si troublante était la cohorte
Des hurlants de faim et de soif
Inondant de miasmes le devant des portes
Bloquées à jamais par le barou des turpitudes.

Je sortais
Il y avait printemps en paradis
Un 30 novembre
Quelle surprise !

Bien m’en avait pris
D’aller au ciné
Voir « Bambi » et « Johny Guitare »
Avant les fêtes de fin d’année
D’autant qu’à l’entresol
Je croisais ma compagne éternelle
Lune trois fois lune
À la chevelure rousse
Hennissant un sourire
Si bon
Devant la série de portraits d’Harcourt
En Noir et Blanc
Puisque telle est la loi.

1548



Se tenir au matin

Se tenir au matin
Se tenir par la main
Sans rien y comprendre
Pour combien de temps encore
Dans l’embarras d’un hiver froid
À se demander …

Accrocher les vêtements mouillés
À la rambarde rouillée
Au dur de la pierre
Recluse sous ses paupières
Du pont au Change
Disposés à contre-courant.

D’aujourd’hui et d’hier
Les militants défilant sous le balcon
Dans un brouillamini de mort-de-faim
Ont subtilisé la mesure de la halle aux grains
Pour plus de grandeur encore
Panthéoniser la croix et la bannière.

Frères des monastères
À mesure des verstes franchies
La carlingue de l’avion vibre encore
Vibrato unique de la carence affective
Des nonnes nos sœurs
Se figeant en infirmières dédiées.

Courant comme paille sous le sabot
La litière fut rapidement disposée
Tels coquelicots d’or
Murant d’effets spéciaux
Les portes du palais
Aux occasions manquées.

Pleutre
Mais conquis par la résonance
Des dalles d’ardoise soumises aux grêlons
Il fût aisé de se croire en été
Balle de glaise
Épousant à l’eau claire le lac de Jade.


1547

La présence à ce qui s'advient