Les faisceaux de l’ascension

Métamorphose d’une chevelure
En sa livrée cataclysmique
Se dresse le centurion de la solution
Devant le tribunal de l’histoire.

Brassée de paroles
Flot du feu
Émettant un bourdonnement d’abeilles
Là où vibre la lanière de l’horizon.

Découvrir dans le ciel
Son compagnon inséparable : le silence
Œuvrant à rassembler l’écho des mots à transmettre
Au Sinaï des résonances.

Une gueule armée
S’est refermée sur cette échine
Comme mordre dans la Vie
À proximité du noyau.

Bravant les sentiers battus
Épaissis par la lourde tunique de peau
Avons rassemblé l’or et la myrrhe
Pour le mariage du roi et de la reine intérieurs.

Voyage
Du dedans au dehors
Nos héros se sont mis en route
Sous l’archivolte des contemplations.

La marche en solitaire est requise
Par la libération des encombrements
Vers la transcendance
À nu, les âmes prêtes à la concorde.

L’orgueil tonitruant
S’est dissous dans la neige
Des labyrinthes du passé
L’écheveau cardé finement

Croisement des énergies
La volonté de comprendre l’autre
Ciel et terre en parousie
Arguent de la voie royale.

La purge périodique élimine les scories
Tout brûle de l’encombrement initial
Où les ancrages et élingues
Sifflent dans la tempête.

Terre et Feu se rejoignent
Face à face émouvant
La transe portant l’émerveillement
Dans les faisceaux de l’ascension.


1576


C’est arrivé de lever le bras

C’est arrivé
De lever le bras
Pour transmettre un dernier message.

Comme c’est étrange
Ces phrases qui s’infiltrent
Pour garder le silence.

Le silence pour le silence
Comme à la radio
Au travers de la neige.

Un souffle de vent
Puis le ciel bleu
Dans un frisson d’automne.

Je t’écris de mes mains
Ombre d’un dernier message
De mon navire en perdition.

Bonjour
Comment vas-tu ?
Tout ça reflété dans le miroir.

Longtemps
Je me suis heurté au mur
Et les mots ont pollué la connexion.

S’infiltre
Entre les nuages
Le refusé de la question.

Qui suis-je ?
Une doublure du vrai moi
Sans que l’oiseau se pose.

J’ai dix doigts
Et ne sais qu’en faire
Si ce n’est de prendre la fuite.

Du fond du cœur
Dans la percée d’un jour meilleur
J’ai oublié mon papier d'Arménie.

Serait-ce ça
Être ou franchir
Les canaux de l’agir.

Sagesse entendue
Au pays des morts
L’homme est bien petit.

Paroles d’ombre
Disposées en couronne
Sur la pierre des mystères.

Pas de réponse
Dans ce monde de chaleur humaine
Seule la poitrine soupire.

Devant les larmes de sang
Sans un écritoire à disposition
La source se dérobe.


Je viens d’une autre terre
Dont la lueur est faible
Au bureau des rêves.

On frappe à la porte
Les pines de pin piquent l’aube
Il est temps de jeter la grosse enveloppe dans la boîte aux lettres.

La veille au soir
Mon crayon s’est cassé
Comme l’aiguille du compteur bloquée dans le rouge.

Affiner n’est pas chose facile
Quand faiblesses et défauts
Proposent de tout jeter.

Quelqu’un écoute
Le rencontrer serait fabuleux
Jusqu’à recouvrir les nuances individuelles.

Toucher la pensée par nuit noire
Précise à huit centimètres près
Que la mire est au fond du couloir.

Cicatrices blanches à la base du cou
Produisent haute silhouette
En fond de cour.

Effet d’halo
Un homme est là
Qui se débat violemment dans mon ventre.


1574

Elle-même

Elle-même
Qu’on aille à sa rencontre
Flétrie des on-dits de la mémoire
Elle écarte l’imprévu
D’un doigt
Hors du cadre de l’éveil
En ablation de la vision
Retournée comme enfant au verbiage
Usure de l’instant
Contre le mur d’un retour
Sans éclipse
Comme s’assoir à même la pierre
Étoiles des cinq navires associés
Aux guipures de velours
Lourds de poussière affinée
Éternel retour
La poésie se blesse à nous
Acte cassant hors du sommeil
Festin sans épilogue
Au soleil éblouissant
D’une musique mugissante
Qu’un feu d’herbes sèches assèche
Faridondaine des amours de toujours
Parodie de Vérité aux précautions terribles
Entrant en gravité
Tel l’oiseau à tire d’aile vers le crépuscule
D’un jour nouveau
À la teinte océane
Horizon d’arbres et de cognées
Posées au centre de la nuée
Au vertige d’éclipses
Échancrant la pensée
Missiles gavés d’hybris
Annonciateurs de l’ouragan
Fulgurant
Et pagayant de guingois
Sur un monde mort
Sans laisser de charnier
Sous l’ombre de la Cité
Passage obligé
D’ici et d'ailleurs
La lumière qui jaillit de la nuit.


1574

Entrée Sortie

Entrée
Sortie
Ne dépendent que de nos avancées
Cette mise à jour continuelle
À faciliter la jonction
Entre Lumière et Matière
Ces deux parties de notre cerveau
Mises en exergue de notre origine
Calquée sur le flou des abysses
Pour parler de Soi
Quand le reflet se fait hiérarchie
Sur notre planète
Refuge aux hasards des suppositions
Depuis qu’en bout du tunnel
D’ardentes et bonnes manières contenues
Avons mené notre vie
Selon le plan de notre être intérieur.

Point de freins
Les colonnes de l’absolu
Ont maintenu le plafond des circonstances
Hors d’atteinte
De l’amas des galaxies
Promptes à manifester leur existence
Par le petit bout de la lorgnette
Tenue à bout de bras par l’homme vitaminé
De la Science le phénomène alpha
Alors que s’enfle la nécessité
D’aborder les épreuves au tamis des bifurcations
Heureux décorum d’un avenir fait des pleins et déliés
D’un accéléré de l’information.


1573

Écoute s’il pleut

Écoute s’il pleut
Et puis pas
N’écoute pas
Sois le pas de plus.

Regarde et suis
L’autre là aussi
L’ombre portée
Du prix à payer.

Mange et digère
Pauvre hère de là-bas
Sans hâte sans repos
Le mégot au coin des lèvres.

Se rebeller
Belle engeance des enfants
À la queue leu-leu
Sous le regard des freux.

Feu de terre
Feu du ciel
J’attache donc je suis
L’araignée d’eau du sans-soucis.



1572


Un puits sans …

Un puits sans …
Organes à vif
Cœur saignant
J’ai ouï dire que le vent est
Aussi suis-je sorti de ma verte campagne
À ne pas me plaindre
Ni être contrit par le dérangement
Juste en haleine
De l’autre côté de moi
De cette aube promise
Quand le chemin sort du bois
Puis y revient
Comme la veille
Sans l’ombre d’un doute
Au creux des épreuves
Que le hasard distribue
Sans que l’on me hèle
De la porte aux trous de vers
Ceinte de l’aumônière
Au puits sans …

1571

Effluve singulière

Effluve singulière
Du mirliton des occasions
En perpétuelle immobilité
La mort à petit feu
S’est éprise de l’ouvrage.

Exercice en mouvement
Barre fixe de vague en vague
Il eût été possible de neutraliser les forces disponibles
Pour dédoublement nécessaire
Inscrire l’instant épique.

Accomplissement polarisé
En mutuelle contemplation
L’ordre d’arrivée n’étant pas de mise
Nous pûmes recueillir sous l’égide du cœur
La puissance d’être à deux.

Débarrassées des scories
Purifiées et allégées
Les âmes-sœurs se sont jointes
Comme mars en carême
Aspirées par la diastole du couronnement.

Autour de nous
À portée de main
Le besoin d’un clignement d’yeux
Tout droit sorti du fermoir damassé
Permet de passer d’une réalité à l’autre.

Le Verbe vibre
Force de la parole juste
Éveil des délicats mécanismes intérieurs
Moyen nous fût donné en gratitude d’être
D’extraire le noyau de sa gangue.

( Œuvre de Jean-Claude Guerrero )

1570

Te voilà étamine épelée

Te voilà
Étamine épelée
Aux lieux modifiés
De toute éternité
Sous les bois de la loi.

Passent les années
D’eaux sculptées
À la belle saison
Pour retour à la maison
Ne rien laisser paraître.

Sagacité feinte
De l’actuel au virtuel
À brasser le néant
Faire surgir aisément
Les linéaments du silence.

Saluer l’offre et la lumière
Économise l’entregent de la misère
Recroquevillé comme sabot de Vénus
Autour des lèvres
Surjouées de mousse fraîche.

Pile à l’aplomb
Au débotté d’un foisonnement de mots
Les fourmis de l’à-propos
Ont guigné les pans de l’esprit
D’un matin de chants d’oiseaux.

Les feuilles tomberont à l’automne
Dénouant le plein emploi de nos peines
Alors qu’invisible
La brise marine aux ailes d’elfes
Ira se déployant jusqu’aux nues.


1569


Elles

Cornes pointées de fer
Elles tournent leurs redoutables têtes
Herbes enchantées pour couronnes
Qu’elles pendent aux esses inconcevables
En disant transformer le monde.

Elles lui prennent la main
L’Étranger à la voix douce
Lui demandant de l’aide
En lui disant que ce n’est pas l’ignorance qui les trompe
C’est l’amour.

Elles ressemblent à de grandes chauves-souris
Aux ailes de vaisseaux chylifères
Elles frappent le sol de leurs pieds griffus
Lieu de gémissements fumants
Elles roulent et leurs poitrines résonnent.

Entrailles de terre fécondée
Elles surgissent sur la plaine
Et accouchent
Venin vigoureux elles croassent
De leurs fines dents de diamant.

Le roi s’est assis au milieu d’elles
Alors elles soufflent le feu
Formidable brasier
Aspergé d’eau
Par le rire de l’Oiseau.

Elles ont chassé les étoiles palpitantes
Brandi le sceptre d’ivoire
Pour taureaux aux pieds de bronze
Envahir de leurs cris
Les poils pendants qu’elles caressent.

Elles sont suivies d’autres et puis d’autres
Aux bras rouges de sang
Jusqu’à se confondre avec l’horizon
Elles peuvent en manger
De l’homme.

En haut du tertre
Narines dures
Elles brûlent et détachent de leurs ceintures
Les pans de soie
De leur accouplement d'être.

Les lances aux bouts pointus
Ont atteint leurs cibles
Pour étonnamment gonfler de courage
L’arc-en-ciel des merveilles
D’une brassée de fusils.


1568

La présence à ce qui s'advient