Ein Brunnen ohne …

Un puits sans …
Organes à vif
Cœur saignant
J’ai ouï dire que le vent est
Aussi suis-je sorti de ma verte campagne
À ne pas me plaindre
Ni être contrit par le dérangement
Juste en haleine
De l’autre côté de moi
De cette aube promise
Quand le chemin sort du bois
Puis y revient
Comme la veille
Sans l’ombre d’un doute
Au creux des épreuves
Que le hasard distribue
Sans que l’on me hèle
De la porte aux trous de vers
Ceinte de l’aumônière
Au puits sans …

1571

Singular

Singular
Du mirliton des occasions
En perpétuelle immobilité
La mort à petit feu
S’est éprise de l’ouvrage.

Exercice en mouvement
Barre fixe de vague en vague
Il eût été possible de neutraliser les forces disponibles
Pour dédoublement nécessaire
Inscrire l’instant épique.

Accomplissement polarisé
En mutuelle contemplation
L’ordre d’arrivée n’étant pas de mise
Nous pûmes recueillir sous l’égide du cœur
La puissance d’être à deux.

Débarrassées des scories
Purifiées et allégées
Les âmes-sœurs se sont jointes
Comme mars en carême
Aspirées par la diastole du couronnement.

Autour de nous
À portée de main
Le besoin d’un clignement d’yeux
Tout droit sorti du fermoir damassé
Permet de passer d’une réalité à l’autre.

Le Verbe vibre
Force de la parole juste
Éveil des délicats mécanismes intérieurs
Moyen nous fût donné en gratitude d’être
D’extraire le noyau de sa gangue.

( Œuvre de Jean-Claude Guerrero )

1570

Hier bist du Zauber

Te voilà
Étamine épelée
Aux lieux modifiés
De toute éternité
Sous les bois de la loi.

Passent les années
D’eaux sculptées
À la belle saison
Pour retour à la maison
Ne rien laisser paraître.

Sagacité feinte
De l’actuel au virtuel
À brasser le néant
Faire surgir aisément
Les linéaments du silence.

Saluer l’offre et la lumière
Économise l’entregent de la misère
Recroquevillé comme sabot de Vénus
Autour des lèvres
Surjouées de mousse fraîche.

Pile à l’aplomb
Au débotté d’un foisonnement de mots
Les fourmis de l’à-propos
Ont guigné les pans de l’esprit
D’un matin de chants d’oiseaux.

Les feuilles tomberont à l’automne
Dénouant le plein emploi de nos peines
Alors qu’invisible
La brise marine aux ailes d’elfes
Ira se déployant jusqu’aux nues.


1569


Sie

Cornes pointées de fer
Elles tournent leurs redoutables têtes
Herbes enchantées pour couronnes
Qu’elles pendent aux esses inconcevables
En disant transformer le monde.

Elles lui prennent la main
L’Étranger à la voix douce
Lui demandant de l’aide
En lui disant que ce n’est pas l’ignorance qui les trompe
C’est l’amour.

Elles ressemblent à de grandes chauves-souris
Aux ailes de vaisseaux chylifères
Elles frappent le sol de leurs pieds griffus
Lieu de gémissements fumants
Elles roulent et leurs poitrines résonnent.

Entrailles de terre fécondée
Elles surgissent sur la plaine
Et accouchent
Venin vigoureux elles croassent
De leurs fines dents de diamant.

Le roi s’est assis au milieu d’elles
Alors elles soufflent le feu
Formidable brasier
Aspergé d’eau
Par le rire de l’Oiseau.

Elles ont chassé les étoiles palpitantes
Brandi le sceptre d’ivoire
Pour taureaux aux pieds de bronze
Envahir de leurs cris
Les poils pendants qu’elles caressent.

Elles sont suivies d’autres et puis d’autres
Aux bras rouges de sang
Jusqu’à se confondre avec l’horizon
Elles peuvent en manger
De l’homme.

En haut du tertre
Narines dures
Elles brûlent et détachent de leurs ceintures
Les pans de soie
De leur accouplement d'être.

Les lances aux bouts pointus
Ont atteint leurs cibles
Pour étonnamment gonfler de courage
L’arc-en-ciel des merveilles
D’une brassée de fusils.


1568

Das Erdauge

Œil de terre
À l’iris végétal
Vous étiez trois dromadaires
À portée de regard
Broutant quelques touffes d’herbes sèches
Au milieu de la caillasse.

Ni ange ni séraphin
Ne chantait dans l’orbe minéral
Le silence exhalait un fumet lourd et sanguin
La lumière plaquait la chaleur
Au ras du sol
Vibrante comme frisure mouillée.



1567

Das verlängerte Leben seines langen Lebens

Das verlängerte Leben seines langen Lebens
Aux arcanes mes sœurs
Faisant outrage aux bonnes mœurs
S’est joint de Malaucène
Le crépu des morts de faim.

En Gaspésie la poésie s’était invitée
Arguant que le vide est vide
Que la couleur est interdite
En ces contrées où l’art trait à trait
Darde pinceaux et couteaux.

Fuligineux passage
D’entre les corps
La croix des moines
Ourle d’un carambolage serein
L’effraction du matin.

Puisatier à ses heures
Vénérable vieillard assis sur la margelle
Il eut contraint les oies sauvages
De s’astreindre à l’obligeance
De survoler le calligramme.

Me soigne mon cœur
Du rejet de la philosophie
Posée calme éclat
Sur la pierre des astreintes
Aux interlignes étirés.

Le jour se lève
Les lapins sortent des fourrés
La musaraigne cligne du museau
Une faible lumière monte à l’horizon
Il est temps de se mettre à l’ouvrage.

( Œuvre de Jean-Claude Guerrero )


1565


Die beiden Bäume

Fustel de Coulanges avait raison 
D’écraser d’un coup de talonnade
Le dernier mégot dans l’allée des Minimes.

Zu sein,
Pommelaient les fruits de l’attente
Le cortège des errants
Mêlant à tout venant
Le sourire de l’enfant
Au souvenir de la guerre
Cette garce révélée
Par hourras de joie d’après victoire
Parcourant plaines et vallons
Loin loin très loin

Des boat peoples de la veille.

Joie primesautière
Sautant par-dessus la rivière
À découper le temps
De phrases coquelettes
Aux yeux irisés
À la pupille jaune et rectangulaire
Sortant de l’ombre
Comme les gémissements des wagons plombés
En pleine voie
Écumant les prémisses de la vie à venir
Par jets de vapeur saccadés
De clairière en clairière
Herbes roussies par les étincelles de la machine
Cambrant une dernière fois
Leurs houppes dégarnies
À même le gargouillis hirsute des roues sur le rail.

Ils étaient des milliers
Les déboutés de liberté
À participer au sacre de la navrance
Pain quotidien d’une pulsation alvéolaire
Apte à recueillir dans l’infusion des limbes
La part masquée de spasmes singuliers
Du signe propitiatoire de la cruelle évidence.

Il sera temps
De desceller la pierre
Pour atteindre le verre brisé des lunettes
Abandonnées par vent mauvais
Au détour d’une route
Menant aux deux arbres de la souffrance
Mêlant troncs et branches
Au travers de l’étroite lucarne
Proposant d’une main maladroite
Les papiers froissés de l’oubli
Borie de pierres sèches
Disposée droite devant la béance du silence.

Les jours succèdent aux jours
L’enfant secouru tend sa joue
Au rugueux d’une main d’homme
Prêt au grand saut
D’avoir à ouvrir son cœur
Sans voir ni entendre
Ce qui se trame à la poterne
Comme pluie soudaine
Sur la peau nue aux poils tendus.

À la croisée des chemins
Il s’est arrêté
Ménageant ses pieds
Collés cloqués au cuir de la chaussure
Offert au hasard
D’un repos bienvenu
Le bourdon enchâssé dans un trou de roche.

Pourquoi ces changements de directions
Pourquoi discorde étouffée
Avoir dévié
Avoir renié
La part des engagés
Pour se joignant à l’autre convoi
Prendre femme et enfants
Construire maison
Noircir l’âtre
Faire chanter le coq dans la cour
Jusqu’au bout du bout
Pour destruction survenue
Rebâtir à nouveau
La vision éternelle
Jusqu’à ce que noblesse vienne
Chargée de vieilles blessures
Pour déposer
Clé sur le coussin de brocard
À l’entrée du cloître des altérités
Promesse inouïe
Inaugurée la veille

Sous le tilleul bruissant d'abeilles rares.

Rester là
Cultiver la plante médicinale
Puis assis dans la stalle attitrée
Mêler paroles et pensées
Au soudain éveil de l’âme
Sous le dôme élevé
De l’autel aux sept épis de blé.

En lisière
Là où les chasseurs s’allongent
Demeuraient les restes
D’os et de hardes en charpie
Contre le socle de la croix des pendus.

Hommes de bien levons-nous
Gagnons le ruisseau murmurant
Aux rives d’herbes grasses
Pour planter les tepees
Surmontés de l’outre de chèvre
Repère à qui saura de l’Alliance
Être le chantre ultime des voix de nos ancêtres
Étoiles filant droites
Dans la ruelle des outrages
Repoussant le bois mort
De chaque côté de la trace
Sans trébucher sur la racine
À écarter les broussailles accumulées
Dernier passage du troupeau
Bêlant, raclant les cailloux de la draille
Sans que nuages s’en mêlent
Au ciel numineux
Traversé de part en part
Du levant au couchant
Par la présence des mégalithes
Fichés sous le grisollement des alouettes
Semant de fins baisers d’osier
L’air huilé de la contemplation.

1564

Spazieren gehen und schweigen

Spazieren gehen und schweigen
Vers la mer
Dernière côte abordée
Vers le bois des lois
Où se rassembler de vive foi
Sous la ramure des chênes.

Entrer en scène
Palpable mystère
Cette invisible chose
Qui nous fait aller
Vers les trucs et bidules
De la reconsidération.

S’effacent
Les dernières ombres
Du tôt matin
Alors que chantent les cigales
Spasme encéphalographique
À chauffer le ventre.

Chuchoter le transpir
Démaquiller les feux follets
Au travers des grandes herbes
À la sonorité sifflante
Rassurant les acouphènes
Comme oreilles vives au vent venu.

Au sol
Les pieds refusent d’avancer
Le cœur en émoi
Lance un dernier appel
Aux roches torturées
De l’entrée dans le lieu.

Écoute le silence
Aux lentes vibrations
Près des épineux en bord du chemin
Où tracasse et fricasse
L’attention fine
Prélude à l’ouverture des grottes.

Fine morsure
À gorge déployée
La basket racle le caillou
Près de la butte
Où rassembler les outils de l’attente
Devant l’aube émergente.

La grande Traversée
Faites d’éclats de vie et de brisures
Regarde notre humanité
Songeant à signaler
L’amour et la liberté
À la croisée des regards.

Élan frais
Du corps qui n’arrête pas de fonctionner
Sensations et mouvements mis en sourdine
Au profit de l’expérience sensorielle
Infiniment simplifiée
Comme lettre ouverte à la pointe du couteau.

Bref
Ils partagèrent
Session intranquille
Assise en zafu
La parole scripturaire
Méditée, apaisée, exhalée.

Les points de suspension
Se reconvertirent en silence
Passez muscade
Des remontrances absoutes
Où tout est là
Hors l’indicible.

Accepter la pliure du temps
Monter sans retour
Courir sur la crête
Évacuer la peur du vide
À la une à la deux
Une bouffée d’émotion face au vieil océan.

1563

Le son de la trompette

Mon père a joué de la trompette
Sous l’arbre des mémoires
Inoculant à l’enfant
L’offre de sauter à pieds joints
Dans la grande flaque d’eau
D’après l’orage
Sur la route en terre battue.

Concrète est la quête
D’aller quérir chez les démons
La métaphore de la mélancolie
Avant de passer de chambre en chambre
D’histoires abracadabrantesques
Au vase des suspicions
Sans l’ombre d’un regret.

Le corps est de structure fragile
La fleur est lumineuse
Jeton glissé dans la fente
Inaugurons le bon endroit
Orné de brumes passementières
Où déposer besace
En pensant à toi.

Écarte le cruchon de ma gorge
Presse sur mon cou quelque plante médicinale
Sois silencieux
Juste auréolé du bousillement des insectes
À dégager un son
Le son de l’existence permise
Au cruciverbiste des bras en croix.

Secoué de spasmes
Le ventre s’est révélé
Cicatrice bourrelée
Au sortir de la caverne
Vive et altière
La Reine portant en elle
Son propre accomplissement.

Décision prise
Happé par le désir
Il s’est couché dans les blés mûrs
Sur la femme au vélo renversé
Intuition culminée
De prendre l’histoire à rebours
En cette entrée en guerre.

Le café avait bon goût
Sur la terrasse de la gare
À regarder les trains passer
Pas plus de dix minutes s’entend

S'écoulant
Sans trop de détails à fournir
Entre le cœur et les poumons de la discorde.

Le plissement des yeux
Rapproche les arbres de la roche
Protubérance de l’anneau vernaculaire
Alltagswörter
Mis entre parenthèses
Sur le dévers d’une cupule
Berceau d’une poupée de chiffons.

Les failles et crevasses béantes
Blessures secrètes des mouvements de la terre
Se sont ouvertes au zénith

À midi pétant
Pieds nus dans le sable humide
À quémander le gîte et le couvert
Après avoir erré le long de la falaise.

À table malgré tout
Faisant bonne figure
Les années ont passé
Le hasard à saupoudré de sucre glace
Le revers de la main
Glissée dans la goule béante
De la Grande Vivrière.

Fleurs en pubis
Poussées là avec si peu d’humus
Avons rejoint posément
L’histoire à dire
Quand billets d’avion payés
Rentrer à la maison
Mariage programmé.

Amaigri
Sur l’aire de dépiquage
Avons fait place nette
Pour glisser l’œil dans le trou
Au seul souci
De rendre net
Le son de la trompette.


1562

La présence à ce qui s'advient