L’établi des ripailles

Sorties du vermillon d’un large coup de griffe
De puissantes colonnes montèrent jusqu’au ciel
Ornées de gracieux épis de blé
Elles ourlaient le hic and nunc
De paroles divines appropriées
Gosier recommandé par la déesse
Jusqu’au sourire figé dans le bloc de pierre.

Je m’endormis

De la fenêtre d’un wagon-lit
Je voyais des gens marcher sur les levées de terre
De plus en plus vite
Eructant d’une fin de règne
Les poumons pleins de poussière
Le souffle parachevant la cavalcade
Bien au-delà du temps imparti
Le tout suggéré par la dépose d’une feuille d’arbre
Se balançant dans la barbe à papa
Rose de mai d’un vide translucide
Accumulant jusqu’au profond du bitume
L’empilement des cristaux d’Armageddon.

Je dors donc je suis

Massage reçu
De la tête aux pieds
Par une nuit sans lune
Ni vol de lucioles
Si ce n’est le passage
À heure fixe du train des mines
Gelures carénées aux entournures
Permettant l’accès aux gourmandises de l’instinct
Foi de bile remontante
À portée des os de l’écriture
Ces fiers drapeaux de prière
À la queue-leu-leu faisant claquer
L’élan vivant des retrouvailles
Autour d’un feu de la Saint-Jean.

Je prie donc j’abhorre

La remontée de sève
Lors le grand incendie passé
Les arbres rescapés jetteraient un dernier râle
Avant de s’élever
Containers de la CGM au large de Shanghai
Cherchant point de chute sur le quai des circonstances
Vers l’horizon bleu-citron
Excavations nourries des fientes d’hirondelles
Aptes à tisser le continuum des attritions
Par temps de lune basse
Quand passe le trait de la neuve partance.

J’écornifle et ne dis mot

Que le rire des enfants
Sous le préau
À dégoupiller quelques grenades
Que les peintres de Barbizon auraient glissé dans les fourrés
Le temps d’une chiquenaude
Sitôt l’angélus sonné
Troupeau de vaches mâchonnnantes à l’ombre des grands chênes
Toile de lin sur chevalet de toutes les couleurs
Posée à l’orée de cette clairière d’hier
Frissonnante de lumières
Orgue de barbarie égrenant
Sa limaille de fer sur l’établi des ripailles
Après avoir dansé le rigaudon.

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