Par ricochets
Sur l'onde amère
La pierre plate règle ses comptes
Avec le sec de la berge.
Elle saute, âme bleue
Entre les roseaux et lentilles d'eau
Du passage étroit
Vers l'hémisphère sud.
Il y a là
La joie et la peine
Mais surtout le désir de partir
De l'autre côté des mers.
Entendez-vous le sifflement
Des vipères mes sœurs
Au nœud approprié dans la murette
Sitôt coup de bêche donné.
Mégalithe enceint des brumes
De la Bretagne d'origine
Quand la cérémonie convoqua
La tristesse après les bombardements.
A cela ne tienne
En suivant la corniche
Il y eut cette grappe de chauve-souris
Grinçant dans la pénombre.
A ne plus revenir dans la maison des origines
Tant le linge sur le fil des souvenirs Soutenus par la pince de bois
Clignait de son œil unique.
En échos au passage des bêtes
Les sabots ferrés sonnaient sur les pierres de la cour
Pendant que le chien aboyait en évitant les coups
Devant l'entrée de l'écurie.
Yvette est là
Se mêlant à la feuillée
Habits déposés sur la patère de l'entrée
Quand le vent chante sous la porte.
Une unique lumière
Une ampoule nue
Se balance dans la pénombre
De la chambre chaude et odorante.
Puis le monopode à la ceinture Aller de bête en bête
Attacher leurs queues à une jambe
D'une lanière de cuir souple et poisseuse.
Le lait giclera dru dans le seau
La tête posée contre la cuisse de la vache
A se laisser bercer au doux bruit du lait
Par les doigts agiles trayant le pis.
A demi endormi
Dans le souffle des animaux
Se laisser aller à la question du pourquoi et du comment J'en suis là de ma vie.
Je m'appelle Pierrot
N'ai pas peur du taureau
Et bientôt prendrai le bateau
Pour aller au zoo.
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