Adieu mon fils chéri Je tremble et ne tremble pas Je tremble de ne plus voir ce beau Corps Je ne tremble pas de perdre sa Manifestation.
Mon « Je » et ton « Je » sont les mêmes Le même « Soi » Qui n’est ni chair ni sang Quand je me retire dans mon « Soi ».
Alors je deviens pleinement conscient Et ne peux perdre ni rien ni personne Chaque fois que meure une créature Ou celle d’un étranger.
Je dois vaincre ma chair et mon sang Qui me font cruellement souffrir maintenant Que la Force me soit donner de réussir cette épreuve La force d’agir comme je peux le faire.
Nous ne pouvons nous perdre sur terre Nous que cet amour a réuni Dans cette vie Et nous nous retrouverons sous une autre forme.
Ce soir sera jour de fête Car chaque jour est une fête Quand les arbres sont garnis Des lumières de Noël.
Il est venu de si loin Soumettre ce corps à l’esprit Et la guerre l’a empêché D’être droit dans l’épreuve.
Venez, mangeons ce qui reste Soyons calme et digne Devant l’évènement de notre destin Soyons la clé de l’avènement.
J’ai très peur Dans ce pays où règne la brutalité, la vulgarité La stupidité, l’esprit de chaos Sans que les cicatrices se referment.
Je dois vaincre le poids de mon corps Jusqu’à ce que la Force me revienne Pour triompher de mes sentiments Jusqu’à la maîtrise de ma pensée.
Devenir Esprit invisible Permet l’Amour infini pour eux Obscurs prisonniers de mon égoïsme Sortis un à un de l’Ombre.
Alors je verrai Son visage Hors du temps Pour m’élever à ma moitié complémentaire Rassemblant les petites pièces de la grande mosaïque.
Fine d’amour Aux chiens venus Elles ont franchi la barrière Des écrouelles dernières Bouteille de rosé Au soleil couchant Alors que planait le cerf-volant Parmi les champs Gambade des êtres perdus Au gré des admonitions De père et mère Les braquemards de la séduction Ignorants Confiance en soi Balivernes et contritions Toute prévention dissoute Au royaume cristallin D’une vague rousse Qu’un écureuil franchirait Patte douce Et ivre de sauts Hors du plumier de l’époque De bois et tâches d’encre inhérentes Cloué avec soin Sur le râble des astreintes Vous les héroïnes du vingt et unième siècle À refléter Âmes renfrognées Mains aux stigmates marqués Par la laisse devenue lâche Alors que se pavanait La Dame Blanche des origines Là-bas Au loin Par la fenêtre Voleuse généreuse Du bout du monde Ceinte du keffieh Regard noir À la voix âpre Échos résonnant en fond de gorge La main fermement posée Sur la dragonne Pour rassembler les mots ordinaires D’une vie banale Mise comme un sou neuf Entre la merveille et le vivant Aux fins de prêter serment Nuit aboutie Au tigre blanc des apparitions Vision aveugle À couper le son des images Pendant que l’ange Descendu des alpages Traverserait sereinement l’écran.
Femmes je vous aime De rêves enchâssés À sertir de plumes d’alouette Le carnet de mes écrits Tout dré sortis de la Planète.
Les vingt quatre cierges de l’artiste Ont comparu en formation Diligentées par l’Élan éternel D’un parturient de hasard Au mandala de l’existence.
Fenêtre sur l’Éternité Étrange coïncidence D’avoir à encenser La Vierge Noire de la paroisse Dans la pluie le brouillard et la fumée.
La Grande Église était ouverte Un seul arbre poussait Ce magnolia inondé de fleurs rougeâtres À même de réverbérer La petite île du milieu de l’étang.
Un pas de plus Aurait légitimé Une main tendue Sans effort Contre la pierre brûlante.
Je la rencontrai Là où se trouvent mes racines En complémentarité des ombres Que je dus travailler À même les divertissements de la matière.
C’était un trois septembre deux mille vingt cinq Je peignais les plafonds à caissons De motifs de la Création À Allanche-la-Grande Porte fermée pour un repos éternel.
Les ancêtres étaient alignés Contre le mur de soutènement Et j’osais la parole salutaire En application de la loi : « Sois Toi ni plus ni moins ! »
Dans la salle capitulaire En forme de nasse Les parois pleuraient Au goutte à goutte Sans dispersion de l’Élan d’origine.
Penser avec sa tête C’est faire cause commune Avec les trublions de la lune Dansant jusqu’à la démesure Sur les terres récemment incendiées.
Penser avec le cœur Est fleuve majestueux Coulant comme légende Parole perpétuelle Participante des rites mystérieux.
Penser avec la flamme Remplit l’Être de fierté Le secret vital à hauteur de visage Contemplant le soleil De l’Autre Côté.
Penser âgé Dispensateur de bonheur Le regard effilé comma épée de justice Engage aux Affaires Une aiguille d’os au travers des lèvres.
La poésie Une perception globale Spontanée Du monde Du monde en nous.
C’est simple L’enfant est un poète Son imaginaire Le sens qu’il donne aux choses S’applique à un objet.
Il n’y a pas d’intermédiaire Entre l’Être Et ce qui est là Devant ce qui surgit En soi.
Hésiode et Homère Rassemblaient ce qui se disait En vers Les aèdes s’accompagnaient de musique Ils chantaient.
Les dieux Les hommes Dansaient devant la flamme Brandons de feu Brandis devant le mystère.
Puis nos ancêtres se sont organisés Pour vendre et acheter Le faire-valoir a occupé leur esprit L’écriture et le calcul ont pris date Le temps et l’espace stigmatisant les rêves.
Il a fallu être précis Pour ne pas se faire voler Pour inscrire dans le sang Le candélabre des âmes En quête de sécurité.
Les marchands et les juristes Ont organisé le savoir-faire Par l’esclavage et l’ostracisme Vidant les prisons Pour quelques jeux du cirque.
Il fallait se montrer Être beau et fort Pour manier le glaive et la parole Se soumettre aux puissants Et aux croyances religieuses d’état.
Tandis que dans les bois Par les prairies et les rivières Les montagnes, la mer et les astres Continuaient de se tenir roide Le gigantesque cactus-candélabre de la lumière.
C’est alors que l’œuvre s’est donnée à ressentir Par des mots, une musique, une sculpture, une profération Un bon moment où trouver beau ce qui exulte Un vécu de la nature Un silence hors sens utilitaire.
La poésie est signe Trace infime d’un rayon de lune Formes blanches à la tombée du jour Puissant souffle sur la mer bleue acier Et qui jamais ne se corompt.
La poésie est de passage Elle sangle le paquet-cadeau d’une lampée de miel Devenant cendre en sortie de nuit Quand au seuil de la caverne La douleur éblouissante du soleil nous saisit.
La poésie agrandit le champ de la perception En disjonctant les règles du moment Elle devient structure Et par là ses formes affirmées Permettent la rencontre entre gens cultivés.
C’est ainsi que vint le temps des alexandrins Avant que n’arrive le souffle nouveau De la libération des règles de représentation Avec les opéras et la magnificence De Heredia, Gauthier et Hugo.
Puis les poètes symboliques Battirent en brèche les luxuriances de l’extériorité Pour avec Baudelaire, Verlaine et Rimbaud Aimanter les métamorphoses de l’âme En fouillant les ombres de la psyché.
Enfin vint le temps de la libre entreprise Des surréalistes et de la poésie contemporaine En brisant les lunettes de la bienséance Pour ouvrir le vaste champ des styles culturels variés Afin que le monde rencontre le monde.
Le contraire de la poésie est de la poésie La parure endocausale et individuelle Recouvre les règles d’avant Tout converge vers le champ de la complexité La chanson crée l’agitation émotionnelle des pensées.
Dès lors en poésie au pays de la poésie Il n’y aura plus de nantis en poésie Chacun pourra écosser sa gousse Pour ajouter au ragout social un sel nouveau Et d'entrer sur les autoroutes de l'I.A.
Dès lors la poésie est morte Elle est déboulonnée de son piédestal Par les assauts du savoir-faire technique La séduction devient l’outil sécuritaire Permettant la zénitude.
Mais à bas bruit une poésie est toujours là Dans les arrières cours de l’information Chaque personne sensible peut être poète Au milieu de l’ivraie poussent les blés de l’avenir Être légitime dépend de croire en soi.
Mais la poésie c’est bien plus que les poètes La poésie est là sous nos pieds Dans les petits bouts d’allumettes De la quotidienneté consciente Tout autant que dans l’arrachage des habitudes.
La poésie est à table Dans l’abondance des mets proposés Dans le hasard de l’attention portée à ce qui est Dans le sourire de l’enfant Tout autant que dans les rides du vieillard.
Et les mots jaillissent Au travers de l’attrape-mouches des sens Des mots simples Des concepts arrogants Il y a de la place pour tout.
Le poète est agi par ce qui est là Dans cette myriade d’éléments Qu’il peut décrire et agencer En une entité mono psychique englobante Jusqu’à ce qu’épuisement s’en suive.
La prolixité des sources Propose au poète l’humilité Dans sa pratique d’artisan du verbe Lui l’intercesseur des flux sensoriels Qui partout l’assaillent.
Il est alors mûr Pour accueillir le fruit unique De l’arbre de la connaissance Marbré par la lumière de l’arbre de la sagesse Pour le déposer à même la terre des origines.
La bogne éclate Nous accueillons le nectar de l’autre, là En émerveillement de ce qui advient Par l’entremise d’une synchronicité Frisant l’archétype de la situation.
Le poète se retournant vers lui Prend alors soin de lui Sa sensibilité et se vulnérabilité vivifiées Pour porter la charge impartie D’être au seuil de son accomplissement.
Être en poésie C’est prendre soin de soi Lui le transfuge de la matière devenant énergie En vibration avec le flux de la vie De la naissance jusqu’à la mort.
Le souffle est là Et je le respire Car c’est la vie qui respire en nous Cette conscience de la respiration Œuvrant au va-et-vient de la fidélité à soi.
Emmenez-moi J’arrive Avec des hortensias Et un CD pour la soirée Après ce long moment Passé à vous attendre.
Une frange noire Sur le front Et mon corps se délabre Pour que déjà là Cette femme hors du commun Puisse renouer en amitié.
J’ai écrit Un long moment s’est passé Nous avions perdu nos sacs Les charognards avaient dû se servir Comme d’habitude en tout cas J’avais trop parlé.
Il faut que je vous dise Que la solitude me convient Comme vient en passant Le temps d’accoutumance pour rien Comme resserrer le licol du cheval Foire terminée.
Ce soir J’arriverai à l’heure Monterai dans le bus le premier Aurai ma place assise Car en aveugle On ne plaisante pas.
Il chantera Accompagné par le vuvusela Je déchanterai Ma colombe mon aimée Sans avoir goûté à ta pulpe Avant d’entrer dans les ordres.
J’aurai préféré Ne plus te revoir Chose dites chose faites Il est impossible pour moi De rayer de la mémoire Toute trace de rupture.
J’invente je crée Les mots saute-mouton s’embrasent Pendant la libre nuit Du haut de mon âge certain Sans écraser une mouche Sur la table de présence.
Je vous tiens en estime Vous que j’ai rencontré Ne serait-ce qu’un moment En réelle attention J’ai tendu au milieu du chemin Le ruban des commémorations.
Je rédigerai la lettre Celle à donner au facteur Quand il posera son vélo contre le mur Puis après le verre de l’amitié comme il se doit Par ces temps de chaleur Il ouvrira sans hâte sa sacoche.
À mes lèvres Ces tartines de groseilles Acidité recouverte de sucre en poudre J’ai conclu qu’il fallait partir Cueillir la framboise Pour un peu de douceur.
Je baisserai la visière de la casquette Tiendrai fermement l’œillet de poète Entre les dents Sourirai Une dernière fois Avant de tourner casaque.