Tâches jaunes sur les marches du chœur Je pris garde de tenir le lys bien droit Et bien me prit de laisser choir quelques larmes Au sortir des aurores boréales Qu’un ciel de traîne avait garni de sang bleu.
Étrange demeure Irradiée par le bris des vitres À la renverse Catapulte asservie Sur ordre démoniaque des corbeaux de la nef.
Chut ! Dis-moi ton secret Servons nous du souvenir des anciens Soyons le charbon rougi irradiant le tintamarre du laminoir Pour passage des truites bleues Connaître la lumière de nos yeux.
Sirène hurlante en fin de journée Le silence envahit l’île aux oiseaux Île à ne jamais piétiner Pour ne pas écraser les œufs Que la houle régale d’un onguent salé.
Dans la prairie des salicornes Le corps d’une blancheur sépulcrale Évacuait le secret des fillettes Par les meurtrières du donjon Passeport pour l’invisible.
Le printemps pouvait concasser le grésil D’une main la terre ourlait les lèvres de l’estuaire De l’autre main le ciel filtrait un dernier regard Avant que l’église disparaisse sous les eaux Par un clou planté au pinacle de la raison.
Point de chichis Au corps à corps des inclinaisons De délicieux jeunes gens frôlèrent la correctionnelle D’être un mètre plus haut Que tout un chacun l’ombre de l’objet.
Détachez vite le Christ de sa négritude Au Golgotha des habitudes Les poches pleines du miel des altitudes Serviront de flambeaux Devant l’averse inattendue des contre-vérités.
Entassement À corps et à cris Des béni-oui-oui de la gloquitude Qu’une guerre insensée fit remplir de charniers Avant les charmes de l’Annonciation.
Voiles gonflées au vent folâtre Ils traversèrent la mer Trompettes en tête Mesurant au pas de l’oie L’ordinaire de l’esprit planté là.
En toute civilité malheur est bon À bout d’oreille la belle connaîtra joie souveraine Sur le pas de porte d’un seuil Plus grand encore que les compassions accumulées Par le beau couvert des estafilades de la malitude.
Entendons L’âme veiller sous l’arche d’un fin écho des rues Brume déchirée Par les aiguilles de pin de la solitude Flaque d’eau répandue à même l’ordre nouveau.
Quand je lisais « la manu » d’avant-guerre Il y avait des bicyclettes, des fusils Des instruments de cuisine, des articles de jardin Et même des vêtements dessinés en taille douce Sur les feuilles racornies et jaunies.
Au loin les monts du Cantal Par-dessus les frênes du Pradou De l’autre côté du jardin La fontaine aux belles dalles Et ce pré de descente en vélo vers l’abreuvoir.
Il y avait là, les trois sœurs Devant la clide près de la gargote À parader sur les biclous sortis de l’écurie Fernande, Jeanne et Renée Drivées par Gérard, Claude et Georges.
La route n’était pas encore goudronnée Les flaques d’eau laissaient libre court à la patauge Le tertre était raide Une alouette parfois tirlipotait Dans la ruine des Matillou.
Les poules gloussaient librement dans la cour Leurs crottes collantes nécessitaient De frotter les chaussures sur les pierres de l’entrée Augurant quelques remarques parentales Quand les rires débordaient la vigilance.
Vaisselle faite sous l’ampoule unique de la salle Il fallait jeter l’eau souillée Le plus loin possible sans se mouiller les pieds D’un geste ample de semeur Faisant se courber orties et framboisiers.
Étrange composition Au solstice d’été Quand la lumière s’éprend du chemin creux Près du mur de pierres sèches À pointer l’espace d’un éclair Le cœur et le cœur et le cœur Trois cœurs pour un oiseau de nuit Qui viendra nous ensevelir Au couchant du furtif passage Vif encore de flammes virevoltantes Pour nous dire adieu Par delà la nostalgie du germe.
Creusant les plaies De qui entend les mots en échos Lancés comme chant du loriot D’appels arrachés à la pointe du couteau Alors que une à une Se pétrifient les ombres D’un douloureux voyage Acheminant vers le fond du miroir Promesse de sang Où brûler les serments De l’autre côté de l’horizon. À point nommé, gémissements.
Ils écossaient les petits pois du jardin En présence de l’impensée vie terrestre Dans la gloire de l’été À embraser les lucioles de la mémoire Égarées là en fidèle compagnie Des ancêtres, point de mire Signifiant neuve partance Creusée à mains nues Dans l’humus, source inviolée D’un panier en osier Bougie allumée sur le pas de porte Où bercer la veillée de paroles échangées.
Ne me dis-tu pas qu’il soit mort hier De frayeur De manquement de soins D’allers-venus en bord de précipice À se fendre d’amour d’échancrure en échancrure Le cœur à bout de bras Jusque dans l’embrasement des choses dites.
Plus bas dans une démarche immémoriale Plus haut dans le vide Avons-nous investi les résonnances qui prophétisent Bien au-delà des possibilités Alors qu’il suffit d’avancer Entre les deux rives D’une plaie ravivée.
Marcher doucement sur les pierres de la source Aux serrures du ciel, j’ai préféré le ciel À la clé des énigmes, les vibrations du lendemain À la brûlure, la brise des souvenirs À la tornade, la feuille qui tombe À la nuit, le jour d’ouverture À l’unique dignité, le clapotis infini des vagues.
Un faisceau de souvenirs soutient la futaie J’ouvre les bras Et me viens Gentil ami Dans l’alignement des exvotos Le désir d’une fête Guirlande de branche en branche Marouflant la ramure De mille feux Corps s’accordant Âmes refluantes Du parterre de feuilles sèches Pour que vie s’élève Au grand festin des intimités Flammes et larmes Du fond de la frondaison Tracer la sente faisant chant Du bruissement des pas Dans l’immense éclair des grains de poussière Pulvérisant la beauté du lieu Aux noces mémorables Pour qu’advienne La douce pluie Crédence tintinnabulante Offerte à l’inapaisable fontaine.
Sang bleu du remugle Le pavé cogne au cœur de l’allée Un alléluia de pacotille Venu de l’errance piétonnière.
À contretemps Les plateaux de la balance pèsent néant Infraction plus légère que la fable Quand la foi tue la foi.
Paysage gorgé de bleu de Mytilène Cerises grasses déversant le kirch des abysses Il fallut que les lèvres se tendent Pour piqueter de peste le corbeau de la haine.
Passage gardé par des bêtes féroces Même la biche traversa le gué D’une légende l’autre La passementerie faisant ouvrage de dames.
Mille fleurs aux alentours Courtisent le ciel en courroux Pétrissant d’une blondeur fadasse Le coucou gris et son plain-chant.
Nulle larme baigne la musique des sphères L’aimable portant fines lanières Écope de ses bas nylon L’allongé d’une grêle de serments.
Nuit sèche à la corne de cerf Juliette à sa fenêtre Précieuse marchandise Disposée au balcon Ne savait que faire Myriades de lucioles à l’entour Grosse de l’œuvre à venir.
Ne pas l’expédier L’accueillir en amie Le dessous de chaise y pourvoira En écho avec le petit cœur De Roméo Au charivari de l’indécence Enfant perdu et retrouvé.
Elle vivait là Signalant la direction à prendre Nuisette en satin Sans laitance Jumelle solitaire Veillant par le travers Le loup aux trousses disposé.
Douceur reconnue Le doigt hésitait Par la fente perçue D’échancrer le slogan Fausse couche offerte à l’esprit Contre son visage Contre sa barbe.
Instant fatal Casse-croute sorti du sac Une fois la main empoignant l’ourlet Toujours logé et nourri Le numéro tatoué se mis à luire Vers luisant dans sa coquille d’œuf Œuvrant au silence des lieux.
Tenir il faut tenir Par delà le râle des vieillards Dans la terreur partagée Les huis des wagons plombés Raclant jusqu’en enfer Les rails rouillés de la souffrance Fripée par le hibou criard.