De l'eau
de l'eau à foison
assignée au feulement incessant d'un chuchotis animal
froissement d'une voix contre la paroi de basalte
gouttelettes de perles au diapason d'un son guttural
claquement des mains velues contre le roc ensanglanté.
S'élève la monocorde allégeance
le faisceau continu
la plainte stratifiée des écobuages de la cité .
S'exprime l'alphabet en ses dissonances
ces frères dont la pratique artisane
fut emportée par la burle
vers la vallée des permissivités .
Seul le son d'une cloche
par dessus le courant d'eau
manœuvre à l'appel
les hommes de la magnanerie
alors qu'il fait encore noir
par ce matin d'hiver à traverser ce pont de bois
les sabots frappant de leurs ferrures le seuil de l'atelier .
Heureux événement
que l'arrivage des ballots de soie
hérissés de mille fils irisés
hors la grossière toile de jute
à l'arrêt comme hésitante
d'entrer dans la goule
où le mâche-menu des ferrailles associé au crissement des éraflures
gargouillent du lissage des textiles fins .
Maraude instantanée
du garçon derrière le bâtiment
ramassant vivement la musette pleine
posée sur le banc poisseux du vestiaire
le temps d'un saut dans l'ombre
hors du ravin des attendus
pour se retrouver ivre libre
le cœur battant
sur la sente caillouteuse
hors la promiscuité du bas
et haut les cœurs
apporter en la chaumière sans feu
les noires stries
d'un à-jour imprimé
sur le pourtour de son visage
de châtaignes et d'oignons
oings .
Message hors âge
des floricoles levées d'esprit
des génuflexions lasses
sur le chemin des trois croix
entre le Golgotha et la finitude de Marie .
Les femmes saintes seules admises
à retenir par le bras
les mâles de passage
pour un sourire
ameutés
disparaître dans le taillis
à la recherche de l'argousier
qu'ils feront suinter
sur la pierre des fièvres
histoire de se mettre en marche
sans compte à rebours
sur le chemin coquillard .
Les femmes saintes seules admises
en progression lente
vers l'amour et la compassion
chargées des brassées de genêts dorés
à la mesure des hautes portes des granges
enfouissant sous leurs amples jupes
les crânes des trépassés
les reins ceints d'une étoffe
si rouge
que le soleil levant
de par son disque iridescent
évoque le saint chrême de l'onction du mercredi saint
celui des faiseurs de jours
pour peu que la mise soit permise
sur le suin safrané
de la jument grise de maître Cornille
ébranlé de plaisir
à la vue de cette farine si blanche
que le puissant déplacement de la meule
pierre contre pierre
fait s'envoler
au gré des trilles du merle
au petit jour
d'un matin de mai .
138
Pūranga Kāwai: Tau 2013
mon amie
De t’avoir rencontrée me remplit de joie, toi, différente de moi et pourtant si proche .
Tu m’accompagnes et me calmes lorsque le temps est à l’orage, que de noires pensées montent de mes gouffres amers et que mes réparties sont excessives .
Tes fermes colères que l’on pourrait croire feintes me sont le remu-méninges vibrant et salvateur lorsqu’atteinte par un assoupissement de l’attention et de l’âme je balbutie de vagues réponses devant le risque de la nouveauté .
Je t’aime, sans l’ombre d’un doute, que même notre arrivée conjointe sur une autre planète ne pourrait nous dispenser d’exprimer notre folle envie en miroir de chercher et de comprendre à tous propos ce qu’est la vie .
Je t’admire au-delà de toute considération restrictive, d’une admiration dispose et large, que même l’envol tardif d’un perdrix devant nos pas ne saurait nous distraire .
Et pourtant Dieu sait que j’aime les perdrix rouges qui de leur vol lourd et plat pourraient réveiller dans un sursaut salvateur le dormeur du val que j’ai si souvent tendance à être .
Devant notre énergie d’hommes debouts chargés des possibilités de réalisation à venir, la terre, notre champ d’activité, est si vaste, puissante et fragile à la fois, sensible, amoureuse et réceptive, qu’il nous arrive même d’entendre le murmure du commencement des commencements .
Ta parole tournée vers l’éternelle urgence à énoncer l’essence des choses me permet de poursuivre mon chemin, délié de toutes entraves, vers le clair ensemencement de mes jardins les plus profonds .
Tu m’accueilles avec tant de générosité, de promptitude et de justesse que je n’ai même pas le temps de te remercier. Dès que je te vois, je suis à l’affût pour te consommer avec ma tête et mon coeur, et dès que je me consume, dès ce que tu m’offres pénètre en moi, alors tu disparaîs, alors je fonds .
Tu es mère, grande soeur, ange et félibrige de mon coeur pour qui l’émoi que je ressens à ton égard est de suite transformé en “sens” clair et profond au service de mon engagement de fidélité à ton enseignement. Toi, ma flèche lumineuse .
Et puis je t’ai librement choisie comme étant mon amie alors qu’on ne choisit pas sa famille .
Et je serais toujours l’arc pour bander tes pensées réitérées avec force tant il est impérieux pour toi que nous les prenions en compte. L’état du monde actuel en dépend .
Ton message passe. Ta parole est reine. La fluidité de ta vision m’épouse. Les traces que tu laisses derrière toi, je les recueille au plus fort de mes perceptions et de mes capacités mentales pour les intégrer le temps d’une communion venue .
Ton visage est inscrit au profond de mon âme et pour peu qu’un souffle vienne à passer, aussitôt je me lève pour reprendre ce chant mystérieux qu’au cours d’une de nos premières rencontres je murmurais et qui depuis toujours m’accompagne lorsque je croise ta route .
Ton regard signe les instances de ces lieux de paix et de convocation à la vigilance d’une attentive flamme de pertinence .
S’il arrive de nous perdre quelques temps et que je te retrouve, aucun préambule n’est de mise dans le premier regard que tu me portes. Tu es là, je suis là, tinana, âme et esprit prêts à la tâche qui nous incombe, ce grand oeuvre tissé de chaleur humaine, d’intentions de bonté et d’exigences de compréhension quant à notre posture à tenir dans nos temps si troublés .
Et si tu partais en voyage, sache qu’ici ou ailleurs il y aura de la place pour tes disciples, pour mes frères et soeurs en toi, afin de perpétuer le feu d’entre les eaux et le crâne, et nous entretenir de ce qui reste encore à faire .
Et puisque la vie est quête et pélerinage continu, tu es le bourdon du pélerin, le précieux bâton qui me soutient et avec lequel je calligraphie dans la poussière du chemin les lettres sacrées de notre écriture universelle .
Je t’aime, mon amie .
137
Juste un pas vers la sagesse
Sagesse. Le mot “sagesse” vient du latin “sapere”, d’où provient également le mot “saveur”. La sagesse est l’art d’apprécier la saveur. Elle marque une attitude très concrète, très réelle, et assez éloignée d’une organisation conceptuelle élaborée. Il s’agit de trouver un art de vivre qui permette de goûter la saveur de la vie .
Comment ce concept de sagesse se relie à celui, plus occidental, dephilosophie ; car philosophie veut dire “amour de la sagesse”. Dans l’Antiquité les philosophes étaient des hommes dont on attendait qu’ils vivent selon leur philosophie qu’ils enseignaient. Philosopher impliquait une manière de vivre qui mette en harmonie la pensée et la vie .
Et puis au cours des derniers siècles, en Occident, la philosophie est devenue l’art de construire des systèmes de pensée, de les étayer, de les défendre et, dans des “disputationes”, des discussions, de prouver leur suprématie sur les autres. Dans la Chine classique, un des foyers de la sagesse du monde, celle-ci était conçue différemment ; ainsi l’on disait que “le sage est sans idée, sans position, sans nécessité” .
Je pense qu’un sage est un être humain sans qualité particulière, sans idée déterminée à l’avance, sans position à défendre, parce qu’il veut rester ouvert sur la réalité, afin d’être frais et dispos à ce qui s’advient. C’est par cette posture que le sage peut le mieux refléter celui qui se confie à lui. La sagesse est donc à l’opposé de la crispation. Elle est proche de la sérénité .
Le sage ne “croit” pas ; il a la “foi” .
Ko te “croyance” vient du latin “credere” et dans cette famille de mots on trouve notamment en français “crédulité”, c’est-à-dire une manière de donner son adhésion à des affirmations que l’on est pas capable de fonder rationnellement. Croire c’est adhérer à certaines affirmations .
Ko te “foi” vient du latin “fides” et dans la famille des mots issus de cette racine il y a en latin “confidere”, qui a donné “confiance ” en français. Un homme de foi n’est pas avant tout un homme qui croit ceci ou cela, mais un homme habité de l’intérieur par la confiance. Avoir la foi, c’est avoir confiance dans la réalité ultime quelle qu’elle soit. Nous pouvons être habité par la confiance et la foi sans véritablement savoir quel est le fond du fond du réel .
Ne considérons pas la “croyance” comme une crédulité, mais comme étant d’un autre ordre niveau de conscience que la “foi .”
Et sur ce chemin, nous sommes toujours en train de faire le premier pas. Quand nous faisons un pas, nous nous exposons à un déséquilibre. Nous acceptons un moment de perdre l’équilibre de l’immobilité jusqu’à retrouver un nouveau point d’équilibre, en remettant le pied par terre. Alors qu’il n’y a rien de plus rassurant que de rester immobile, avancer un pied devant l’autre, c’est prendre le risque de trébucher. C’est accepter le connu pour aller vers l’inconnu, et ce, sans savoir à l’avance si cela nous réserve joie et épreuve. A celui qui se lève et marche, s’ouvrira devant lui un vaste espace, parce qu’en fonction du cap qu’il se donne – que ce soit la vérité, le réel ou la sagesse – te “marcheur vrai” ne peut qu’aller de commencement en commencement par des commencements qui n’ont pas de fin.
Ko te “marcheur vrai” est homme de ce monde. Il ne peut déroger à l’engagement qui au détour de son parcours de vie le convoquera à rentrer dans une histoire, à s’inscrire dans ce qui s’est fait ou pas encore fait avant lui et qu’il pressent qu’il faut faire. Il lui faudra prendre parti. Il lui faudra s’incarner pour contribuer à transformer le monde.
Ko te “marcheur vrai” semble aussi en dehors du monde. Il est en lui-même, pour lui-même, l’objet de sa réalisation par une voie intérieure. Il est en prise directe avec ce qui le dépasse et inexorablement avance vers l’innomable et l’innomé. Il donne et reçoit à mesure du temps qui passe et des rencontres qu’il fait sans prêter particulièrement attention aux conséquences de ses actes. Il est“présence” à ce qui est. Il est en confiance .
Ko te “marcheur vrai” en quête de sa réalisation se doit de dépasser la contradiction entre“l’engagement” et“l’intériorité” afin de se situer aux portes du temple où “sagesse” et “connaissance” sont à la fois différenciées et réunies. A ce point de son parcours, par un renversement de perspective animé par la foi, il peut dépasser le niveau de réalité au-delà duquel notre logique ne fonctionne plus. En effet, ce qui dans notre monde habituel semble inapproprié, peut apparaître au contraire en consonance, quand on change de registre, comme un nouveau niveau de réalité .
Il n’y a pas d’opposition entre la recherche de l’intériorité et l’engagement dans la vie du monde. L’un est presque la condition pour que l’autre ait une véritable efficacité. Celui qui resterait presque toujours enfermé sur lui-même dans une espèce de quête sans fond finirait par se dessécher sur pied car il manquera de l’alimentation de la relation avec tous les êtres qui l’entourent. Et celui qui s’engagerait dans la transformation du monde sans prendre le temps d’un retour vers son intériorité profonde, celui-là au bout d’un moment pourra s’éparpiller, s’émietter, se disperser, se chosifier .
136
D’une relation l’autre

Il est admis que c’est seulement par l’expérience personnelle que nous pouvons accéder à un peu plus de connaissance .
Mettre dans un bocal tout le succédané des enseignements ne mène qu’à soumettre à l’épreuve de la saumure la pureté de la quête en ses préliminaires ; ça chauffe, ça brûle même, mais jamais ne parviendra à maturité ce chercheur des eaux obscures .
Tu n’attesteras pas de ton appartenance à quoi que ce soit, une joie illusoire pouvant se glisser entre ta parole et l’objet de ta recherche .
Sois vraiment toi. Au passage du gué, il y aura l’épreuve. Alors ne te raconte pas d’histoire. Et même, kaua e korero. Garde le silence. Vois, et tu seras vu .
Si viens à passer le voyageur aux sept chameaux chargés de tapis, de soieries, de fourrures de parfums et de pierres précieuses, et que celui-ci veuille acheter tes vieilles chaussures toutes racornies, c’est que ces chaussures n’ont pas toujours été les tiennes et qu’un autre les portera .
Il te reste alors le chemin, et sois son obligé .
Ne sois plus la victime de ta croyance à être sur le “bon” chemin. Les grandes choses que nous puissions voir le seront par l’entremise des proches personnes qui t’entourent. Ta femme, ton homme, tes enfants, tes amis, tes voisins, te convoqueront à cesser d’être la victime de l’autre pour t’engager sur la voie de n’attendre rien .
135
La simplicité
Autant parler de moi .
Autant parler des pierres, des fleurs et puis des arbres .
Je leur ai parlé .
Je fais parti de cette confrérie des jardiniers de la création .
Je sais qu’il faut progresser les mains nues, oeuvrer dans l’instant, dans l’obéissance à ce qui est, être à l’écoute, et non pas s’affubler d’outils performants .
Et puis j’ai découvert que la nature parlait, et en l’écoutant, j’ai découvert le silence intérieur de la communion, de cette union de soi avec l’autre, que l’autre soit un minéral, un végétal, un être animal ou humain, ou bien une entité naturelle ou cosmique plus grande que soi .
Certes la nature ne parle pas français ou japonais, ni un langage symbolique, mais elle s’exprime par “résonance”. L’on se met en position d’attente sans attente, de prière, de contemplation et le cerisier vous raconte une histoire, et le frêne, une autre histoire, et le hêtre une autre histoire encore .
Avec les chrétiens, à Pâque, on touche le mystère de la mort : s’il n’y a pas de mort, il n’y a pas de résurrection. Si j’amène ma petite fille voir l’amande en train de pourrir, je ne lui dis pas : “Regarde l’amande en train de pourrir”, mais : “Regarde l’amandier en train de naître”. Pour l’amande, c’est certainement un moment terrible, mais cette amande donne la vie. C’est le lâcher-prise, l’abandon, la confiance .
Les arbres nous donnent à grandir .
Un jour en me promenant, je croisais un pommier, avec à son pied un petit pommier pas plus haut que trois pommes en train de pousser. Je levais les yeux et vis une pomme pourrie accrochée au pommier. Je compris alors qu’il existait deux morts. Cette pomme aimait tellement sa maman qu’elle n’a pas voulu couper le cordon ombilical et est resté accroché à la branche où elle a pourri sans donner la vie. Une autre pomme, elle, est tombée. Elle a pris le risque d’aller voir ailleurs et coupant le cordon ombilical est tombé à terre ; elle est morte, mais de cette mort est né un pommier .
La nature nous apprend qu’il y a des sauts, des morts, des émondages, des ruptures dans le rythme, une obéissance nécessaire à faire avec confiance afin de retrouver l’acte premier, l’acte créateur .
133
mai i te harikoa ki te harikoa
Aujourd’hui, le désir du bonheur et sa marchandisation à travers la publicité est produit par le néolibéralisme économique, moteur de l’actuelle mondialisation, qui en a fait une industrie de masse ayant pour objectif de faire le bonheur des gens malgré eux. Cela va à l’encontre d’unesociété du bien-vivre dont la première condition serait d’instituer le vivre-ensemble organisé sur le droit de chacun à vivre, et pas simplement à survivre, afin de respecter l’altérité et sa condition, la démocratie .
Loin, qu’il y ait contradiction entre démocratie, amour et bonheur qui sont trois conditions fondamentales pour avancer vers la construction d’une société capable de favoriser un développement dans l’ordre de l’être et non une course écologiquement destructrice dans l’avoir .
Encore ne faut-il pas considérer le bonheur comme un capital à conquérir et à préserver. Le bonheur est une qualité de présence, une qualité d’intensité, un art de vivre “à la bonne heure” .
Le grand enjeu est de sortir par le haut du couple excitation/dépression qui caractérise le système dominant de nos sociétés soi-disant avancées, des marchés financiers, du spectacle politique, du sport spectacle et des médias omniprésents. Car cette façon d’accéder à l’intensité se paye cash par une phase dépressive fondée sur le déséquilibre et la démesure. Laquelle phase dépressive suscite le besoin d’une nouvelle excitation, A pera tonu .
Ce cercle vicieux peut être rompu ; une autre modalité de vie est possible, sur le plan tant personnel que collectif. Il s’agit du rapport intensité/sérénité. C’est ce que nous ressentons quand une joie profonde nous irradie et nous relie à autrui sans nous isoler. Cette joie, qui peut naître de l’amour, de la beauté, de la paix intérieure, c’est-à-dire d’un rapport harmonieux à la nature, à autrui et à soi-même, est alors tout à la fois intense et sereine. Une sérénité qui permet de l’inscrire dans la durée, au contraire de l’excitation. Une telle approche n’exclut en rien cette forme d’intensité particulière qu’est la grande fête, le carnaval, l’événement culturel voire sportif majeur, ou bien le temps exceptionnel de la vie personnelle ou collective .
Mais elle invite à vivre ce temps autrement que selon le modèle de l’excitation, permettant ainsi d’éviter le côté “gueule de bois” ou encore la logique du plaisir pervers, là où l’excitation est en fait procurée par une domination sur autrui .
Ko te“sobriété heureuse” n’est pas l’austérité ni l’ascétisme. C’est cette opportunité à vivre intensément ce voyage conscient de la vie dans l’univers que nous propose l’aventure humaine. Ko te hoki, sur le plan politique, le droit accordé à tout être humain de se mettre debout pour véritablement Vivre .
132
Ko te patai mo te oranga . 2
He patai he mea nui kia mohio te katoa, me te tino mohio ki tona mutunga. He aha te tikanga o tenei tangata, o tenei ao i puta ai te mutunga o te mahi whakamiharo tekau ma wha piriona tau ? Ko tena agnostic, whakaponokore ranei, ko te patai tera i tetahi ra, i tetahi atu ra, kaore tatou e mahi kaua e whakaroa ki te patai .
Ko te korero o Ko nga iwi te tuatahi o nga korero katoa mo nga ngana ki te whakautu i a raatau kawea mai ki tenei patai whakamutunga. Te nuinga, na te mea he take tino nui, he mea tino nui, na te tangata i whai taputapu te patai matua mo te tikanga kia ora ma te hoahoa i nga punaha whakamaarama katia kua puta nga hua ka whakararu i etahi wa engari i etahi wa ka whakararu nui atu te kohuru i era o te herekore, o te taurite me te whanaungatanga .
No te mea ko te patai o “sens”, hei utu mo te waahi mo te patapatai me te te tipu o te matauranga me te whakaaro nui mo te tangata, he maha nga wa ka riro ko te vector whakautu dogmatic. Engari i te whakaute ki te rapu mai i etahi atu, nga roopu pehanga tangata e nohoia ana e te hiahia ki te mana, apo, ko te wehi ki te kore kau me te rapu mana e whai ana ki te rangatira whakakorehia ranei, katahi ka puta te pakanga o “sens”. Na ahakoa e huri haere ana ki nga karakia rereke ranei aorangi. Ko nga whakaaro kohuru ano kei te mahi mo te hunga kua whakataua Ko nga whakamatautau a Moscow i runga i te ingoa o te hitori, mo nga patunga o te kohuru i whakapataritari na te mau faatereraa politita haavî, mo nga hara o te Inquisition Katorika (Torquemada) me te poroteihana (Karawini), o fundamentalism Hurai ranei Islamic sharia .
I enei take katoa, Ko nga mea o mua me nga mea e mau tonu nei i tenei ra i te nuinga o te wa e mahi ana ko te whakahawea ki a ia kē, hoki te ture tuatahi o etahi atu i roto i te mara o “sens” ki te hoatu ora, i roto i tona oranga me etahi atu, Ko te kotahi oherekoretanga o te hinengaro, ariā tino pakarukaru engari haunga te mataaratanga me te whakakeke e kii ana he nama ano kiritau, o te whakaute mo etahi atu, rapu mo te pono, o te aroha ma pai ite, o te ngawari, o te haehaa, ki tonu me te mohio ki te ora .
He wa ki te haere mai, ki tonu i te riri me te marama, ka wetekina nga paihere a muri ake nei i nga mara o te tumanako. Na kia nga tane me nga wahine o te pai ka whakatika ki te whakaroa i te hikoi roa kia noho, e whakairi ana i te Mea ngaro, te mau tonu o te mahi ora o te whakawhiti nui, nui mahi o te ora, poto i runga i to tatou tauine whaiaro, engari kia roa i te tirohanga o te te whakaaturanga o te heke mai, me te tino mahi i runga i nga tohu e nama ana tatou ki a tatou ano ki te rehita ki roto i te pukapuka nui o nga maharatanga ka tirohia e o tatou uri .
ko te hinengaro, te ngakau me te whakaaro hei awhina i a tatou i tenei patai o “sens” no te mea he nui ake i a tatou i roto i tenei ao whanui. He pai te ahua o to tatou ahua rite ki te paku hiroki o te takai takai o nga huānga, he pūtau hollogram iti o tenei ao nui kei roto nei tatou, i roto i te kawenga me te aroaro ki te aha .
131
Ko koe taku teina
Ko tera i tupu i te haerenga o te timatanga. Kotahi ra, i te wa i roto i te tupuhi, i kitea e matou i roto i nga kapua tenei tohu whakatakariri, tenei paepae i puta mai i te rire o te rangi .
Ina te turi ruru ana i te maunga, katahi ka makahia matou ki te whenua mata kohatu ki raro, pararutiki, e tatari ana mo te mutunga o tenei riri ko nga hua ka pa ki roto i a tatou .
I muri i tetahi wa i waho i te rahi, i taku tahuritanga atu me te rangi tino miharo karekau he tohu awha, i reira koe, toku tungane, korekore, ratou nga kakahu e poipoi ana i te hau ata marama, te pahau wiri me te ahua ngawari e arotahi ana ki te riu o te takenga mai .
He parakore te hau. He kakara o nga putiputi hou kua rewa. Ma te kore e titiro tetahi ki tetahi ka mau matou nga putea ki te haere tonu i te pikinga .
Ko ___ i mua he rau tau. I taua wa kua pakeke matou hei tangata mohio o a tatou kawenga me te mahi i whakawhiwhia ki a tatou. Ko matou i whitihia e te mutunga i puta mai e tenei kaha kore korero me inflexible which inexorably engaged us on a path of knowledge and o te whakaaro nui, i runga i te huarahi ki te Mea ngaro nui. Ko te tikanga tenei ki te hoatu ki a matou ora .
Kia mahara i taua po i puta mai ai te aue o te hau me te awha o te ua makariri whawhati ka takoto nga rakau ki muri i a matou. I riri te whenua. mehemea ka keria nga awaawa hohonu i mua i a matou me mahi ki te inoi ki te manaakitanga kia maia ki te anga whakamua i roto i a tatou tuku atu ki nga mea nui ake i a tatou. Me tupu tatou i roto i tenei raru .
Kia mahara ki te wa marino o a tatou hikoi i roto i nga mara e waiata nui ana te kaha Ko te hari o te ora noa kua whakakiia matou ki te kore whakaaro me te ki tonu. He maama huri noa i a matou me te ringa i a matou he roa te hikoi i te kainga o te whanau, i tua atu o nga kakaho mara witi irairai ki te blueberries, te poipoi i nga daisies me nga poppies i raro i te hau marama hei whakaatu i nga ahua neke o te kararehe e ka nekehia ma te piko o nga taringa ka haruru. He wiri i oma mai i a matou a he pai .
He tere te rangi i tenei ata. Ka mau ki to arai kura i mauria mai e matou mo te hararei, i heke iho koe i nga kaupae kohatu mai i te paepae ki te, te kimi i to rakau, haere ki runga ki te whenua patupatua o te huarahi enei tohu e waiho ahau kia wahangu. Ko koe te kaiarahi i whakaatu mai ki ahau te huarahi .
Kia mahara ki tenei ara whaiti i tangohia e matou kia puta atu i te hau o nga whakamatautauranga. Ko ia i pouri i roto i tenei scullery paru ki tonu i te ati engari kaore matou ka taka ki roto ki te poka kua ki tonu i te wai. Ko te ipu waina anake i huna e taua wahi mai i te koroua me i runga i nga kakau kakau etahi tiihi i tiakina e tauera tea rinena taimaha .
Kia mahara tenei hikoi hotoke i te whenua teitei kei hea, na nga rori kua whakaparahako e te hukapapa me te hukarere, kua tatari mai te haerenga ki a matou. Ka takai ki raro i te parka me nga pini, ko te hau makariri e uru ana ki roto i te whare koaka o te te waka i werohia e te maru nui i hipokina e te marara tuwhera, pupuhi a ka tangi matou mo te wikitoria. Ka tu ki te ngahere i tutaki matou ki te whao mamae i muri i te whiunga o nga poi hukarere ki nga karavanserai o to tatou mua .
E kore tatou e kite karekau he waka puhoi, kanapa me te kakara ki te werawera o nga kamera me nga mea kakara. E kore tatou e rongo a muri ake nei i te tangi a nga tangata e arahi ana i o ratou maunga he whakakeke ki tetahi atu waahi kaore matou i whakapae. Ka hoki mai ki ahau i tenei koraha o te takenga mai te tirohanga o te manawa mura o te one i whakaarahia e te simoun me tenei ringa totoro, parauri me te kapiti mai i te koroua mohio i puta mai karekau i tuwhera ki te whakaatu i te taonga, tenei hua pakeke, pango me korukoru kua kitea i te taha o te ara kua kapihia e te tataramoa me te tataramoa .
kaua e noho i tenei ra ko te ngahere tino noa o te haere tahi o a tatou tamariki … I konei ! I runga i te tapawha kua whakaturia e ratou te tohu o te weriweri … matou ka tatari mo te haere tonu o te pukapuka nui o nga huringa .
Inaianei tonu, i reira karekau i whai, kua ngaro koe teina .
Kia mahara ki tera ki te kuhu ki te kauhanga o nga whanautanga ka tino mataku matou. Toi, te pupuri i to Ko matou ko stick e waiata ana i etahi tikanga makutu hei awhina i a matou haere ki tera taha, hou. Karekau he tupono tuarua. Kaore he mea engari nga poraka kowhatu marara mai i te paheketanga o te whakaaro ko te wa mo te whakaroa e aro ana ki te whai me te haumaru .
Kei nga rangi tuwhera. Ko nga katakata wai kua tahia atu nga tohu o to tatou hitori. Tamariki nga tangata mohio kei a ratou te koha ki te whangai i a ratou ano ma te whakaaro o tenei whenua nga haerenga whakamiharo tawhiti, kua mutu ta matou waiata to tatou takenga. A i etahi wa ka haruru te awha, i mua i te ahi ahi patata, ka waiho tatou ko te tohu o te whakakorikori i nga pungarehu o mua, ringihia, ki te nga huarahi o te ngakau me te ngakau pono, korero pono, korero noa he aha .
Ko te karanga a to tatou whaea, e kore matou e rongo ano. Ko ia nana matou i tono kia kai i mua he peihana miraka panana wera hei ngaungau ki o niho nga poro nui o te taro te parāoa parauri kua pupuhihia ki te kāreti whero me te tāmi currant pango ; poro nui o te taro e kua tapahia e to matou tupuna te porowhita kaore rawa ia i wareware ki te haina o te ripeka no te wa tuatahi i mauria e ia te maripi ki reira. Ko te kiriata o ka kore e kati nga rakau maara kia kore ai e haere nga heihei karekau i waenganui o nga maara. Kare e tika kia kowhiri i te te pāhiri i te wa whakamutunga ki te whakapaipai i te huamata ki te kāreti kuoro me te hua Mimosa .
Mo te wai nga puna me tango mai i te puna i roto i enei peere konutea taumaha i runga i te pikitanga, i etahi wa ka korero mai te hau ki ahau, Ka rongo ahau i te kuia e kata ana .
kei te mahara koe ? Hei whakahonohono noa i te waiata o te ata a nga manu me nga pere mai i te whare karakia ka puta mai tenei reka kawa o te tata ki a koe, taku teina .
130
Te wahangu; ki tonu o te ora

I roto i te reo Wīwī, kei reira te korero “wahangu mate”, alors que l’expérience du silence déborde de vie .
Ko te tono i tetahi kia wahangu ehara i te mea he tono kia wahangu, Ko te tu mokemoke he rite tonu ki te whakakore i nga hononga katoa .
Whakakahoretia te whakahau “kati” kia pai ake te “putu” ka whakahuahia i roto i te reo iti me te maihao tohu i runga i nga ngutu ki te whakaoho i te wahangu .
Chut ! Ka tupu tetahi mea kaore koe e whakaaro, i taea e koe kite, rongo, rongo ranei, e ahua huna ana, a ko wai ka puta mai ko koe kapohia ki tona hou me te whai take .
E riro te aniraa ia mamû noa mai te hoê aniraa no te haere. Ko ia ka taea te whakatuwheratanga o nga whakaaro me te huarahi o te oranga o roto. He a te aro ka taea ki te whakaaro me te whakaroa o te noho e haere ana ki te harikoa .
Engari ko te noho puku he wa ano he mea tino nui. Kaore ia kia mataara kaua e kaika. Kei te hiahia ia i ona wa katoa 'no te mea kei tua atu ia i te waa paetata .
Me whai waahi koe i te tuatahi., ara mai i a matou peia atu i te nuku o nga whakaaro, māharahara, kare pai me kino, me nga kupu ano .
Mena ka wehi te wahangu i te nuinga o nga tangata, na te mea i mua i te tutaki ki a ia me te maioha ki a ia, ka whiua katoatia e ia kararehe o roto – he aha nga hiahia, whakakake, riri, te noho mangere, te kuare, te hiahia ki te mana, te haehaa teka, te whakapohehe, etc… – a kua marie nga kararehe, ka whakaaro ko tatou anake, ngaro, pani, me te mamae mate e ara ake ana .
Na Blaise Pascal i tuhi : ” Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, whakapouri, kore pakihi, kahore he whakangahau, sans application. Ka rongo ia i tona korekore, tama whakarerea, tona koretake, sa dépendance, tona korekore. Ka puta te hoha i te hohonutanga o tona wairua, la noirceur, pouri, pouri, whakapouri, le désespoir . “
Na nui e kore te tangata i tino tutakina wahangu, kaore ia e rongo ka noho noa ma te mahi me te whakaohooho, na te koretake me te whakaroa, na roto i nga mamae me nga raruraru o nga momo katoa. Ko ia ka noho tonu ki te taha taha. Ko te wehi o te kore kau e mahara ana ia Ko te whakaaro o te noho wahangu he mea ke atu i te wehi o te kore kau, o tona rawakore o roto .
Ranei, ko te nui ake o ta tatou haere ki roto i a tatou, ka anga whakamua tatou te wahangu me te nui ake o nga kuaha ka tuwhera ki tetahi waahi kore e taea te ine. Ina hoki i roto i te ora o waho, kei te noho tonu tatou ki nga mea e tika ana kia mahia pai te whanonga i roto i to tatou hapori, ara he ngawari “whakamate” ; i roto i te ora o roto he tangata tatou i karangahia te tipu, tino mahi, a tae noa ki tona tino pai paetae “matekore”. Na ka rongo te tangata ki roto te pupuri i a ia ano, he tata ki te puna me te whakaatu ki tonu .
Ka nui ake te wahangu, ka nui ake te whakaaro mo te Kupu me te Wahangu., a te iti o ta tatou korero .
Mo te hunga kua rongo i te wahangu, nga korerorero, nga tautohetohe, hui o ka uaua te kawe i nga korero a te whanau me te hinengaro na te mea whakamomoka. Te wahangu, i te mea ka hiahia te mokemoke ki te hau me te waahi ; me whai wheako ia ki uta, nui, hohonu. Ko nga mea katoa ki a ia titiro papatahi, pakupaku, pāpaku. Ko te “whakawhitiwhitinga korero” whakahauanga me he ahua kee ki a ia.
Ki te tino kotahitanga te tangata ka taea e ia te wetekina mai i tenei mahi ki te korero i nga wa katoa me nga mea katoa.. Ko te tiritiri i runga i nga kaupapa whakahirahira, i te whakawhitiwhiti ngakau-ki-ngakau ranei e whai tikanga ana, e whakarato ana i te tino kai .
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He aha te tikanga ki te hoatu ki te ora ?
Nous vivons la fin d’un monde fondé il y a peu sur les religions, les fidélités de proximité, les patriotismes ; et aujourd’hui marqué par le consumérisme où les incitations publicitaires nous manipulent au service d’une globalisation économique et culturelle accentuée par les bouleversements technologiques .
Le rapport au sacré a été modifié. La quête du sens auquel faisait suite un automatisme de la réponse fondé sur la religion n’existe plus. A la question : “Pourquoi je suis sur Terre ?”, font suite des réponses scientifiques et politiques bien générales. On ne peut plus s’appuyer sur la tradition. Nous sommes en face de nos peurs, … et là nous sommes alors convoqués à être en face de nous-même .
Donner du sens à la vie que l’on mène ne tombe pas sous le sens, car les gens empruntent des rôles. Ils disent qu’ils sont victimes du climat, des autres, de la conjoncture, qu’ils avaient tout pour être heureux et puis que … Ranei, notre bonheur et notre malheur nous appartiennent. Nous sommes responsables de notre bonheur et de notre malheur car nous avons l’opportunité de grandir, de croître .
Nous avons à avancer les yeux ouverts sur le chemin .
Le sens de la vie, c’est l’amour. On ne peut pas vivre sans amour, cet échange du coeur, cet amour homme/femme, cet amour filial, cet amour entre deux êtres. L’amour est communion. L’amour est relation avec nos semblables, avec les animaux, le végétal, la nature, le cosmos et par nos pratiques religieuses .
Nous sommes des êtres sociaux, des êtres de relation. Nous avons besoin de donner, de nous éveiller les uns aux autres. Nous sommes là pour nous faire du bien par l’attention portée à l’autre, l’amitié, la compassion, le don .
Le but de la vie serait-il pas de s’accepter tel que l’on est ? Mais pour celà, il faut le regard de l’autre pour lire dans le regard de l’autre que nous sommes aimables. Aime et tu seras aimé. Nous devons avoir de la tendresse pour nous-même .
Il y a des gens qui ne voyant qu’au travers de l’optique matérialiste ne se posent pas la question du sens de la vie. “Einstein disait, qu’un être humain qui ne se pose jamais la question du sens de l’existence, qui ne s’intéresse pas au sens de la vie, n’est pas un être humain .”
Aujourd’hui nous sommes dans un monde où l’idéologie dominante est le consumérisme, où : “Le but de la télévision, comme le disait Patrick Lelay, c’est de rendre les cerveaux dociles !”. Le lavage des cerveaux, c’est la publicité .
Pour contrecarrer cette outrance chosifiante et mortifère, nous avons besoin de nous recentrer sur nos besoins corporels et sensoriels immédiats qui ne peuvent nous tromper quant ils sont reliés à l’amour, à la tendresse, aux sens des choses simples, au spirituel. Nous devons dire oui à la vie. L’essentiel c’est d’apprendre à aimer la vie, et pour celà travailler sur nos blessures .
Notre chemin de vie est d’aller de la peur à l’amour. Là est notre joie, notre joie d’être, de vivre, d’exister. Mais comme cela est refoulé, c’est en conscience que nous devons conjurer l’ignorance et nous confronter à ce qui est, à l’expérience de tous ces jours qui nous apportent leur lot de surprises. Par la psychothérapie, mais aussi par la méditation et la prière, nous avons à laisser les choses être. C’est par cette astreinte intelligente, et par le ressenti sensoriel, qu’il y a ouverture du cœur .
Nous avons à beaucoup pleurer en nous plongeant dans le regard d’un petit être, en observant un joli paysage, une oeuvre d’art, ou bien en écoutant une musique et des chants qui parlent au coeur. Là est le sens de la vie. La réponse est soumission à ce qui est, ouverture des sens. La réponse est “joie” .
Laisser venir à nous les enfants, les petits oiseaux, l’esprit du temps qui passe, et surtout ne fermez jamais la porte. Il ferait alors trop chaud, nous manquerions d’air, l’enfer ne serait alors pas loin, … alors qu’il y a tant à faire !
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