L'homme de la pierre
Assis devant la rose
Comptait lentement
Ses années passées
À la lumière sèche de son visage
Reflétant la brume montante de la vallée
Aux messages imaginés.
Afin de complaire à cette maraude
Il écrivait calme et appliqué
De sa plume sergente major rêche
Quelques faits de ses origines
D'un tremblement des mains
À faire coupe rase
Du regard des vivants.
Au mitan de la nuit
Ses ailes avaient fleuri
À battre campagne
Dans les halliers de l'oubli
Quand paupières sèches
Les algarades des regrets
Somnolaient naufragées.
En fin de journée
Alors que les chasseurs brûlaient leurs dernières cartouches
Il avait remis son tablier bleu
Par dessus son pull effiloché
Pour entonner une dernière fois
" Sur le pont du Nord
Un bal y est donné ".
Fissures à l'âme
Son cœur de crépon tremblait
Devant l'évidence
Sa proie ses repères
L'absolue déliquescence des jours
Passés en retour
À pourvoir aux brûlures du désir.
L'absence le tirait par la manche
Au pied de cette allée couverte
Carrefour des remontées
À écouter le chant déclinant des oiseaux
Dans l'attente de ce qui reste à faire
Avant que ne s'échappe de la forêt
Le hululement de la chouette.
1351
Poli comme un sou neuf
Devant la maison
Attendre que la famille soit prête
Surtout ne pas se salir
Et ce petit frère qui vous colle aux basques
Monter sur le chemin
Puis redescendre dans la cour.
La gifle est partie
Sourde et intense
Marquante jusqu'à l'infini
Pour une éducation d'aimer
D'aimer à palier au recroquevillé de l'âme
Aimer jusqu'à tendre l'autre joue
Au delà des yeux du silence.
Le trajet vite fait bien fait
En Vedette, en Deudeuche ou en Quatre chevaux
L'habitacle empli d'un bouquet de parfums
Pour devant l'église
Se retrouver en cercle
À chercher l'endroit adéquat
De la photo de groupe.
Le monument aux morts est là
Enferré par la grille fermée à clé
Surmonté par un poilu au regard bleu
Avec sur son socle
Le nom des héros de la Grande Guerre
Et un rajout de ceux de 39 - 45
Dans un jardinet paré de buis et de graviers.
Dans l'église froide
Femmes en noir aux premiers rangs
La voix du curé s’est élevée
Apaisante fleur vitrail hors la chaire
À évoquer la mémoire des disparus
Et le beau temps espéré
Pour les moissons de l'Assomption.
Les cloches ont sonné la fin de l'office
Sommes à nouveau rassemblés sur le parvis
À se saluer entre connaissances
Et s'enquérir de ce que deviennent
Ceux qui ne sont pas là
Pour ensuite passer à la boulangerie
Chercher la tourte et la brioche.
1350
Une seule phrase
Et tout se délie
Hors ces sacs de jute
Remplis à raz bord
Après ma mort
Où j'ai ouvert les yeux
La première fois
Pour entendre le chuchotement
À l'oreille de l'agonisant
Parole désuète
Ou manque de parole
À se faufiler
Goûteur de vie
Après la pluie
Devant le parterre
Couvert d'herbe bien verte.
Trois jours comme ça
À ne jamais se lasser
Sur le pas de porte
À ouvrir l'esprit
Coquille cathédrale
À l'impatience vraie
Alors que se tenait
À califourchon sur la clide
La folie du monde
En son extrême lenteur
Dépliée le temps d'écrire
Sur la pierre
Quelques mots d'amour
Avant le rendez-vous
Sans se presser comme un dimanche.
Joie et chaleur
D'une journée à tire-d'aile
Se sont joints les poussins de l'âme
Rendus visibles Par les deux aiguilles de l'horloge
Dandinement de la poule rousse
Élevée hors abîme
Un brin d'herbe au travers du bec
Juste retour à la source
Le cœur léger
La main tendue
Pour le grain à la volée
En riant
Devant le paillou vidé
Poches trouées
Sous l'ombre descendue du frêne.
1349
Alors qu'un crêpe noir recouvre le monde
Fait de meurtres et d'exactions en tout genre
Il est de bon aloi de retourner aux lisières de la beauté.
Feuilles de passage
Tombent en automne
Recouvrant la terre noire.
Palpation en saison
Sur le chemin creux
De la poussière à contre-jour.
Au plein de la nuit
Descendre les escaliers
Pour aller boire un coup.
Puis remonter
Père tranquille anobli des oublis
Mettre son mouchoir sur la terre dévastée.
Fine est l'ombre
De lune nouvelle
Dans son appel à Vénus.
Passeront la main
Les doigts ourlés de confiture
Un souci de moins devant la télé.
Près de l'âtre
Sans hâte
J'ai choisi la lentille de la planèze.
Des cercles olympiques tout partout
Enserrent la chambrée
De pleurs de joie.
Les fleurs à la tige fragile
Se courbent sous la pluie
Œil contre œil.
Mille moutons dévalent la colline
Clochettes en fête
Ponctuées de bêlements épais.
Puis remontant le drap jusqu'au nez
Attendons que le sifflement des missiles
Passent sans nous toucher.
1348
Nous vous invitons à notre soirée « Lecture – Présentation de Textes Poétiques », Claudine et moi, où seront données des notes de musique sur des mots de poésie, des mots de vie, des mots d’amour, pour prendre source.
Gaël Jean-Claude GERARD
https://regardauvergne.fr
Lecture-Présentation de " Textes Poétiques "
de Gaël Jean Claude Gérard accompagné
de Claudine Genestoux, musicienne
https://www.regardauvergne.fr
à l'ESPACE ECLOSION
Z.I. Cournon – Le Cendre
14 route de Clermont
63670 LE CENDRE
Dimanche 22 OCTOBRE 2023 à 17H30
Participation libre
MES TEXTES POÉTIQUES SONT DES RÉSONANCES DE CE QUE J’AI VÉCU...
Ils gravitent dans la galaxie des mille-feuilles instantanés, des intentions et rencontres, sans se prendre la tête, en musique des mots, dans l’émergence de ce qui est.
La corde résonante faite de sympathie et de confiance qui vibre entre le Corps et l’Environnement exprime la qualité de la relation au monde.
Livres parus :
La fée Carabosse roule en tracteur
Visage, visage, au touché de nos coeurs
Le korrigan du bois venu
Au tabernacle des glycines
Il y a l'inconstance
Par la crainte avancée
De l'homme perdu dans ses pensées
Alors que la place était à prendre.
Position médiane
Aux carences affectives
L'ombre caressait d'une tendresse feinte
L'entrée dans l'atmosphère
De la cage d'ascenseur.
Pratique discrète
Nous fîmes le tour de l'enceinte
Pour quérir les faiblesses de la fortification
À petits pas en retenant son souffle
La mèche de cheveux relevée.
Ouvrir la cage
Me correspondait mieux
Que la palinodie à régurgiter
Flasque et collante
Comme glaise à l'abri du soleil.
Rencontrer le grincement des gongs
N'arrangeait pas nos affaires
D'accueil de la parole
Aux effets feuilles à terre
De l'automne déplié.
Mettre en place la bougie neuve
Eût solutionné la question
D'avoir assimilé la verdeur de l'espoir
Avec l'arrivée de Cybèle
Oblate des plus ferventes parturientes.
Par les anfractuosités du passé
La mémoire fait mystère
De l'impétuosité des origines
En calmant par la pensée
La peur et ses officiants du désir.
Effleurer la joue du nouveau-né
N'apporte de réel
Que l'écueil d'avoir un jour une nuit
Chevaucher la création en simple appareil
Nous les conquistadores de la mort à soi.
Un voile sur tout cela
Ferait œuvre débordante
Pour la nature qui nous enchante
Cristo des occasions manquées
D'avoir à mourir pour que l'autre naisse.
Et de refermer la boîte
Comme exclure d'une rebuffade
L'enfant inquiet
De la tâche immémoriale qui l'attend
D'avoir à ramasser les mirabelles de l'esprit.
Se contenir
En marge du destin
Et devenir
Assemblage de constellations
Dans un infini qui nous fuit.
De composer sa cosmogonie
Au travers des fissures de l'instinct
Fait entrer en résonance
Avec la pulsation de l'univers
Le mieux que soi.
1347.
Le gardien se tenait bien droit
Comme un cep de vigne
À la verticale
Sans feuilles ni raisins
Pour faire le malin.
Par devant soi
Penser ou croire ce n'est pas voir
En arrêtant de saisir
En arrêtant de déduire
En s'efforçant toujours.
Être lié aux questions
N'est pas la liberté
Ce serait plutôt la prison
Alors qu'attendre sans forcer
Est appel à qui de droit.
Ouvrez la porte
Ne gardez pas les clés dans la poche
Il y aurait piège
Car le piège c'est le mental
Et le mental c'est aussi la clé pour ouvrir la porte.
Le visage est cadenassé
Alors que la tête est quartier de lune
Aussi les intentions le préoccupe-t-il
Comme l'amour d'un homme est intense
Comme l'amour d'une femme est profond.
La liberté serait d'accepter son destin
Tel le saut de l'ange
Sans effort d'un nuage l'autre
Au cœur de la matrice
En répétant les expériences.
Ses bras sont de cire
Ou de papier mâché je vous dis
Et ses paroles dérangent
Aussi permettons-nous
D'écourter la station debout.
Arrêtons de demander
Pour que la Beauté traverse la vie
Ne serait-ce qu'une seconde
Afin de s'assoir à la table de l'auberge
Devant un repas chaud.
Songer aux choses invisibles
Rend l'homme curieux de la vie des âmes
Lanterne de papier élevée
Devant la page blanche
À la merci d'un courant d'air. ( Dessin de Jean-Claude Guerrero )
1346
J'attends de l'entrelac
Qu'il se lasse
D'être entre les branches du lilas
Entre l'âme et la contemplation de l'âme
Entre le bas et le haut de la rue Gambetta.
J'attends de l'entrelac
Qu'il sente bon le chèvrefeuille
Qu'il soit utile comme un passage à niveau
Qu'il soit le donateur fou d'un rire éternel
Mais jamais un chat vivant et mort à la fois.
J'attends de l'entrelac
Qu'il délègue à la lumière
Le moyen de sustenter le temps qui passe
D'une rasade de matière noire
Dévolue par un Einstein hilare.
J'attends de l'entrelac
La clé sous le paillasson
Afin d'entrer dans la maison
Pour retirer le gris des murs
Et y coller la toile de Jouy.
J'attends de l'entrelac
De longs rubans de couleurs
Pour faire la fête
Et trouver le trésor caché
Près du fournil où ça brûle.
J'attends de l'entrelac
Un peu de miel dans les cheveux
Pour y glisser langue râpeuse
Du cavalier fou
Caracolant sur une valse brune.
J'attends de l'entrelac
Qu'il me fasse signe
Pour naître encore et encore
Les sabots glissant sur la pente fatale
En me tapotant l'épaule par derrière.
J'attends de l'entrelac
Qu'il prenne vie
Au souffle des mots
Papillons aux ailes légères
Permettant de vaticiner.
J'attends de l'entrelac
Ses boutons de bottines
Son lorgnon de la Belle Époque
Le col amidonné de l'Entre-deux-guerres
Et la main de ma mère.
J'attends de l'entrelac
Qu'il m'assigne la direction
Aux entours familiers
Pas trop éloigné d'où je viens
Accompagné d'un solide havresac.
J'attends de l'entrelac
De bonnes nouvelles
De notre monde déchiré
À la merci des matamores
Engagés dans la course à la destruction.
J'attends de l'entrelac
Des rivières rafraîchissantes
Un ciel changeant
Un air respirable
Avec des arbres agités par la brise.
J'attends de l'entrelac
Qu'il capte la ténèbre montante
Afin de disposer le fruit du sycomore
Près du mur d'Hadrien
Que nous avons délaissé.
J'attends de l'entrelac
La coquille sacrée
Qui permettra de rêver
Au coucher de soleil du Finistère
Au visage du père.
J'attends de l'entrelac
Un chant d'oiseau
Me permettant de passer la frontière
Dans le silence et la paix
À livre ouvert.
1345
Je suis là et pas là
Dans les nuages
Et dans le ciel sans nuage
À jouer et ne pas jouer
Sans que la vie me guide
Mais avec le vécu de la vie.
J'ai vécu et je n'ai pas vécu
C'est tout comme
J'ai choisi et je n'ai pas choisi
Arrivera le moment du sans choix
Ce sera
La plongée en soi.
Je ne vois pas la réalité
Dans la pure présence
Cachée et souillée par mes propres pensées
Je ne pose plus de questions
Pour laisser place à l'intuition
Sans accélération de la réaction.
J'observe sans analyser
Et par là je comprends
Sans passé et sans futur
Passif et vigilant
Sans s'accrocher au monde
Les frictions ont cessé.
Je recherche les plaisirs
Et les plaisirs m'ont insatisfait
Tandis que l'énergie utile à l'effet juste
Sans préjugé et en amour
M'a fait rejoindre l'enfance
Où les mots, les pensées et les actions sont en harmonie.
Je ne suis pas habile
Je suis étonné
Extase de l'innocence
Action désintéressée
Pour Te voir, simplement Te voir
Aspiré que je suis par la recherche de la vérité.
Il arrive que j'entende un son
Un son qui n'a pas de son
Un son qui provient du mouvement
Alors les fluides du corps créent des sons
Porte ouverte vers soi
Papier de soie recouvrant la pierre de l'entendement.
Je parle et ne parle pas
Où plutôt ça parle en moi
Et je ne cherche pas à savoir pourquoi
Mais à être indifférent
C'est-à-dire à prendre au sérieux
Ce qui se dit.
J'accède aux relations
Et me souviens
D'avoir ramasser des pierres d'achoppement
Pour les transformer en pierres de fondation
Par l'accès à ce qui est
En ne faisant rien.
Quand j'accumule les informations
Je rassemble les autorisations
Pour me jeter à l'eau sans recommandation
Alors je me noie
Puis je renais
En connaissance stimulée.
Et je descends dans le monde
Le miroir propre et stable à portée de main
Pour voir correctement mon visage
À la dure
Installé sur une vire à jouer de la musique
Avec le vide tout autour.
Il n'y a que l'élan
Au lever du soleil les oiseaux commencent à s'agiter
Tout est source
Sans être responsable
Être un pont
Entre ce qui existe et n'existe pas.
1344
L'Ange a dansé
Lune pleine vers le lieu de l'émergence
Le regard intérieur
Bouche ouverte
Langue tirée
Oreilles tendues
En perception des vibrations.
L'Ange a muté
Par sa position entre le Ciel et la Terre
Face aux extrêmes de la fissure initiale
Il a recueilli les clefs essentielles
De la sublime entreprise
D'extraire le joyau de la gangue
Scellant la perfection.
L'Ange s'est alors nourri de la Terre
Celle qui donne et reçoit
Dispensatrice des énergies
Et de la reconstitution des forces
Compagne d'œuvre
Qui jamais ne s'égare
En concentrant la partie féminine de l'âme.
L'Ange a épousé les deux principes
Le mâle et le femelle
Pour se pourvoir dans un autre niveau
En terme de reconduction des expériences
À unir le mobile et le fixe
À pénétrer les ténèbres
Jusqu'à devenir aveugle pour mieux voir.
L'Ange a écouté la voix de la Nature
Il s'est enrichi des lois de l'équilibre
En étroite amitié
Il a entretenu et approfondi la relation
Pour mettre en jeu la sensibilité
Enfouie au cœur de nos profondeurs
Il a vu et entendu.
Inspiration
Murmures
Fluides de la Terre et du Ciel
Langage du serpent
Langage des oiseaux
Le nouveau polyglotte
S'est réveillé un matin, serein.
1342