Tous les articles par Gael GERARD

L’homme de pierre

L'homme de la pierre   
Assis devant la rose   
Comptait lentement   
Ses années passées   
À la lumière sèche de son visage   
Reflétant la brume montante de la vallée   
Aux messages imaginés.      
 
Afin de complaire à cette maraude   
Il écrivait calme et appliqué   
De sa plume sergente major rêche   
Quelques faits de ses origines   
D'un tremblement des mains   
À faire coupe rase   
Du regard des vivants.      
 
Au mitan de la nuit   
Ses ailes avaient fleuri   
À battre campagne   
Dans les halliers de l'oubli   
Quand paupières sèches   
Les algarades des regrets   
Somnolaient naufragées.      
 
En fin de journée   
Alors que les chasseurs brûlaient leurs dernières cartouches   
Il avait remis son tablier bleu   
Par dessus son pull effiloché   
Pour entonner une dernière fois   
" Sur le pont du Nord   
Un bal y est donné ".      
 
Fissures à l'âme   
Son cœur de crépon tremblait   
Devant l'évidence   
Sa proie ses repères   
L'absolue déliquescence des jours   
Passés en retour   
À pourvoir aux brûlures du désir.      
 
L'absence le tirait par la manche   
Au pied de cette allée couverte   
Carrefour des remontées   
À écouter le chant déclinant des oiseaux   
Dans l'attente de ce qui reste à faire   
Avant que ne s'échappe de la forêt   
Le hululement de la chouette.      
 
1351

Poli comme un sou neuf

Poli comme un sou neuf   
Devant la maison   
Attendre que la famille soit prête   
Surtout ne pas se salir   
Et ce petit frère qui vous colle aux basques   
Monter sur le chemin   
Puis redescendre dans la cour.      
 
La gifle est partie   
Sourde et intense   
Marquante jusqu'à l'infini   
Pour une éducation d'aimer   
D'aimer à palier au recroquevillé de l'âme    
Aimer jusqu'à tendre l'autre joue   
Au delà des yeux du silence.      
 
Le trajet vite fait bien fait   
En Vedette, en Deudeuche ou en Quatre chevaux   
L'habitacle empli d'un bouquet de parfums   
Pour devant l'église    
Se retrouver en cercle   
À chercher l'endroit adéquat   
De la photo de groupe.      
 
Le monument aux morts est là   
Enferré par la grille fermée à clé   
Surmonté par un poilu au regard bleu   
Avec sur son socle   
Le nom des héros de la Grande Guerre   
Et un rajout de ceux de 39 - 45   
Dans un jardinet paré de buis et de graviers.      
 
Dans l'église froide   
Femmes en noir aux premiers rangs   
La voix du curé s’est élevée   
Apaisante fleur vitrail hors la chaire   
À évoquer la mémoire des disparus   
Et le beau temps espéré     
Pour les moissons de l'Assomption.      
 
Les cloches ont sonné la fin de l'office   
Sommes à nouveau rassemblés sur le parvis   
À se saluer entre connaissances   
Et s'enquérir de ce que deviennent   
Ceux qui ne sont pas là   
Pour ensuite passer à la boulangerie   
Chercher la tourte et la brioche.      
     
 
1350 

Une seule phrase

Une seule phrase   
Et tout se délie  
Hors ces sacs de jute   
Remplis à raz bord   
Après ma mort   
Où j'ai ouvert les yeux   
La première fois   
Pour entendre le chuchotement   
À l'oreille de l'agonisant   
Parole désuète   
Ou manque de parole   
À se faufiler   
Goûteur de vie   
Après la pluie   
Devant le parterre   
Couvert d'herbe bien verte.      
 
Trois jours comme ça   
À ne jamais se lasser   
Sur le pas de porte   
À ouvrir l'esprit   
Coquille cathédrale   
À l'impatience vraie   
Alors que se tenait   
À califourchon sur la clide   
La folie du monde   
En son extrême lenteur   
Dépliée le temps d'écrire   
Sur la pierre   
Quelques mots d'amour   
Avant le rendez-vous   
Sans se presser comme un dimanche.      
 
Joie et chaleur   
D'une journée à tire-d'aile   
Se sont joints les poussins de l'âme   
Rendus visibles 
Par les deux aiguilles de l'horloge   
Dandinement de la poule rousse   
Élevée hors abîme   
Un brin d'herbe au travers du bec   
Juste retour à la source   
Le cœur léger   
La main tendue   
Pour le grain à la volée   
En riant   
Devant le paillou vidé   
Poches trouées   
Sous l'ombre descendue du frêne.      
 
1349

La cible sur un chariot bleu

Alors qu'un crêpe noir recouvre le monde
Fait de meurtres et d'exactions en tout genre
Il est de bon aloi de retourner aux lisières de la beauté.
 
Feuilles de passage
Tombent en automne
Recouvrant la terre noire.
 
Palpation en saison
Sur le chemin creux
De la poussière à contre-jour.
 
Au plein de la nuit
Descendre les escaliers
Pour aller boire un coup.
 
Puis remonter
Père tranquille anobli des oublis
Mettre son mouchoir sur la terre dévastée.
 
Fine est l'ombre
De lune nouvelle
Dans son appel à Vénus.
 
Passeront la main
Les doigts ourlés de confiture
Un souci de moins devant la télé.
 
Près de l'âtre
Sans hâte
J'ai choisi la lentille de la planèze.
 
Des cercles olympiques tout partout
Enserrent la chambrée
De pleurs de joie.
 
Les fleurs à la tige fragile
Se courbent sous la pluie
Œil contre œil.
 
Mille moutons dévalent la colline
Clochettes en fête
Ponctuées de bêlements épais.
 
Puis remontant le drap jusqu'au nez
Attendons que le sifflement des missiles
Passent sans nous toucher.
 
1348

Lecture-Présentation de mes textes poétiques

Nous vous invitons à notre soirée « Lecture – Présentation de Textes Poétiques », Claudine et moi, où seront données des notes de musique sur des mots de poésie, des mots de vie, des mots d’amour, pour prendre source.
Gaël Jean-Claude GERARD
https://regardauvergne.fr
 
Lecture-Présentation de " Textes Poétiques "
de Gaël Jean Claude Gérard accompagné
de Claudine Genestoux, musicienne
https://www.regardauvergne.fr

à l'ESPACE ECLOSION
Z.I. Cournon – Le Cendre
14 route de Clermont
63670 LE CENDRE
Dimanche 22 OCTOBRE 2023 à 17H30
Participation libre

MES TEXTES POÉTIQUES SONT DES RÉSONANCES DE CE QUE J’AI VÉCU...
Ils gravitent dans la galaxie des mille-feuilles instantanés, des intentions et rencontres, sans se prendre la tête, en musique des mots, dans l’émergence de ce qui est.
La corde résonante faite de sympathie et de confiance qui vibre entre le Corps et l’Environnement exprime la qualité de la relation au monde.

Livres parus :
La fée Carabosse roule en tracteur
Visage, visage, au touché de nos coeurs
Le korrigan du bois venu
 

Au tabernacle des glycines

Au tabernacle des glycines   
Il y a l'inconstance   
Par la crainte avancée   
De l'homme perdu dans ses pensées   
Alors que la place était à prendre.      
 
Position médiane   
Aux carences affectives   
L'ombre caressait d'une tendresse feinte   
L'entrée dans l'atmosphère   
De la cage d'ascenseur.      
 
Pratique discrète   
Nous fîmes le tour de l'enceinte   
Pour quérir les faiblesses de la fortification   
À petits pas en retenant son souffle   
La mèche de cheveux relevée.      
 
Ouvrir la cage   
Me correspondait mieux   
Que la palinodie à régurgiter   
Flasque et collante   
Comme glaise à l'abri du soleil.      
 
Rencontrer le grincement des gongs   
N'arrangeait pas nos affaires   
D'accueil de la parole   
Aux effets feuilles à terre   
De l'automne déplié.      
 
Mettre en place la bougie neuve   
Eût solutionné la question   
D'avoir assimilé la verdeur de l'espoir   
Avec l'arrivée de Cybèle    
Oblate des plus ferventes parturientes.        
 
Par les anfractuosités du passé   
La mémoire fait mystère   
De l'impétuosité des origines   
En calmant par la pensée   
La peur et ses officiants du désir.      
 
Effleurer la joue du nouveau-né   
N'apporte de réel   
Que l'écueil d'avoir un jour une nuit   
Chevaucher la création en simple appareil      
Nous les conquistadores de la mort à soi.      
 
Un voile sur tout cela   
Ferait œuvre débordante   
Pour la nature qui nous enchante   
Cristo des occasions manquées   
D'avoir à mourir pour que l'autre naisse.      
 
Et de refermer la boîte   
Comme exclure d'une rebuffade   
L'enfant inquiet   
De la tâche immémoriale qui l'attend   
D'avoir à ramasser les mirabelles de l'esprit.      
 
Se contenir   
En marge du destin   
Et devenir   
Assemblage de constellations   
Dans un infini qui nous fuit.      
 
De composer sa cosmogonie   
Au travers des fissures de l'instinct   
Fait entrer en résonance   
Avec la pulsation de l'univers   
Le mieux que soi.      
 
1347.

La liberté d’accepter son destin

Le gardien se tenait bien droit  
Comme un cep de vigne   
À la verticale   
Sans feuilles ni raisins   
Pour faire le malin.      
 
Par devant soi   
Penser ou croire ce n'est pas voir   
En arrêtant de saisir   
En arrêtant de déduire   
En s'efforçant toujours.      
 
Être lié aux questions   
N'est pas la liberté   
Ce serait plutôt la prison   
Alors qu'attendre sans forcer   
Est appel à qui de droit.      
 
Ouvrez la porte   
Ne gardez pas les clés dans la poche   
Il y aurait piège   
Car le piège c'est le mental   
Et le mental c'est aussi la clé pour ouvrir la porte.      
 
Le visage est cadenassé   
Alors que la tête est quartier de lune   
Aussi les intentions le préoccupe-t-il  
Comme l'amour d'un homme est intense   
Comme l'amour d'une femme est profond.      
 
La liberté serait d'accepter son destin   
Tel le saut de l'ange   
Sans effort d'un nuage l'autre   
Au cœur de la matrice   
En répétant les expériences.      
 
Ses bras sont de cire   
Ou de papier mâché je vous dis   
Et ses paroles dérangent   
Aussi permettons-nous   
D'écourter la station debout.      
 
Arrêtons de demander   
Pour que la Beauté traverse la vie   
Ne serait-ce qu'une seconde   
Afin de s'assoir à la table de l'auberge   
Devant un repas chaud.      
 
Songer aux choses invisibles   
Rend l'homme curieux de la vie des âmes   
Lanterne de papier élevée   
Devant la page blanche   
À la merci d'un courant d'air.      

( Dessin de Jean-Claude Guerrero )
 
1346

Ce que j’attends de l’entrelac

J'attends de l'entrelac   
Qu'il se lasse   
D'être entre les branches du lilas   
Entre l'âme et la contemplation de l'âme   
Entre le bas et le haut de la rue Gambetta.      
 
J'attends de l'entrelac   
Qu'il sente bon le chèvrefeuille   
Qu'il soit utile comme un passage à niveau   
Qu'il soit le donateur fou d'un rire éternel   
Mais jamais un chat vivant et mort à la fois.      
 
J'attends de l'entrelac   
Qu'il délègue à la lumière   
Le moyen de sustenter le temps qui passe    
D'une rasade de matière noire   
Dévolue par un Einstein hilare.      
 
J'attends de l'entrelac   
La clé sous le paillasson   
Afin d'entrer dans la maison   
Pour retirer le gris des murs   
Et y coller la toile de Jouy.      
 
J'attends de l'entrelac   
De longs rubans de couleurs   
Pour faire la fête
Et trouver le trésor caché   
Près du fournil où ça brûle.      
 
J'attends de l'entrelac   
Un peu de miel dans les cheveux   
Pour y glisser langue râpeuse   
Du cavalier fou   
Caracolant sur une valse brune.      
 
J'attends de l'entrelac   
Qu'il me fasse signe   
Pour naître encore et encore   
Les sabots glissant sur la pente fatale   
En me tapotant l'épaule par derrière.      
 
J'attends de l'entrelac   
Qu'il prenne vie   
Au souffle des mots   
Papillons aux ailes légères
Permettant de vaticiner.        
                                                                                                                              
J'attends de l'entrelac   
Ses boutons de bottines   
Son lorgnon de la Belle Époque   
Le col amidonné de l'Entre-deux-guerres   
Et la main de ma mère.      
 
J'attends de l'entrelac   
Qu'il m'assigne la direction   
Aux entours familiers   
Pas trop éloigné d'où je viens   
Accompagné d'un solide havresac.      
 
J'attends de l'entrelac   
De bonnes nouvelles   
De notre monde déchiré   
À la merci des matamores   
Engagés dans la course à la destruction.      
 
J'attends de l'entrelac   
Des rivières rafraîchissantes   
Un ciel changeant   
Un air respirable   
Avec des arbres agités par la brise.      
 
J'attends de l'entrelac   
Qu'il capte la ténèbre montante   
Afin de disposer le fruit du sycomore   
Près du mur d'Hadrien   
Que nous avons délaissé.      
 
J'attends de l'entrelac   
La coquille sacrée   
Qui permettra de rêver   
Au coucher de soleil du Finistère   
Au visage du père.      
 
J'attends de l'entrelac   
Un chant d'oiseau   
Me permettant de passer la frontière   
Dans le silence et la paix   
À livre ouvert.      
 
1345


Le sommet blanc

Je suis là et pas là   
Dans les nuages   
Et dans le ciel sans nuage   
À jouer et ne pas jouer   
Sans que la vie me guide   
Mais avec le vécu de la vie.      
 
J'ai vécu et je n'ai pas vécu   
C'est tout comme   
J'ai choisi et je n'ai pas choisi   
Arrivera le moment du sans choix   
Ce sera   
La plongée en soi.      
 
Je ne vois pas la réalité   
Dans la pure présence   
Cachée et souillée par mes propres pensées   
Je ne pose plus de questions   
Pour laisser place à l'intuition   
Sans accélération de la réaction.      
 
J'observe sans analyser   
Et par là je comprends   
Sans passé et sans futur   
Passif et vigilant   
Sans s'accrocher au monde   
Les frictions ont cessé.      
 
Je recherche les plaisirs   
Et les plaisirs m'ont insatisfait   
Tandis que l'énergie utile à l'effet juste   
Sans préjugé et en amour   
M'a fait rejoindre l'enfance   
Où les mots, les pensées et les actions sont en harmonie.      
 
Je ne suis pas habile   
Je suis étonné   
Extase de l'innocence   
Action désintéressée   
Pour Te voir, simplement Te voir   
Aspiré que je suis par la recherche de la vérité.       
 
Il arrive que j'entende un son   
Un son qui n'a pas de son   
Un son qui provient du mouvement   
Alors les fluides du corps créent des sons   
Porte ouverte vers soi   
Papier de soie recouvrant la pierre de l'entendement.      
 
Je parle et ne parle pas   
Où plutôt ça parle en moi   
Et je ne cherche pas à savoir pourquoi   
Mais à être indifférent   
C'est-à-dire à prendre au sérieux   
Ce qui se dit.      
 
J'accède aux relations   
Et me souviens   
D'avoir ramasser des pierres d'achoppement   
Pour les transformer en pierres de fondation   
Par l'accès à ce qui est   
En ne faisant rien.      
 
Quand j'accumule les informations   
Je rassemble les autorisations   
Pour me jeter à l'eau sans recommandation   
Alors je me noie   
Puis je renais   
En connaissance stimulée.      
 
Et je descends dans le monde   
Le miroir propre et stable à portée de main   
Pour voir correctement mon visage   
À la dure   
Installé sur une vire à jouer de la musique   
Avec le vide tout autour.      
 
Il n'y a que l'élan   
Au lever du soleil les oiseaux commencent à s'agiter   
Tout est source   
Sans être responsable   
Être un pont   
Entre ce qui existe et n'existe pas.      
 
1344
 

L’Ange a dansé

L'Ange a dansé   
Lune pleine vers le lieu de l'émergence   
Le regard intérieur   
Bouche ouverte   
Langue tirée   
Oreilles tendues   
En perception des vibrations.      
 
L'Ange a muté   
Par sa position entre le Ciel et la Terre   
Face aux extrêmes de la fissure initiale   
Il a recueilli les clefs essentielles   
De la sublime entreprise   
D'extraire le joyau de la gangue   
Scellant la perfection.      
 
L'Ange s'est alors nourri de la Terre   
Celle qui donne et reçoit   
Dispensatrice des énergies   
Et de la reconstitution des forces   
Compagne d'œuvre   
Qui jamais ne s'égare   
En concentrant la partie féminine de l'âme.      
 
L'Ange a épousé les deux principes   
Le mâle et le femelle   
Pour se pourvoir dans un autre niveau   
En terme de reconduction des expériences    
À unir le mobile et le fixe   
À pénétrer les ténèbres   
Jusqu'à devenir aveugle pour  mieux voir.      
 
L'Ange a écouté la voix de la Nature   
Il s'est enrichi des lois de l'équilibre   
En étroite amitié   
Il a entretenu et approfondi la relation   
Pour mettre en jeu la sensibilité   
Enfouie au cœur de nos profondeurs   
Il a vu et entendu.      
 
Inspiration   
Murmures   
Fluides de la Terre et du Ciel   
Langage du serpent   
Langage des oiseaux   
Le nouveau polyglotte    
S'est réveillé un matin, serein.      
 
1342