Tous les articles par Gael GERARD

Crillailleries

Crillailleries 
Des enfants à la ronde
Jamais ne franchissant la grille
Chape posée
Sur ce qui pleure et saigne
Parmi les grandes tombes
En forme de chapelles.

En ces lieux
J’ai refusé l’alignement
Pour creuser d’étroites sentes
Chemins creux et ferrés
Dans l’épaisseur vibrante
D’une volée de cloches
De l’église Saint-Lambert.

Reflets sournois apparus
Dans le trouble des regrets
Font belle chaleur
Au monstrateur de fruits mûrs
Cadenassant de ses dents de lait
Le soleil qui grésille
D’humour et de conseils.

À dériver
Calme et serein
Parmi les pâquerettes du printemps
Fait pis que pendre
Des petits verres d’alcool
Levés sur le zinc
En l’honneur des récipiendaires de l
'instant.

Navré d’être des vôtres
Bouche susurrant baiser d’amour
En bout de langue
Venus saluer les saints de plâtre
Défroque pâlotte
Têtes roulant dans la poussière
De notre misère.

J’approche
Pour que tâches de rousseur
Évoquées à la veillée
Plat de lentilles sur les cuisses
Remonter le cours de l’histoire
Et planter de par labours et plaines
Le charme du travail bien fait.

Toc-toquer
De courtoisie assumée
À la porte des étables
Augure faux souvenirs
Déposés sans effet d’annonce
Pour que lance-flammes des instances
L’écriture mélodique se lover.

Pile-poil
En descendant de Salpaleine
J’ai ressenti le charme de la tristesse
Puis l’âme sourcilleuse
Des outils de sabotier
Étalés en devanture
D’une boutique inoccupée.

L’alcool de foin
Serpentant comme silex en plein vent
Posés sur des rails luisants
Prolonge par lampées successives
Le déroulé des brumes paresseuses
Accompagnant hors songerie
L’éveil de la vallée.

De courts mots vibrionnaires
Ont enchâssé les syncopes de l’esprit
Au mur de la Hount
Deuil à dire et à faire
Quand traversent le matin
En marche vers les ministères
Les travailleurs des Tuileries.

Homme-rhizome des gravats
Peau de balle
Et balle dans le crâne
À la une à la deux
Dans les souterrains de Gaza
De n’avoir pu échapper
Aux circonvolutions des destructions.

Là-bas au bout du bout
Darde le « pas-gelé-du-tout »
De la bassine où faire tremper
Le linge souillé
Des casseurs de pierres
Au regard fier
D’île et de mémoire à venir.


1679


L’écureuil de l’amandier

Pleure la nuit
Du jour la compagne
En basse plaine
Dans la risée d’une pluie fine
Que le temps presse
Au sortir du bouillon de culture.

Avidement prenantes
Les coulures de l’esprit
Font tâches sombres
Sur le manchon du bourdon
Suivant à petits pas
La muse débonnaire.

Filet mauvais
Posé à l’estuaire des contingences
Nous pûmes relever à heure dites
Les esturgeons de la présence
Emberlificotés dans les mailles
D’un grignotage de circonstances.

Plume fine
À portée de rien
Sacre bleu des tenues vestimentaires
Il parut étrange que s’ouvrent enfin
Les pages du missel
Sur l’image du communiant.

Ravageant la contrée
D’un coutre rageur
Il enfila la perle des substances
Avec la magnésie des occurrences
Heureux en cet instant
D’être dans le monde.

Copié-collé
À la crème Chantilly
Les gâteaux de Mère Grand
Ont pris mauvaise mine
Quand couvercle soulevé
Les bulles gémirent.

Amené la corde au cou
Sur l’esplanade de la concorde
Nous pûmes recueillir
Les confettis de la fête
Ourdie en son ardeur
D’un début d’une fin.

Chorégie au théâtre des instances
Doigts liés
La vie devint rose bonbon
Près de la poudre Soir de Paris
Collée sur la nuisette
Tel Saint-Esprit en goguette.

Effluve à portée de main
Soutenant la belle fermière
D’un doigt de tâcheron
Nous pûmes sauvegarder
À la pointe du mât
Le rictus des cœurs perdus.

Éclat de voix
Sorti tout droit de la geste
Inferno rangea ses atours
Dans le coffre de cuir
Sous les vignes disposées
À promouvoir l’avenir.

Celtibères en bonne compagnie
Conjuguant à merci
La fumerole du chaudron
Avec les manigances d’une pensée
Tous se tinrent coi
Devant la porte des lumières.

Masque de circonstance
Posé sur le museau
Nous musarderons
En rond
Coque de noix offerte
À l’écureuil de l’amandier.


1678





La bête en toi

La bête en toi
Irriguant de ses mucus
Quelque aspect de ta parure
S’est offerte en sa dualité.

Posidonies aux longues feuilles
Renaissantes en surface
Sur le marbre des représentations
Vers la source de nos profondeurs.

Naguère ivre de cambrures
Le cavalier s’est appliqué
À pratiquer le suicide
Emporté par son animalité.

Mordille et croque
Les directions perdues
Par cette empoignade
De l’intrication des origines.

Tu as beau bander l’arc des similitudes
En voie de régression
Ta perpétuelle immobilité
Neutralisera tes forces.

Elle attend
Femme aux deux voies offertes
Conjuguant l’exercice de vie
Aux régressions de l’exposition.

À petit feu nous fûmes bloqués
Par ce retour aux origines
À l’assaut d’une conscience
Sur le point d’expirer.

Le mariage est à ce prix
L’harmonie composée
La paix instantanée
Aspiré par la diastole de l’âme.

Distillé au cœur de l’être
L’assaut permet l’anneau des noces
Amené par l’un l’autre
Les aspirants du tellurique.

Franchir les obstacles
Bannir les difficultés
Mèneront à la solution adaptée
Autour du nectar de l’accompli.

Éclore et s’épanouir
Fusion consommée
La chrysalide
Fera place à la perfection.

Au repos maintenant
Contemplant la lente maturation
Nous aurons conquis
La composition ternaire unifiée.


1676

Espace de joie

Gracilopettes
Verbiage des prairies
Affranchi d’ordres mineurs
Se plaît sous la pluie
D’un paradis aux plis de rose
Feuilletant l’aube du jour.


Sanglant combat
Apostrophe des ruines runiques
Ancrées féroce parricide
Au levé de l’outrage
Qui de pas à pas
Ourle de sa colère haineuse
L’oiseau noir de la vague
Raclant les regards mollusques
D’un océan vibrillonaire
À pleines dents déchiré
Aux abysses terminaux.

Visage accrochant la plume
Du goéland des dunes
Sur le pommeau de l’épée
Sacrilège rêche
Des bois de cerf
Dans l’ombre quiète
D’un feu d’octobre
Raclant le marais des outrages
À portée d’une danse sacrée
Essartant légère
Les herbes sèches de l’hiver.

Pelote lotte
Enfouie dans le sable
Sarabande sarbacane
Effleurant de son souffle
Le candélabre des offices
Aux voix vociférantes
À cru
Parade sous le dais
D’une forêt primaire
Que le froid pique
D’arbres moussus
Sans que les nuages fassent pression
D’un arpège obscur
Les crèches au calame étroit
Contre le papyrus
De sang et d’or ceint.

Hors la fuite à l’encan
Des druides chevelus
Passagers du mystère
Aux mains d’ocre vieilli
Verrues du temps qui passe
Tourniquet des songes
Habitant la faille
Organes à fleur d’eau
Crispant le pan de lune
Reflet sagittal
Des accords perdus de l’harmonium
Perles devenues rares
Roulant sur le granite
De cupules en mousses douces
La géométrie des arcanes.

Effluve des marais fluorescents
Au mufle vitupérant
Dragon des alpages
Fenêtres énuclées
Sagaces pensées
Perçues menues
Pour un espace de joie
Pointant museau de musaraigne
À la pointe d’un défit
Irréversiblement lumineux.


1676

Les deux amis

Au silence des jumeaux
La flétrissure de ne pas se taire
Se paye cher.

La pierre est lasse
Des attentes mémorielles
Quand radie l’énergie de la terre.

La souche ombre du grand arbre
Honore la fougère
D’une figurine ongulée.

Hors tout sous la ramée
A jailli
Le Moi de la créature.

Discerner le minéral du végétal
En leur complétude
Permet la Présence.

Au bon endroit
Se mêlent les onguents des participants
Du jasmin à la sauce satrape.

Se tissent de concert
Les tourments de la veille
Sans que savoir progresse.

Résister et passer inaperçu
Comme n’être attaché à rien
Composent fidélité et loyauté.

Claudication embuée de larmes
Occasionne par le travers de l’âme
La fuite du désir.

Siègent les deux amis
De l’ombre et de la lumière
En l’accès à devenir Soi.

Forme opaque
En limite du sous-bois
Recèle passage au quotidien.


1675

Le stylo flèche des bois

Petite fille des vignes
Au tremblotis des pampres
Succède le regard doux
De ma mère l’oie.

D’y penser
Me fait fièvre amère
Sous l’appentis des jours de pluie
Quand les portes sont ouvertes.

Un marbré s’il vous plait
Un marbré au chocolat
Transfuge du passé
Sans avis de dédit.

La crème est au lait
Ce que le vivant est au théâtre
Une tasse de thé prise à la volée
Cendres refroidies.

Souffle au cœur
Le chaud des fours
Borne la bienveillance
D’une ondée de baisers.

Survivre sur l’aile équanime
Appelle belle lubie
Dans le lobe de l’oreille distraite
D’une fleur qui grandit.

Le stylo flèche des bois
A dardé sa bille d’acier
Contre le ciel de Méditerranée
Que les nuages courbent.

En calèche noire
En quelques heures
Avons franchi le pont des rêves
Sur un air de java.

Se reposer et glisser
D'image en image
Au plus fort de l’orage
Entre les pages du missel.

La part du diable
Sera d’évoquer une fois encore
Les colères et les cris
Des couples défaillants.

Faire le tour du pâté de maisons
Occasionne une levée de paillettes
Quand le soleil assèche la chaussée
Au plus fort de l’été.

J’enfreindrai la loi
En me disant « ma foi »
Sans brutalité
Boîte aux lettres renversée.



1674

Sérialité des départs

Sérialité des départs
Sous une lune fraîche
Dans la vapeur d’eau suspendue
Je vais.

D’un endroit l’autre
L’événement vécu
Là où je me trouve
Je pars.

Seul à seul
Devant les objets décrits
J’emporte le zafu
Qui me fera méditer.

De temps en temps
L’enfant pousse un cri
Pour entrer dans le jeu
Alors j’agrandis le cercle.

L’appel à la raison
Crée débauche existentielle
Passation au laminoir des obligeances
En sortie de chaîne.

De mort en mort
Les sauts de puce de la vie
Effeuille l’arbre généalogique
Décor de fond de scène.

L’amour ne gomme pas la séparation
Sous l’emprise des besoins
Geignent les mort-nés de l’oubli
Dans l’enfer des réponses données.

L’éprouvé de ce qui est
Aide à croitre et à s’épanouir
Alors que l’écoute authentique
Se dénude des présuppositions.

En lien avec l’autre
Le désintéressé poursuit son chemin
S’affranchissant de tout espoir
Il pare au plus pressé.

Sur la toile du meunier
J’écris ton nom
Venant du bout du monde
J’arrive de l’autre côté du miroir.

Fleure bon
Au passé présent avenir
D’un théâtre d’ombres
La flèche à décocher de toute éternité.


1673


Passage du onze novembre

Je me suis assis

À la terrasse de la brasserie de la lune
Devant l’érable rouge
Où les trams de droite à gauche
Puis de gauche à droite
Lancent de droite à gauche
Et de gauche à droite
Leurs flammes volcaniques.

En face
Y’a le « petit creux »
Et ses odeurs de gaufres sucrées
Restes d’hypérites de la rue du onze novembre
Année de fête mortuaire
Amoncelant la prune écrasée
Des écuries dévastées
Par le pilonnage de l’artillerie.

Y’a pas à se fendre la gueule
Pas à se plaindre
Du trop de gueules cassées
En plein dans le mille
C’est comme ça
La balade des mourants
Enuclés
Tripes à l’air
De vie encore tiède
Quelques heures avant le froid
Des nuits et des jours
À venir
Rien qu’une forme terreuse en fond de tranchée
À trancher le morceau
Entre rats et vermine
Sur la planche d’appel
Saut de l’ange
En bord de page
Au stylobille
D’un bruit de talons à aiguille
Sur le pavé
Sonnailles claires que la sonnerie du convoi convoque
Pour le commerce pneumatique
Des humains descendants et remontants
Compulsivement
Le corps des femmes teintés de feuillages
Dont les culs ronds
Rabibochent un port de tête altier
Testiculant mes tendances à la romance.

Ils vont et viennent ces gens
De leurs jambes obstinément agitées
Vers des lieux ignorés
Avant que le wagon hoquète
D’une goulée d’air
Pour s’ébranler de nouveau
Dans le flot de la circulation motorisée.

D’être à l’entrée de cette rue me rend gaillard
En me plaçant aux avant-postes de la figue et du raisin
Entre chien et loup
Marteau et faucille
Saqué et Royale
Au creux des miches tendres
Belles labiales humaines
Mes sœurs de déraison
En pente descendante
À cocher le tien du mien
Sur la poche révolver
Comme sanctuariser ces paroles
Qui de long en large
Le sourire aux coins des lèvres
Admettent des mots à rire
Et à pleurer.

Je scrute la calembredaine
Me balançant dans le fauteuil en osier des parents
J’écoute le dire des gens en demande
Et ça rentre par mes oreilles
Du cœur de la tête au ventre attelé
Dans le cortège zézayant des ventriloques de l’avent
De l’entre-deux
Pour exhaler des mots de paix
Des mots de musique
Dans une émotion qui hulule
Et que le verbe se fasse chair
Juste-au-corps respirant en catimini
L’escalator d’une histoire de couple
Convoqué en première instance
Un ballotin de dragées dans la main
Conspirant du haut en bas d’une fermeture éclair
Les soucis de la veille
À concasser
À bestialiser
La provende de l’intime
Sur un tour de piste
Juste rétribution
Où plonger l’ego le ça le surmoi la personnalité
Dans l’écuelle du passé
Au gré des remontées de bile
Accompagnant la relation
Au summum des accoquinances
Danses surannées d’un pas de deux
Gonflant la robe au gré du vent
Génuflexions acidulées
Au loquace de la pluie
Dépliant ses lumignons
Du bout des doigts
Quand le sourire n’est pas toujours d’à-propos
Et que la guerre des nerfs
Fait et défait les humeurs de l’instant
À découper dans le sens de la longueur
À mesure d’une roucoulade
Biseautée au rhum du définitif.

Sur les conseils d’une opticienne
Qui avait mal aux reins
J’ai pris rasade de projets disjoints
Avec suffisamment d’états d’âme
Afin d’extraire de mon saloir
Quelques belles histoires
À festiner au salon
Pour davantage de confiance à me donner
Comme d’huile à verser dans les amphores du seigneur
Au firmament d’un jour meilleur
Écume saladière disposée pleine table
Dans l’arc-en-ciel des doigts de fée
Avec l’accord négocié d’un gros nez de circonstance.

1672


Le grandir de l’Être

À Augerolles un 4 octobre 2025
À bras le corps
Les deux termes de la dualité se sont fait face
Par leur présence et leur association
Comme figures de la totalité
Jour-nuit
Intérieur-extérieur
Haut-bas
Endroit-envers
Activité-repos
Masculin-féminin
Chaud-froid.

Contraint à la lutte
L’entre-deux n’ampute ni ne divise
C’est là que réside la richesse
Dans la comparaison et leur différence
Que peut s’apprécier et se goûter
La valeur de l’un et de l’autre.

La réalité se réalise
Au-dessus des deux termes
Associés dans leur complémentarité
Et non dans la tentative d’isolement
Ou de suppression de l’un d’eux.

L’adversaire n’est pas l’autre
Mais un aspect de nous-même
Le conscient interroge l’inconscient
Rencontre entre le moi pragmatique
Et le moi idéaliste
Entre celui qui ne veut pas
Et celui qui exige
Entre celui qui veut goûter l’enfer
Et celui qui veut voler avec les anges.

Terrestre et céleste
Matérielle et spirituelle
Notre nature est composée
Tendue entre deux pôles
Et le personnage que nous présentons
N’est que la moitié de nous
Que nous avons à faire naître et croître
Mouvement en apparence contradictoire
Séparation-union
Leçon de maintien dans la voie du milieu.

Succession des épreuves
Pour que l’être se révèle à lui-même
Avec ses contradictions.

Réalisation d’un équilibre
Et d’une harmonie
Sans cesse remise en question
Continuellement rétablie.

Chaque pas sur le chemin
Est progrès en conscience
Avec prise de distance
Afin de discerner
Et faire sien ce qui va être intégré.

Et l’Ardent
De se mesurer à cet inconnu
Qui doit devenir une partie de lui-même
Dans le grandir de l’Être.

1671

Corps unique du foyer

Du monde des lumières
Un point mathématique
S’est fait le transfuge
D’une fêlure divine
Pour écarter d’un doigt gourd
La ballant de l’horloge
D’un destin fait de musc et de fards.

Musique indescriptible
L’or et la flamme d’un système galactique
Tourbillonnent tels électrons
De l’énergie sombre
Assignée en succession des âges
Dans la crypte de l’ancienne mémoire
D’être sujette à la Beauté.

Plus de pierre angulaire
Plus d’arbre sacré
Cette apparente immobilité
Se confond dans l’extension à l’infini
Réminiscence d’une omniscience primitive
De la naissance à la mort
Corps unique du foyer.


1670