Au vertige des mots

 
 
 Les phares de la voiture    
 vaporisaient une bruine tenace sans un battement de cils    
 et P'tit Louis n'arrêtait pas de jazzer.        
  
 A trop parler mal étreint    
 ce qui fût penser fût fait    
 et P'tit Louis fût débarqué à l'entrée du port.        
  
 Filant bon train    
 notre couple tenait bon    
 sous les rafales des incitations à changer de bord.        
  
 Nous aurions dû leur dire    
 que ce qu'ils vivaient était inapproprié    
 au propre comme au figuré.        
  
 Et qu'à trop figurer au tableau d'honneur    
 les électeurs finiraient par se lasser    
 et passer à d'autres perspectives.        
  
 Que P'tit Louis n'arrêterait pas de médire    
 ils n'en avaient que faire    
 mais quant c'est trop c'est trop.        
  
 Cinq heures déjà    
 et sans la possibilité de rebrousser chemin    
 car la route devait avoir été coupée.        
  
 Ils auraient dû aller plus vite    
 mais la fatigue leur faisait prendre les virages    
 de plus en plus lentement.        
  
 C'est alors que la forme blanche apparut    
 avec une tignasse rouge sang     
 et son visage terreux.        
  
 La voiture pila    
 leurs têtes furent projetées vers l'avant    
 dans le pare-brise qui éclata.        
  
 Le silence étira ses longs doigts de perles fines      
 sur les corps sans vie    
 de Pierre et Adèle les amants de l'arbre-monde.     
  
 Ces arbres de l'autre côté du décor   
 à modeler le ciel et la terre   
 pour nous permettre de voir des choses.        
  
 C'est ainsi que les jours se dilatent    
 et que rester sain d'esprit dans la transe    
 est caresse d'âme dans le vertige des mots.     
  
 Quand à la Terre
 nous pourrions la considérer comme un organisme unique   
 dont nos petites histoires seraient l'esprit même.
  
 Aux multiples entrées   
 les personnages font bien ce qu'ils veulent   
 en pleine expression d'eux-mêmes sous un jour nouveau.        
  
 Et si le sang bat à nos oreilles
 même dans le bruit d'une pluie incessante
 attendez-vous à l'évidence hurlante.
  
 Qu'une autre voie est possible
 quand l'armure se fend
 et que le jour hache la vision des allumettes enflammées.
  
  
  
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