Les phares de la voiture vaporisaient une bruine tenace sans un battement de cils et P'tit Louis n'arrêtait pas de jazzer. A trop parler mal étreint ce qui fût penser fût fait et P'tit Louis fût débarqué à l'entrée du port. Filant bon train notre couple tenait bon sous les rafales des incitations à changer de bord. Nous aurions dû leur dire que ce qu'ils vivaient était inapproprié au propre comme au figuré. Et qu'à trop figurer au tableau d'honneur les électeurs finiraient par se lasser et passer à d'autres perspectives. Que P'tit Louis n'arrêterait pas de médire ils n'en avaient que faire mais quant c'est trop c'est trop. Cinq heures déjà et sans la possibilité de rebrousser chemin car la route devait avoir été coupée. Ils auraient dû aller plus vite mais la fatigue leur faisait prendre les virages de plus en plus lentement. C'est alors que la forme blanche apparut avec une tignasse rouge sang et son visage terreux. La voiture pila leurs têtes furent projetées vers l'avant dans le pare-brise qui éclata. Le silence étira ses longs doigts de perles fines sur les corps sans vie de Pierre et Adèle les amants de l'arbre-monde. Ces arbres de l'autre côté du décor à modeler le ciel et la terre pour nous permettre de voir des choses. C'est ainsi que les jours se dilatent et que rester sain d'esprit dans la transe est caresse d'âme dans le vertige des mots. Quand à la Terrenous pourrions la considérer comme un organisme unique dont nos petites histoires seraient l'esprit même.Aux multiples entrées les personnages font bien ce qu'ils veulent en pleine expression d'eux-mêmes sous un jour nouveau.Et si le sang bat à nos oreillesmême dans le bruit d'une pluie incessanteattendez-vous à l'évidence hurlante.Qu'une autre voie est possiblequand l'armure se fendet que le jour hache la vision des allumettes enflammées.767