Au porte à porte d’une capeline

   Elle avait mis sa capeline   
sèchement  
et pris la porte.  

Depuis,  
silence,  
commémoration en temps de crise  
petite ébréchure sur la tasse  
l'ampoule électrique clignote  
nous sommes en fin de ligne  
j'ai ouvert le tiroir à pain  
me suis coupé tranche de pain  
beurre et fromage  
façon de faire passer la pilule.  

L'horloge sonne les cinq heures  
le jour ne paraîtra que dans trois heures  
prendre un livre  
jusqu'à ce que fatigue vienne.  

La cuisinière encore chaude  
dans l'ombre  
sur laquelle mijote un reste de soupe  
un papillon de nuit se réveille  
pour se cogner à l'ampoule.  

Elle avait mis sa capeline  
sèchement  
et pris la porte.  

Sur la grande table  
ses collages 
sa vie de trentenaire  
ses souffrances amoncelées  
un regard de biche perdue  
un paysage en trompe l’œil  
je froisse le tout  
ça réveille le chat  
se dandinant vers ses croquettes.  

Souvent  
paraît que l'aventure  
passe par la rupture  
que l'on franchit sans se retourner  
offert à la nuit frissonnante  
du frêne animé par un souffle.  

Vite,  
refermer la porte  
la pièce se rafraîchit  
enfourner une bûche dans le foyer.  

Elle avait mis sa capeline  
sèchement  
et pris la porte.  


322

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.