Rire à faire fondre la glace

Aux rayons du soleil    
les chants de Noël    
en robes blanches    
effleurent les arbres de l'automne.        
 
Les fourmis volantes du Fangeas       
tournent et bouzillent    
sur le tas de pierres    
aux angles aigus.        
 
Se tiennent roides     
les moignons de frêne    
fricassant à déraison    
sous le mufle des vaches.        
 
Il y a de la purée dans l'air    
purée-saucisses comme le dit grand-père    
moustachu aux reins cassés    
que la guerre caressa.        
 
A remonter le temps    
les aiguilles de pins fragiles    
grignotent leurs intrants    
sur les tiges frêles d'antan.        
 
A musarder de vive voix    
à tordre le linge au sortir du baquet    
toute eau aura son destin    
d'herbes couchées par la lessive.        
 
Les mains dures aux orties    
sortent du jardin    
la cigarette au bec    
entre les genévriers de septembre.        
 
Astreinte coquillarde    
les pèlerins du Pradou    
arrachent à qui mieux mieux    
l'herbe aux lapins.        
 
Filtré à la chaussette    
le jus de groseille bulle    
dans le seau de zinc    
gargouillis et mousse à foison.        
 
Le toupinou plein de beurre    
trône en bout de table    
attendant la spatule    
pour tartines prêtes à l'envol.              
 
N'y revenez pas    
soyez le génie à l'entrée de l'hiver    
et si l'eau gèle    
riez riez à faire fondre la glace !         
 
 
683
 

Cette main si longue

Cette main si longue    
de porcelaine blanche    
aux doigts fleuris    
au regard offert    
au gris du ciel.        
 
Cette main si longue    
s'élevant de la brume    
au déplié des lumières    
portée musicale sur les toitures colorées    
refuge des âmes en partance.        
 
Cette main si longue    
aux doigts graciles de campanule    
tentant d'atteindre la chair du monde    
petite fille ailée    
sans que se brise la fenêtre.        
 
Cette main si longue    
à l'ombre des horloges    
aiguière des eaux de belle écriture    
ensemençant le marais des origines    
de nénuphars éclos.        
 
Cette main si longue    
par dessus le soleil couchant    
craquelé d'orages en déraison    
laissant éclater    
le lapis lazuli de l'esprit.        
 
 
682

Allongé

Allongé dans les étoiles    
de ce ciel    
plein de trous    
whānui    
à la merci de ce qui n'est plus  
en chasse derrière la cause première    
qui jamais ne sera    
tout ça pour ça.        
 
Allongé sur le sol minéral    
avec le végétal et l'animal     
pour comparses    
se soustraire aux enfantillages     
de rigueur équarries    
en malencontreuse phobie    
de la boîte en bois blond    
alors que du ciel nous sommes.        
 
Allongé sans que dépasse la chaussette    
au débotté d'une nuit    
de folie en lisière    
le message arriva net    
tel un cierge de Pâques    
sur l'autel des conceptions    
notre lit en carène sur les flots démontés    
d'une algie apaisée.        
 
 œuvre de Michel Bole du Chomont
681

Jiggle of the Wise waves

Jiggle of the Wise waves    
aux rubans de nos coiffes    
s'orchestrent les rimes    
sous l'acceptation des orgues  
de nos grand'mères le désespoir    
en attente de l'homme    
alors que gisent à demeure    
la sociale pensée des copeaux    
ourdis par le rabot des ragots.        
 
Il n'est de plainte    
à la rigueur le soir venu    
que la hanche nue    
de nos épistolaires digressions    
en retombée d'un courte pointe    
sans le déni des ordres donnés    
aux quatre vents de l'horizon    
en instance de reconnaissance    
quoi qu'en pense le bedeau.         
 
Repartons pour un tour    
en singeries et ritournelles    
que proposent les arrangeurs    
du doute nos propagandistes    
montés en vivacité    
aux pinacles des cathédrales    
lieux de chute des gargouilles     
expertes en tribulations    
le temps de l'allégorie.        
 
Il y eut le sang sans la couleur    
et le vertige lige des adorateurs    
sans que se mêlent alentours    
l'organon de ses ides rebelles    
aux babines étranges    
que plus d'un destrier    
détournerait de son but    
le long de cette allée aux longs troncs    
des mots de mise en berne.        
 
Cinq boutons au veston    
nous montons vers Sainte Marie des Anges    
à se refaire le visage    
poudre et fraîches feuilles de laurier attenantes    
avant la présentation en cour    
genoux fléchis    
sous le luxe des apparences    
à retenir les chiens de la meute    
tout aboiement banni.        
 
 
680
 

Me nga rau marara

Me nga rau marara    
i raro i te kōmaru    
en sortie dautomne    
ka riro te menemene ki ahau    
o nga mea kei reira    
toku hoa    
le reflet de l'appel    
tenei whakaata i roto i ahau    
toku whakaraeraetanga    
kahore he tangata i reira    
te kore e ora    
à demander calmement    
me te tarutaru hau    
ki te manaaki i te ora    
me te whakapono ki a koe ano    
i roto i te atawhai o tenei wa    
pour avançer sans se battre    
ngawari    
i roto i nga wiwi o te warewaretanga    
kei reira nga mea katoa    
gracieux oiseau blanc    
libre dans son ascension    
ki te koa, aroha, te tiri    
whakaene koti kakaho     
me te rama obsidional    
d'après moisson    
 ki te kite i a koe ano he ahurei    
me te tino pai    
kua rite    
en quête d'une parentèle   
te whanake whaiaro    
ki te kainga tika    
d'un cheminement d'âme    
kore whakapono     
kahore he mamae.        
 
Ko koe te rangatira o runga waka    
o tenei kaha
où elle coule    
marie    
haere nga haora    
hei whakautu tonu    
sans exigence    
na te hiahia ki te whanau    
i roto i te whakauru    
i te putanga o te kauhanga    
de he iti rawa tenei waahi    
cette bulle    
tino panaia    
vers la vision ultime
si vous ne dîtes rien sur moi .                
 
 
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