Etre prêt c’est tout

" Etre prêt, c'est tout "    
naissance du divin enfant   
les pieds dans le gazon   
Etreinte de Shakespeare   
pleine d'étoiles    
à évoquer la romance des souffrances   
au crépi de l'orgueil   
trois étages disposés      
pour démêler l'écheveau   
de l'imaginaire le temporaire.      
 
Le premier celui de l'acrobate   
dans l'ornière d'une survivance   
détourant de toute ressemblance   
le chat et le chien   
confinés de connaissances   
puisées en outrecuidance   
dans la vision fauve   
que l'autre existe   
en refus des apparences   
si ce n'est d'une extrême attention.      
 
Le deuxième près de la rivière   
comme le chant des pierres   
à baisser le rideau des convenances   
devant l'évidence des paradoxes   
filtres majeurs à même la terre   
invitant à l'harmonie   
dans la crypte de grès rose   
les anges à l'écart   
gambades hagardes   
sous le goutte-à-goutte d'une pluie circonstancielle.     
 
La troisième d'outre tombe   
dosseret collé au porte-bagages   
en ouverture d'âme   
le souffle du buffadou
carabosse carapace
jeter son dévolu après l'orage   
pour céleste amitié   
enjoindre le convoi des hommes et femmes justes   
au passage de l'aigle   
dans l'arc-en-ciel des libertés.        
 
1164

Le “JEen fond de court

Clés d'Eveil et sacoche sur l'épaule   
dans le hasard des prés   
ai cru reconnaître   
Puits d'amour  
aux fines lunettes et cane sèche   
en fond de court.      
 
Médaillon dans le dos  
belle femme mère des ancêtres   
portée au cou brûlante parure   
de par les dalles humides de la Grand Cour   
reflets vertueux   
à plus d'un appel précieux.      
 
Observer n'est pas rien   
en approche d'un frottement de sens   
sans intervalle de temps   
quand le "JE" n'existe pas   
en lucidité de la non-dualité   
des images s'ajoutant les unes aux autres.      
 
Par nos activités étiquetées   
avec préemption d'usage   
avons perçu la peur et l'anxiété   
du non-être notre destin   
au promontoire de l'espoir   
des pacotilles à l'idée fausse.      
 
Difficile de se séparer de l'identité   
comme se séparer du reste   
de cette observation du moi   
aux racines les plus profondes   
cette gangrène à être    
ce que les autres pensent de soi.      
 
Lucidité ?  
l'impossible question   
du koan mon ami   
qui n'est pas vous   
mais le vivez   
l'esprit lui-même.      
 
( œuvre de Sylvain GERARD )
 
1163

Au crispé des mots

Le crispé des mots   
en robe de printemps   
a rassemblé sous la tonnelle   
les manquements des hautes terres   
pour enfants au teint cuivré.      
 
Naguère dans la poussière   
que drainait l'orage de chaleur   
il eût été céans   
hors du monde muré   
de suspecter flamme blanche.      
 
L'art n'a besoin   
que de chance   
à pas comptés   
faiblesses consommées   
par la rupture des promesses.      
 
Des lenteurs   
de l'horizon la pointe du stylet   
ont clamé leurs faiblesses   
à mi-course   
sur le pont au change.      
 
Haut perché   
du regard le reflet   
la lune à jamais grande   
d'une passade s'est permise    
un rêve dévolu.      
 
La bûche brûle   
entre les rhizomes d'une danse    
à point nommé   
porte ouverte   
dans le gémissement de ses gongs.      
 
D'un instant l'autre   
sans que trompettes retentissent   
avons refoulé le désir d'aventures   
alors que le solstice   
menait charivari.      
 
De larges moisissures   
couvraient d'étamines d'or   
le long des jambes   
organisées à bon escient   
pour le retour des jours heureux.      
 
A voir la fonte des glaces   
en l'instant du cœur révolu   
sachons de concert   
accueillir la souffrance   
d'un parler sans méfiance.      
 
Le chat Pas de place   
à la queue du qu'en dira-t-on   
fustige les chansons   
de morsures Pas de géant   
dans le charivari de la curée.      
 
A portée de main   
Porteur d'eau écrase contre le goulot   
sa peine d'avoir trop peu de gestes à faire   
pour que s'aiguise d'un refus   
la lame du couteau.      
 
Routes et sentiers   
pistes et chemins   
au millénaire de notre amour
engagent notre jeunesse  
dans la gâche horaire.      
 
1162
 
 

Il pleut des pleurs

Il pleut des pleurs   
du ciel vannes ouvertes   
et moi que la terre attriste   
je ris de l'heure éternelle.      
 
Il s'éveillera   
ce matin de novembre   
quand descendus de mon cœur   
les oiseaux s'envoleront.      
 
Depuis que disparue   
cette borie de pierres sèches    
je demande d'y croire  
je demande la remise de peine.      
 
Et peut me chaut   
de belle manière   
le sens des mots   
je vibre comme carême acquis.      
 
De sagesse point   
dans le mortier des âmes   
tendre le ressort   
des couleurs vives.      
 
Enfin prendre congé   
à l'heure de l'appel   
geôle ouverte   
des années douces.      
 
De même au bel été   
à décocher la flèche   
du carquois la faille   
j'ai gavé de soleil la chair meurtrie.      
 
Un coup d'œil au candemonium   
brillance accomplie   
la pluie crépite   
contre le mur gris.      
 
A vif et déjà consumé   
le branle du squelette   
rira de me voir si bel   
en cette douleur creuse.      
 
De fausses notes à la sortie   
ont allumé le feu des ombres   
écorniflé tel le malappris   
je serai fidèle.      
 
A nous conduire   
par les sentes enrubannées   
j'aurai plaisir à vous prier   
de différer le départ vers l'étoile.      
 
Le rêve monte et je vois le visage   
au rivage des nuits   
la nébuleuse bleue   
au gré du vent vrai.      
 
1161

Homme de foi

Pomme de lune   
de mes doigts gris de runes   
aurai-je écarté du chemin   
cet homme saint.      
 
Passant du livre en pâmoison   
aux rives de la raison   
la découpe du trottoir humide   
faisait figure de vide.      
 
D'invisibles orages balayant la place   
serait-ce de nos traces   
la courte paille d'une courte vie   
dont nous serions épris.      
 
Du visible à l'invisible   
atteignant notre cible   
dédoublement de l'au-delà   
des romances plein les bras.      
 
Ramener le regard   
sur un quai de gare
augure de la terre nue   
destination inconnue.
 
Chaque jour   
un instant  d'amour 
harmonise   
les humeurs.      
 
Avons-nous pris le train   
en hérédité du rien   
à rouler secrètement   
le tout tout à nos frais.      
 
Ce que mystère   
avère   
d'une tiédeur    
l'heure.      
 
Par décence   
déposons nos sens    
aux pieds de l'homme-lige   
aux portes du vertige.      
 
 
1160

Gavarnie 1961

Et la mer se répandit   
toujours bordée   
d'hommes accoutumés   
de bonne ou mauvaise humeur   
à se parer le matin   
des coquillages de la veille.      
 
Firent des signes   
le long des berges   
ceux de l'eau et du ciel   
attachés contre leur gré   
à la roselière bruyante   
des années écoulées.      
 
Plus de la moitié   
quittèrent le navire   
sans hâte   
apprenant par la coursive   
que la chaloupe pleine   
raclait le rivage.      
 
Rangeant ses outils   
l'enfant de minuit
à la chevelure lumineuse   
dressa sa petite taille   
contre le bastingage   
pour que vienne l'Âge.       
 
Le monde pouvait être sauvé   
par la profondeur de l'âme   
encline tel champignon du soir   
à parsemer de spores   
la défiance d'une pensée   
créatrice du cercle de craie circassien.      
 
Liés aux usages ordinaires   
nous sûmes promesse aidant   
que l'œuvre d'art en son irréversibilité   
danserait le soir   
à la lumière des lucioles   
quelques pas de plaisir.      
 
Même fable banale   
sous la poussée de la cognée   
à fendre l'armure   
établira la caresse tendre   
sur les frayeurs du passé   
gracieuse romance.        
 
Petites pâquerettes rêches   
à tige courte   
la nature nous conduisit   
dépourvue de raison   
à cloquer le collier d'ambre   
de quelques perles de rosée.      
 
Pensée vive et amusée   
revêtues de pâte grise   
vous serez toujours clameur extrême   
au faîtage des maisons de plage   
pointe de l'épée   
sur le cliquet d'un arrêt sur image.      
 
1159


Une paupière se ferme

Au muet d'un silex éclaté   
à la tombe sans croix d'une sépulture   
faucille sèche contre marteau   
la paupière s'est fermée   
d'une déviance écarlate.      
 
A contempler les horizons moraux   
le cadavre de l'énigmatique maladie   
a rejoint le pépiement de l'oiseau   
en distraction   
d'un frisson sous la futaie.      
 
Notre tâche la mort   
l'extravagance d'un combat de haute intensité   
quand sous le signe suspicieux de Dieu   
évaluer la magie de l'instant   
à l'aune de la torture retrouvée.      
 
Le flot du devenir emplit les cours   
des quatre murs le linceul   
alors que survivent belles dames 
alentours   
sur le gravier festif des commémorations.   

 Oublier   
est la voie extrême   
à remuer par le menu   
les cendres de la veille   
dans le chaudron des recouvrances.      
 
Roi du Moi   
englouti sous la ramure   
à force de bouchonner l'assiette   
le miroir en déroute   
s'offre aux clameurs du cœur.      
 
Ecrire pour bannir   
le refrain du destin   
engendrant par là même   
l'homme des glaces   
allongé dans la mangeoire.      
 
Me balancent et me glanent   
les épis de la Saint Jean   
solidaires et puissants   
sous les faveurs mesurées   
d'une réponse créée.       
 
1158

Nuits acides

Dialogue idoine   
de la perle et du sainfoin   
en communion extrême   
d'une rêverie profonde   
ample degré d'éveil.      
 
A mi-sol   
dans la feuille sèche   
enserré par la taille   
le travailleur d'Afrique   
en option de survie.      
 
Se produit l'amalgame   
du mycélium et du bois mort   
catalogué dans ce contact   
d'homme et de femme   
reliés sans ressentiment.      
 
Habituellement il eût été possible   
de viser la cible   
au plus haut de la futaie   
force vitale de la créativité   
près du ciel étoilé.      
 
Marcher n'est pas jouer   
marcher est accumuler le suint des années   
pour le bon vin tiré   
être la louve des halliers   
en quête d'une proie.      
 
La guerre à bras ouverts   
offre le cri et la fureur   
de prendre sur la gueule   
l'humanité confrontée   
aux origines du monde.      
 
Accepter n'est pas chose facile   
dans l'outrecuidance des feux éteints   
se mêlent à domicile   
l'histoire de chacun   
et la souffrance extrême.      
 
Dormir juste cinq minutes   
sans se départir de la scène biblique   
chaos créé comme progrès   
à jouer le jeu des amours innomées   
quand souffle la déraison.      
 
Construisons hors de la drogue et de l'alcool   
l'art de percevoir la personne   
en l'élément valorisé   
du comblement de la tranchée   
loin du remord des nuits acides.      
 
1157

Luce ma sœur Luce

On m'a dit que je pouvais la ficeler   
cette mort opaque et rance   
ce paquet de craintes accroché à notre col   
et qui nous terrifie   
quant aux idées dont nous l'affublons.         
 
Etre le "moi" des accumulations   
l'exsangue bassine des moires et des mémoires   
l'enveloppe que nous avons usée   
une fortune que nous avons déboursée   
pour ne pas mourir trop tôt.      
 
Dans l'espoir d'une science nouvelle   
à prolonger la vie   
à congeler pour une durée indéterminée   
le corps en tête à tête avec le temps légal   
nous retardons l'irrémédiable.      
 
Au festin de la vie   
avons invité le monde des opposés   
désirer quelque chose d'agréable et craindre de le perdre   
mais point s'en faut
c'est la débacle.    
 
Vivre d'instant en instant   
sans réactivité aux défis   
accrocher menue quincaillerie   
sonnante le jour dissonante la nuit   
en promesse  d'allers venues concernés.      
 
Aimer la relation   
par l'accueil direct de ce qui est   
en conscience de l'inénarrable surprise   
d'avoir à assiter   
au lever du soleil.      
 
Le monde appartient à la vie   
la mort appartient à la vie   
cette affaire de partir puis de revenir   
emplit notre calebasse d'expériences   
en vue de nourrir la sagesse.      
 
Luce ma sœur Luce   
sans peur sans reproche 
évadée des traitements de la maladie   
sois grande    
facettes ouvertes aux énergies cosmiques.      
 
1156

Les grandes oreilles

Marche des étoiles   
con pequenos pasos
d'une étreinte harmonieuse
la pierre des ancêtres
en grand équilibre
permet l'expression de vie.

Chuchoté de par le monde
la nature nous narre
le degré d'exigence
de formes et d'aspects
pour Force agissante
faire sérénité de tout.

A la fourche du partage
l'autre face des choses révélée
il fût temps de s'engager
en liberté retrouvée
entre l'eau le feu l'air et la terre
vers la beauté ordonnée.

Ecrasé
renversé dos au sol
il fût céans de regarder vers le ciel
la graine de lumière
jointe au plus obscur de soi
dans le procès de transformation.

Eclos
en recréation
par plongées successives
avons fait notre la demeure céleste
sans que cède le noyau
devant le déploiement des ailes mauves.

La matière pèse
aussi changer de niveau
est admettre
que le poudroiement des rencontres
ouvre avec aisance
la panoplie des sens.

1155

La présence à ce qui s'advient