Kateqoriya Arxivləri: Bilər 2023

Le groin

De Tronçais à Servières   
D'arbres il y eut   
Mais nul d'entre eux   
Mufle relevé de l'aube   
M'avait transporté de la sorte.      
 
Secousse oblige   
Extraite du fond des âges   
Notre rencontre fût bruyante   
Comme au café de l'Opéra   
Où tout nous opposait.      
 
Nulle trace d'arrogance   
Juste un assaut entre pirates   
De pure et raide manière   
Disposant bras jetés à l'encan     
D'une réalité de cendres.      
 
Remuement souterrain   
Sans lâcher des yeux   
Du groin de mousse   
Toutes griffes tendues    
D'un éclair à venir.      
 
Longtemps après   
Au passage des gorges   
Il fallait descendre près de la rivière   
Obliger le marchand   
À payer l'octroi pour traverser le pont.      
 
Aimer c'est demander à l'autre   
Sans possession sans jalousie   
Quel est son tourment   
Et se tenir sans même connaître la réponse   
Dans le noir de l'énigme.      
 
Au bouche-à-bouche    
Dans l'eau trouble   
D'un miroir de mésalliance   
J'ai conçu le fruit vivant   
D'un jour que l'âme éclaire.      
 
Quand à la femme d'avenir   
Celle des cours intérieures   
Que chantent le temps des cerises   
C'est en plénitude du manque   
Que je vous quittais.      
 
À la folie   
Même le firmament s'assombrit   
Quand pris de panique   
À la courbure du temps   
L'échec fût nécessaire.      
 
Dire à ceux qui restent    
Ce qu'on a tu de son vivant    
Plonge le récipiendaire    
Dans l'écriture de quelques lignes   
Sur un papier de circonstance.      
 
Vogue et me viens   
Secrète solitude   
Au passage des roues ferrées   
À un jet de pierres   
Du cœur des maraudeurs.      
 
Un jardin d'encre   
Recouvre la contrée   
Inconsolable   
Au contact des fleurs   
Un bouquet des champs.      
 
1273

Les douze médailles

Mes dailles et mes os   
Sur la draille aux follicules   
Ont engendrées cloches et clochetons   
Partout alentours   
Selon le livre des heures.      
 
L'an dernier je pouvais   
Aujourd'hui il y a de la lenteur   
Aussi ai-je demandé    
De mettre un peu de mascara   
Sur l'œil du cyclope.      
 
Près de la tombe   
De petits sachets de drogue   
Parsemaient la margelle   
Au portrait des lendemains qui chantent   
Le charivari des rieurs.      
 
Regardons-nous   
Sans fouler l'ombre   
Auquel cas la prise serait à reprendre   
Passage sans personnage   
Sur la trace du Caradec.      
 
Capter les vibrations   
Sans que l'hélico mène tapage   
dans l'ouverture d'un ciel d'orage   
Possédé par les pinceaux   
Sous la chaleur d'un regard.      
 
Le fantôme est là   
Quelque chose de psychanalytique   
Écornant l'observateur   
Par pans entiers   
La colombe aux ailes déployées.      
 
Douze médailles   
À même la nacre du support   
Ont donné le timbre   
Du nouvel instrument   
Toutes couplées et interdépendantes.      
 
Mes dailles et mes os   
Ont traversé la draille   
Herbes couchées par la bise   
Au bruissement incessant peigné   
Par les branches du frêne.      
 
Oulipos des machicondos   
Mes voisins de la partie   
Ont associé l'outil de la plage   
Aux nuages ténébreux de l'entendement   
Les mains au profond des poches.      
 
Construire un village   
Autour des amulettes   
Avec pour chaque maison   
La médaille attenante   
L'écorce amène du respect.      
 
Et si de longue épines   
Arrêtent la toison des moutons   
Prenons par la main   
Les grappes de fruits noirs   
Au jus sucré et désaltérant.      
 
Il est permis de croire   
Pieds nus sur les dalles de basalte   
De demander protection   
Le cerveau à jour   
Vent levé souffle court.      

( œuvre de Jean-Claude Guerrero )
 
1272

À Florival

À Florival   
Il est une danse   
À grandes enjambées   
Qu'une tension le long du dos   
Fait sienne.      
 
Parler de ce problème   
Augure de mettre sur le gril   
Ces spirales montant du ventre   
Gesticulations profondes   
Du grave de la voix.      
 
Ça grince ça siffle ça piaille   
Pour que la boule du dessus de l'eau   
Envahisse la tête   
Régurgitation métronomique   
De ce qui prête à déraison.      
 
Verdict sur le tard   
Peu me chaut   
Qu'il fasse rire   
Ce chêne des hautes frondaisons       
Entonnant la palabre des gens heureux.      
 
Renifler la graine   
Densifie le mycélium   
De ce qui survit   
Dans la terre grasse   
Du sans lumière.      
 
Très drôle cette rebuffade   
Alors que nous tordions le cou   
Du bruissement des ombres déployées   
Emettant le grouingrouin   
À l'orée du bois.      
 
J'avais essayé d'agiter les mains   
Au passage du train   
Pour qu'enfoui en bas du terre plein   
S'offre ventre ouvert   
Le raclement doux du ballast contre la chair.      
 
Pensez pensez   
Puis n'y pensez plus
Présentez les couleurs   
Pour se connecter   
Au flanc du mammouth.      
 
Prendre la parole   
Fustige l'avenir d'un opercule   
Tandis que passent par les basses plaines   
Les oreilles enchantées   
Du silence éclaboussées.      
 
Bouquet de roses   
Fait bouger le nez   
Sans ordre social   
Juste une rotation   
Transe immobile.      
 
Aller à dame   
Parcourir le blanc et le noir   
Pour zigzaguant dans l'arène   
Présenter cet éclat de rire   
Se brisant comme glace au soleil.      
 
Je jette   
Poule poule les coquilles d'œufs   
Au bas des marches   
Les poules accourant   
Au calcium des culpabilités.      
 
1271

En attendant Godot

La mouette respire   
De plein pied sur le champ   
Pour duo des hymnes   
Moquer le Maître   
Et ses clientes en bout d'étagères.      
 
Suppliante métaphore   
Que celle du chien qui au lointain   
Aboie   
Peu enclin de gouverner   
À la barbe du Roy.      
 
Contrairement au brouillage   
Des mots de se rencontrer   
Pour évoquer les passerelles   
Le temps advient   
Offre de bon aloi.      
 
Double fracture   
Double fêlure   
Se mirer   
Sans un sourire   
Dans la tristesse de l'autre.      
 
À se demander si le bloc de silence   
Se détachant du ciel   
Sera parc d'attraction   
Pour la houle des applaudissements   
Qui ne rapportent rien.      
 
Être au chevet   
Du simple et du secret de la vie   
Assoupli la pointe du diadème   
À faire du réel   
L'attente nourricière.      

( œuvre de Pascale Gérard )
 
 
1270