Sabedoría das toupas

Il n'est de pierre qui dise l'avenir    
Que visage avenant sur fond d'orage   
Puis gorgone levée tôt    
Pour rejoindre le chef de bord    
De cette embarcation    
Où reconnus aptes    
Au cafouillage des entrées et sorties   
D'un camp de transit l'autre   
Aller quérir vêtements chauds et nourriture    
Sur l'autel de la croix rouge    
Puis couverts de crasse et vociférants     
Rendre hommage à ceux qui nous ont fait naître    
Pères et Mères aux abois    
Plus prompts à courir les bois    
Dans l'affolement et le dénuement    
Que taupes à tracer leur route    
En mutuelle assistance d'entre les deux mondes.     
   
" Reconduisons à la frontière    
Ces manants et ces sans-terres "    
Qu'ils disaient    
Les manieurs de la lame de couteau    
Aux cris de : " A moi, à moi, c'est mon ventre qu'il me faut "    
Alors que dans les contrées chaudes    
Se rassemblaient les détrousseurs    
Sur les brûlis de la forêt immémoriale    
Chassant par la force les hommes de ces lieux    
A coups de fusil et afflux de gaz carbonique    
Sans que la conscience émerge    
Sous une pluie de débris venant de l'espace.        
 
Top, top, top !
Faisaient les taupes    
Droites dans leurs bottes    
Traitant par le mépris    
La courbe ascendante des covidés de l'esprit    
Pour se prémunir contre l'hiver venant    
Et achalander leurs terriers    
De quelques gâteries des environs    
En circuit court comme de bien entendu.        
      


927
 
 

O neno desapareceu

Le petit garçon a disparu    
Sans attendre les résultats de l'étape    
Qu'Hugo Koblet devait gagner  
Cinquante neuf secondes avant Louison Bobet.        
 
Il n'est plus qu'un cadavre    
Prospère    
Mais un cadavre tout de même    
A l'ombre des ifs de Mère-Grand.        
 
Franchir la barrière n'a jamais été son fort    
Mais on ne retient pas le poète    
Quand l'odeur du fumet levée    
Il s'agit de passer le pont.        
 
Il est le filigrane    
Emparouillé dans la trame du papier    
Car tout est bon au chercheur de l'explicite    
Telles paupières closes devant les portes d'airain.        
 
Éternel fugitif    
Il prend la cendre pour la neige de Noël    
Et si le buisson ardent se consume trop vite    
Il renchérit sur la plaie essentielle.        
 
Peut-être que peut-être    
Sa vie fût une boule de papier froissé    
Consignée en mairie dans le registre des naissances    
d'une fine écriture du dix septième siècle.        
 
Peut-être que peut-être    
Il finira en beefsteak    
A la merci du premier palais de gourmet    
aux dents blanchies par l'accoutumance.        
 
 
926

Que mutante

Este mutante    
Na fronteira entre os vivos e os mortos    
Unha pena de estar no mundo    
Este lisiado que só vive en imaxes    
Non colles nada.        
 
A realidade parece importarlle menos que a verdade    
Pois antes da ribeira soberana    
Únete sen deixar rastro de arrogancia    
A pequena fiestra ao fondo da sala    
Marcado cun anxo de Nadal.        
 
Ser, ducias de libros    
Cubra o lenzo de Jouy coas súas paredes    
En autodesposesión    
No voo cultural da súa vida como home    
Orgullo encarnado fóra da Presenza.         
 
Despois veu a Palabra    
Nunha sinxeleza incrible    
Desde unha abertura ata a cunca de café    
Colocado sobre o mantel vermello    
Como un raio de luz ao amencer.        
 
Cúbrase coa manta de supervivencia    
Busca as formas primarias    
Os ritmos inherentes a outros seres    
Reinstala a orde dos signos que fascinan    
Estar disposto a acoller o abismo da palabra.        
 
 
925
 
 
 

Bótalle unha boa ollada a este home

Regarde bien cet homme    
Il est mort pour le monde    
Le sourire ouvrant la plaie essentielle    
Des cils comme fanons de baleine    
Par dessus les herbes de la dune.        
 
Fais un signe de la main    
En te détournant    
Pour comprendre l'envers des choses    
Sans que le ciel s'éloigne    
Ni le froid ni la peine en sortant de chez Swan.        
 
Donne d'un murmure oblitéré    
Cet assentiment aux fruits de l'esprit    
Pour d'une bourrade amicale    
Envoyer valdinguer l'ami de toujours    
Vers de plus amples connaissances.        
 
Isole les objets du passé    
Ces ailes friables des papillons de nuit    
Que les containers de nos habitudes    
Stockent à mesure de la montée des océans    
Au balancier de l'éternité.        
 
Profère bouche ouverte    
Le clinquant des mots du monde    
Au balcon des vainqueurs    
A mesure de la place qui se vide    
A l'heure de la sieste.        
 
Chante l'horizon des fleurs épousées    
D'un mouvement de hanches    
Sois le vertige des tubulures de Beaubourg    
Que tentent de ramener à la raison    
La lumière tendre d'une fin du jour.        
 
L'homme blanc immobile et seul    
Sur l'esplanade des rêves    
Contemple le rien des passants agités    
Détresse élevée au-dessus d'elle-même    
Telle une offrande de sang et d'amour.        
 
 
924

Le lutin malin

Le lutin malin     
Du frêne sa guérite
S'est enquis de bon matin

*

Point de faridondaine
Juste de la mélasse
De miel et de bière
A mettre sur l'étal.

Ecosite de Gergovie
A la remontée vers la table

Se sont mis les orteils à l'air
Père et mère du souvenir.

Sensés faire garder le petitou
Ils ont caracolé vers la ville
Pour sabots acheté
Revenir promptement.

Les lucioles dans les lanternes
Ils ont dansé le soir venu
Sur le plancher du menuisier
Le quadrille et la bourrée.


Point de contemplation
La sueur et les cris ont endiablé la Comté
Du son des talons ferrés
Hommes femmes et enfants comme des frelons.

Pour le reste
Les châtaignes les attendaient
Près de l'âtre de Margaux
Avec force de vin chaud.

La grâce et le génie
Est d'atteindre la nature

A la frontière des vivants et des morts
En fusion des images et des mots.

*

Le lutin malin
Du frêne sa guérite
S'est enquis de bon matin

Du songe d'une nuit d'été.


( Photo de Eva Vichy )


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