Gulu Zakale: Chaka 2021

La lune lente

File la lune lente   
en son tournoiement   
de mer éclose   
aux effluves ensemencées   
de papillons   
que l'on gomme   
sur la joue de l'enfant   
gommettes festives   
à la nuit descendante   
aux abysses immenses   
dans le noir   
où nous atteindre   
nous les mariniers    
vestige des amples chaluts   
prompts à glacer   
de cinglantes fureurs   
l'émission des laves   
aux vibrations bruyantes   
pluie de lapilli
tombant un à un   
sur le tambour   
des yeux immenses   
rabattus sous la paupière   
de l'harmonie   
enfin recueillie   
seule et essentielle   
pour le retour du réel.      
 
 
893

Le jour qui vient

Me suis senti tout simple ce matin    
avec ces objets raisonnables   
posés sur la table.      
 
J'ai pincé la corde de la folie   
pour que dansent les filles et fils du Diable   
enclins à l'usure naturelle.      
 
M'en suis pris alors une   
sur la tronche rationnelle   
provoquant commotion et confusion.      
 
Ai-je bien pris la boussole   
pour ce vol de nuit   
où perdre les signes de l'Au-delà.      
 
De balises point   
juste quelques feux aux quatre coins   
pour éviter les autoroutes de la foi.      
 
Malgré les turbulences de la jalousie   
le moteur a continué de tourner   
en bout de piste.      
 
Pour planté dans le champ aux voix éternelles   
allumer le GPS intérieur   
déesse carénée du jour qui vient.      
 
 
892

Chiyambi chatsopano

Partir   
entre les rails du pont   
par dessus les eaux profondes.      
 
Courir dans les rues grises   
et s'asseoir sur un banc   
à regarder les enfants.      
 
Tom Waits en catimini   
se rapprochant de l'esprit   
en libre circulation.      
 
Fermer le magasin   
rajuster le chapeau   
et les mains dans les poches presser le pas.      
 
Hommes de tous les temps   
paroles envolées   
pour que les choses sérieuses commencent.      
 
Silhouette déhanchée   
sur les galets de la rogne   
atteler la charrette des relations.      
 
Et avancer   
sans la moindre gêne   
vers la grille de départ d'un nouveau parcours.      
 
 
891


The Fury

M'en a-t-on dit de cette époque   
d'où famille éclatée   
les blessures saignent encore.    
 
Pa Furee
pali miyala ikuluikulu
ophatikizidwa ndi ndowe.    
 
Ikagwa mvula
madzi amaunjikana pansi pa phirilo
pafupi ndi paki ya nkhosa.   
 
Chithunzi cha kholo
wakhala akutuluka nthawi yayitali
pamene Master ananyamuka kupita ku Paris ndi zabwino.      
 
Kwa nthawi ndithu, agogo anga aakazi anayamba kuchita zimenezi
kuyendetsa famu
ndi Marius the clerk ndi Jeanny.      
 
Ana ndi ogona
kusukulu ya Abale
nyengo yachisanu yamuyaya.      
 
Mwana wa ng’ombeyo anafa usiku watha
kuphwanyidwa ndi Paris
ng'ombe iyi ya Aubrac yopanda mkaka.      
 
Bambo anachotsa ndalamazo
satipatsanso nkhani
ndipo sindidziwa kumene adzaikidwa.      
 
Je pleure parfois   
dans mon lit sous la soupente   
et pense à mes sabots que je n'ai pas décrottés.      
 
Je serai là plus tard   
à écrire ce qui s'est passé   
tôt le matin en écoutant l'horloge à balancier.      
 
Zidzakhala ngati poyamba ndi pambuyo pake
m'maola olemera a nthano
zikuwoneka ngati tsoka.      
 
Tracer la route des airs   
comme les oiseaux migrateurs   
ramène à la maison.      
 
Pafupi pang'ono ku Féniers
abale ali bwino
pali mafuta a nyali
ndi mkate m’mawa
mabelu akalira
m'mabwinja a abbey
wazunguliridwa ndi mpanda
kotero kuti ochepa odutsa alendo
osatenga miyala pamutu.      
 
Au petit jour les oiseaux chantent   
pour que vite aller aux champs   
recueillir le silence.      
 
 
890

bwenzi la njira

Enfoui sous les feuilles d'automne   
se soulevant au vent venant  
irisé d'une lumière diaprée   
quand ciel et nuages se la jouent   
l'enfant du paradis   
surveille en dansant   
la marelle circassienne.      
 
Enfoui sous les feuilles d'automne   
un arum      
enveloppé d'un mucilage frais          
que des mains de caoutchouc   
révèlent par touches successives   
telles caresses à remonter le temps     
se pavane à merci du risque.          
 
Enfouie sous les feuilles d'automne   
la brume intronisait le mystère   
formant cocon   
d'où sortaient à mesure du Souffle  
mille flammèches   
consumant sur le tard   
la parole et l'oubli de l'Ami.      
 
Enfoui sous les feuilles d'automne   
affranchi de la gravité   
le temps presse au mur de l'Invisible   
ouvrant sur l'Infini   
alors que frappe à la porte   
l'Homme nouveau   
silhouette de lumière ombrée de cendres odorantes.      
 
 
889

Khutu logontha

Au démêlé des mèches blondes  
la voix sourdille   
tel papillon d'or.      
 
L'archet grimpe aux cintres   
des voilages robes de nuit   
qu'accompagne le frisson de la page que l'on tourne.      
 
À l'enfant du mystère révolu   
à l'étang aux douces ridules   
ces marques d'affection.       
 
Je veux enfin dire la vérité   
des femmes aux amples tabliers   
dont la main partage la clé du jour.      
 
Il y eut captation des élans   
dans la fissure d'un ciel de grâce   
augurant l'incartade majeure.      
 
Ma adilesi okoma kwambiri
sangachepetse kuyimba
kusalakwa kuphwanyidwa.      
 
Zoyenera kuchita
mu nthawi izi za kutha kwa moyo
kuposa kupotoza m'chizimezime.      
 
De la lumière du sang des justes   
monte la plainte bleutée   
de la souffrance.      
 
Pozizira mbali inayo
zolumikizana zikuwunjikana
zowoneka ndi zosawoneka
mphungu ya mitu iwiri pa zipata za Ufumu
kusonyeza greenhouses woyera
wotuluka
popanda kopita kukhazikitsidwa.      
 
 
888
 


Mng'ono wanga wokondedwa wanga

Mng'ono wanga wokondedwa wanga
ndikuuzeni zimene zidzandichitikira
m’moyo uno
kumene kukankha choyenda cha ana otayika
Ndinayang'ana kulemera komwe kunandizungulira.      
 
Ndi chizungulire chilichonse
kugwedezeka kunali kolimba
kotero kuti kuwirikiza komwe ndiri
kutaya zowumba za malingaliro
kumalire ndi mayiko osadziwika.      
 
Mu udzu wautali wa autumn
nyengo yozizira isanayambe kuzizira chiuno cha duwa
mapazi anga anakwinya nkhalango ya chikondi
komwe mungatsirize kufunafuna kwa openwork kwa zopanda ungwiro
popanda masamba a mtengo waphulusa kunjenjemera.      
 
Les cloches sonnaient   
les pas se pressaient sous le porche   
ce lieu des épreuves attendues   
où désapprendre la routine du mal   
et pénétrer la zone du tout droit de l'être profond.      
 
Les collines seront ombrées de vert mature   
le ciel sera rose   
au soir du  destin nos corps chancelleront  
en percevant sur la table des orientations   
les huttes côtières de notre enfance.     
 
Je poserai mes bagages
et ferai un grand feu
de mes impuretés mensonges et égoïsmes
pour que l'embryon nouveau
tapi en lisière du bois
paraphe le départ du poète
puis se lève sur le chemin du grandir de soi
pieds nus et en silence
comme dans la chanson
où sortir de l'horizon
mène à joindre les cœurs.
 
Ma petite ma mignonnette
tu vois
une grande tâche nous attend
dans la joie de tous les instants
en contemplation du monde à venir.
 
 
 
887

Rue de la Corrèze

Blanche malice   
des cucurbitacées de l'instinct
elle allait chevauchant l'alezan
la lanterne à la main.

El Matador
avait garé sa bicyclette
au pied de la glycine
sans que hurle le chien.

D'un geste théâtral
il dégaina le poignard
à sa taille porté
pour rencontre à venir.

N'en déplaise
à certaines considérations
le caniveau était rempli
de moineaux pépiant et sautillant.

Courage fuyons
dissertait en catimini
une douce nuit
sur le point de prendre fin.

Jadis un nez protubérant
aurait été raboté
sans que le froid n'atteigne
la mansarde des amants.

Quelle étoile
frileusement pelotonnée
aurait pu soupçonner
pareil manquement aux principes.

Nuire ou ne pas nuire
alors que passe par la coursive
panthawi yake
le hallebardier de garde.

Figée en sa grotte
à une lieue de là
elle décolla benoîtement
le pansement de son doigt blessé.

N'y pouvant mais
il approuva le geste
et ce fût dit
dans l'étrangeté de la situation.

Toujours ravissante
un sourire léger par matin clair
elle vint se ranger
pour le grand vernissage.

Mmodzi awiri Atatu Dzuwa
Maman était venue
Papa était là
rue de la Corrèze au réveil.


886

Le pantin magnifique

Sur la pierre moussue   
quelques cynorhodons   
des feuilles de houx   
une pomme de pin   
une coquille d'escargot   
quelques brins d'herbe   
du lichen.      
 
Dans le frais du matin
quand les mouches s'agitent   
le jour rosit   
instant de grâce   
le poème se réveille   
fleur bon la force du Souffle   
dans le grenier providentiel   
des males familiales.      
 
Il est unique   
ce dogme aux croyances irradiées   
ce goutte à goutte des urgences   
le pantin magnifique   
éloigné de la scène   
par soucis de vacance   
sans être saisi par le manque   
dans le silence de l'absence.      
 
 
885


Il est un temps où se retirer

Du pain un peu rassis   
du beurre agrémenté   
de sillons côtelés   
trempés dans la tasse   
comme descente en ramasse.      
 
 Mantille ajourée   
au dévers d'un mémo   
j'ajoute par le travers   
l'oblongue portrait d'Auguste   
grand-père aux moustaches occitanes.      
 
Du ventre de Madou   
extraire la coloration de ses joues   
au grand tamis d'Ernestine   
la mère énamourée   
de notre enfant Carmine.   
 
Richesse tendresse   
du chant mystérieux   
de ces yeux trompant la séjournée   
en ce lieu posthume   
éclos aux limbes de l'absence.      
 
Il est un temps   
où se retirer   
en tirant le cordon   
de la chambre des attentes   
mes sœurs en fenaison.      
 
 
883