Es-tu là mon âme ?

 
Es-tu là
glissando sans dérobade
à me porter sur l'onde douce
lune entrevue au parloir
écorce arrachée du chêne-liège
se faufilant dans la foule lente
passager ébloui
des sentes odorantes.

m' anam
seule
au hasard d'une sortie
se vit prise
dans le flot des migrants
ô mon âme
l'altérité est une autre identité
de l'autre à soi
la source même des solidarités.

339

fo chlais an teampuill

   Sous la gouttière du temple  
y'a la romance
la saga du temps qui passe
le cortège des semelles de bois
le frisson des roseaux
le gond d'une porte
que l'on ouvre
et qui grince
demain ou après-demain
de rien en rien
les bras ballants
yeux levés
à l'horizontale
festons des nuages
hors limite du ciel
en syncope légère
sur le pavé d'argile
à griffer d'ongles écaillés
le passage des fourmis
en rivière d'être
vers le sans arbre
du sable ridulé.


336

làn lasachaidh

   Marée remise   
marée rétrocédée
marée du compte à rebours
marée déposée
marée reprise
verrai-je le dernier hoquet
descendre toboggan
la pente aux ajoncs
la mise en veille
des sphaignes de l'étang
ma correspondance
en bel équipage
filant grand train
sans attendre que je m'éteigne
pleurs refluantes
sous le dais mercantile
des arrimages familiaux.


338

an deasg sgrìobhaidh fon talamh

   Noir de noir     
en l'écritoire souterraine
de corolle en corolle
tendre la corde
entre chien et loup.

Capter la prosodie
du glatissement des vautours
vertigineux voiliers
éboueurs de vestiges
sans soupçon
sans contre-façon
accablant de tristesse.

Surgissement des mains tendues
jaillies
blanches
de la paroi anthracite
aux reflets de lune
en retrait des lumières de la ville
au son du buccin
sentinelle drapée du manteau de cuir
que revêt le vacher
le fouet dressé,
viatique devant l'autel
où surprendre la faille avouée.

Le Grand Bédé se dresse
le chapeau de clown vissé
sur son front Frankenstein,
gorille à la quenouille
taguant sur tablette d'argile
les blessures de sa pensée,
traces cunéiformes
gravées sur le pas de porte
tuiteam air falbh
d'un ciel pleurant de se savoir aimé.


335

Au soleil vert de notre enfance

 Anns a 'ghrian uaine 
ar n-òige.

uisge sruthadh
o'n tobar gu ruig an loch.

dà dearc-luachrach
aon fhireannach aon bhoirionnach.

fàileadh milis
fàilean earraich.

Bho mhullach gu bonn
tha an ìomhaigh air a thaisbeanadh.

Clap deireadh
bìdeadh an duslach.

Ceangailte ri bacaidhean
an epilogue bogha-froise.

Tallow anns an amhaich
sleamhnachadh ròpa.

An iomall miann
an lìon tighinn air tìr na làimh.

Thèid rud sam bith
tha a h-uile dad a’ nochdadh an làthaireachd.

Air beulaibh an sgàthan
aodann sunndach.

Gluais air adhart bho na tha duilich
ris an ni a tha taitneach.

bi ann an gaol
leat fein.

Gun teòiridh
dìreach dian bhon taobh a-staigh.

Gràs
gheibh sinn e.

Mamaidh
stad ag innse dhomh gun a bhith.

An tar-chuir
rèis sealaidheachd.

Tha gach anam beairteach
aire dhaoine eile.

làn de dhealain-dè
na teachdairean gun chudthrom so.

Eadar broom agus eiteag
na ballachan fosgailte.

Snìomh na gaoithe
a' seachnadh criochan marbh.

Roimh an fhìor shàmhchair
romp milis.

Eisdibh
an adhair airson anail a tharraing.


334

cho breagha san sgàil

   Si belle à l'ombre   
et cousue d'esprit
elle se pavanait
chapeau de paille
au gré des œillades matricielles.

Surgirent
l'entre-chats l'entre-chiens
des surprises brèves
sans sourciller sans barguigner
la cigarette en apostrophe.

Maugréant ci-devant
au parvis de l'outrage
les fresques rupestres
de ses vêtements d'emprunt
se prirent dans les rayons
d'une bicyclette
sans béquille
avec sonnette tintinnabulante
et garde-boues de bois
pour se tenir bien droite.

Elle zigzaguait
de platane en platane
le fossé aux grenouilles
crevant ses bulles amères
à mesure de l'errance.

Sans cérémonial
dentelles au vent
elle déchira la brume matutinale
mains sur la guidoline
un soupçon de mimosa sur le nez.

Si belle à l'ombre
et cousue d'esprit
elle se pavanait
chapeau de paille
au gré des œillades matricielles.


333

ceum air cheum bho thuras gu turas

 Pas à pas,   
de voyage en voyage,
au cercle d'un cirque
que le sable encense
la rumeur soulève les rideaux du spectacle.

Entrée colorée,
barnum bruyant,
poussière soulevée
du cortège animal,
des passions de l'âme
élevées aux pinacles des temples
à démanteler,
à mettre à la raison
et métamorphoser.

De sang et de couleurs,
les cris furieux des Érinyes
ont détruit les paysages de l'enfance,
les lèvres d'argile des sources
ont fait place
aux buses de ciment,
la pierre des protections a été arrachée,
les haies ont été abattues,
les fossés comblés,
le renard argenté
ne retrouvera plus le centre,
un vent mauvais rabat les grumeaux de terre
vers les terrasses de pierres sèches,
un vieux frêne murmure ses dernières dispositions.
La nuit roucoule,
pigeons de l'âme
a' crochadh thairis
des manquements à l'humaine condition,
les mensonges populistes
remplacent le chant des poètes,
les chenilles des engins de guerre
suivent les souliers ferrés des poilus,
le ciel s'assombrit,
même les arbres sculptés par le vent d'ouest
se sont couchés sous la tempête.

L'air est fétide,
sur le mur des lamentations
les papiers de l'en-vie
froissés et forcés
aux jointures des pierres
couvertes de lichens
deviennent chairs pantelantes
d'un tsimtsoum aléatoire.

Les mains décharnées,
hors des poches à l'avenant
écorchent l'oubli,
les yeux révulsés
clipsent les valeurs de l'esprit,
une crème sulfureuse
maquille d'un sourire de clown
nos errances dernières.

La fureur fait place
à la nuit,
au silence,
enlaidie par les passes d'armes
des combats et des haines,
pommelée par la levée
des moissons nouvelles,
devenues complice consentante
d'une renaissance de pacotille.

Il n'est d'herbes officinales
que celles du printemps,
herbes collégiales
du baiser des amants
dispersés
en quête du grand chambardement,
un quignon de pain
en fond de sac,
l'eau dans le ciboire des altérités.

Nous lèverons le Son des ricochets,
cailloux jetés sur la rivière,
à portée des demandeurs d'asile,
en sortie de notre exil.


332

ceum air cheum bho thuras gu turas – 1

   Pas à pas,   
 de voyage en voyage,   
 au cercle d'un cirque   
 que le sable isole    
 la rumeur soulève les rideaux du spectacle. 
    
 Entrée colorée,   
 barnum bruyant,   
 poussière soulevée   
 du cortège animal,   
 des passions de l'âme   
 élevées aux pinacles des temples   
 à démanteler,   
 à mettre à la raison   
 et métamorphoser.     

 De sang et de couleurs,   
 les cris furieux des Érinyes   
 ont détruit les paysages de l'enfance,   
 les lèvres d'argile des sources    
 ont fait place   
 aux buses de ciment,   
 la pierre des protections a été arrachée,   
 les haies ont été abattues,   
 les fossés comblés,   
 le renard argenté   
 ne retrouvera plus le centre,   
 un vent mauvais rabat les grumeaux de terre   
 vers les terrasses de pierres sèches,   
 un vieux frêne murmure ses dernières dispositions.     

 La nuit roucoule,   
 pigeons de l'âme   
 a' crochadh thairis   
 des manquements à l'humaine condition,   
 les mensonges populistes   
 remplacent le chant des poètes,   
 les chenilles des engins de guerre   
 suivent les souliers ferrés des poilus,   
 le ciel s'assombrit,   
 même les arbres sculptés par le vent d'ouest   
 se sont couchés sous la tempête.    
 
 L'air est fétide,   
 sur le mur des lamentations   
 les papiers de l'en-vie   
 froissés et forcés   
 aux jointures des pierres   
 couvertes de lichens   
 deviennent chairs pantelantes   
 d'un tsimtsoum aléatoire. 
     
 Les mains décharnées,   
 hors des poches à l'avenant   
 écorchent l'oubli,   
 les yeux révulsés   
 clipsent les valeurs de l'esprit,   
 une crème sulfureuse   
 maquille d'un sourire de clown 
 nos errances dernières.   
  
 La fureur fait place   
 à la nuit,   
 au silence,   
 enlaidie par les passes d'armes   
 des combats et des haines,   
 pommelée par la levée   
 des moissons nouvelles,      
 devenues complice consentante   
 d'une renaissance de pacotille.  
    
 Il n'est d'herbes officinales   
 que celles du printemps,   
 herbes collégiales    
 du baiser des amants    
 dispersés    
 en quête du grand chambardement,   
 un quignon de pain   
 en fond de sac,  
 l'eau dans le ciboire des altérités.  
   
 Nous lèverons le Son des ricochets,    
 cailloux jetés sur la rivière,   
 à portée des demandeurs d'asile,   
 en sortie de notre exil.  

   
332

cuimhne ceithir flùraichean

   cuimhne ann an apnea   
ceithir flùraichean air an uinneig
nighean bheag air a h-uile ceithir
air bhog
de ghrian briste
aig mo bhràthair, Mo charaid, mo mhac, Mo charaid
chompanaich
aig maduinn craobh almon fo bhlàth
nuair a bhios an t-ingne
bualadh a-mach le loidhne gheur
slighe an t-samhraidh
dùsgadh faire
air a' chladach air a chur air dòigh
aghaidh glic
thar na coille
sùil neach-frithealaidh
sans qu'alunissent
smuaintean
dol suas air ais
stìopall na cathair-eaglais seo
a’ spreadhadh basgaid slatag an dualchais
meud
air an duilleag tùs
ann am pròiseas a bhith
na galoshes crochte
aig ceann nan casan caol
mar a thèid thu
duslach òir
sgrios làmhan
sceptre of riatanasan
theich briathran
de chraiceann briste
amharas mu chuimhneachain
gun acras
anns an tìr dhorch so
far a bheil boireannaich, fir agus clann an dèidh an grapeshot
tùis leis an soilleireachd aca
an t-arm de fhlùraichean seargach
gruag ruadh
gu searbhas nan clogaidean spìceach
a' bristeadh shinnsear na cuirp ghealaichte
ann an siorcas falmhachadh èiginneach
cairtean agus bagaichean airson a bhith co-ionnan
mo nighean bheag
nì mi teine
aon uair eile
innse dhuibh sgeulachd mu àm cadail
duilleag airgid
air a chuir air leac na h-uinneige
a sheòladh
air cuan nan cuimhne
deas-ghnàth suirghe
fosgladh geal
dorsan a' ghràidh
a phutadh le gluasad socair
fada bhon chladach
sgàile an leamain mhòir.


331

La présence à ce qui s'advient