An lòn

Tha an Mareuille
Cloches et genêts associés
Chants d’oiseaux
Rais de soleil
Bleu du ciel en réception
Les pissenlits finissent d’essaimer
Au travers de la rosée.

Peu de vent
Cheveux frisant l’œil
D’une caresse ténue
La chaîne du Sancy
Estampe de fond d’horizon
Dans un gris absolu
Danse au balcon.

Tha an Mareuille descend
Vers l’Eau Verte
Cloche-clochant
D’un pas régulier
Pour disparaître derrière la brassée de feuillage
Du bord de rivière
Ensoiffée de fraîcheur.

Yeux fermés
Le vert passe au rouge
Bêtes descendant par la draille
Vers les stratus de la défesure
Réseau en résonnance
Assemblage de débris morainiques
Que les siècles froids ont parsemé.

Elle m’appelle
L’oiselle des prairies
Et se rit des réponses
À son chant
Que mon cœur accompagne
D’un liseré de dentelles
Coupant court à la Beauté.

Il fût, il sera
La couperose du matin
À prêter main
Une collerette d’orchis
En bord de chemin
Pour plus d’une année dévolue
Ceindre la parure de juin.

Grelots des ovins
Cloches des bovins
Le soleil darde
Ses flèches de lumière

Fichées roides
Contre les gouttelettes d’argent
Au plus offrant destinées.

Un roc dans la prairie
Capte l’énergie cosmo-tellurique
Sous le frémissement des frênes
Basses branches ondulantes
Synapses verticaux ouverts
En proie au déploiement
De l’éther mon frère.


1613

Na turasan sin

Na turasan sin
En courbure de prairie
Font que le corps en deux secondes
Exulte.

Prendre patience
Élargir le temps
Pour que le tourbillon-flash
Se lie.

Étrange voix
Énorme frustration
De ne pouvoir happer
Ce qui vient.

Faut-il se désunir pour entendre
Alors qu’il reste à faire
Le pas de deux vers les étoiles
NON, et vous ?

Nous la connaissons
Cette histoire d’arceaux rigides
Soutenant le ciel
À se hisser toutes voiles tirées.

Hier soir
Je suis atterri
Incorporé et atterré
Désordonné.

Librement
Nous étions en vision automatique
À parsemer la pelouse de fleurs
Connectés.

Les mots me tètent
Et ne puis réagir
De pensées et de souvenirs
Oint.

À quelques pas de nous
Une sympathie débordante d’affection
Une chose étrange
Elle était et l’autre n’était pas.

Profonde sérénité
Avec une trace lumineuse en mon cœur
Pour que tout s’accorde
À grignoter l’ombre.

Une douceur soulève ma poitrine
Mille lumières éblouissent mon esprit
Je me répands
En lisière de forêt.

Que ça saute
L’expérience de la Valeur
Comme Principe du Monde
Élargissement de la conscience.


1612

Sgrìobh Dru

Sgrìobh Dru
Écrire vrai
Avec la main qui tremble
Avec la main du matin
Celle qui sort de la couette
Celle qui contrainte
Au dépeçage du vécu
Fait sienne les souvenirs froissés.

À vivre en miroir
Vous pousse hors de soi
Sans douceur
Comme mélodie des heures
Accaparant le devant de scène
Cùl uinneag
Éclats de verre
Se figeant dans leur chute.

La route longue
Déjà parcourue
Par les corps retournés
Par les âmes mâchurées
Trait laser auscultant en passant
Le florilège des années
Que la main posée sur le front
Appelle au silence.

Du sommet de la cascade
La vie fulgure
Pincée de sang séché
Sur la mousse perlée
L’ange passera outre
Les virgules arc-en-ciel
Pour aller se poser
Sur une soif étanchée.

Entre frayeur et regard
J’ai pu rejoindre
Les pans de mémoire
Collés décollés ensemencés
Larmes rosies de plaisir
Posées sur les ressauts de la paroi
Faisant siennes
De fringantes pensées.

En bout d’allée
Au gré d’une bourrade
Faisant chuter le chantre
Est apparue l’ombre d’un rire sans écho
Étoile du printemps
Suintante d’or et de sang
Sur le plastron singulier
Du Maître des artificiers.


1611

Levée d’ardoises

Levée d’ardoises
À la pointe d’Espinasse
Fait trembler le regard.

Au seuil éclairé
Par le rai de soleil
Le sac à miel se crève.

Les larmes rases de la rosée
Larves de nuit
Transmutent l’obscur.

Au fond du rien
La vie partisane
Appréhende les bas-fonds.

Les tuiles à gogo
Font fi du jardin délaissé
Par la béance d’une souffrance.

D’un reste de tendresse
Garderons ce qui apaise
Mémoire commune.

Pour ce qui est de l’attente
La muette dignité
Sera notre conscience.

Hors-temps
Le crève-cœur d’une forme
Investira la saveur immémoriale.

Pour peu de se revoir
En quelque temps obscur
Une suite à donner sera contée.

Haute fête
Déclenchée par le bref appel
Au fond des bois l’éveil.

Alouette d’un bond tu accèdes
À l’azur
Des ondes éternelles.

Pleure et me retiens
La tête dans le licol
Aux portes du paradis.

De douleur point
Juste un brin d’orage
Pour oblitérer le chemin.

Tentacules végétales
En ce rire sans écho
Épousailles sans miroir.

Dès l’origine
Mort et vie de concert
Une flèche pour l’esprit.

Ne survivra toi le féminin
Dans l’allée des iris
Le cœur de la biche endormie.

Par tes lèvres
Gouttes de pluie à portée de main
Métamorphose en jachère.

La mouche barbouille
De gris-souris s’entend
L’orifice de ton ombre.

Ôm au désir grandi
Le chant se carapate
Hors de l’exil son origine.

Ultime fente
De chair rose offerte
L’épée guide nos pas.


1610


A 'Bh-Uas Traveleoe anns a' chèidse òrail aige

A 'Bh-Uas Traveleoe anns a' chèidse òrail aige
Attendait le doigt de Dieu
Pour dernier hommage
Sans soupir ni nœud
Simplement être à deux.

Une parole
Et soudain tout est ouïe
À l’arrache-corps des convenances mariales
Un disque rayé et décontenancé
Froissait la feuille d’air.

Effleurer de douceur
Un monde sans saveur
En bas de page étourdiment
Creuse de mille rides
La joue libellule.

Demain ce sera fête
Sur la nappe vichy
Pour les mésanges
À tête noire et pattes blanches
Fruits et vin à profusion.

L’infini n’est autre
Que l’élan énigmatique
De nos mémoires d’oiseaux
Parcheminant derrière la vitre
Un carré de silence.

Rêve de beauté
Au couchant déchirant déchiré
Un trait de plume souligne
Le flash des nuisances
Bourgeonnant jusqu’à la fêlure.


1060

Bho bhith a 'fosgladh chun fhear eile

Se parant de lumière
Bho bhith a 'fosgladh chun fhear eile
Les femmes vieilles et rudes
Aux chapelets trainant sur le sol
Cherchaient le chat noir
En quête de la souris blanche.

Accord de grâce craintive
L’échange aura bien lieu
Loin des yeux loin du cœur
Quand la religieuse prise d’habit récente
Aura scellé sa prière
Sur un échafaudage de notes célestes
Distillée en secondes noces.

Ne vous détournez pas
De l’ombre des arches
Gardant déesse morte
À portée de nourriture spirituelle
Croutée de picots d’argent
Éveillant l’Esprit Saint
Au sortir du narthex.

Fugace fût le massage
De la cervelle sage
Dans l’embrasure d’une ouverture
Alors que l’assiette de faïence
Tombée du vaisselier
Dispersaient ses menues éclats
Devant le nez du lecteur de métaphores.

Femme enceinte
Mettant le pied à l’écriture
Le nombril en Samothrace
Gémissait sous la bourrasque
Pendant que le clochard traversant le boulevard
Traînait son sac en plastique
Sur le sol mouillé des vérités.

Il neigeait
Pour moi rien de changer
Là-bas les anges lissaient leurs ailes
Sur le toit des usines
À petits jets la fumée blanche
Mollement se laissait caresser par la brise
Tout était en place.


1609

Na h-ealain ann an turas

Rêve de reflets
Dans la salle de classe
De bric et de broc
Offerte aux enfants
Dont le vent emporte les cris.

Rêve d’une mouche
Bousillante à souhait
Ruinant sur le devant de porte
Le son d’un violoncelle
Qu’une pensée épelle.

À peine sortie de terre
Ma main devient cimetière
Serti de douces fleurs
Fantôme en robe printanière
Plus prêt de toi mon cœur.

Mille musiques
Ont fait chanter le ciel
Par un trou de serrure
Ciel comme quenouille
Portant haut la hallebarde des gardes.

Le jardin fermé
Les arts en balade taillent la mine
D’un crayon trempé dans l’écuelle de lait
Clé d’une pouffée de rires
Affiches enlevées.

Entre glycine et merisier
Les pivoines ont surgi
Illuminant d’une signature de rose vieille
Le contrat maintenu avec l’air
Avant de filer à l’anglaise.


1608

Impulse mystical

Puisse l’élan mystique
Ravageur des mornes plaines
Pacifier les monstres de l’outrecuidance
Et permettre parfaite promenade
À petits coups de grelots.

Puisse la rose
De larmes abreuvée
Exploser en son charme
Sur le devant des fenêtres
Jardins d’Adonis célébré.

Puisse vertige des choses dites
Echancrer par le menu
Les choses invisibles
Cantate dorée reposant sur la table
Au déplié des doigts échangés.

Puisse saveur ultime
Du sel de mer
Produire au bruit du sabot des chevaux
La tonsure énigmatique
Du passage à l’Ordre.

Puisse l’accroc sans vergogne
S’étouffer de grâce comminatoire
Dans l’interdit de l’œil pour l’œil
Comme casser la brindille
En toute simplicité.

Puisse d’écume blanche
Ourler les lèvres de la clairière
Doux mystère du clapotis des vagues
Léchons bulbeux avançant en crabe
Sur l’estran des souvenances.


1607

Thoir mi far a bheil mi a 'tighinn

Thoir mi far a bheil mi a 'tighinn
Toi qui connais le chemin
Pour qu’un jour se souvienne
Qu’avant la nuit
Où tout a été décapité
L’Invisible, Gu bhith
Parmi les douleurs
À pleine brassée de filantes étoiles
Soit proche
De ce qui nous retourne.

Nos plaies
Nos appels
Entre le quai et le pont
Le photographe nous attendait
Clic-clac de nos membranes
De nos silences croisés
L’effarement s’est mué en une nécessité
Eclaboussant de vagues marines
Les accords mélodieux du transfiguré
De nos regards la nasse glorieuse.

Allant tout droit
Vers le mystère d’une brume anonyme
Gardant nos papillotes de lumière
À même l’unique brèche
Il se pourrait que le vent nous porte
Loin très loin de nos traces
Vers l’échauguette des remparts
À conter ce qui revient et ne s’en va plus
Palimpseste au noir fusain
Faisant surgir larmes séchées du jour inédit.

1606

Bidh na h-innealan-obrach ribilles a 'nochdadh

Sorties du vermillon d’un large coup de griffe
De puissantes colonnes montèrent jusqu’au ciel
Ornées de gracieux épis de blé
Elles ourlaient le hic and nunc
De paroles divines appropriées
Gosier recommandé par la déesse
Jusqu’au sourire figé dans le bloc de pierre.

Je m’endormis

De la fenêtre d’un wagon-lit
Je voyais des gens marcher sur les levées de terre
De plus en plus vite
Eructant d’une fin de règne
Les poumons pleins de poussière
Le souffle parachevant la cavalcade
Bien au-delà du temps imparti
Le tout suggéré par la dépose d’une feuille d’arbre
Se balançant dans la barbe à papa
Rose de mai d’un vide translucide
Accumulant jusqu’au profond du bitume
L’empilement des cristaux d’Armageddon.

Je dors donc je suis

Massage reçu
De la tête aux pieds
Par une nuit sans lune
Ni vol de lucioles
Si ce n’est le passage
À heure fixe du train des mines
Gelures carénées aux entournures
Permettant l’accès aux gourmandises de l’instinct
Foi de bile remontante
À portée des os de l’écriture
Ces fiers drapeaux de prière
À la queue-leu-leu faisant claquer
L’élan vivant des retrouvailles
Autour d’un feu de la Saint-Jean.

Je prie donc j’abhorre

La remontée de sève
Lors le grand incendie passé
Les arbres rescapés jetteraient un dernier râle
Avant de s’élever
Containers de la CGM au large de Shanghai
Cherchant point de chute sur le quai des circonstances
Vers l’horizon bleu-citron
Excavations nourries des fientes d’hirondelles
Aptes à tisser le continuum des attritions
Par temps de lune basse
Quand passe le trait de la neuve partance.

J’écornifle et ne dis mot

Que le rire des enfants
Sous le préau
À dégoupiller quelques grenades
Que les peintres de Barbizon auraient glissé dans les fourrés
Le temps d’une chiquenaude
Sitôt l’angélus sonné
Troupeau de vaches mâchonnnantes à l’ombre des grands chênes
Toile de lin sur chevalet de toutes les couleurs
Posée à l’orée de cette clairière d’hier
Frissonnante de lumières
Orgue de barbarie égrenant
Sa limaille de fer sur l’établi des ripailles
Après avoir dansé le rigaudon.

1605

La présence à ce qui s'advient