Archives de catégorie : Août 2022

Les cinq demoiselles

Plaisamment tendres  
À l'heure de la feuillée   
Les branches du frêne tombèrent   
Autour de l'arbre franc   
Tronc d'amour    
Pour des alouettes dérivantes   
Sur la planèze des souvenirs   
En raclant au passage   
Le fond des narses   
Que les géraniums en reconduction   
Fleurissent à foison.        
 
Que naissent et meurent   
Traces dorées sur les stèles   
Ces Êtres par le sang donné   
Au clair de lune   
Écartant d'un trait de lumière   
Les ombres de la douleur   
Aux doigts graciles   
De la femme aimée   
Descendue des hautes terres   
Parée de silence   
Par ces temps de déraison.      
 
Cinq demoiselles m'avaient tendu la main   
Pour le prix d'un ex-voto   
De seconde jeunesse   
Loin des listes préparées   
À la porosité précieuse   
Ouvrant par le devant   
Le ventre des enchantements   
Alouette belle comète   
À remercier mille fois   
Loin des siens   
Aurore en fête.      
 
1098

Aigle moqueur

 Filent grand train   
Les commensaux de la génuflexion   
À l'ombre des hêtres bruissants.      
 
Accaparent l'innocence   
Serres ourdies par la canicule   
Les aigles moqueurs.      
 
À ne plus savoir compter jusqu'à trois   
Il entreprit de guerre lasse   
La marche vers la falaise.      
 
Dans sa chambre   
Il n'avait plus à qui parler   
Depuis l'hémorragie du silence.      
 
Le regard surjoué   
La fin du week-end   
Annonce tempête pour le lendemain.      
 
Ah oui   
Recommencerai-tu   
Ma Douce à me tenir la main.
 
Filet d'argent
Des peupliers au vent vibrant
Craignent la nuit.
 
Sur le dé à coudre de mère-grand
Passe en menu équipage
Les pages d'esprit de la Vulgate.
 
Qu'avez-vous fait
Monsieur le Père
De cette engeance au vent venant.
 
À trop étreindre le dispositif
La parole poétique
Évite le secret des Lumières.
 
Telles ailes du désir
Autant se mettre à genoux
Devant toute prédiction.
 
Tout ce qui est rare est cher
Disait la lampe d'Aladdin
Dans sa dimension utopique du libéralisme.
 
Sorti des chaînes de l'oubli
Il promulgua la chose 
Par usage participatif de la parole.
 
Déchiré, éparpillé, balafré
Il présenta sa bougie
En abandon total de son dénuement.
 
Quelques feuilles mortes
Disposées éparses 
À perte de vue.
 
Le paradis. 
 
 
1097

Plume blanche

Plume blanche   
Enrôlée de force   
Elle voletait   
Évoquant blés et bleuets   
De la mère patrie.      
 
Vibrant au vent léger   
D'un verbe assuré   
Elle montait les marches   
De la nuptialité   
Pour plus de nuits d'amour.      
 
Des vaguelettes formant chèche   
À la porte des Tournelles   
Encorbellées  par le chant des pastourelles   
Courbaient les tiges sèches de l'ombelle   
Avant l'entrée dans le sanctuaire.       
 
Tenant le petit frère par l'épaule   
Elle s'épancha   
Dernière fleur violette   
Musardant sur la murette   
Un souffle d'air pour la collecte.      
 
1096

Nuit de passacaille

Nuit de passacaille   
En lisière des fumerolles   
Pleines narines ouvertes   
À se  narrer choses d'esprit   
À dextre et senestre.      
 
Registre des eaux basses   
Après roulé-boulé   
D'une roulade avant   
Il y eut envol de l'ange   
En confiance de la réception.      
 
Sylve éternelle   
En attente d'une étoile l'autre   
Tel vert galant   
Marcher à reculons   
Sans revenir sur ses pas.      
 
Clou des mots amers   
Gesticulant des cinq doigts   
Être nodules dorés   
En remontée vers l'Astrée   
Silence en eaux profondes.      
 
1095

Face au bouvier

Au clair de la roche   
Sonnailles à la tombée du jour  
Des vagues océanes   
Toutes droites dressées   
Contre la terre émergée.      
 
Monstre entravé   
Pieds et mains liés   
Face au bouvier   
Commentant par le langage   
La submersion des idées reçues.      
 
Êtres de ciment   
La rose et la prose   
Engendrent le décor   
Calvaire et tristesse   
De pierres sèches en déshérence.   
 
Donner de l'air   
À l'eau et à la terre   
Ce vertige insensé   
Que couvrent chair blessée   
L'ordre et son contenu.      
 
À la mi-août   
Furent pris d'un désir brûlant   
Les marins de la Désirade   
Aux Sargasses éternelles   
Le silence de l'instinct.      
 
Plus bas encore   
Dans les cales du vaisseau   
Montaient les râles infernaux   
Telles patelles   
Collées aux échanges criminels.      
 
Il ne suffit pas de payer   
Il fait aussi descendre derrière le miroir   
Et croître dans les marais de la honte   
Être pleurs de l'expiation   
Fossilisés par la douleur.      
 
Au passage du convoi   
De la clause et du jugement   
Les masques du Retournement   
En bord de falaise   
Quémandaient l'interdit.      
 
Juste retour des harmoniques   
Pour la paix de nos sens.      
 
1094