Tasglann roinnean: Bliadhna 2020

l’âme papillon



Nuits et brouillards    
au creux des vagues sèches    
à la retombée des organes en papillotes    
je suis resté de marbre à la porte du chéole.        
 
Fallait y aller    
et j'y suis allé    
en portage minimal    
quelques livres à dos de baudet.        
 
Il y avait des reliques    
sur les parois humides    
et la grotte semblait lumineuse    
pour peu que le silence soit.        
 
L'a-t-on prise au dépourvu    
cette engeance de braillards    
en goguette sur l'embarcadère    
des travaux et des jours.        
 
De thuriféraires point    
juste quelques pantelants animalcules    
chantant à tue-tête    
des prosopopées mariales.        
 
Miaulait néanmoins     
le chat des abîmes à queue de néon.    
sous le goutte à goutte péremptoire    
d'un compte à rebours.        
 
Le fric, le sexe et le bandonéon    
s'en donnaient à cœur joie    
dans cette altière prairie    
où passaient les vents de l'espoir.        
 
Garde tes bijoux Suzanne    
ne nous embarrasse pas de tes soucis    
il est un temps pour tout    
et ici c'est la nuance.        
 
Un grand éclat de rire     
gela la compagnie    
tous se levèrent    
avec peur et fracas.        
 
L'âme papillon    
pouvait se cogner aux vitres de l'entrée    
nous étions assujettis au devoir    
de rester debout devant le vide.        
 
 
 
591

Grimpant à mains nues

    Grimpant à mains nues    
au mur lisse    
les cordes raidies par la démesure    
le son grave du piano    
risquait quelques pas de géant    
sur la lande des attentes.        
 
    S'engagea la puissante bête    
crocs ourlés de babouines épaisses    
dans l'allée aux feuilles bruissantes    
entre les hêtres tortillards    
sans que l'appel soit entendu    
vers la fontaine au loup.        
 
    A contre-jour    
le soleil en auréole    
autour de son chef    
le prince    
dans un nuage de poussière    
menait grand train.        
 
    Les longs doigts de l'étranger  
sur les touches noires et blanches    
martelèrent le doux son    
d'un au-revoir    
à minima    
en respect du toucher d'un silence.        
 
 
590

ÉCAILLES alentours


   Écailles alentours    
marche après marche    
l'énigme du matin    
froisse la tenture    
de la chambre secrète    
érosion tendre    
de la terre abîmée    
de nos courses au ralenti    
pied à pied traversée    
la trace du rimmel sous l'œil    
de la nuit repliée    
couteau suisse    
de mes dix doigts    
papillonnant sur la fermeture    
des horizons     
qu'un vent froid    
souleva    
le long de la sente herbeuse    
pour quelques hectomètres plus loin    
laisser faribouler la roue de fer    
le long de la pente    
par sauts successifs    
jusqu'au ruisseau de l'aspavoune.        
 
 
589
 
 

ÉTREINTE du temps qui passe


   Étreinte du temps qui passe    
montée des souvenirs    
insomnie carnassière    
accueil du matin tendre.        
 
   Dans ce cadre    
sur scène naturelle    
les animaux de la jungle émotionnelle    
caracolent    
froissant les hautes herbes    
mâchoires puissantes en avant    
jambes fines des coursiers en action    
l'œil de braise    
de charbons ardents cerclé d'or    
sur le qui-vive du souffle.        
 
   Étreinte éternelle    
de la mort    
comme ultime raison    
s'échappe par les voies traversières    
le bonheur de la rencontre avec l'autre    
compagnon de voyage    
vers le trait de lumière    
objet des élans de l'âme    
dans le silence de la présence    
barbouillée de nuages    
cachant difficilement    
le ciel profond de notre devenir.        
 
 
588

La Beauté . 1

  La Beauté    
clé de voûte    
nœud des aspirations    
à belles dents    
la dévorer    
du dessus vers le dessous    
relevant ses voiles    
à la merci du fleuve    
qui gronde    
sans recevoir la moindre larme    
à guetter la ressource    
pour accélérateur d'humanité    
s'élever  
à décourager la fatigue    
les mains pleines de sainfoin    
au grenier encapsulé de notre enfance.              
 
  Ô Beauté    
un clin d'œil suffit    
d'une vie l'autre    
mo bheatha    
un sceau de perplexité    
au mur d’enceinte    
des manquements    
ne parvenant pas     
à escamoter    
les regards croisés    
de notre rencontre    
en la marmite de géant    
du bain de jouvence.        
 
 
587
 

Bi sinn ann an cahoots

Si peu étendus    
les projets de la nuit    
en cette continuité des choses dites    
que la mer    
retirée    
laisse perler des larmes de sel.        
 
Au petit jour    
il y aura grabuge    
entre les tenants de la cause nuptiale    
sous un cosmos    
dégageant le bélier    
des pâtures de l'infini.        
 
Ne les marions pas    
sur le timon du char divin    
soyons de mèche    
avec le promeneur   
qui nez au vent    
gravit la Sainte Victoire.        
 
Posons le bât de l'âne    
sous les oliviers sombres    
griffons le fonds du ciel    
apostrophons les enfants du village    
grattons de l'ongle noir du peintre    
la parure des mésanges alentours.       
 
A l'heure toutes    
le message est clair    
sous les simagrées de la crise    
il y a la fréquence des ondes    
en prise directe    
avec les turbulences de l'Esprit.        
   
 
 
586
 

cuibhreachadh

Le confinement faisait désert
de ce tissu des habitudes
la forêt bruissait d'aise
avec les chants d'oiseaux
l'air était pur
et les gens malheureux.
 
Sûr que ce n'est pas là
ce n'est jamais ça
le compte n'y est pas
où nous mène-t-on ?
y'a qu'à
faut qu'on
ils ne savent pas
mais cette marche elle-même
nous constituait et nous libérait.
 
Pensée d'exode
respiration nomade
le chaud et le froid en instance
soif de transhumance
soif des grands espaces du Souffle .
 

 
 
585
 

iteag cothromachaidh


ite cothromachaidh    
ann an cearcall nan co-ionannachdan    
mar a thèid thu    
de chorp Spioradail a ta ann    
tha an guth a' sgoltadh bhriathran    
a' feitheamh ri ricochet    
tha am beachd sin a’ cur fàilte air.        
 
Togail cnàimhneach gaoil    
fo sgàile na h-oidhche    
a thogail    
ath-thogail    
am bothan tùsail    
na chois    
an cleachdadh caillte     
eadar caochan agus aoibhneas.        
 
 
584

Toll anns na beanntan



Dh’fhàg mi mo phàrantan air an rathad
Fhuair mi a-mach às a’ chàr
mo chasan a shìneadh.
 
Bha na beanntan dlùth agus glè àrd
aig bun a' ghlinne bha mi mar gu 'm biodh mi air mo phronnadh.
 
Dh’fhalbh iad
agus chan fhaca iad tuilleadh.
 
Sneachd anmoch as t-earrach
bha iad ag argamaid mun t-slochd
le uisgibh mòra torr- ach
gun robh cuairteachadh an àite a’ dèanamh fuaim.
 
Bha clachan agus creagan a' cur bacadh air an t-sealladh
mar uiread de phuingean ceangail
nuair a leughas tu na h-àiteachan.
 
Chaidh mi faisg air an drochaid
a chaidh thairis air torrent feargach.
 
Ann an cidhe na drochaid
bha toll ann
às an tàinig ròp a-mach.
 
loisg mi.
 
Thàinig clachan,
mìrean beaga
a bha dìreach ag iarraidh a dhol a-mach.

Dh'fhàg mi an ròp
a bha sruthadh air ais a stigh.
 
Thug mi air falbh an ròp
agus thàinig clachan ùra a mach.
 
Às deidh grunn thursan is teachdaichean
den obair glanaidh seo
guthan nan tuathanach
chualas.
 
Chuir mi stad air mo ghnìomh 
a leantainn ann am mac-meanmna.
 
Bha trannsa ann
ulaidh
caisead
sporan leathair
cnapan òir.
 
Tha ùine air a dhol seachad.
 
Lorg mi mi fhìn anns a’ bhaile faisg air an drochaid
tighean ìosal cloiche mu'n cuairt
pòsda le cloinn
agus mo ghnìomh mar fhear-briodachaidh tuathanaich
thog e m' ùine uile.
 
Na beanntan an-còmhnaidh àrd
fàs eòlach
frèam nan ràithean
bha an t-slighe chlachach air a dhol seachad
air rathad cumhang asphalt.
 
Bha an toll ann fhathast
cha robh aon bheatha gu leòr airson solas a thilgeil air an dìomhaireachd
'S mise an tè leis an robh an guth trom
gruag bhàn
an t-sluaigb gu brath.
 
 
583
 

Giotàr gàire

 
 
 
 Visage chiffonné
 des rideaux de la nuit
 amorce d'un silence.
  
 Vierge caudine
 aux menus bras blancs
 sous la veste d'épeautre.
  
 Giotàr gàire
 aux lèvres purpurines
 et voix de miel.
  
 Phylactère anisé
 de notes aux yeux de braise
 sous le halo bleu
  
 Gorge franche
 aux tendons effilés
 elle est unique.

 Unité de soi 
 unité du monde 
 unité de l'invisible. 
  
  
  
 582