Tasglann roinnean: Bliadhna 2019

jano le costaud

   JANO le costaud   
renversa la table
le bougre en son irascibilité
et la bougie qui s'y trouvait
et la banalité de la soirée
partirent les invités
chancelants en ordre dispersé
le chapeau à la main.

JANO l'enfant
posé sur une chaise restée debout
les yeux accrochés au lustre
deux gros yeux pairs
pour une pipette de verre
que le chat négligemment
tentait de capter
tel le mickey des fêtes foraines
JANO pestait.

Fallait que le jour vienne
compatissant
démesurément éclatant
pour qu'en chaque recoin du palais
jaillisse richesse inoculée
une lumière aveuglante
à faire se courber les dendrites
hors la source des cellules.


518

uchd nam briathra milis

   Le clapot des mots doux   
ensemencent la main des simples.
La laine des moutons
contre les picots du barbelé
signe le vent.
D'une rêverie l'autre
s'enchevêtrent les souvenirs
au gré du torrent.
Il n'est de trêve
passé le gué
que les mâchoires de l'oubli.

Mon ami le néant
a rompu les amarres
et vogue trotte menu
parmi les poussières d'étoiles
que nous ramassons
le soir
lorsque nuages et lune
retournent au combat.

Chan eil àm ri teachd ann
qu'au service du monde
lorsque tombe la pluie
pour qu'arc-en-ciel des désirs
être fidèle à son âme.


517

Bidh a’ ghrian a’ sèideadh nam balùnaichean

 Bidh a’ ghrian a’ sèideadh nam balùnaichean   
 an t-sàmhchair   
 craobhan gun ghluasad   
 bidh companaich an dàrna fear a’ sgrìobadh an làir   
 bha an oidhche neo-iomlan   
 bruadar far nach b' urrainn dhomh leantainn   
 sa chùrsa bha agad ri figearan a dhèanamh   
 air chois agus air baidhsagal   
 agus dèan co-sheirm   
 Dhiùlt mi dad   
 bha mi dìreach a’ feuchainn   
 aon uair ‘s gu robh mi eadhon an dùil    
 ach chaidh mi air chall   
 " fàilligeadh air an dùthaich ".  
    
 Nochdaidh caraidean a dh'aithghearr   
 madainn an-diugh bidh e na latha margaidh   
 an uair sin streap gu Col de Gilly   
 aig biadh meadhan-latha shuas an sin   
 an sin teàrnadh mu dhà uair   
 gus coinneachadh ri bean an dealbhadair   
 agus tadhal air Taigh-tasgaidh Eachdraidh Queyras   
 Mu dheireadh air ais air beulaibh an Tbh airson an Tour de France.      

 Bidh na craobhan giuthais a’ fighe a’ cheò air oir an t-samhraidh   
 innealan cidsin a’ deàrrsadh   
 air beulaibh a 'ghrian a' sèideadh   
 a’ frids.   
   
 tilg clach anns an abhainn   
 bhiodh na ciad stiùirichean   
 aig mìle ceann-uidhe an latha.  
    
 Chuir an Laguiole eadar sgàil agus solas   
 air an aodach-bùird gorm anns an t-seòmar suidhe   
 cagnaidh na cuileagan beagan bìdh   
 air gruaidhibh geal mo ghàirdean. 
     
 Bidh mi a 'teannachadh notch   
 candelabra nan dùil   
 ann an lag a' bhata sguaba   
 b’ fheudar sin a thogail   
 forc daingean   
 air a' chairt-togail   
 gable after gable   
 dh'ionnsuidh an fhogharaidh mhòir.   

   
  516

gearan ri buaidhean meirgeach

   Puing aois  
cò leis a tha na cuimhneachain
gus ar brosnachadh
gnìomhan ciallach
deas-ghnàthach eadhon,
a’ nochdadh dealbhan
le neart deatamach
de chorp agus anam
partaidh.

fuaigheal pòsaidh
daingneach porous
air a lìonadh le seilbh cumanta
ann an cunnart
gun fhìor chunnart
air eagal gu'm brisear suas e
pòsadh an riochd òg agus gàire
ann an uaigneas iomlan
sans que visage surgisse.


514

Mariage à tout âge

 Puing aois  
 cò leis a tha na cuimhneachain   
 gus ar brosnachadh   
 gnìomhan ciallach   
 deas-ghnàthach eadhon,   
 a’ nochdadh dealbhan   
 le neart deatamach   
 de chorp agus anam   
 partaidh.  
   
 fuaigheal pòsaidh   
 daingneach porous   
 air a lìonadh le seilbh cumanta   
 ann an cunnart   
 gun fhìor chunnart   
 air eagal gu'm brisear suas e   
 pòsadh an riochd òg agus gàire   
 ann an uaigneas iomlan   
 gun aghaidh a nochdadh.    

  
  515

ann an earbsa, uile

   D'une patte réjouie   
en élégante compagnie
elle avançait sur le chemin montant
de sable et de graviers grinçants.

Il fallait passer par là
sans se couvrir de faux-fuyants
d'adorables rouflaquettes
de queues de pie
d'enflures démonstratives
ni de bastonnades à l'égard de l'ego.

Je suis
donc j'avance
sans que le reflet ne m'étrangle
j'organise le camp de base
j'équarris les angles de la permissivité
je crée.

Pas de mentalisme
l'action livre ses horizons
l'œuvre éclot
la confiance est là
pleine de coquelicots
en corbeille pleine
d'une réciprocité l'autre
aux confins d'une réalité ordinaire et non-ordinaire.


511

naissance résurrectionnelle

   Sur le pont les trains passent   
vibrants et colorés
grappes de souvenirs
à la gorge arrachées
orgueil remisé
l'air vibre du rauque des crapauds
les chapeaux tombent
les cheveux se dressent
un bouquet de fleurs des champs
une senteur de foin
une éclaircie entre nuages
le temps est en plein emploi de lumière.

Frappe de la mailloche
le cuir du tambour
le son court
ridules de la rivière
les cloches à la volée
entrent au temple
les officiants de l'acte
gravissent le mont des muses
sous le chant psalmodié
des guerriers de l'oubli.


512

Pas à pas de voyage en voyage

  


Pas à pas,
de voyage en voyage,
en l'arène d'un cirque
où la roue tourne
la rumeur soulève les rideaux de velours.

Entrée colorée,
barnum bruyant,
poussière soulevée
du cortège animal
les passions de l'âme
élevées aux pinacles des temples
démantèlent
la lente construction de la raison.

De sang et de couleurs,
les cris furieux des Erinyes
ont détruit les paysages de l'enfance ;
les lèvres d'argile des sources
ont fait place
aux buses de ciment,
la pierre des protections a été arrachée,
les haies ont été abattues,
les fossés comblés,
le renard argenté
ne trouvera plus le centre des offices,
un vent mauvais rabat les grumeaux de terre
vers les terrasses de pierres sèches,
un vieux frêne murmure ses dernières dispositions.

La nuit roucoule,
pigeons de l'âme
a' crochadh thairis
des manquements à l'humaine condition ;
les mensonges populistes
remplacent le chant des poètes,
les chenilles des engins de guerre
suivent les souliers ferrés des poilus,
le ciel s'assombrit,
même les arbres sculptés par le vent d'ouest
se sont couchés sous la tempête.

L'air est fétide,
contre le mur des lamentations
les papiers de l'envie
froissés et forcés
aux jointures des pierres
couvertes de lichens
deviennent chairs pantelantes
d'un tsimtsoum aléatoire.

Les mains décharnées,
hors des poches à l'avenant
écorchent l'oubli ;
les yeux révulsés
clipsent les valeurs de l'esprit,
crème sulfureuse
maquillée d'un sourire de clown,
nos errances dernières sont à portée des crocs.

La fureur fait place
à la nuit,
au silence,
enlaidie par les passions de l'âme
des combats et des haines ;
pommelée par la levée
des moissons nouvelles,
annonciatrices des renaissances à venir.

Il n'est d'herbes officinales
que celles du printemps,
herbes collégiales
du baiser des amants
dispersés
en quête du grand chambardement,
un quignon de pain
en fond de sac,
l'eau dans le creux de la main.

Nous entendrons le son des ricochets,
cailloux jetés sur la rivière,
à portée des demandeurs d'asile,
en sortie d'exil.

513