Heurtoir sur la porteMa maison est en boisQue le gong allège .Soif de dire le sonDes oraisons en pâmoisonHors l'ordre vitupéré .Mâchure de l'espritSous le ciel d'un cœurImpact des balles fraîches .Corridor essentielPour de plus amples promenadesSans rambarde pour devoir .Au creux des encensoirsFiltre le doux regardDe l'enfant en devenir .Prune écrasée entre deux doigtsGant de crin mouilléOffrande aux mille bouddhas .262
Tu ouvres l'œiltu fermes l'œilet ton doigt sacrémontre le cheminsi loin, si procheobjet sans objetnudité absoluele coloriage qui t'animeest épaisseur impénétrable .Elève - toisois l'aigle glatissantcueille les grappes de la vigneéponge ton frontcaresse le chien qui passe .Ô homme,ô femmeirradiants ensemblela mandorle des saisons .Cloches, croches,au son du tambourinairesoyons le verbe des officiantscarène de la rumeur processionnaireclaquement de bannièresous le linteau des entréesprésence coutumièredu paladin sous la coupoleen quête de lumière .Il n'est d'Être réaliséque l'acrobateélevé par les hourrasau sommet de son artsourcilleux devant la demandeécartelé par les voix angéliquesprêt à tendre son miroir concaveà celui qui, mangwanani-ngwanani effectuera le retournement . ( Détail d'un tableau de Manon Vichy ) 261
Oui , ensemble se dire comment c'est la vie là simplement devant soi entre étonnement et gravité profondeur et légèreté en sourdine ou avec éclat comme ça vient en son cœur être au plus prêt de soi .
Oui , ensemble sur terre , kufamba de chair et d'esprit , se lever le matin se coucher le soir participer à la répétition des chants sacrés lire quelques pages de poésie s'échapper par de belles pensées donner sa pâtée au chat sans oublier ses médicaments guetter le temps qu'il fait faire quelques pas le nez au vent observer la nature qui se déploie voir si la mangeoire aux oiseaux est fournie prendre le petit déjeuner à deux soutenir l'autre dans sa parole échanger pour pousser plus avant la réflexion sur les choses de la vie puis méditer rentrer les poubelles aller relever le courrier se dire ce qu'on va faire cette journée les courses à l'Intermarché , à Botanic , chez le boucher , penser aux coups de téléphone " Il va falloir que j'aille chez le coiffeur " .
Prendre soin de son corps , de cette tête migraineuse , du voile devant l'œil , de ces dents de Cadmos de ces mains Dupuytren , de ce bassin engoncé , de ces jambes opérées .
Oui , ensemble descendre comme vous vers la mer les charges occupationnelles s'estompent nul n'est indispensable être désengagé professionnellement le pré carré devient essentiel fleurissent les images des brassées d'idées convergent d'où émergent des arrangements des cadres où poser les œuvres en déconstruction et construction de là où on est la quête du sens des choses se précise rêvasser , de douces et fulgurantes émotions montent du ventre et du cœur , obligé que je suis de tendre vers le grand Mystère .
Oui , ensemble tirer sa révérence grapher sur le papier des mots de sang , des mots d'esprit dans le petit carnet à la page d'aujourd'hui au jour nouveau de fraîches lunaisons attendent encore telle une éternité offerte bien au dessus de soi mais visibles par temps de brume entre chien et loup quand la flamme se reflète au plus profond de l'âme shamwari yangu , mon cœur , ma déraison , ma déférence , ma dérobée , ma merveilleuse échappée , l'offrande consentie mambakwedza d'une tendresse à promouvoir.
Oui , ensemble il y a ces souvenirs , surtout ceux de l'enfance brouillamini d'un passé révolu et qui néanmoins collent à nos basques immense conglomérat de traces qu'organisent à petite montées de bile l'intelligible nostalgie du veilleur .
Oui , ensemble et puis tant de choses , encore , à se retourner dans tous les sens à faire lever la poussière de notre espace , séjour des morts avant la lettre , à fixer les points géodésiques forts , repères pour les futures générations , à ne pas manquer la cible des pertinences .
Devant moi la terre devient aride les hêtres et les chênes de nos forêts ont laissé place à quelques buissons épineux le sable pénètre les anfractuosités de nos tours de Babel .
Avec mes mains , ma voix , mon regard j'écris ton nom toi le Futur Venu toi , Liberté , Lumière et Mort Nuit et Jour .
je mange les derniers fruits ces baies rouges , noires , jaunes et vertes j'habite tel un arlequin les couleurs de l'amour je suis émerveillé par le passage de la nuit au jour et du jour à la nuit surtout en nature , par temps frais quand au petit matin le soleil se lève , repoussant ses draps de miel pour embraser l’entièreté de la voûte céleste clameur de bien plus que soi aux confins de l'espace de l'accompli et puis y'a la pluie cette pluie toute neuve d'après sécheresse qui fait se lever les fragrances endormies et fouette le visage d'un éventail d'odeurs promesse de rencontres inouïes .
Oui , ensemble en promenade sur le plateau battu par les vents d'ouest je m'arrête et repars quant je veux au gré d'une douleur à la jambe au gré d'une blessure sur un tronc du frêne les hautes branches dansant dans un souffle aux effluves vigoureuses .
Oui , ensemble c'est un sémaphore aux fleurs de coquillages que les yeux du néant perçoivent immense élan des vagues éternelles frappant sans relâche les rocs de l'avenir et les maigres barrières tout autour de cet objet si doux que l'on pousse devant soi et derrière soi de tous les côtés à la fois en ordre et en désordre hupenyu Sa Vie cette béance de commencement en commencement , ce creuset des opportunités , cet appel de l'aube , oui , mais ensemble .
KutarisaDu côté des margueritesAux tiges longuesDes coccinelles remontantes .Kutarisa En haleine d'êtreDu frais partageDes mots de tous les jours .Kutarisa De toi vers moiÀ pieds joints dans la flaque d'eauDe moi vers toi .KutarisaVenu d'ailleursLa trace d'un passereauFuyant sa signature .Kutarisa Qui embrasse sa vieEt prend conscience de sa mortComme le matador dans l'arène .Kutarisa De l'entre-deuxAvec sa condition spirituelleEt infiniment mortelle .Kutarisa En sa solitudeDans ses limitesDans son ouverture .KutarisaQui n'a rien à fairePour se contenter d'êtreCe qu'on est .KutarisaQui permet de vivreMalgré les ignorancesGrâce à son innocence .KutarisaQui adhère sans savoirAu souffle le ventD'où procède la lumière .KutarisaQui sauveEn équilibreDu risque des cris et des pleurs .KutarisaUn premier pasLa foi du charbonnierComme en passant .KutarisaSi présentQui sauve et s'exposeLe temps d'une métamorphose .Kutarisa Qui transmetLe sable du désertÀ petites goulées de mystère .KutarisaD'une vie l'autreUne forceÀ soulever les montagnes .Kutarisa kwemaharaComme la lune en plein jourDans l'exaltationDes paupières battantes .KutarisaDisponible dans l'instantDisponible à tout jamaisComme ultime ressource .KutarisaQui ne fouille pasMais rassembleLes étoiles du matin .KutarisaTel un soleil levantEnturbannéDans ses draps de miel .Kutaridzika kunotapiraUne merveilleDu bout du doigtNu retenu vécu .259
ruoko rudiki rwakatambanudzwaSe leva vers les cieuxPour capter le nuage errantSans s'affubler du passéSans les pleurs de l'arbre aux fines écorchuresSans le pas menu du chevreuil sur la feuille sèche .Zvadaro , Devenu cornemuseDe ses doigts de féeLaissa passerLa moelle d'un sonFrappant de son aileLe paralytique de la relation .Mirliton wepfungwa dzanguFace à la haineL'amour et la foi se rejoignentJoie dépouilléeDe toute définitionEntre doute et fidélitéD'une intense émotionÀ parcourir le chemin intérieur .Musandishandure musuwo unomonerekaQui s'ouvre et se ferme à tout vaAlors que le temps presse de séparer le subtil de l'étherAvant de bénir ses enfants .Iva nechivimboAu parapet des circonstancesLe visage de sortie d'holocausteReflète un bonheurGrandeur du feu essentielSauveur de l'oubli de soiSauveur de la confusion d'avec soi .258
Tsamba pirouetteÀ l'arrivée de celle qui ne vint pasAux commémorations des mots mordus par la dent principielleAux safran sachant chasser les vents mauvaisAux callunes courbées sur la lande de l'enfanceAux fresques enrubannéesQue dis-je ?Si je ne fabrique l'au-delàQue fais-je alors de si parcimonieuxEnunyoro ballerinasAux creux des vagues amoureusesÀ se fâcher avec la bêteÀ s'élever au matin gracieuxPar dessus l'hypertexte des attentes claméesEn chasse-patates derrière le peloton moutonnierJ'erre en carême d'ÊtreEt produis le déficitEstuaire frémissantD'un mascaret de circonstanceAu marquage des dauphinsEn vacance du tout venantEn acceptation du tout venuGriffant d'un ongle acéréSur l'orgue basaltiqueLes errances parcheminéesCes questions froidesEn avidité de connaîtreAu désespoir d'avoir connuLe simple effet d'un sonAu point chantre de l'égliseMa jungleMon Guernica des causes perduesMa vaillanceMa basilique Saint-FerjeuxMon enfant de terre et de cielUnique élan du savetierPrès de sa galoche centurialeÀ décrépir les monts et merveillesD'un horizon éloignéÀ force de ramesSur la mer MorteEt de coups de mentonContre le mur des lamentations .257
ChromosomesFarfadets de l'aubeAlter ego s'évertuantÀ caresser de leurs osLes murailles lassesDe nos châteaux endormis .Iyo asphodel inosanganiswaFanges et végétations ourdiesAux luxures de l'espritFenêtres ouvertesEn pâmoison d'EtreMweya wangu , kusuwa kwangu .NotchedDe moellons parcimonieuxMontent des tours barbaresL'énuclage des ouverturesGémissements se prolongeantAux flexures du temps .Raison dernièreDes contes de la mère l'OyeS'écroule l'orgueDes vestiges blasonnésFêlure matricielleAu centre du baldaquin .Memory mudiwa wanguRecouvre de voix hilaresAu déplié de l'échoLa chaste offrandeDe nos lézardes pantelantesMa peau mon unique .Kupopota kwehudiki kwaenda Craque la chaîne générationnelleEn ses espoirs ses projetsCes jets de pierresContre l'histoireAux maillons rouillés .Nyika yedu yakachenjeraAlourdie de forêts profondesSous l'échauguetteunorangarira hereDe la douceur des soirs de moissonMa bien-aimée .Iwo akasimudzwa slabsApparaissentRosissante rosace du néflier roiPrudent propagandisteDes fruits offertsAu meilleur d'entre nous . .Kukanda kubva kumumvuri kuenda kumumvuriL'épée de lumièreDans l'imbroglio des poutres enchevêtréesD'avec les murs pantelantsLes oiseaux piaillentSous les effluve d'une pluie odorante .husiku hweropaEntre nous traverséesLes parures s'écaillentPar delà le zeste d'une friseMa main contre ta joueMa pomme d'été .Iri pasi nemukoto Que nous sommes arrivésEntre les arbres encorbellésLe pied légerLe menton en godilleNous les danseurs d'une passacaille .( Photo de Bernard Lépinay )256
Ndakarambwa here ? Ndakabviswa zvachose muguta ? Ko gonhi remusungo harizarurwi here kumativi edombo et cet être énigmatique m'enjoindra-t-il de le suivre ? Je le suivrai muMaze kuvhenekerwa nechiedza kubva pasina .
Kuchimbidza nhanho je trébucherai sur les aspérités du sol kutya kutadza kumuona .