yasvika nguva yekuenda kubasa

   Vers le haut de la montagne   
à la cime des arbres
pendent les chiffes colorées
que les rapaces ont dispersés.

A l'affût près des roches moussues
à la source intérieure
le loup guette
le museau frémissant.

Montent de la vallée
le cortège des humains
raclant de leurs souliers cloutés
les cailloux du chemin ferré.

S'arrêtant dans la clairière
ils déposent le fardeau
ce corps mort
sur un tronc d'hêtre brisé.

S'élèvent les chants de l'autre temps
d'ailleurs et d'aujourd'hui
mariage des sons gutturaux
et des plaintes légères
tel un feulement amoureux finissant.

Par dessus la forêt
l'astre solaire explose
écartant les brumes matinales
il redresse les forces inversées.

Il est temps de se mettre à l'ouvrage
de poser les gouttes de rosée sur la feuillée
puis d'allumer le feu de la fertilité
en éclosion d'infini.


445

Les petits papiers secrets

 Yeminhenga yakanaka   
 hummingbird yakawira murudo.  
    
 Maziso anotsinzinya   
 kutarisana nekusurukirwa kwehuduku. 
     
 zvibhakera clench   
 kana pasina chinhu chiri nani kuita.  
    
 À demeure l'au-delà se recueille   
 kana nguva yatsemuka pombi yayo.  
    
 À genoux devant la fontaine   
 dandemutande rimwe nerimwe remvura rinonatsa.  
      
 Mumutsara wemaparera
 ropa reziso re fleurette.   
   
 Chiyeuchidzo chinogara chiri ndangariro   
 kusava nemisodzi.
      
 Ziva chipo chemisodzi   
 matrice des connaissances.
      
 Nokufamba kwemakore   
 pfuudza kuwandisa kwekuzvida  
 tambidza kutamba zvisina maturo   
 pfuura nyaya yekutanga   
 fambisa dzidziso huru    
 bvisa maronda   
 pfuura nostalgia kune imwe nzvimbo.
            
 Sezvo mikova ichivharwa   
 anozarura runyararo rune dutu   
 hupenyu hwedu hudiki hunozaruka   
 anovhura gore retsitsi    
 s'ouvre la nécessité de prendre soin   
 inovhura kunamatira kwakakwana kune chii   
 kunozarura chinangwa muupenyu hwake.  
    
 À la cloche de l'étude   
 Ndakapfeka apron yangu yegrey   
 nebhandi rake rakasimba   
 avec au cou   
 menduru inoshamisa   
 uye mapepa madiki epachivande aya   
 zvakasungirirwa kune suspenders   
 corduroy panties.   

    
443

Zviso zvedu zvine nhumbu

 D'un revers de la main   
 il a convoqué le signe   
 apparu sur l'écorce du hêtre   
 embranchement des tensions   
 d'une poussée verticale   
 alors que le frisson parle   
 au cœur de l'humus foulé   
 par la galoche cirée.  

 Il est des nuits de lune pleine   
 à saupoudrer de fines étoiles   
 le pavement des villes éternelles   
 accrochant à la ramée   
 la chaleur du jour dissipée   
 que rosit les joues fraîches   
 de nos visages enceints. 

 
444

Je te tiens tu me tiens

 Je te tiens tu me tiens   
 par la barbichette   
 et ne tiens que vent   
 et boule d'or   
 roulant à fond de ravin   
 vers la cupule des origines.        
    
 Je rêve de te tenir   
 par la barbichette   
 alors que tu dors   
 homme dissipé   
 aux incartades oubliées   
 sans appui sans chemin.    
  
 Le nouvel acte approche   
 le petit enfant rêve dans le sein de sa mère   
 et la question est pesante   
 être couché dans le vide n'a rien valu   
 terrifiant   
 que de regarder en arrière.      
     
 La boule d'or plonge   
 l'écume la recouvre   
 un bruit de rires cumulés   
 monte des marmites de géant   
 l'enclume sonne le dernier rappel   
 brisant l'ordre des choses.      

    
442

Le vieillard aux galoches de vent

 Cette nuit   
 d'avant les chants d'Hildegarde   
 mirador planté dans les herbes folles   
 une pincée de sel à la volée   
 contre la carène des visions.   
   
 La calèche s'éloigne   
 sur la sente pierreuse   
 point de mission en perspective. 
     
 Juste une main tendue   
 dont les doigts se taisent   
 quand passent fraîches   
 les robes à fleurs des demoiselles d'honneur   
 de rires contenues   
 devant le vieillard aux galoches de vent.  

     
441

l’ouvert pour l’autre

  L'Ouvert en soi en moi   
l'Ouvert pour l'autre
l'Ouvert à l'autre.

Retournement des yeux
coquillés au reflet de la libre issue
par les yeux de l'animal.

Dès l'enfance
nous fûmes sur le parvis des apparences
le support des remontrances.

A écrire le plein et le délié
de pinacle en chaire sermonnante
à remonter la pente.

Et puis le jour fût pure essence
et les fleurs s'ouvrirent
appel tambourinant des ménestrels.


440

de monter vers l’aiguille

   De monter vers l'aiguille  
précède la descente en abîme
la collerette sage du barbu de l'oubli
courbure d'une main
mon âme fleurie
sur le rebord en fenêtre
signe d'élans
de pas dans la neige
à regarder se dépouiller
les branches de leur manchon de miel
chute lente mais néanmoins audible
menus sourires s'époussetant
le bras tendu vers l'horizon
qu'appelle le soir venu
le trait de lumière
annonçant sous la porte
le retour des oiseaux
vers leur niche nocturne.


437