L’ombre des ardents

Du gris dans le ciel   
au ressac de la mer   
l'horizon palpite.      
 
A grands coups de pagaie   
l'ombre des ardents   
remonte sur le quai.      
 
Des cris agitent les cordages   
le bois gémit sous l'assaut de la houle   
sur le pont les mousses écopent.      
 
Puis vint le temps   
des calmes paresseux   
où la mouette apparut.      
 
Sempiternelle lanterne   
à la poupe brinquebalante   
l'ordre était de voir.      
 
A se tenir loin de la côte   
engendre à pleines brassées   
l'immobilité des sargasses.      
 
A l'origine il y eut la trame   
la trame des sens organisant la prise   
prise équivoque de qui parle sans agir   
en aspiration vers le haut du paillou   
là où le cercle de fer ceint les gerbes sommitales   
en adaptation avec la finalité   
finalité endimanchée se tenant raide   
raide comme une œuvre en rappel   
que la paroi épouse   
de la mère à l'enfant   
ouvert aux foudres du père   
juste la consolation feinte   
avant que le jour se lève   
et que cligne de l'œil   
l'abeille bleue du bourdon des origines.      
 
 
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La cupule du destin

     A livre ouvert   
pour que la nuit vienne   
l'orage s'abreuve au guignolet des ondes folles.      
 
Il est nécessaire de pousser la page   
hors des limites du supportable   
jusqu'à la garde à l'improviste.      
 
Du creux des vallons   
montent les pleurs   
près de la pierre qui vire.      
 
Et que vivent    
les fibres cousinières   
de nos rencontres d'été.      
 
S'il est permis de naître   
et bien naissons dans un essaim d'abeilles   
sans que le sachant sache.      
 
Poussée retenue près de la rivière   
la poudre d'escampette   
offrit la paix et la lumière.      
 
Sous l'arc-en-ciel   
de nos souvenirs posturaux   
s'organisent les claquements de langue   
orgiaque apparition   
des mains aux veines marquées   
dont les doigts de verre   
à petites lampées   
plongent dans la cupule du destin.      
 
 
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Aig stairsnich cridhe mòr

     Au porté-jeté d'un cœur immense   
la violette dépouillée   
et simple d'un vide abyssal   
se paraît de ses mains silencieuses   
aux écailles terminales   
d'un habit de circonstance   
parure sans découpe   
abandonnée sur le rebord de fenêtre   
dans le bol de grès   
en attendant la pluie   
sourire de vie   
qu'un temps nous avions recueilli   
telle la balle d'un enfant   
jetée inopportunément dans le jardin d'à côté   
au lieu dit des nuages flottants   
de brume et de lumière drapés   
cache-cache des mots   
en prise instantanée   
chantre des traditions de l'armorial  
pour engager le pas sans ombre férir   
près des arbres de la Montagne   
le silence innervé   
par le miel des poètes   
d'une saveur harmonisée   
d'instants d'amour   
et d'envol vers de nouvelles moissons.      
 
 
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cnuasachadh .1

     Gus an 2000   
Bha mi a’ fàs suas agus an uairsin v’lan
uile ann am baga iomaguin
Chaidh mi seachad air a’ bhacadh
lorg mi coit
fo drochaid nan dìomhaireachd
beachdachadh air an t-solas
tro dhà cheann an teileasgop
ag èisdeachd ri uchd na h-aibhne
gus cuid de bheachdan gòrach a thoirt seachad
air slighe na h-ùine
o ràithe gu ràithe
air ais bho shaor-làithean
sin a ràdh riut fhèin aig toiseach na bliadhna sgoile
bidh buaireadh ann
agus gu'm biodh an adhar foghair air aghaidh an t-samhraidh
chan eil e math
mura tèid a thoirt air falbh le breab litreachais
poca nan euchdan bhon latha roimhe
na sguaban seo de bhriathran agus de chuimhneachain
na oran a' chladaich
exhale le aithreachas
eadar rud agus cànan
a leughadh gun a bhith fo-sgrìobhadh
lorgair maireannach
gun a bhith toirt air falbh bho panegyric nam beul slàn
a 'feuchainn ri àite a bhith ann
gus bogha-frois de luachair cinn a thogail
ach an t-òr airgid a ghluaiseas gu luath
a tha iomchuidh air smugaid luchd-gaoil an spioraid fhaotainn.      
 
 
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