Arrêt inopiné

Arrêt inopiné  
le long de la route    
aux platanes érigés    
pour se dire je t'aime    
puis repartir au devant de la vie.        
 
Sortilège du liège    
accompagnant en sourdine    
la flûte de Pan au feuillage bruissant    
de cette nuit d'été    
à l'odeur malicieuse.        
 
Sur le pont Saint Pierre    
à l'aube revigorante    
chantaient à tue tête    
les athlètes de la voix    
aux arpèges dissonants.        
 
Remontèrent le quai des Augustins    
les mandarines écrasées à pleine pogne    
faisant jaillir le jus des jours heureux    
comme ci comme ça    
à la lueur des réverbères.        
 
Sur l'avenue de Paris    
le sourire menton levé    
ils allaient les parents    
passant la bouche de métro    
sans louange excessive.        
 
Des âmes légères    
vibrantes en bord de Seine    
fouettèrent d'un regard doux    
la lumière passagère    
d'un ciel au masque d'or.        
 
Au pardon des vignes mâles    
les rires de joie    
gavaient les allers venus    
de l'hébétude    
d'une dentelle désuète.        
 
Signe des temps    
à la lune invitée    
sur les pavés luisants de la rue    
claquaient les sabots de vair    
du joaillier céleste.        
 
 
678
 

Sainte corbeille


Sait-on jamais    
ce qu'il faut faire    
pour que la porte s'ouvre.        
 
Nuages passent    
en leurs carrosses de coton    
tels baisers de paix.          
 
Mission claquemurée    
que la cavalcade    
dans les ruines du palais    
à te servir    
me mit dans la difficulté        
de saisir la tige d'aquilée    
sous la barbiche du maître    
sans servilité    
au vestiaire des rimes amères    
et de porter en préambule    
la plainte des âmes errantes    
devant la corbeille carmine.     
 
Fissure intermittente    
dans le mur des incantations    
nous pûmes ramener sur terre    
l'acquit du passage en ciel     
cet oublieux clepsydre    
à la parure poétique   
pour frapper le fer rouge    
dans la forge de Pierrefite    
alors que brume s'élevait    
près de la narse aux oiseaux   
laissant vision de nos ancêtres         
de jonquilles et narcisses parés.        
 
 
677

Les trente et une journées de nos meilleurs mois

L'orage gronda   
par sa naissance-éclair    
en fond de corridor    
au son des mirlitons de l'enfance.        
 
Maman geignait   
Papa de-ci de-là se dandinait    
et le papier déchiré du salon    
accordait l'émotion à l'instant.        
 
Il y avait du sang    
au salon Westminster    
par un trait de lune    
la porte s'embrasait.        
 
Les divines femmes    
recelaient plus d'un trésor    
sur le plateau de fruits roux    
consommés prudemment.        
 
Fût mis sur le marché    
notre quête éternelle    
de gui suspendu   
aux bougies grands parentales.        
 
Montèrent du tréfonds
parures et flonflons
au creux des vallons
le souffle du vent doux.
 
Pommadé de près    
cette joie d'accomplir    
le transit au détriment de soi    
comme la loi le mande.        
 
Fards sous les yeux    
des mitaines de raison    
les sabots de bois ramenés de Saint-Flour    
organisaient le tintamarre.        
 
Saisis, de plein pied    
je sus qu'il fallait quitter    
le droit chemin    
grignoté par l'ennui.        
 
Branchages étalés au sortir du moulin        
la côte fût gravie    
en saupoudrant la farine    
Grandchat nous précédant.    
 
Passèrent de belles âmes    
poursuivant leurs reflets    
d'hommes et femmes de terre       
vers le couloir des Elus.        
 
Seules sur le dévers    
à contempler le ciel       
les étoilent pleuraient     
devant les gouffres amers.        
 
Mise et remise    
de cet effort violent     
les violons redoublèrent de piquettis     
sous l'averse soudaine.        
 
Ne mentons plus    
songeons aux valeurs océanes    
les jours venant    
et valsons la nuit.        
 
Je ne t'oublie pas    
seulement à bout de mots    
parfois à la faveur de quelque instinct    
claquons des doigts un veni vini vici.        
 
Ferrures sautées
ils alignèrent les pierres précieuses
sur la contre pointe
le ciseau des émotions à portée de main.
 
Bruissement d'ailes à l'octave    
annonce le frimas    
chauffage sous tension    
de bel et noble échanson.        
 
Follicules estimés à la douzaine    
ce furent belles années    
toi et moi en ressourcement d'être    
sous les cèdres de Bonnieux.        
 
Point de nouveauté    
sans l'appel et son échos    
aux vitres chamarrées    
de ces heures de courte paille.        
 
D'un bout de quignon     
aux levures gris souris    
le pain fût étiré    
et le couvert mis.        
 
Ne redoutons pas le retour    
des choses tièdes    
soyons le cerveau des pensées en fièvre
aux vieilles masures accoutumé.    
        
Les planches disjointes    
noircies par le feu de bois    
en l'âtre disposé à céans    
les chaises paillées par devant.        
 
De retour des champs    
à ribauder et chanter    
puissions riveter ferme le casque des soldats     
à même la tranchée.            
 
Ombres chinoises aux baguettes fines    
sur le castelet de papier crépon    
danse le charivari    
du souci de paraître.        
 
Si ce n'est d'être    
main courante cherchant la chair    
par temps de dépouillement     
acceptons la lettre et l'esprit.        
 
Sûr de soi, ému
un doigt devant les lèvres
l'ombre se dressa    
dans le vol du faucon.        
 
S'époussetait    
le valeureux chevalier    
des manses et tenures à perte de vue    
droit comme matamore.                
 
S'encastrèrent
la peur et ses douleurs
dans les rayons de la roue
à mesure des rides de l'asphalte.
 
La mère l'Oye    
déroulant la mue dernière    
du serpent allaitant    
vint la flèche solaire.        
 
Paré et recouvert des perles     
d'eau et de soleil mêlés    
s'échappa l'adagio    
par les ouïes de nos rimes étranges.        
 
Le meilleur est à venir    
d'une vague l'autre    
tendre le moussu de la crête    
vers l'aurore sans frontière.        
 
 
676

C’est bô

L'œil offert à ce qui est    
sem esperar    
ce qui est là et pénètre le photographe    
ça respire    
ça laisse place au venu venant du sens    
dont nous ne sommes pas le sens    
mais si prêt entre pouce et index    
que ça passe    
en défiance d'explication    
au bonheur d'être là.        

Mots mis    
mots osés    
mots mimosas    
que la bise affriole    
à ne point douter    
qu'ils sont la caresse d'être    
au défilé des circonstances    
à la pointe de l'âme    
alors que scintille au fil de l'eau    
a fraîche et tendre lumière.   

( Photo de Chrystel Eugénie Colomb )     
 
 
675
 

Mes enfants de lumière

Mes enfants de lumière     
à la santé fragile    
au fil des mots et des choses    
ouvrent les papilles    
métamorphose    
du jour qui vient.        
 
Nus et néanmoins phares    
par la morsure des origines    
dansent sous les feuillages    
à l'orée de l'espoir    
cette sente du sourire    
sans que cage n'engage.        
 
Si pâles    
para o futuro    
avançons sous la neige    
sans que sang nous retienne    
au ras de nos âmes émondées    
le cri de l'oiseau lyre.        
 
Muse sans muselière    
croque-mitaine en sabots    
à la plume noire    
sous le calicot des obligations    
la geste sorcière    
brassera ciel et terre.        
 
 
674
 

Station Bir-Hakeim

Élan virevolte    
qu'importe
les portes à passer.

Nénuphars en lisère
phalènes de dentelles
au réverbère disposés.

Bras levés
jambes dépliées
le doigt de Dieu au jubilé des archanges.

Douce arrivée
neige d'antan
que l'ai-je chantée.

Fière attelle
sans regret
aux muscles défaits.

Épuisette aux coques
mailles des varechs
et yeux de lune.

Saut souple
en queue de pie
au fripé de la nuit.

Vienne l'orchestre rustique
aux tubes de cuivre fanfaronnants
au goût d'ail prégnant
effleurant la papille
et qu'importe les regrets
passent les morsures du loup
qu'accueille l'œil
le coude replié
sous la gorge de l'ahuri
friction et morsure
des mains fiévreuses
mesurant la raison
au jeté des papillotes
que la Noël escompte
du pactole providentiel
d'années récompensées
celles de belle parure
mes sœurs courbées sur la prose
en équilibre de pensée
courbe digitale digérée
et mauve par ses appendices
que le froid évalue
billet composté
au passage du métro
station Bir-Hakeim.

673

Sommes tombés par le devant

Sommes tombés par le devant  
de bruit et de fureur consentis    
l'orage frappa la rive    
et les impacts de balles    
criblèrent la nuée    
du sang des oubliés.        
 
Grand'mère se tenait droite    
devant Laroussière    
ses yeux cernés savaient la question    
et ses mains si tremblantes     
caressaient les chaînes passées    
il faisait bon d'être dehors.        
 
Mes enfants    
minha esposa    
mes rosaces de papier mâché    
forment guirlande sur la Lande    
sans cette pluie d'automne    
demain il faudra rentrer.        
 
Et n'y peuvent que s'agenouiller    
devant l'homme blessé    
ses armes à terre    
le cerf en ses bois de seigneur    
à contempler la lutte     
où filtrer l'ombre et la lumière ne mène à rien.        
 
N'y pensez plus    
soyez les atomes errants du proventiel    
soyez le matin des commencements    
soyez le couronnement visible    
soyez la mèche et la poudre    
de l'arquebuse du retournement.        
 
Et s'il parvient    
en bas de page    
à lever les chevaux de la plaine    
organisez-vous en cohortes    
vous les moineaux épistolaires de l'inhabitude    
en quête du silence éternel.        
 
 
672
 

Le ciel ce matin





L'aurore ce matin    
tel estran en mantille    
attend le baiser du soleil    
conque marine    
d'humeur sourde sollicitée    
aux lèvres    
entre pouce et index    
que le Grand Chat grignote.        
 
Envol lent du linceul    
aux miettes de la nuit    
succèdent le desiderata de l'oubli    
sans que grogne le loup    
attendu tôt    
en marge d'une équipée    
qui l'amena sans coups férir    
aux marches du palais.       
 
A n'en point douter    
syllabaire médiéval des tendres heures     
les feuilles terminales de l'amandier    
graphent le ciel    
d'une offrande insigne    
masque aux oreilles attelé    
d'un saut du cœur    
en catalepsie douce.        
 
De frais nuages enjambent le portail    
de couiner davantage    
entre les dents de sang et d'ombre    
au casse-noisettes d'un lever de couleurs    
griffe griffe la peau du tambour    
cerne les yeux de la déesse    
et me plie en quatre    
aux quatre saisons de la raison.        
 
Calme retour    
des nuées    
aux joues assagies    
la truelle étire sa matière grise    
balustrade déployée    
de la droite vers la gauche    
faisant pastel 
d'un sourire de paille broyé.        
 
Rebonds vergetures    
le dragon se réveille    
et offre ses talents    
d'un discours claironnant   
de bleu et rouge affamé    
dans le sillage de l'oiseau noir
ferment le ban du ventre retourné    
sans que s'offusque l'addiction.        
 
Lever vénéré    
élégant dépliement    
vers un jour lumineux    
un vol d'étourneaux quitte la ville    
aux arpèges d'un lampée de cuivre blanc    
le lait abreuve les yeux qui s'ouvrent    
le jour respire    
et c'est bien ainsi.        
 
 
672

Pénétration en godille

Proxénète sur le net    
des nèfles sèches    
j'accuse le coup et la cupule    
des entrées    
exit l'entrée    
sans que la rumeur pubère    
n'achalande de ses offres carnassières    
le devant du rêve.        
 
Ô ma mère l'Oie    
ô mes amarres    
levez les toutes    
et ce sera demain    
que nous converserons de la loi de la foi    
sans rime sans crainte    
sob o caramanchão     
d'une douce après-midi d'été.        
 
D'avoir été    
et que ne chasse le mot    
la clique sale et bougre    
des groupies saltimbanques    
de ces admirables admirateurs    
qu'à toute heure nous entraîne    
le fil d’Ariane    
d'un nutriment de mante religieuse.           
 
Il n'est d'avenir qui demeure    
greffe des propos diserts     
dans la vasque des claudicantes vicissitudes    
la carène vengeresse    
d'égrainer le chapelet des douleurs    
mène en souvenance amère    
aux îles marmoréennes de notre sainte mère    
havre mystérieux pénétré à la godille.        
 
671