Blàthan gu leòr

 Blàthan gu leòr
figées par la photo
déjà depuis quatre ans
une pelouse en Bretagne
un pan de beauté qui jamais ne s'éteint
des souvenirs accrochés
en plein été
nous revenions du marché
c'était à Tréguier
nous avions rendez-vous avec les amis
et par dessus tout çà
une musique de biniou et bombarde
annonçant une odeur de moules frites
il faisait calme
nos corps étaient sans douleur
les cloches de la basilique se sont alors mises à sonner
sûrement la sortie d'un mariage
du riz que l'on jette
et pour point d'orgue
le bouquet de la mariée
lancé par dessus la compagnie
et rejoignant les fleurs à foison
figées par la photo
depuis déjà quatre ans
une pelouse en Bretagne .

041

Candy

 Ann an sruthaibh ciùin na h-aibhne
tha na bancaichean tairgse a’ tabhann
don neach-coiseachd àbhaisteach
an cois Marian air an t-slighe a-steach don teampall .

Lùb thairis air na sìthichean math duilleach
a' leigeadh leis an dubhar-cùil am poilean a thilgeadh a mach
leigheas airson ainmhidhean à uisgeachan a tha fhathast nan cadal .

A choille air an oir
sgàile dìomhaireachd an t-slighe a tha aig sàr-ghinean an àite so .

A 'lùbadh air an drochaid
tha fàilidhean na h-oidhche fhliuch a' dol thairis air a' bharrabhalla
agus cladhaich san aghaidh meòrachadh nan nithe a rinneadh .

039

Bha àm adhbhar ann

     Au creux de la maison
où l'œuf représentait
l'éclat magique d'une omelette de champignons
en fricassée s'entend
pour que les hommes rajoutent de l'ail
les femmes elles ramenant les fines herbes du jardin
pendant que les enfants chantaient à tue-tête
"six kilomètres à pied
ça use ça use
six kilomètres à pied
ça use les souliers."

039 bis

     Au creux de la maison

où l’oeuf représentait

l’éclat magique d’une omelette de champignons

en fricassée s’entend

pour que les hommes rajoutent de l’ail

les femmes elles ramenant les fines herbes du jardin

pendant que les enfants chantaient à tue-tête

six kilomètres à pied

ça use ça use

six kilomètres à pied

ça use les souliers.

039 bis

Tha am beachd ann an cruth fìor-ghlan, eas-chruthach

 Am beachd a-mach à ùine agus àite.

Is e an Spiorad a ghineas, cruth-atharraich, beachdan a chur an gnìomh. Is e an tabhartas bhon taobh a-muigh às nach eil fios againn cò às a tha e, agus a dh'fhaodas eadhon tighinn bhon taobh a-staigh.

Is e an Real an seata de na h-uile "rudan" a tha ann ; is esan an ni anns am bheil, agus a cheanglas agus a chuireas an gniomh na nithe so uile. Is e an uidheamachd ath-chruthaichte a tha ag obair.

Chan eil fìor gun bheachd oir tha cruth aig an rud a tha fìor : tha neo-fhoirmealachd ghlan na neo-ni. Tha am fiosrachadh aig ìre iom-fhillteachd a’ chonaltraidh leis a’ chùis na sheòrsa de dhràibhear subliminal a’ tighinn bho àiteachan eile agus a tha a dh’ aindeoin sin cuideam. Mar sin is Spiorad am Fìor ; tha an Fhìor na Spiorad a tha a 'smaoineachadh air smuaintean, a' gabhail a steach a' bheachd air an t-susbaint leis am bheil smuaintean air an cur an ceill ann an nithibh air son nam mothachadh àraidh a tha 'n an luchd-comh-pàirt do'n Spiorad so..

Seo san dealbh, tha rudan ann a tha coltach gu bheil iad ann, ach cò dha-rìribh a tha ann, 's e sin r'a ràdh, thu fèin a sholarachadh do'n taobh a muigh - ex-hystere - agus nochd, cleachd am beachd, iom-fhillte compound a 'cruinneachadh an neach-coimhid, a rùn agus an inneal camara. Mar sin tha an sealladh a’ tighinn air adhart leis an Spiorad a thàinig air tìr le sireadh gnìomhach an innleachdair plastaig. Agus is ann aig an ìre seo as urrainn dhuinn bruidhinn air an Fìor. Fìor, measgachadh de stuth no de stuth no de rud, ag iarraidh Beachd agus Spiorad.

Bhon fhìor chun an Spioraid chan eil ann ach aon cheum a tha cuideachail airson atharrachadh ann an ìre mothachaidh, gu brosnachadh adhbhar airson a bhith ann, ann an co-chòrdadh neo-dhùbailte, aon cheum eile a ghabhail.


038

Den itealan fìnealta seo

Puissamment et savamment orchestré
en un couple aux ailes d'ange   
le fond du ciel laiteux   
accueille la quête de celui qui   
d'en dessous le filet   
rassemble les énergies   
au printemps de la nouvelle année   
élans à venir   
d'entre les mailles   
pour percer d'un coup sec   
le ventre mou de la sardine   
sans être la risée des rieuses    
prêtes à fondre sur le morceau de chair abandonné   
ultime sacrifice   
des sangs mêlés   
que prône la Vie   
cette Vie en tous ses états   
un doigt de sel sur le pare-brise de l'embarcation   
manière d'accompagner   
d'un bol d'air océanique   
le cri inouï de la délivrance.   

   
 037 

Sonas 1

      Le bonheur est une demande légitime. Seul un homme heureux a une chance de rendre les autres heureux.

Il est important de comprendre que c’est en soi que tout se passe et que les évènements extérieurs n’existent pour soi que de la manière dont on les reçoit.

Nous pouvons, à force de travail psychologique, modifier, améliorer, rendre plus satisfaisant certaines formes de notre conscience en passant en revue toutes les pensées, les humeurs, les émotions, les états d’âme, les peurs, les désirs, les joies, les peines, les envies, les refus dont nos existences sont tissées. Nous pouvons nous préoccuper de diminuer la puissance des souvenirs anciens emmagasinés dans la mémoire inconsciente.

Mais il est un autre niveau qui est ce quiEST”, intemporellement, éternellement.

Et cet autre niveau n’est pas celui de l’expérience, où les formes extérieures de conscience proviennent exclusivement du né, du fait, du devenu, du contingent, du conditionné, du déterminé.

Cet autre niveau est appelé niveau métapsychologique et est souvent comparé à l’eau de l’océan, substance de toutes les vagues mais qui en elle-même n’a aucune forme. Et ette réalité métapsychologique, au-delà de toute forme grossière ou subtile donne une réponse à l’inquiétude humaine. C’est la réponse absolue, sans but ultime.

C’est la Plénitude, la Perfection, l’Eternité, l’Immortalité. C’est la Conscience ultime. C’est le Non-Né, le Non-Fait, le Non-Composé : la Réalité. Je suis Cela. Je ne suis pas mes pensées, je ne suis pas mes émotions, je suis le Soi !

Mais cette approche directe si opposée à notre mentalité occidentale donne des résultats décevants.

Aussi, pour l’instant il est plus humble de considérer que nous ne sommes qu’une vague, mais toute vague est comme un hologramme de l’océan ; elle est l’essence de cet océan infini.

Et puis, il faut que le Cœur soit touché.

(texte inspiré par Guendune Rinpoché)

036

La vrille des prés

En son obstination elle accroche pâturages et taillis, haies et boqueteaux.

S’intensifie la puissance de la spirale qui nous happe d’un tour de queue habile et vigoureux.

Peur du refus, du refus d’un tel objet dans les prés, si prêt de nous, refus d’une réalité que nous savons comme évidente mais dont nous continuons à nier la présence en un tel lieu.

Enveloppement tenace. Passez, il n’y a rien à voir.

L’insecte qui viendra visiter sa proie n’est pas encore d’actualité. Il attend son heure. Ne le décevez pas quand il vous surprendra. Ne cherchez pas à l’éviter par un agencement intérieur de pacotille ou un voyage aux antipodes. Il saura vous saisir puisqu’il est ontologiquement disposé à être proche de vous ; puisqu’il s’agit de Vous, de votre Etre Profond.

Ne fuyez pas. Vous vous devez à vous.

035

Des serpents sortent de sa bouche

   L’homme bien mis, aux yeux dessinés, aux mignonnes petites oreilles de souris, au nez fin, aux narines dilatées, à la moustache lissée, à la chevelure ramenée sur le front à la romaine, ne montre pas sa bouche .

De cet organe ne s’élèvent pas de chants grégoriens mais jaillissent des serpents, d’illusoires fadaises propres à engendrer le trouble, la tromperie, la plaisanterie graveleuse, les calomnies et autres basses oeuvres .

Les serpents se pourlèchent de contentement. De la vasque aux acanthes académiques le crissement de leurs écailles jettent le trouble chez le passant qui, pressant le pas, cherche sans coup férir à se mettre à l’abri sous le porche silencieux des capacités de surseoir à cette inquiétante rencontre .

034

Le commencement de l’écriture poétique

Ce moment d’on ne sait d’où.   

Une situation de désarroi inaugurale.   

Des mots surgissent et se coordonnent à l’instar d’une logique immédiate.    

L’intuition de la profondeur se marie avec la raison pour convoler vers la totalité de l’Être.   

Quand la musique des mots prend forme par la parole ; constater le néant, s’y tenir.   

La Forme et sa suite : le Son.  

Dans la profondeur du Son l’unité émerge et la Forme est là ; rythme, assonances, harmonie.    

Forme et Son comme tels ; d’une signification immédiate.   

Deux univers aux puissantes ondées se rejoignent.   

Au delà du bougé la contemplation devient reine.   

032