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le chantre des allers et venus

   S'étonne d'apparaître en demi-lune   
Le chantre des allers et venus
L'étrange personnage de noir vêtu
A l'origine des questions :

Peut-on prendre ce qu'on nous donne ?
Faut-il magnifier ce qui est naturellement bon ?
N'y aurait-il pas au fond du fond le germe originel ?
Le sommeil n'est pas un voile sur la conscience
Il est le chevalier errant
La manifestation des offenses faites à la Vérité.
Aussi
Se lever de bon matin
Prendre appui sur la rambarde de la fenêtre
Ouvrir les yeux sur ce qui est
Accomplir le jour qui vient
Se refermer le soir venu
Respirer les sables de la tentation
A mesure de leur enfouissement
Dans l'océan des allers et venus.

Embarcation poussée par le vent
vers les terres de la reconstruction
De main en main
Étreignant l'odeur des herbes arrachées
Glisser en long de pente
Visage en demi-lune
D'origine en origine.


402
( détail peinture de Frédérique Lemarchand )

diaphanous little hand

   Petite main diaphane   
 posée sur la guipure du corsage   
 ourlée d'ombre   
 blessure chevillée   
 remous des souvenirs   
 dans l'aplomb   
 échos sans retour   
 de l'espérance agitée.    
  
 Au pavillon de Flore   
 s'évaporent les mousselines   
 narines ouvertes à l'odeur d'ambre   
 menuet coupé d'une gavotte   
 retombée burlesque   
 d'un feu ardent de cheminée   
 mécanique céleste   
 portant haut son panache.    
  
 Les cloches à toute volée   
 encerclent la campagne   
 au devant des loups   
 la fraise élisabéthaine fleurit   
 l'ancien esprit de la fontaine   
 virgule d'une auréole de larmes   
 les hommes précipités dans la fosse   
 les branchages frottant leurs membres au vent rusé.   
   
 Petite main diaphane   
 que la pluie desquame     
 la poussière de la route déroule la vague   
 romance à contrario   
 d'une nuit meurtrie   
 condamnant l'enfant qui vous observe   
 là contre le talus   
 à disposer de sa mère feinte.     

 
401

shiri idzi

   Kurira kweshiri idzi   
vanotiperekedza
mumugwagwa
pasi pezvatinotarisira
ndidzo dzinofona
yekukwirira kwedu.

Muraravungu weshuviro iyi
kutiunza pamwe chete
kuti tiwane kwatakabva
dzakabudazve mbudzi dzakapenga
pamusoro pedombo rezvipiriso.

Kunyangwe muna Ndira
mangwanani anotonhorera
kotamisa vanoshayiwa
pasi peforogo yekureruka.


400

Love philter

   Love philter   
ine symphonic mhute
simuka simuka simuka
miromo yekumberi.

chiedza follicle
kutakura huchi homwe
uye lechon yehunyoro
inokotama mumhepo.

Mazhinji suçon
pafudzi rako
gore rinosimuka rigodonha
zvipingamupinyi zvecorral.

ndiri kukutsvaga
kuburikidza nekunyorova heather
ziso raHorus pahuma
ruoko ruduku rwedandemutande.

Iyo yehembe
akaiswa pachituro
maziso anofura zvisingaonekwi
pulpit yangu yaparara.

Félibrige
mana manheru
inomhanya pamawere
mwana ane shangu dzemapuranga.

uta hutema
pamapopoma anotinhira
kudzika
ita kuti kunyemwerera kwako kuve kwakajeka.

Wakanaka
Ndiri kukuona uine shungu dzekukanganwa
kuputika pasi pesirika
yemuseve wechiedza.

Miti yacho yakareba
yakagadzirwa nematavi akanaka
pane kugara ndichizungaira patsvimbo yangu
Ndinogamuchira zvibereko zvepfungwa dzangu.

Kukohwa kuchaitika muchirimo
mangwanani ndichangopedza basa iri
inotapira feline paw
regai mhepo ivhuvhute.


399

Le corps dit

 Le corps dit   
 en dérive de ce qui vient   
 le plaisir et le mystère   
 aux rives   
 de dés jetés en pâture.  
    
 Glorieuse advenue   
 du temps qui passe   
 pour que vivent   
 l'élan des rires clairs   
 et le lait de ton sein.  
    
 Chemin montant   
 vers la gorge rauque   
 le cri souris des milans   
 pose d'un reflet d'ambre   
 la fleur éternelle.   
   
 Ma mie   
 aux draps froissés   
 mes doigts ne peuvent   
 qu'échancrer les portes du palais   
 où renaître en creux et en bosses.    
  
 Palinodie des offres   
 la marchande des quatre saisons   
 ne passera plus   
 au gai ruissellement   
 des roues ferrées sur le pavé.  
    
 Dénoue les rubans de la fête   
 Requinque d'une pichenette   
 les lanternes chinoises   
 le bandonéon recèle   
 plus d'un sel.    
  
 Laisse-toi lécher le bout du nez   
 par les chimères du château   
 monte la nuit près des tours de garde   
 blanche et jaillissante   
 la lune s'offrira à toi.   

   
398

la maison de plain-pied

   Se signalent les boutures   
aux feuilles sèches de l'automne
en joyeuse compagnie
d'êtres debout visages ouverts.

La maison est de plain-pied
il suffit de se baisser
pour marier et la vie et la mort
cœur profond des échelles du temps.

Aux alentours
le ciel et l'horizon
vagues de verdure
déroulant l'espace.

La loi sacrée modèle la roche
se creuse la cupule
claire fontaine offerte à l'initié
des yeux pour voir l'autre.

Affirmer l'échange du départ
des cernes à hauteur des joues
cette présence diffractée
hors notre substance commune.

en chemin pour demain
sans que le sentier n'altère le son
de nos pas en ascension vers le lieu
où déposer les simples.


397

Pierres à brumes

  Pierres à brumes   
vestiges des corridors hantés
s'élèvent hors sol
la soldatesque errante
de nos âmes dispersées.

Ici le fer fait mal
il tue et balbutie
la loi des immobiles
au cortège fauve
les étoffes se fripent.

Au creux des vallons
les brebis paissent
passe le cavalier noir
en son cliquetant appareil
les yeux rougis de sang.

Massacre carnassier
les loups même s'enfuient
par dessus la rocaille
d'une souple cavalcade
que le vent d'autan file.

Ventres annexés
les bras levés vers le gant d'acier
respirent les chanvres
en navrance lasse
la belle émet un râle doux.

Céruse espionne des désirs
la fresque est déposée
sous le bâti
point de passage secret
juste un grain de peau.


396

le raku fleur de flamme

   Brillant incarnat   
à l'ouverture du coffre
mille fleurs de feu.

S'en vont cueillir
les diablotins de la céramique
au gré des flammèches.

Porte à porte
des objets offerts
l'éclat et la fêlure chantent.

Masque rieur
dans l'ombre de la grange
s'agite le pigeon coutumier.

De passage en passage
sur le pas de porte
dansent les boules lumineuses.

Le raku clame sa destinée
d'être à fleur de flamme
le bel endroit de l'âme.


395

inzwi kubva kune imwe nyika

   Voix de l'autre monde   
si belle reine que la mer
un instant fléchie.

A la pleine lune
faut-il se découvrir
en si peu de temps ?

Enda nenzira yako
ordres et désordres
par monts et par vaux.

Et fléchissons
le genou en terre
le regard au loin.

Au temps fécond de printemps
d'advenues pointant son nez
le Beau des mémoires.

En présence des dieux
point de tergiversations
le silence construit.

La musique creuse le ciel
des joies et des peines
vers l'eau la plus fraîche.


394

Regards croisés d’écritures froissées

 Mukadzi akatarisira  
ane sirika stamens
akambotarisa
runako imprint
takaonana
shamwari yangu pakukohwa mazambiringa
kuenda kumusoro
regards croisés
kunyora kwakaunyana.

Pakusvetuka kubva pamubhedha
mangwanani oga oga emaziso akavharika
hapana zverudo
aifanira kutora machira
ndokurova mutambo
kubatidza moto wakagadzirwa nezuro wacho
nepepa, kubatidza uye matanda
pasina kumutsa mwana.

Pakisimusi
maiva nemaranjisi
mittens dzakarukwa
uye bhokisi rizere nemakeke
akaiswa pamwaranzi wechiedza chezuva,
hameno
kuburitsa zvinorehwa nenyika
nemakiyi okuziva
nokufema kwechifukidzo.


393