Perçu une nuit de mars

Entrevu   
Sur les dalles de la basilique   
Ce précepte des temps perdus.      
 
Perçu   
La clé des choses dues   
Plus prêt de soi encore.      
 
Se connaître   
Puisse qu'à demi   
Nécessiter l'effort.      
 
Pour son ennemi même   
Faire le bien   
Comme à un frère.      
 
Se guérir   
Sans démence et sans haine   
À se pourvoir en gardien de son âme.      
 
Savoir par le livre   
Évaluer les risques à encourir   
Au retour de la fête.      
 
Éteindre les lumignons   
Pour plus d'un avis partagé   
Calmer les préjugés.      
 
Mettre le feu   
Augure de la conscience   
En vis-à-vis de soi   
D'avoir à commettre le crime inouï   
De souffler   
Le flambeau de son âme   
Alors que tout héritage   
Mérite courage   
De mettre en avant
La foudre et la clarté   
D'un avenir   
Épelé à l'envers   
Près des gouffres de l'absence   
Belles pensées régurgitées   
Propices à hauteur de répertoire   
D'acheminer vers le cloître   
Les élans de l'aube   
Pour sentir fondre   
Et orgueil et fureur   
Sur le brasero de la photo   
À sortir par grand vent   
Sous les yeux indignés    
De la navrance d'avoir été   
Sans démence   
La vérité même.      
 
De la rosée   
Retenir silence et lumière.      
 
Mains croisées dos courbé   
Être la montagne au frais matin.   
 
Vivre tristesse secrète   
Inspire la joie du lendemain.      
 
Fuir sans contrainte   
Bras dessus bras dessous   
Doux rire ouvrant le cœur   
Perle à perle   
Sans le sarcasme   
Des montreurs d'ours   
Calmés par la présence   
De la plume des oblats   
Dominants de la tête et des épaules   
Les ardents de l'instinct.      
 
 
1241

Une brouette en printemps

Si profondément enchâssé   
Dans la brouette du jardin   
Agencement de guingois
Devant sécheresse consommée 
Il serait cruel   
De passer outre   
La parole fripée.      
 
De douceur étoilée   
De ces jours qui précèdent   
La tenue de l'office   
Il est gracieux   
De tôt venir   
Les mains pleines   
De l'au-delà de la tradition.      
 
Nul n'en sait d'avantage   
Quand l'eau disparue  
Et que continuent de brûler   
Ces minutes   
À contempler le visage des âmes claires   
À chercher par le coudert   
Le frisson d'un soir d'été.      
 
Elles sont tombées   
Puis se dessèchent   
Les blessures de mon cœur   
Devant la pomme verte   
Trouvée jadis   
Sur le sentier des jours heureux   
Amour et Compassion venus.     
 
Bouger la tête   
Permet l'arrivée effarouchée   
Du feuillage des jours de fête   
Pour pas grand chose   
Endimancher de coups de rame   
Et la vie   
Et le rien des petits instants.      
 
Sommes fragiles   
À ne jamais perdre de vue   
La vague et le salé   
Des choses passées   
Comme de saisir   
La tombée des gouttes de pluie   
À l'orée du souvenir.      
 
C'est à cheval   
Qu'il nous faudra déchiffrer   
Les signes dans le ciel   
Afin de désirer sans avoir l'air   
De s'arrêter   
Devant ce qui s'efface   
Au cristal de notre être.      
 
De sourire   
Primevère de l'instant   
Mène par le licol   
Le destin des rêves rebattus   
Devant printemps venant   
Belle folie   
De l'amandier en fleurs.      
 
Cela restera muet   
Sauf-conduit pour abeilles bruissantes   
Maraudant quelques saveurs   
Sur le pommier du Japon   
Caprice doux caprice   
D'un baiser   
Sur la caresse de l'esprit.      
 
1240

Justin de La Font Salée

Justin est parti   
Et on a joué de l'accordéon    
À distance douce avenante   
De ce qui nous liait                                        
À la bête du milieu   
Sa cloche entendue   
Jusque dans nos visions.      
 
Des milliers de radicelles   
Descendues du plafond   
Arguaient de mâle manière   
Du besoin impérieux   
De s'évader par le rêve éveillé   
Des mots de tous les jours   
Par la saillie du Verbe curieux.      
 
Lui rendre hommage   
À cet homme du bel âge   
Le ménestrel à cœur perdu   
Allant boire à la source minérale    
Après la traite du matin   
Transmutation élégante   
Des vertus en choses bonnes et belles.      
 
Ça parlait fort   
À ne plus pouvoir glisser le présent   
Dans la fente du vécu   
Âme de couleurs bleue et sang   
Alors que dehors la Chèvre bêlait   
Une dernière fois   
Effet de la Nature éternelle.     
 
1239

À deux c’est mieux

Brume   
Soutenue par le son des clarines  
Passante éternelle aux sources de l'atmosphère   
Que n'ai-je fait le tour   
Des quarante mille kilomètres   
Pour me remettre dans la coulée   
Des œuvres vives   
À faire ceinture des fleurs du printemps      
Juste un petit instant.      
 
Enlever le masque de mousse fraîche   
Prend le temps qu'on perd   
À secréter hormones dans le sang.      
 
La sangle de l'horizon   
Claquemure la bonne position   
D'avoir sur le veston   
Traces du Saint Chrême de l'onction.      
 
Ainsi notifié   
Par la lumière douce   
D'une danse parfaite   
Caresse opportune sur le nu de l'épaule   
Nous fîmes trois scarifications   
Sur le soupir d'avoir à écrire.      
 
La bonté. La rectitude. L'humour.      
 
Jusqu'à devenir coquin   
Du devoir acquit   
En ce temps des forces réconciliées   
À la discorde reléguée   
Pour davantage d'harmonie   
Implanter l'unité   
Dans la paix manifestée.      
 
Il se pourrait
Que d'un paroi l'autre
De l'herbe au béton
Chante l'arbre blanc de la reconnaissance
Sous le tison ardent des munificences
Telle gaîté inondant le monde
D'un légèreté ronde
Sans que le ciel perde ses pétales.
 
1238

La voie du papillon

Voie du papillon   
Collé accolé   
Sur la trame du papier   
Se méfiant du qu'en dira-t-on 
Pour peu que le vent se lève   
À la pointe de l'horizon.      
 
S'en aller de par la terre   
Ruban rouge autour du cou   
Sans faire mystère   
Tous les quatre matins   
De ce qui est bel et bon   
Dans notre jardin.      
 
Enfants et petits enfants   
Se regroupent s'attroupent   
Avec patience   
Dans l'entrepôt des visions   
À faire leurs affaires   
Tout autour de la maison.      
 
Assailli   
Par la brillance du lieu   
Le reflet du miroir accapare   
Le milieu   
D'une navette phosphorescente   
Du papillon l'amante.      
 
De marcher   
Sur les feuilles sèches du sous-bois   
Rend la peur moins probable   
Des vestiges du château   
L'anneau de bois   
Collé sur le visage.      
 
Il est des parts   
Et des départs   
Au gâteau de la vie   
Que le souffle fait apparaître   
Dans la pâleur médiane   
Dont on ne sait se défaire.      
 
Ecailles sèches   
D'une méditation hors saison   
À la pointe élémentaire   
Descendre côte-à-côte   
D'une émotion de mère   
Cultivée un matin de disette.      
 
On l’a retrouvé !   
Il était en vitrine   
Et n'y pouvions accéder   
Que le carnet des poésies en poche   
De notes illisibles   
Rendues lisibles par la pluie.      
 
Sur la colline   
Il voletait
Fripant l'air comme un fripon   
De fort belle manière   
Sentant bon à grands coups d'ailes   
Le printemps dans un frisson.      
 
( Détail d'une œuvre de Jean-Claude Guerrero )
 
1237

Qu’est-ce que l’homme ?

Qu'est-ce que l'homme ?   
Un souffleur de verre   
Une baudruche que l'effort exaspère   
Ou bien le petit chien des amants   
Tout prêt de la fontaine   
À contempler la goutte d'eau   
Tombant de la margelle.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Un chaos à l'image de l'arbre mort   
Attendant le chant des oiseaux   
Sitôt feuillage  revenu   
Alors que maçonnerie montée   
Entre deux temps de distraction   
Exercer le pouvoir.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Un opercule ouvert   
Devant l'assaut de la vague   
Prompt en ses figures de danse   
De précéder d'un tour de force   
Le parler en recouvrance   
Des barreaux d'une cage le condamnant.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
L'oublieux des douleurs   
Quant printemps revenu   
Le pépiement des oiseaux    
Raclant le fond des pots   
Il préfère condamner par le menu   
Les diverticules de l'esprit.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Cultivé et sauvage   
Méchant et passionné   
Sous la peau   
Raclant l'arrogance de la honte   
Puérilité de la quête imaginée   
D'une histoire de l'aurore à la nuit.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Le haut de forme   
Qu'on projette dans le ciel   
La cloche scaphandrière   
Précipitée au fond des eaux   
Alors que dispersée   
La véhémence nous hèle.      
 
Qu'est-ce que l'homme ?   
Celui qui cherche et ne trouve pas   
Alors que celui qui trouve n'est pas   
Aux nues les pleurs du verbe   
À la terre les fleurs de la passion   
Au génie de l'un la peur de l'autre   
Par crainte d'être dévoré.      
 
1236                                                                                                   
 


La fée Carabosse roule en tracteur

Recueil N°1

251 pages, 98 textes, 98 photos

Il n'est d'avenir que la marche du pèlerin de l'âme sur la voie lactée.

Les mots n'ont pas de sens s'ils ne sont pas vécus intimement, s'ils ne sont pas pesés à l'aune de leurs provenances, de leurs maux, de leurs joies et peines, à l'aune de l'enfance éternelle.

Alors le silence peut s'établir, un silence fait de l'effacement de l'œuvre. Un silence au profond de notre univers qui continue sa course, zvisingadzivisiki.

Ici la photo et le texte se rencontrent et de leur contact surgit une troisième dimension, un tiers inclus, d'une nature autre qui nous convoque à un rebond.

C'est par cet entre-deux, dans cet espace vierge de piétinements où surseoir à l'arrivée d'un sens hâtif qui peut scléroser l'entendement, que nous ouvrons notre cœur et permettons la rencontre avec le cœur de l'autre.

Célimène demoiselle noctambule

Célimène   
Demoiselle noctambule   
Passait le bief de son temps   
À demeurer sous la tonnelle   
Du passé sa passion.      
 
D'un dialogue l'autre   
Elle engendrait plus que de raison   
Le goût de l'aventure   
De cape et d'épée   
La soumission encalminée.      
 
À quatre mains sur le piano   
En fin d'exercice   
Elle recentrait de sève et de présure   
L'émotion de Caravage   
Poudrant perruque sur le tard.      
 
Un filet pour éviter la chute
Une flamme d'argent 
Sur le revers du veston
Pouvait alors s'écouler un peu de sang
Hors des attaches de l'esprit.
 
Poncée percée écartelée
À la recherche des origines
Juste un manquement au choisir de sa vie
L'aube pouvait venir
Histoire à reproduire.
 
La montagne où s'asseoir n'existe pas
Seul le roulement du tonnerre vitupère
Au passage des aigles
Le ruisseau murmurant goulée de plaisir
Par dessus l'instinct.
 
Prendre ou être pris
Par la guérison à petits prix
Fabrique de l'or au contact de l'intrication
D'une particule l'autre
En quête de bonne santé.  
 
( Détail d'une œuvre de Jean-Claude Guerrero )
 
1235

Picoti Picotin

Picoti Picotin    
Les petits chiens du train   
Arrachent le gris souris de leur entrain   
Aux reins de Rocamadour   
Les purs esprits   
Du dessus le four   
Enfournant colère et possession   
En chansons   
Comme petits pains   
Sortis de la panière   
À reculons des bonnes manières   
Sous le sourire épais de Luka Pacha.      
 
Ce type d'incident   
Nous exaspère   
Nous les pépères et mémères   
De la vie de la source   
À corriger par réflexion   
La croix et la bannière   
D'une génuflexion   
En avertissement   
Du rêve d'avenir   
Propice à remonter le temps   
Vers de plus amples trous noirs   
Consciemment reproduits.      
 
1234

Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

Mais qu'est-ce que ça veut dire   
Cette peinturlure ?      
 
C'est pas sérieux   
Qu'un vieux   
Fasse de l'inclusion   
À pile ou face   
Avec l'émotion.      
 
Quelques bouquets de fleurs séchées   
Jouent à cache-cache   
Dans la canopée des illusions   
Valse vénitienne   
Donnant le change   
Au pont au change   
Des commisérations.      
 
Dans ce pays   
Y'en a pas que je haïs   
Seulement un peu du bout des doigts   
Trempés dans la saumure   
Pour que peaux délitées   
Faire rire Grand Guignol
D'un supplice sans varices.      
 
Être humain   
Me fait pousser des mains supplémentaires   
À fourrer dans la terre   
Jusqu'à ce que décoction faite   
Retrouver le roman de ses vingt ans   
Au contenu de glace pilée   
Au saut du lit de la défiance   
À regarder par la fenêtre   
Les étourneaux s'en retourner.      
 
Ainsi pour l'éternité   
Quelques bandes de papiers colorés   
Sur un paysage d'été   
À se remémorer   
Faiblesse ou paresse   
Du fond du trou   
Sans échos   
Une fille aux belles dents   
Pour que s'amourachant du chat qui passe   
Faire chanson du tout venant.      
 
1233