ਸ਼੍ਰੇਣੀ ਆਰਕਾਈਵਜ਼: ਜੂਨ 2013

QUELLE NUIT CETTE NUIT

 Défaite sans parole
sous le vol d'un spectre
se vidant de ses attributs .

Exil d'une seule nuit
dévorée par la toile du songe
sans que le secret ne corrompe la mémoire .

Oubli d'entre la brume et la lune
tu ne mourras pas tu ne peux mourir
toutes gloires du jour éteintes
de par les entrailles de la vallée
d'où s'élève le double son du hautbois et du saxo .

Envoûtement prolongé
aux limites d'une traversée
avant de s'abîmer dans l'obscur
où lentement se consument
chairs et ongles de l'endimanchement de la tendresse
échue en rosée de sang
avant que ne s'égare l'aube .

Écueil disposé entre les lanternes
au milieu de ces épaves
qu'un ordre mystérieux
fait accoster dans ce royaume
où le froid silex sépare la chair de la peau .

La vie est là
la vie est le lieu
la vie mienne en compagnon de ta vie
taille XXL de la médiane tracée
entre le sourire de l'enfant bleu
et la perpétuité d'un désert blond .


146

le poète et l’humanité

 En lien de doute et d'espoir .
S'il y a lien entre l'artiste et le reste de l'humanité
ce ne peut être que rien de vivant ne peut être créé
sans la conscience obscure de ce lien là
lien d'amour et de révolte .

La suite ne peut venir qu'après la fin du film
une suite filtrée par la gaieté de la lumière du monde
une suite pour grimper quatre à quatre les marches
en amitié de l'air s'épaississant
à mesure du temps mêlé au temps
à mesure de cette journée passée qui ne reviendra pas
à mesure des cornes acérées d'un froid saisissant la lisière des forêts .

Ils viendront ou ne viendront pas
puis repartiront
leurs vies tournées vers leurs occupations quotidiennes .

A tendre le cou
vers la proximité d'une finitude rien qu'à soi
s'élève le fumet des sacrifices faits aux dieux
en proximité d'une attitude humaine qui vaille - le rire .

S'engouffre
par la porte des déconvenues
des camps de concentration des meurtres et des viols
l'épreuve ineffable où doit se régler
la question du sens de sa vie
le cœur battant à tout rompre
devant le livre rouge des contrefaçons
où s'enfuir en catimini
où cracher ses caillots de mots sombres
sur le corps de marbre du père parti dès la première ligne
où l'effort de s'engager
qualifierait d'une attention première
le souffle divin à promouvoir .

S'élève
par dessus la tendresse de l'aube
aux accents de merles chanteurs
le caducée de l'intelligence et de la culture
union cadencée aux douces effluves de jasmin
hors la solitude bitumineuse
hors le mot à mot de l'encre noire
hors le palais imagé des juges de l'octroi
hors l'ourdissage des frasques de la bêtise
hors cette étrange naissance entre chien et loup
où lire vrai
est l'ultime moment de décision
pour rassembler en son âme
la perspective d'un nouvel élan
afin que l'énergie adhère à l'esprit
tremplin
où rebondir encore plus haut
dans la vie simple .


148

se donner un nom, ਇੱਕ ਚਿਹਰਾ

 ਪੂਰਾ ਅਤੇ ਪਾਰਦਰਸ਼ੀ
ਮੈਦਾਨ ਵਿੱਚ ਕ੍ਰਿਕੇਟਸ ਦੀ ਫ੍ਰੀਕਾਸੀ
ਰਾਤ ਪੈਣ 'ਤੇ
ਇੱਕ ਤਾਰਿਆਂ ਵਾਲੇ ਅਸਮਾਨ ਦੇ ਜਾਗਣ ਲਈ ਖੁੱਲ੍ਹਾ ਦੇਖੋ
ਪਹੁੰਚ ਤੋਂ ਬਾਹਰ
ਘੁਸਪੈਠ ਦੇ ਸਰੋਤ 'ਤੇ .

ਤੁਸੀਂ ਧਰਤੀ ਦੀ ਡੂੰਘਾਈ ਤੋਂ ਆਏ ਹੋ
ਇੱਕ ਹਜ਼ਾਰ ਪੱਤੀਆਂ ਦੀ ਬਣੀ ਹੋਈ ਹੈ
ਸਟਾਰਲਿੰਗਜ਼ ਦੀ ਭਾਰੀ ਆਮਦ ਦੇ ਸਾਹਮਣੇ
ਦੁਹਰਾਉਣ ਲਈ
ਲਹਿਰ ਨੂੰ ਵਧਣ ਨਾ ਦਿਓ
ਕਾਲਾਂ ਚਲੀਆਂ ਜਾਂਦੀਆਂ ਹਨ
ਹੋਲਡ ਵਿੱਚ smothered
ਮੀਂਹ ਦੀ ਆਖਰੀ ਬੂੰਦ ਦੀ ਆਸ
ਰਾਤ ਦੇ ਖੰਭ 'ਤੇ
ਸਜਾਏ ਹੋਏ ਪੱਤਿਆਂ ਦੀ
ਨੋਸਟਾਲਜੀਆ ਦੀਆਂ ਕੰਧਾਂ 'ਤੇ
ਭਗੌੜੇ ਰਸਤੇ ਦੀ ਨਿਗਰਾਨੀ ਕਰਨ ਲਈ
ਇਸਤਰੀ ਅਤੇ ਪੁਲਿੰਗ ਦੇ ਵਿਚਕਾਰ
ਅਤੇ ਤੁਹਾਡੇ ਅੰਦਰ ਪੁਨਰ ਜਨਮ ਲਓ .


147

ਮੈਨੂੰ ਇੱਕ ਪੋਸਟਕਾਰਡ ਭੇਜੋ

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 ਰੂਹ ਵਿੱਚ ਨੀਲੇ ਤੋਂ ਬਿਨਾਂ ਹਰ ਥਾਂ ਨੀਲੇ ਦੇ ਨਾਲ
ਸਾਹ ਲੈਣ ਵਾਲੀ ਹਵਾ ਨਾਲ ਪਰ ਅਸਲ ਵਿੱਚ ਇਸਨੂੰ ਗੁਆਏ ਬਿਨਾਂ
avec une tendresse de l'air sans mouche carnassière
avec un arbre des tropiques qui ne pique pas
avec la mer mais pas trop froide et sans requin
avec des bateaux sur lesquels on pourrait monter
avec des vendeurs de chichis qui soient beaux et ne projettent pas de sable sur le bronzage
avec des enfants qui ne crient pas
avec un soleil qui ne soit pas trop chaud
avec une baraque à frites pas trop loin
avec un polard à lire qui ne soit pas trop glauque
avec une serviette de bain suffisamment large
avec des lunettes de soleil sans traces de doigts
avec un parasol qui ne s'envole pas à tout bout de champ
avec un smart phone à la sonnerie pas trop agressive
avec des heures non comptées devant soi
avec une douce sensation de faim qui fasse penser au barbecue du soir
avec le bruit des vaguelettes qui viennent caresser la grève sans raclements disgracieux
avec un ciel où les avions ne traîneraient pas leur pubs illisibles
avec un ventre pas trop gros qui me permette d'apercevoir les orteils
avec une crème bronzante qui ne tirent pas les poils en séchant
avec juste ce qu'il faut de sueur montrant que la graisse fond mais sans dégouliner
avec une calme détente à chaque respiration en espérant que ce ne soit pas la dernière
avec une plongée dans un demi sommeil accompagné de papillons volant dans des cieux d'azur
avec la possibilité de saisir une poignée de sable sans rencontrer un mégot
avec le projet de ne rien faire malgré ce mental qui nous ronge
avec une pincée d'infinitude sans penser à ce qui vient .


145

Dieu est la métaphore

 Dieu est une métaphore pour tout ce qui transcende les plans de la pensée intellectuelle.

La pensée intellectuelle est une fleur qui n’abolit pas Dieu.

Dieu parfois en ses thuriféraires peut sembler la plante racine de toutes choses.

Cette pensée intellectuelle qui à reculons amorce la trace inquisitrice du débordement divin est la rampe d’accès à la vérité.

Son pistil d’amour au bord de la congestion fiche la flèche de la connaissance hors de la permissivité du péché.

La sagesse à demi enfouie aux prémisses de la beauté est l’antichambre du grand chambardement.

A se poser l’insecte butineur pourrait découvrir le pot aux roses de la liberté.

L’effluve crépitante de mille étincelles d’amour en bordure de la langue de feu marque la venue de celui qui dit.

La poésie en sa quête d’émerveillement est la métaphore du Mystère.

144

La damoiselle des mers

 La mer au cru d'un bleu des origines
je m'y jetais
je quittais le radeau des convenances
et tenais gente damoiselle contre mon giron
l'eau était tendre et propice à l'avancement de la situation
au large étale sans terre à l'horizon
immense aux fines ondulations régulières et frissonnantes
l'onde transparente
je distinguais des galets par le fond
je nageais sans hâte sans but
un temps infini .

Apparurent des côtes
je m'approchais
le paysage était décharné
tout était blanc de cendres d'après le cataclysme
des arbres déchiquetés
pas de feuilles pas de verdure
je longeais le littoral
une crique j'accostais
une maison en bordure d'un amas de végétaux fossilisés
vestige d'une forêt d'antan
gigantesque cimetière dressant ses moignons vers un ciel d'airain
une maison avec un échafaudage tout autour
des êtres humains devaient avoir repris possession du lieu après la terrible épreuve
je déposais gente damoiselle
et la suivis vers la maison
une bâtisse de pierres à deux niveaux
devant la porte alors que nous nous apprêtions à toctocquer
s'ouvrit telle une rafale de vent
un souffle qui nous aspirât
un printemps nous enserrait
une petite femme toute de noir vêtue
d'une toile souple la tête recouverte
les pieds nus dans d'épaisses sandales de cuir
à lunettes et visage ridé parue
pour nous entraîner vivement dans un intérieur sombre
les deux femmes semblaient se connaître
je n'eus droit qu'à un coup d’œil furtif
comme si je n'existais pas
mais étais-je vraiment visible ?
au travers de cette traversée que j'effectuais sans effort
animé d'une tâche à remplir
n'étais-je pas un esprit ?
s'engageât là devant moi simple témoin
une conversation animée
pleine de joie de variations dans la voix
deux bouquets de fleurs multicolores des pépiements d'oiseux joyeux s'entrecroisaient
au jeu des mains et des regards lumineux
un chant gracieux fait d'allégresse
dont je ne comprenais pas la langue
je n'étais pas des leurs
j'étais le passeur qui permettait leur rencontre
alors je disparus
fort de l'oeuvre effectuée .

Depuis ce temps
le murmure n'est plus le simple accord mélodieux des éléments de vie rencontrés
il est charmille épaisse en la vie revenue et rire des enfants
à la remontée du chemin pierreux
qui longe la maison désormais familière .


144

ਸੌਣ ਤੋਂ ਪਹਿਲਾਂ ਨਾ ਝੁਕੋ

 Ne plie pas devant le sommeil
sois le joyeux pourfendeur des mystères
ਡੋਲ੍ਹ ਦਿਓ
la même scène passant et repassant
savoir dire
que l'événement est trousseau de phrases
et que dans la vieille querelle du réel et du songe
la porte est au milieu des effusions
Sentiment vague
en partie émergé
d'une nuée de mensonges
que le vent pousse vers la montagne
pour sentences lancinantes
convertir la parole échangée
en grisaille de convenance .

Sois le porc épic
des remontrance sagaces
et si le pas te presse
tel l'escargot sur sa sente luisante
remise en tes granges
le paquetage inutile des succédanées
ceins l'étoffe de lumière
va à la fête
et découvre ton cœur.


142

ਮੈਂ ਅੱਗੇ ਵਧਦਾ ਹਾਂ

     ਮੈਂ ਅੱਗੇ ਵਧਦਾ ਹਾਂ
ਸੰਗਮਰਮਰ ਦੇ
ਪਹਿਲੀ ਲਾਈਨ ਵਿੱਚ
ਸਾਡੇ ਨਾਲ ਸ਼ਾਮਲ ਹੋਣ ਦੀ ਇਸ ਸੰਭਾਵਨਾ ਵਿੱਚ
ਸਾਡੇ ਵਿਆਹ ਵਿੱਚ
ਅਸਲ ਸੱਚ ਦਾ .

ਮੈ ਚੱਲਣਾ
ਫਿੰਗਰਪ੍ਰਿੰਟ ਮੈਮੋਰੀ
ਮੇਰੇ ਗਲੇ ਤੋਂ
ਅਯੋਗ ਨਿਕਲਦਾ ਹੈ
ਨੌਜਵਾਨਾਂ ਲਈ ਸ਼ਮਸ਼ਾਨਘਾਟ 'ਤੇ
ਥਕਾਵਟ ਤੋਂ ਇਨਕਾਰ .

ਅਤੇ ਕਿਉਂਕਿ ਜੀਵਨ ਹੈ "ਦੇਖਣ ਲਈ"
ਮੈਂ ਭੰਗ ਕਰਦਾ ਹਾਂ
ਕਿਰਪਾ ਦੇ ਕਿਨਾਰੇ 'ਤੇ
ਭਰਾਤਰੀ ਸੁਸਤੀ ਵਿੱਚ
ਪਤਲੇ ਰੰਗ ਦੀਆਂ ਪੱਟੀਆਂ ਵਿੱਚ ਕੱਟਣਾ
ਬਹੁਤ ਜ਼ਿਆਦਾ ਮੰਗਿਆ ਚਿਹਰਾ
ਬਚਪਨ ਦਾ ਚਿਹਰਾ
ਆਪਣੇ ਆਪ ਦੀ ਭਾਲ ਵਿੱਚ ਹਰ ਆਦਮੀ ਦਾ ਚਿਹਰਾ .

ਅਤੇ ਜੇ ਸਭ ਕੁਝ ਚੁੱਪ ਦਾ ਮਾਮਲਾ ਸੀ
ਸੰਗੀਤ ਨਾਲੋਂ ਬਹੁਤ ਜ਼ਿਆਦਾ .


141

ਇਹ ਬੰਦ ਹੈ ਪਰ ਸਾਵਧਾਨ ਰਹੋ

 C'est clos mais prends garde
là est l'insoumission de pleine lumière
là est la rectitude d'une vigilance à l'arc souple
là est le seuil des boues de grandes lessives
là est l'ambition de marcher sur les traces de ton nom
là est l'intime circoncision de la gamme des échanges élargie aux confins de l'univers
là est la responsabilité d'une conscience impeccable
là est la couture assemblant d'un fil écarlate les étoffes de chair et du verbe
là est le passage que le pas des moutons foule
rageuse conversation sur le chemin coutumier
là est la feuille d'arbre lâchée au vent d'une terre lointaine
là est la nuit des douleurs et des tentations ourlée par l'aube qui point .
Ainsi va la nef accomplissant son office
maîtresse d'exil et de vanité
jaillissement de larmes au chevet de la finitude
transmetteuse
hors le sexe la fortune et la puissance
le message qui n'use pas le cœur ni ne dessèche le sang
le message des guerriers bien plus que celui des époux
le message enflammé hors fatigue et regret
le message dévoilé par le voire et l'entendre
le message de la joie des vœux définitifs
le message de la grâce et du sourire
le message de la rosée tombée au matin de la Saint Jean
le message des fruits que l'on offre
Le message qui jamais ne se referme
la gratitude du jour .

L'homme détient les clés de son fragile équilibre .
L'homme est le créateur aussi bien de son enfer que de son paradis .


143

Petit papa

Tu n’en finis pas de partir .

Parfois quand de noirs nuages s’amoncellent et que la déroute plante son drapeau noir, ton cerveau se brouille, tu cries. Un cri au-delà de la douleur et de l’appel. Un cri aux causes abyssales. Un cri de personne humaine en proie à une rencontre improbable. Un cri qui dérange notre entendement habituel. Un cri outrancier qui veut nous montrer quelque chose. Mais quoi ? Qu’as-tu vu ? Quant à tes émotions, je n’ai pas la clé pour les décoder .

Tu erres dans ces contrées entre chien et loup, là où la grisaille d’un hiver saturé de givre grapille des images d’antanoù les vapeurs du marigot des origines modifient la conscience, ਹੋਣ ਵਾਲਾ, où se croisent hallucinations et visions .

Tu es entre la vie et la mort mais la vie est la plus forte, même dans le dernier voyage, et c’est ce qui nous permet de ressentir la fragilité de cette vie, son visage unique et que fort de cette expérience ultime nous soyons de chair, d’esprit et d’âme les transcripteurs du grand mystère, nous les innocents, nous les adeptes de l’Emerveillement .

Tu cries et je t’entends au travers des couloirs de cette maison de retraite que tu n’as jamais pu faire tienne, tant ta difficulté à communiquer et à t’adapter était grande .

Ce ne sont plus desMadame !” que tu profères mais de longs gémissements qui montent du profond de ton être pour s’adresser à quelqu’un d’indéfini, que tu ne peux nommer. Te sauver d’un danger ? Te soulager ? T’aider à franchir cette épreuve, ce bouleversement de l’être qui s’enfonce dans le labyrinthe fait de traces mnésiques et d’impasses ? Tu ne sais pas quoi demander, ta main décharnée serre ma main. Tu ne me demandes même plus de revenir chez toi, à la maison .

Tes fonctions vitales se sont réduites au manger et au dormir, et quand je m’éloigne ta plainte prolongée broie ma poitrine comme dans un étau et essore mon coeur .

Quant je te quitte après t’avoir embrassé, j’ai l’impression que ce sera la dernière fois ; et puis je ne reviens pas en arrière car je ne sais pas quoi faire pour t’aider, pour te rassurer, pour te calmer. Lâchement je t’abandonne, et alors je culpabilise !

Dès que je quitte l’étage où tu résides et que l’ascenseur atteint le Rez-de-chaussée, je n’entends plus tes cris mais néanmoins ils continuent de résonner au plus profond de mon être. Je suis abandonné. Je suis laissé de côté, moi le mal nécomme toi peut-être. J’essaye de me faire à l’idée que je n’ai plus de papa, je suis triste, je suis bouleversé, une grosse boule monte de mon ventre. Je me calme, je gère la situation tout en subissant un arrachement viscéral. Tes cris me suivent quand je médite, quand je marche sous la pluie, dans le vent, sous le soleil et j’entends ta voix m’appeler, doucement, très doucement telle une caresse, ta caresse, que tu me prodiguais quand dans mon petit lit d’enfant j’avais tant de mal à m’endormir .

Tu ne demandes expressément plus d’aide, tu sembles nommément ne plus demander de nouvelles à tes enfants. Tu es seul et le brouillard qui t’enveloppe suggère l’envol des corbeaux par un matin d’été frileux dans les hauts arbres qui bordaient le canal à Briennon .

Tu es là à attendre qu’une porte ultime s’ouvre dans le mur de cette chambre que tu n’as jamais investie. Tu es le passe-murailles d’une occasion à ne pas manquer. Tu attends un dernier train qui siffle dans le lointain mais qui tarde à apparaître. Tu n’as plus rien à donner. Ce qui t’appartenait ne t’appartient plus, ce qui était ton chez soi, tu en as été dépossédé. Ton appartement a été occupé, la vaisselle du dimanche et des jours de fête a été éparpillée, même ta signature a été copiée. D’espoir, point. De sourires sur ton visage, point. La trompette dont tu jouais à été offerte à l’enfant d’une soignante. Ton dernier bagage est bouclé, et puis d’ailleurs ça fait bon temps que tu n’as plus de bagages. Tu as donné, … nous avons pris .

ਕਦੇ-ਕਦੇ, dans des moments de lucidité, tu as pu demander que ça avance un peu plus vite, que la fin du tunnel s’ouvre sur la grande lumière terminale, à ce qu’on dit. Mais le sais-tu ce qu’il y a après ? J’aurai tant voulu que nous parlions de ça. J’aurai tant voulu que tu prennes cette initiativeEt c’est maintenant que j’entends, que je mesure tout ce qu’un père est en capacité de donner à ses enfants quant il a la conscience de s’inscrire dans la grande chaîne des générations et que sa propre vie, unique et sacrée, est au service de l’autre .

Peut-être que ce sera cette nuit. Peut-être dans quelques jours. Devenir froid. Que les os se cassent comme du verre. Que le sang ne circule plus. Que l’immobilité soudaine soit un soulagement après la souffrance. Que le tic tac du pacemaker fasse un bruit d’enfer dans ce corps inerte .

Le véhicule noir n’est toujours pas arrivé. Mais que font-ils donc tous ces soit-disants vivants à boire du pastis, à jouer à la belotte, à se vautrer devant la téléalors que ça gèle en bord de banquise ! ” J’attends, moi, le corbillard ! “

Je me souviens du tour de France que nous étions allé voir avec Charlot, dans les années cinquante. C’était une étape contre la montre. Le dernier coureur à passer était Anquetil qui avait le maillot jaune, et puis derrière avait suivi la voiture-balai. La fête finie, nous étions rentré par le train de Versailles pour descendre à la station du pont Mirabeau et rentrer à la maison par l’avenue Emile Zola. Je tenais à bout de bras un sachet de papier contenant quelques menus objets publicitaires que j’avais réussi à attraper aux passage de la caravane publicitaire. Il faisait beau, un soleil de juillet jouait avec les feuillages de l’avenue. J’aimais ce passage de l’ombre à la lumière et je sautais sur les plaques de fonte ajourée qui entouraient les arbres. J’étais heureux d’avoir passé un moment avec toi, papa, mon petit papaEt cette voiture-balai qui se fait attendre !

Il y a quatre ans et demi, quand maman nous a quitté, je suis resté avec toi une semaine rue de la Jarry. C’était la dernière fois où j’ai été véritablement proche de toi. Tu ne m’as jamais posé de questions autres que strictement matérielles. Jamais tu n’as pleuré. Jamais tu n’as évoqué spontanément quelque souvenir. Si tristesse il y avait tu ne me l’a pas montré. Je faisais ledélicatavec toi pour ne pas te faire entrevoir mon profond désarroi et je ne t’ai pas poussé pour que tous deux nous pleurions à propos du départ de notre femme et mère. J’avais peur que tu t’écroules. Je mesurais déjà dans le silence que tu montraisc’est toujours moi qui engageais la conversationque ton état psychique était troublé. Tu semblais ailleurs de tout ça. Ton manque d’émotion me faisait froid dans le dos. Je n’ai pas su trouver les mots qui t’auraient fait te dire, te contacter dans ta sensibilité. Je savais que tu étais déjà un peu parti .

ਦ 23 juin, date anniversaire de la naissance de maman, je prierai pour toi, papa. Que tu sois de ce monde ou ailleurs peu importe, tu n’es déjà tellement plus là. Ton départ, tu l’as anticipé depuis longtemps. Tu as vendu la maison de Saint-Flour comme pour clore un épisode de ta vie, comme pour brûler ses objets familiers parce qu’après toi il n’y aurait rien, rien que des étrangers qui fouilleront dans tes affaires, rien que des envahisseurs qui vont tout saccager. Tu n’as pas insisté pour que nous gardions cet ancrage familial. Tu nous as donné l’argent de la vente sans te retourner, sans prononcer de discours. D’émotions, point ; comme si quelque chose de toi était mort depuis bien longtemps. Tu étais déja sur le départ. Dans les semaines qui ont suivi tu as eu un grave ennui de santé dont tu t’es heureusement sorti. Et depuis tu attends la suite. Ce n’était pas ton heure. La ligne de démarcation passée, tu faisais comme s’il ne fallait pas se retourner. Question de vie ou de mort ? Fuite en avant ?

Dès lors que la terrible sénilité t’accable, que tu n’as plus ta tête, que la trinité de la dépression, d’Alzheimer et de la démence nous oblige à l’épreuve que nous devons traverser, ਤੁਸੀਂ ਅਤੇ ਅਸੀਂ ਤਿੰਨ ਤੁਹਾਡੇ ਬੱਚੇ ਜਿਨ੍ਹਾਂ ਨੂੰ ਇਸ ਤਰ੍ਹਾਂ ਬੁਲਾਇਆ ਗਿਆ ਹੈ ਜ਼ਮੀਰ ਅਤੇ ਦਇਆ ਦੇ ਪ੍ਰਾਣੀਆਂ ਵਜੋਂ, ਕਮਜ਼ੋਰੀ ਦਾ, ਪਾਰਦਰਸ਼ਤਾ ਦੇ ਅਤੇ ਠੰਡੇ ਖੂਨ ਵਿੱਚ, ਪ੍ਰਤੀਬਿੰਬ ਅਤੇ ਸਮਝ ਦਾ ਕੀ ਹੈ ; ਅਸੀਂ ਆਪਣੇ ਆਪ ਨੂੰ ਦੇਣਦਾਰ ਹਾਂ ਸਾਨੂੰ ਕਾਇਮ ਰੱਖਣ ਲਈ ਜੀਵਨ ਅਤੇ ਮੌਤ ਦੇ ਮਹਾਨ ਕੰਮ ਦੇ ਗਵਾਹ ਬਣਨ ਲਈ ਸਾਡੇ ਅਜ਼ੀਜ਼ਾਂ ਨੂੰ ਹੱਥ ਦੇਣ ਲਈ ਇੱਕ ਦੂਜੇ ਦਾ ਸੁਆਗਤ ਕਰਨ ਅਤੇ ਮਦਦ ਕਰਨ ਵਿੱਚ ਲੋੜ ਵਿੱਚ. ਸਾਡੇ ਕੋਲ ਲੁਕਾਉਣ ਲਈ ਕੁਝ ਨਹੀਂ ਹੋਣਾ ਚਾਹੀਦਾ. ਸਾਨੂੰ ਚਾਹੀਦੀ ਹੈ ਇਕਜੁੱਟ ਰਹੋ. ਸਾਨੂੰ ਇੱਕ ਦੂਜੇ ਨਾਲ ਗੱਲ ਕਰਨੀ ਚਾਹੀਦੀ ਹੈ. ਜੋ ਅਣ-ਕਹਿੰਦਾ ਰਹਿ ਜਾਂਦਾ ਹੈ, ਉਹ ਸਿਰਫ਼ ਕਢਵਾਉਣ ਦਾ ਕਾਰਨ ਬਣਦਾ ਹੈ ਆਪਣੇ ਆਪ ਨੂੰ, ਦੂਜੇ ਦੀ ਅਸਵੀਕਾਰਤਾ ਅਤੇ ਅਗਿਆਨਤਾ ਅਤੇ ਸਾਡੇ ਬੱਚਿਆਂ ਲਈ ਬਹੁਤ ਬਦਕਿਸਮਤੀ ਅਤੇ ਪਰਛਾਵੇਂ ਦੁਆਰਾ ਛੋਟੇ ਬੱਚੇ ਉਹ ਸਾਡੀ ਸਮੂਹਿਕ ਯਾਦ 'ਤੇ ਸੁੱਟ ਦੇਣਗੇ .

Quand j’entends le glas de la finitude au clocher de l’existence, j’écoute, je vois, je suis triste, je pleure, je suis seul et ma solitude je la consomme avec mes proches, je la partage avec les miens que j’aime et qui m’aiment. Je la mâchonne, je la distille, je lamanduque”, cette option absolue de finitude, pour qu’elle me nourrisse et m’aide à croître .

Oui, je prierai pour toi, pour t’accompagner, pour te soutenir, toi papa, corps et âme associés, pour parcourir avec toi ce chemin qui va de chez toi au cimetière où demeure maman .

Papa, je te promets de faire mémoire de ton histoire de vie, et d’honorer cette esquisse existentielle qui tu m’as transmis afin de faire fructifier la vie que tu m’as donnée, afin que fleurisse cette envie de faire plus que ce qui nous a été donné. Et ce, afin que cela soit dela bonne ouvrageutile pour ceux qui nous suivront .

Il est un temps déraisonnable où l’on met les morts à table pour un dernier repas, hors faim et soif matérielles mais plein de faim et soif symboliques et spirituelles, afin de recueillir les miettes de vie qui nous permettront de grandir sur notre chemin de connaissances et de sagesse, de donner sens à sa vie et de s’effacer en osmose d’amour devant ce qui est .

Papa, dans ta démence, émane une aura où affleure, pure et limpide, une valeur profonde. L’ego brisé cède la place à l’essence humaine. Et pour celà tu es précieux .

ਦ 23 juin, je penserai à maman, je penserai à toi papa, je penserai à vous deux, mon frère et ma soeur, et ferai promesse de vivre ces dernières années qui me sont imparties, le plus simplement possible, dans l’écoute, la pudeur, le respect de la personnalité de chacun, le soutien et le conseil, à tous ceux qui seront en difficulté .

Nous ne devons pas nous faire de mal et avoir le courage d’échanger, d’entrer en contact avec nos proches, avec autrui, même si cela semble difficile parce pas très habituel dans notre culture familiale. Le silence s’il peut être régénérateur de soi à soi dans la méditation et la contemplation, est néfaste quant, se transformant en mutisme, il éteint la lampe de l’espoir .

Et puisque par chez nous tout fini par une chanson ou un mot gentil, disons qu’il ne faut pas peser ni sur son prochain, ni sur les autres, ni sur cette terre pleine du mystère de la création pour que nous, lesvivants en marche”, demeurions en communion avec l’Autre qui reconnaîtra que nous sommes tous frères si nous nous aimons les uns les autres .

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