Všechny příspěvky od Gael Gerard

manželství umělce a uměleckého díla

   Kousky umění jsou elektrické výboje, které nás nutí vnímat absolutno. Oni nás zpochybňovat naše usínání tím, že nás nutí ptát se .

Viděný vyzve umělce, aby se divil, co vidí a stiskne. Hmota odhaluje jeho tajemství a kontakt nastává mezi trpělivou duší, pozorovatel a herectví umělce a materiálu, který se krotí tím, že se nechává utvářet . Umělec proniká do viditelného, citlivý, skutečný. Dělá si je vlastní život, který jim dává, aniž by je proměnil v předměty. Nezůstává vězněm vystoupení, odpory a návyky duševního myšlení. On zachovává schopnost žasnout nad realitou neustálým vnímáním trhlina oddělující přirozený a autentický svět od objektivizované hmoty . A za zdáním stvoření vnímá tajemství řádu skrytý. Povyšuje vědu o umění na úroveň kvalit čistého ducha. a ohňostroje jeho inspirace vytvářejí poetický moment, nevinné rozjímání mimo známé jistoty, stejně jako závazek na cestě k divit se .

Obdivovatel, le žák, par nákaza intuitivní, zachycuje interakci mezi člověkem a prostředí, mezi lidmi a vesmírem .

Umělec od a dvojité pozorování jeho niternosti a prostředí vypovídá o věčně obnovená básnická forma. Dochází k nepředvídanému dialogu, nepravděpodobný, mezi tvůrcem, zvíře-člověk z masa a smíšených pocitů a hmota. Umělec se stává, čas ponoru do světla jinakosti světa, sluha toho, co to prodlužuje, toho, co ho stejně tak přemáhá než to, co ho oslavuje. Ukázalo se, že je univerzální pamětí, unie nemyslitelné absolutna a jeho projevu. Krystalizace událost přináší prasknutí pohřbené pravdy, v tuto chvíli vidět kde úsvit toho, co se děje, je jádrem jeho tajemství, jako rande skrytý, který je základem zdání stvoření. Pokračuje ve svém hledání, a zvědavost a citlivost umělce vedou k vnímání a intuice neviditelné struktury věcí .

A materiál otevírá se jako růže v létě před aktivní duší, trpělivý a kontemplativní umělce. Hmota je zkrocena, přivítá se a nechá se tvar. Zvíře-člověk, v nové intimitě sebe sama mizí, aby uvolnil cestu”Člověk”, do univerzální dimenze kde se krása vyjadřuje a existuje. Umělcem je pak a. Je nástrojem novou energii a plně sám sebe. Odhaluje lidskou povahu . Umělec svým gestem tvorby žije. Přijímá a je žito. On je pohyb pohybu před tím, než se stane věcí nebo někým. Má rád. On je intenzivně rozmanitost, dualita a mnohost. On je zrno prach pozorný k neustálým otřesům vesmírného řádu. On je ženich z mnoha svateb, které na něj čekají na konci chodby stín a světlo své povinné cesty .

152

Quelque chose d’avant le temps

 De tant et tant d'efforts
à la mesure des sollicitations
pour garder la tête hors de l'eau
et être en ressemblance avec le visible
sans être fermé à l'invisible .

De tant et tant d'efforts
à élever la viridité
sur le pavois de nos intentions
alors que sans puissance effective
l'amour sensible fait figure de désaffection .

De tant et tant d'efforts
à se mouvoir dans ce corridor
à distinguer le bien du mal
afin de réellement voir où l'on va .

De tant et tant d'efforts
à traverser
les gués du torrent de l'illusion
sans distinguer l'origine de cette poussière d'étoiles
où être hommes et femmes liges .

De tant et tant d'efforts
à se prévaloir d'un soleil éternel
alors que les confins de notre entendement
sont scarifiés sur les autels
du mutisme et de la surdité .

De tant et tant d'efforts
passés à attendre que la pluie s'arrête de tomber
alors qu'elle est partie prenante de la fructification .

De tant et tant d'efforts
à considérer le fin du fin de notre parcours de vie
comme étant le bonheur
alors que nous sommes éternellement en marche .

De tant et tant d'efforts
à accepter que le soleil se couche
avant que les blés ne mûrissent
implorant
en quête de moisson
le retour de la faux du père .


151

se rejoindre soi-même

Il faut jeter par dessus bord
beaucoup de paresse, mais surtout beaucoup d’inhibition et d’incertitude pour
se rejoindre soi-même .

Pour toucher les autres à travers moi, je dois y voir plus clair et je dois m’accepter moi-même.

Depuis des années j’emmagasine,
j’accumule dans un grand réservoir, mais tout cela devrait bien
ressortir un jour, sinon j’aurai le sentiment d’avoir vécu pour rien, d’avoir
dépouillé l’humanité sans rien lui donner en retour .

Tous les problèmes
que je traverse et que je tente d’expliquer, me tourmente et appelle en moi
solution et formulation. Car ces problèmes ne sont pas seulement les miens,
mais ceux de beaucoup d’autres. Si à la fin de ma vie je trouve une forme à ce
qui est encore chaotique en moi, j’aurai peut-être rempli ma petite mission.

Tout cela me semble bien prétentieux.
Je me sens parfois comme une poubelle tant il y a de trouble,
de vanité, d’inachèvement, d’insuffisance en moi.

Mais corrélativement
il y a aussi une authentique sincérité et une volonté passionnée, presque
nécessaire, d’apporter un peu de netteté, de trouver l’harmonie entre le dedans et le dehors pour se rejoindre soi-même .

A la longue il se pourrait que je trouve la paix et la clarté.
Mais oui ! C’est maintenant, en ce lieu, en ce monde,
que je dois trouver la clarté, la paix et l’équilibre.

Je dois me replonger sans cesse dans la réalité, m’expliquer avec tout ce que je
rencontre sur mon chemin, accueillir le monde extérieur dans mon monde
intérieur et l’y nourriret inversement je dois continuer d’écouter au-dedans
de moi – , mais cela est terriblement difficile et c’est pourquoi j’ai ce
sentiment d’oppression au-dedans de moi .

C’est alors que je fermais les yeux. Ne plus penser.
Je traversais un moment de paix, d’accalmie.
Ma foi indéfectible en l’homme ne peut faire en sorte que je me dérobe. Une
perspective de cohérence m’appelle. J’ai si tendrement à faire que je ne puis
qu’assumer pleinement mon destin et employer mes talents à soulager les maux de mes frères et sœurs .

150

par delà la frontière et le mal

La frontière entre le bien et le mal passe entre les deux rives de la rivière. Tout choix d’une rive plutôt que de l’autre ricoche et porte en lui son châtiment et son germe. Le châtiment maintient en enfer ; et le germe, cette force capable de fendre le roc, fissure le cœur. Aussi passons-nous notre vie à tergiverser sur une passerelle .

C’est le passage de l’une à l’autre rive qui reste pur mystère. Nous pourrions penser qu’il existe de chaque côté un abîme par lequel s’opère le passage à une autre dimension. Et peut-être la tentative d’échapper par tous les moyens à cette aspiration, à cette chute vertigineuse est-elle l’origine de nos pires souffrances .

Le refus acharné qu’oppose le connu à l’inconnu, le familier à l’inexploré, oblige le destin à user de violence envers nous .

Pour le foetus dans le ventre de sa mère, la fin du monde se nomme naissance. Nous appelons papillon l’anéantissement de la chenille. Toute vie est un drame cosmique qui ne finit, somme toute, pas si mal .

Passer le pont, c’est changer de nature. Voir autrement, c’est changer sa vision, c’est fissurer sa vision convenue des choses. Qu’il est douloureux de changer d’état. Cela nous fait cligner des yeux, avant de voir plus tard ces états se stabiliser .

Changer de bord brouille le regard que les autres me portent. Aussi de peur de passer pour dément, je me garde d’en parler à quiconque. Mais la vérité est à l’inverse, aussi suis-je sorti du monde qu’hallucine mon époque pour rejoindre une réalité sans temps et sans lieu. Et cette réalité est coulée de lumière, magma fluorecent qu’irisent toutes les nuances du plus sombre au plus lumineux. Et cette palette est piano des couleurs .

Et je l’ai vu comme je vois maintenant par la fenêtre éclater un été au zénith de sa majesté. J’ai vu que la matière n’était que lumière et vibration et Amour, pur Amour, Amour incommensurable .

Et je vois tous ces êtres humains aller quelque part alors qu’ils ne sont jamais partis de nulle part et n’arriveront en nul lieu où ils ne sont déja. Cette immense mise en scène sacrée et absurde me laisse à penser que les hommes sont des dieux quand, entre deux rêves, ils laissent leur regard vaguer sur le monde .

La leçon de cette métaphore de la passerelle entre deux rives est que la vie nous a été donnée, que nous nous devons de mettre le plus d’énergie possible à faire fructifier ce potentiel, le moins d’énergie possible à en souffrir et ne pas s’étonner quand ce qui semble être éternel clignote et disparaît .

149

QUELLE NUIT CETTE NUIT

 Défaite sans parole
sous le vol d'un spectre
se vidant de ses attributs .

Exil d'une seule nuit
dévorée par la toile du songe
sans que le secret ne corrompe la mémoire .

Oubli d'entre la brume et la lune
tu ne mourras pas tu ne peux mourir
toutes gloires du jour éteintes
de par les entrailles de la vallée
d'où s'élève le double son du hautbois et du saxo .

Envoûtement prolongé
aux limites d'une traversée
avant de s'abîmer dans l'obscur
où lentement se consument
chairs et ongles de l'endimanchement de la tendresse
échue en rosée de sang
avant que ne s'égare l'aube .

Écueil disposé entre les lanternes
au milieu de ces épaves
qu'un ordre mystérieux
fait accoster dans ce royaume
kde studený pazourek odděluje maso od kůže .

Život je tady
život je místo
můj život je společníkem tvého života
velikost XXL vyneseného mediánu
mezi modrým dětským úsměvem
a věčnost blonďaté pouště .


146

básník a lidstvo

 V pochybnostech a naději .
Pokud existuje spojení mezi umělcem a zbytkem lidstva
nemůže to být tak, že nemůže být vytvořeno nic živého
bez temného vědomí tohoto odkazu tam
pouto lásky a vzpoury .

Pokračování může přijít až po skončení filmu
suita filtrovaná veselostí světla světa
apartmá k lezení po schodech čtyři po čtyřech
v přátelství houstnoucí vzduch
jak se čas mísí s časem
jak uplynul tento den, který se nevrátí
jako ostré rohy svíravého chladu okraje lesů .

Přijdou nebo nepřijdou
pak odejdou
jejich život se soustředil na jejich každodenní zaměstnání .

K protažení krku
k blízkosti konečnosti všeho k sobě samému
stoupá vůně obětí přinášených bohům
blízko k lidskému postoji, který stojí za to - smích .

spěchá dovnitř
přes dveře zklamání
vraždy a znásilňování v koncentračních táborech
nevýslovné utrpení, které musí být vyřešeno
otázka smyslu jeho života
bušení srdce
před červenou knihou padělků
kam se odplížit
kam plivat jeho sraženiny temných slov
sur le corps de marbre du père parti dès la première ligne
où l'effort de s'engager
qualifierait d'une attention première
le souffle divin à promouvoir .

S'élève
par dessus la tendresse de l'aube
aux accents de merles chanteurs
le caducée de l'intelligence et de la culture
union cadencée aux douces effluves de jasmin
hors la solitude bitumineuse
hors le mot à mot de l'encre noire
hors le palais imagé des juges de l'octroi
hors l'ourdissage des frasques de la bêtise
hors cette étrange naissance entre chien et loup
où lire vrai
est l'ultime moment de décision
pour rassembler en son âme
la perspective d'un nouvel élan
afin que l'énergie adhère à l'esprit
tremplin
où rebondir encore plus haut
dans la vie simple .


148

Se donner un nom, tvář

 Jsi tak průhledný
fricassée de grillons dans la prairie
Za soumraku
otevři se probouzející se hvězdné obloze
mimo dosah
u zdroje šepotu .

Přišel jsi z hlubin země
z tisíce složených okvětních lístků
před hektickým příchodem špačků
opakovat
que la marée monte
hovory odcházejí
udusaný v podpalubí
Doufat v poslední kapku deště
na křídle noci
zeleň zdobená
na stěnách nostalgie
dávat pozor na tajný průchod
mezi ženským a mužským
a znovu se v tobě zrodí .


147

Pošlete mi pohlednici

DSC01279

 Avec du bleu partout sans bleu à l'âme
avec du vent à perdre haleine mais sans vraiment la perdre
avec une tendresse de l'air sans mouche carnassière
avec un arbre des tropiques qui ne pique pas
avec la mer mais pas trop froide et sans requin
avec des bateaux sur lesquels on pourrait monter
avec des vendeurs de chichis qui soient beaux et ne projettent pas de sable sur le bronzage
avec des enfants qui ne crient pas
avec un soleil qui ne soit pas trop chaud
avec une baraque à frites pas trop loin
avec un polard à lire qui ne soit pas trop glauque
avec une serviette de bain suffisamment large
avec des lunettes de soleil sans traces de doigts
avec un parasol qui ne s'envole pas à tout bout de champ
s chytrým telefonem s nepříliš agresivním vyzváněním
s nespočetnými hodinami před vámi
se sladkým pocitem hladu připomínajícím večerní grilování
se zvukem vlnek hladících břeh bez nevzhledného škrábání
s oblohou, kam by letadla netahala své nečitelné reklamy
s nepříliš velkým břichem, které mi umožňuje vidět prsty u nohou
s opalovacím krémem, který při sušení netahá chloupky
se správným množstvím potu, který ukazuje, že tuk taje, ale bez odkapávání
s klidnou relaxací s každým nádechem a nadějí, že to nebude poslední
s ponořením se do polospánku za doprovodu motýlů poletujících na azurovém nebi
avec la possibilité de saisir une poignée de sable sans rencontrer un mégot
avec le projet de ne rien faire malgré ce mental qui nous ronge
avec une pincée d'infinitude sans penser à ce qui vient .


145

Dieu est la métaphore

 Dieu est une métaphore pour tout ce qui transcende les plans de la pensée intellectuelle.

La pensée intellectuelle est une fleur qui n’abolit pas Dieu.

Dieu parfois en ses thuriféraires peut sembler la plante racine de toutes choses.

Cette pensée intellectuelle qui à reculons amorce la trace inquisitrice du débordement divin est la rampe d’accès à la vérité.

Son pistil d’amour au bord de la congestion fiche la flèche de la connaissance hors de la permissivité du péché.

La sagesse à demi enfouie aux prémisses de la beauté est l’antichambre du grand chambardement.

A se poser l’insecte butineur pourrait découvrir le pot aux roses de la liberté.

L’effluve crépitante de mille étincelles d’amour en bordure de la langue de feu marque la venue de celui qui dit.

La poésie en sa quête d’émerveillement est la métaphore du Mystère.

144

La damoiselle des mers

 La mer au cru d'un bleu des origines
je m'y jetais
je quittais le radeau des convenances
et tenais gente damoiselle contre mon giron
l'eau était tendre et propice à l'avancement de la situation
au large étale sans terre à l'horizon
immense aux fines ondulations régulières et frissonnantes
l'onde transparente
je distinguais des galets par le fond
je nageais sans hâte sans but
un temps infini .

Apparurent des côtes
je m'approchais
le paysage était décharné
tout était blanc de cendres d'après le cataclysme
des arbres déchiquetés
pas de feuilles pas de verdure
je longeais le littoral
une crique j'accostais
une maison en bordure d'un amas de végétaux fossilisés
vestige d'une forêt d'antan
gigantesque cimetière dressant ses moignons vers un ciel d'airain
une maison avec un échafaudage tout autour
des êtres humains devaient avoir repris possession du lieu après la terrible épreuve
je déposais gente damoiselle
et la suivis vers la maison
une bâtisse de pierres à deux niveaux
devant la porte alors que nous nous apprêtions à toctocquer
s'ouvrit telle une rafale de vent
un souffle qui nous aspirât
un printemps nous enserrait
une petite femme toute de noir vêtue
d'une toile souple la tête recouverte
les pieds nus dans d'épaisses sandales de cuir
à lunettes et visage ridé parue
pour nous entraîner vivement dans un intérieur sombre
les deux femmes semblaient se connaître
je n'eus droit qu'à un coup d’œil furtif
comme si je n'existais pas
mais étais-je vraiment visible ?
au travers de cette traversée que j'effectuais sans effort
animé d'une tâche à remplir
n'étais-je pas un esprit ?
s'engageât là devant moi simple témoin
une conversation animée
pleine de joie de variations dans la voix
deux bouquets de fleurs multicolores des pépiements d'oiseux joyeux s'entrecroisaient
au jeu des mains et des regards lumineux
un chant gracieux fait d'allégresse
dont je ne comprenais pas la langue
je n'étais pas des leurs
j'étais le passeur qui permettait leur rencontre
alors je disparus
fort de l'oeuvre effectuée .

Depuis ce temps
le murmure n'est plus le simple accord mélodieux des éléments de vie rencontrés
il est charmille épaisse en la vie revenue et rire des enfants
à la remontée du chemin pierreux
qui longe la maison désormais familière .


144