Des fleurs à foison
figées par la photo
déjà depuis quatre ans
une pelouse en Bretagne
un pan de beauté qui jamais ne s'éteint
des souvenirs accrochés
en plein été
nous revenions du marché
c'était à Tréguier
nous avions rendez-vous avec les amis
et par dessus tout çà
une musique de biniou et bombarde
annonçant une odeur de moules frites
il faisait calme
nos corps étaient sans douleur
les cloches de la basilique se sont alors mises à sonner
sûrement la sortie d'un mariage
du riz que l'on jette
et pour point d'orgue
le bouquet de la mariée
lancé par dessus la compagnie
et rejoignant les fleurs à foison
figées par la photo
depuis déjà quatre ans
une pelouse en Bretagne .
041
ਮਾਸਿਕ ਪੁਰਾਲੇਖ: ਅਕਤੂਬਰ 2012
Douceur

Au calme friselis de la rivière
les berges tendres offrent
au promeneur régulier
l'accompagnement marial de l'entrée au temple .
Se penchent les bonnes fées feuillues
laissant leurs ombres arrières projeter en avant leur pollen
gatterie pour animalcules des eaux encore endormies .
La forêt en bordure
ombre de mystère le passage des génies de ce lieu .
Accoudé sur le pont
les odeurs de la nuit mouillée franchissent le parapet
et creusent sur le visage la contemplation des choses faites .
039
Il fût un temps de raison

Au creux de la maison
où l'œuf représentait
l'éclat magique d'une omelette de champignons
en fricassée s'entend
pour que les hommes rajoutent de l'ail
les femmes elles ramenant les fines herbes du jardin
pendant que les enfants chantaient à tue-tête
"six kilomètres à pied
ça use ça use
six kilomètres à pied
ça use les souliers."
039 bis
Au creux de la maison
où l’oeuf représentait
l’éclat magique d’une omelette de champignons
en fricassée s’entend
pour que les hommes rajoutent de l’ail
les femmes elles ramenant les fines herbes du jardin
pendant que les enfants chantaient à tue-tête
“six kilomètres à pied
ça use ça use
six kilomètres à pied
ça use les souliers.”
039 bis
L’idée est forme pure, désincarnée
L'idée hors du temps et de l'espace.
L'Esprit est ce qui engendre, transforme, met en œuvre les idées. Il est l'apport extérieur dont on ne sait d'où il provient, et qui peut même provenir de l'intérieur.
Le Réel est l'ensemble de toutes les "choses" qui existent ; il est la chose qui contient et lie et met en œuvre toutes ces choses. Il est le kit reconstitué et qui fonctionne.
Il n'y a pas de réel sans idée puisque ce qui est réel a forcément une forme : l'informe pur est le néant. L'information est au point de complexification du contact avec la matière une sorte de pulsion subliminale venue d'ailleurs et qui pourtant fait poids. Le Réel est donc Esprit ; le Réel est un Esprit qui pense des idées, y compris l'idée de substance par laquelle les idées s'incarnent en choses pour les consciences particulières qui participent de cet Esprit.
Ici sur la photo, il y a les choses qui semblent exister, mais qui pour vraiment exister, c'est-à-dire se pourvoir vers l'extérieur - ex-istere - et se montrer, ont recours à l'Idée, composé complexe rassemblant l'observateur, son intention et l'outil appareil photo. Ainsi la scène prend forme avec l'Esprit débarqué par la sollicitation active de l'inventeur plasticien. Et c'est à ce point que l'on peut parler du Réel. Un Réel, composé de matière ou substance ou chose, d'Idée sollicitante et de l'Esprit.
Du Réel à l'Esprit il n'y a qu'un pas propice à un changement de niveau de conscience, à une stimulation de la raison en vue d'être là, en accord non duel, pour faire un pas de plus.
038
De cet envol délicat

Puissamment et savamment orchestré en un couple aux ailes d'ange le fond du ciel laiteux accueille la quête de celui qui d'en dessous le filet rassemble les énergies au printemps de la nouvelle année élans à venir d'entre les mailles pour percer d'un coup sec le ventre mou de la sardine sans être la risée des rieuses prêtes à fondre sur le morceau de chair abandonné ultime sacrifice des sangs mêlés que prône la Vie cette Vie en tous ses états un doigt de sel sur le pare-brise de l'embarcation manière d'accompagner d'un bol d'air océanique le cri inouï de la délivrance. 037
Le bonheur 1
Le bonheur est une demande légitime. Seul un homme heureux a une chance de rendre les autres heureux.
Il est important de comprendre que c’est en soi que tout se passe et que les évènements extérieurs n’existent pour soi que de la manière dont on les reçoit.
Nous pouvons, à force de travail psychologique, modifier, améliorer, rendre plus satisfaisant certaines formes de notre conscience en passant en revue toutes les pensées, les humeurs, les émotions, les états d’âme, les peurs, les désirs, les joies, les peines, les envies, les refus dont nos existences sont tissées. Nous pouvons nous préoccuper de diminuer la puissance des souvenirs anciens emmagasinés dans la mémoire inconsciente.
Mais il est un autre niveau qui est ce qui “EST”, intemporellement, éternellement.
Et cet autre niveau n’est pas celui de l’expérience, où les formes extérieures de conscience proviennent exclusivement du né, du fait, du devenu, du contingent, du conditionné, du déterminé.
Cet autre niveau est appelé niveau métapsychologique et est souvent comparé à l’eau de l’océan, substance de toutes les vagues mais qui en elle-même n’a aucune forme. Et ette réalité métapsychologique, au-delà de toute forme grossière ou subtile donne une réponse à l’inquiétude humaine. C’est la réponse absolue, sans but ultime.
C’est la Plénitude, la Perfection, l’Eternité, l’Immortalité. C’est la Conscience ultime. C’est le Non-Né, le Non-Fait, le Non-Composé : la Réalité. Je suis Cela. Je ne suis pas mes pensées, je ne suis pas mes émotions, je suis le Soi !
Mais cette approche directe si opposée à notre mentalité occidentale donne des résultats décevants.
Aussi, pour l’instant il est plus humble de considérer que nous ne sommes qu’une vague, mais toute vague est comme un hologramme de l’océan ; elle est l’essence de cet océan infini.
ਅਤੇ ਫਿਰ, il faut que le Cœur soit touché.
(texte inspiré par Guendune Rinpoché)
036
La vrille des prés
En son obstination elle accroche pâturages et taillis, haies et boqueteaux.
S’intensifie la puissance de la spirale qui nous happe d’un tour de queue habile et vigoureux.
Peur du refus, du refus d’un tel objet dans les prés, si prêt de nous, refus d’une réalité que nous savons comme évidente mais dont nous continuons à nier la présence en un tel lieu.
Enveloppement tenace. Passez, il n’y a rien à voir.
L’insecte qui viendra visiter sa proie n’est pas encore d’actualité. Il attend son heure. Ne le décevez pas quand il vous surprendra. Ne cherchez pas à l’éviter par un agencement intérieur de pacotille ou un voyage aux antipodes. Il saura vous saisir puisqu’il est ontologiquement disposé à être proche de vous ; puisqu’il s’agit de Vous, de votre Etre Profond.
Ne fuyez pas. Vous vous devez à vous.
035
Des serpents sortent de sa bouche

L’homme bien mis, aux yeux dessinés, aux mignonnes petites oreilles de souris, au nez fin, aux narines dilatées, à la moustache lissée, à la chevelure ramenée sur le front à la romaine, ne montre pas sa bouche .
De cet organe ne s’élèvent pas de chants grégoriens mais jaillissent des serpents, d’illusoires fadaises propres à engendrer le trouble, la tromperie, la plaisanterie graveleuse, les calomnies et autres basses oeuvres .
Les serpents se pourlèchent de contentement. De la vasque aux acanthes académiques le crissement de leurs écailles jettent le trouble chez le passant qui, pressant le pas, cherche sans coup férir à se mettre à l’abri sous le porche silencieux des capacités de surseoir à cette inquiétante rencontre .
034
Qu’est-ce que cette peur tenant au simple fait que je me sens infini et qu’en même temps je refuse ?

Pourquoi vouloir se maintenir dans mon illusion d’être petit et limité, limité à l’intérieur d’un corps physique si petit dans ce vaste univers et à l’intérieur d’un corps subtil étroit, tellement étroit ?
Pourquoi ce minuscule ego nous cache-t-il l’infini et l’immensité du Tout ?
033
Le commencement de l’écriture poétique

Ce moment d’on ne sait d’où.
Une situation de désarroi inaugurale.
Des mots surgissent et se coordonnent à l’instar d’une logique immédiate.
L’intuition de la profondeur se marie avec la raison pour convoler vers la totalité de l’Être.
Quand la musique des mots prend forme par la parole ; constater le néant, s’y tenir.
La Forme et sa suite : le Son.
Dans la profondeur du Son l’unité émerge et la Forme est là ; rythme, assonances, harmonie.
Forme et Son comme tels ; d’une signification immédiate.
Deux univers aux puissantes ondées se rejoignent.
Au delà du bougé la contemplation devient reine.
032