Les vaches sortent

Se replient les ailes de la nuit   
Au petit jour au petit rien   
D'un matin de juillet   
De rosée épanoui   
Dans la cour de ferme   
Les vaches sortent   
Se frottant cuir et cornes   
Les bouses fraîches   
Fleurant la venue   
De rêves d'herbes   
Lande proche   
Devant le regard pâle   
De l'ange des pâtures   
Présageant la douce pensée   
Tendresse et détresse mêlées   
Hors du nid   
De l'envol de la nostalgie.      
 
1288

Les neuvaines

Y'a des neuvaines à la pelle   
Dans la grand'cour d'école   
Que le vent interpelle   
Croix de bois croix de fer   
De la terre à la mer.      
 
Minutes grasses de la nuit noire   
Au risque de paraître bégueule   
Nous fîmes le tour de l'allée couverte   
Chênes devant   
Dalles de granit par derrière.      
 
Et la lune grossissait   
Piquante à souhait   
De ses crocs rigolos   
Faisant patère porte nuages   
Du déplié d'un ciel de traîne.      
 
1287

Saturé de lumière

Saturé de lumière   
Palmant les eaux    
Il était au pré carré de la loyauté   
Le penchant bienfaisant   
Des élites du rang.      
 
Coquillardes mandibules   
À portée de Jéroboam   
Navré d'écailles et de poils   
Ils étaient les diptères   
Sortis un soir de terre.      
 
Les aimants   
Les émaux, les émeus   
Les aimerons nous encore   
À pleines brassées de foin coupé   
Ces victimes d'Auschwitz et d'Hiroshima.      
 
1286

Trois pièces d’or

Trois pièces d'or   
Au fronton de l'hospice   
Marquent l'entrée des roses trémières   
Offrande à même le devenir   
De l'espace en littérature.      
 
Au musée des antiquités   
Les bandelettes des momies   
Chargées sur des chars    
Faisant tapage de leurs chenilles   
Empreints de la fresque guerrière.     
 
Jouant flûte de pan   
À la sortie de l'église   
La foule se pressait   
Vers l'arrière-cour de la déréliction   
Ouverte sur le vide sidéral.      
 
1285

Les grands arbres

Les grands arbres   
De l'allée couverte   
Ont éclairé le cloître   
Au meilleur de l'orgueil.      
 
Puis vint la liberté   
De la lumière des anfractuosités   
À soutenir le silence   
Grave, massif et doux.      
 
Et l'on marche   
Entre les herbes hautes   
vers la trouée de lumière   
Par la forêt souveraine.      
 
Ni toi, ni moi   
Resterons bras croisés   
Devant les murs de la cité   
À quémander subsides de l'effroi.      
 
1284

Les larmes douces

Les larmes douces
Contre les chênes   
À portée de l'esprit   
Ont la saveur de leur origine.      
 
Saigne faiblement   
Dans l'aube tiède   
Le monde entrecroisé   
De la nuit et du jour.      
 
Récifs de la vie    
Pressentis jeune   
Font l'ange sous l'orage   
À mesure du souffle qui gronde.      
 
Effrayé   
En route par les traces appelé   
J'eus en plein vent   
La connaissance de l'errance.      
 
1283

Les moineaux c’est rigolo

Les moineaux c'est rigolo   
Les merles perles noires   
Les pigeons dansent en rond   
Et même un pivert par derrière   
Et un rouge gorge   
Pour faire gorge chaude   
Et allumer la forge   
Des hortensias   
Sautillant d'un pommier l'autre   
En bordure de terrasse.      
 
Et quand pigeons volent   
C'est pour de bon   
La barcarolle   
Et ça danse jusqu'à la nuit venue   
À se jeter tout nu   
Dans la marmite de Mère Grand   
Les yeux blancs scintillant dans la saumure   
À ce qu'on murmure   
Le soir en s'endormant.      
 
1280

J’ai pensé de toi

À revenir   
Vers la source   
Sans succomber à la tentation  
Fait dire au tout venant   
Que la vie est belle   
Quand passent les cigognes.      
 
À l'occasion d'y revenir   
Serait marquer d'une pierre blanche   
Le monde des formes   
Sans croire au surgissement   
De la nécessité de travailler   
Comme de bien entendu.      
 
Au présent   
Déterminer le passage   
Mène à l'action   
Sans obligation d'une réflexion   
En accord avec la complexité   
D'avoir juste tenté.      
 
Pluie fine de la nuit   
Avant le petit matin   
Caresse les bras longs des violons   
Sur un mode linéaire   
Sans nostalgie de l'éternel   
En cueillette de ce rien qui nous fait être.      
 
Mille mousses   
Où basculer   
Nous, le trésor caché   
Par la bouche du Prophète   
Sans être connu de l'un et de l'autre   
Anges de la connaissance.      
 
Penser
Penser l'exigence   
Penser la qualité   
En séduction ordinaire   
De la grande discipline   
Riche en informations.      
 
Facile   
Au mental agenouillé et familier   
Sommes peu intime   
Avec les coulisses de l'arrière-cour   
Là où faire son marché   
Sans que rien nous émeuve.      
 
Oreille advenante    
À la vigilance de l'ici et maintenant   
En découverte de la nature de la pensée   
En contact avec le volatil   
En conscience   
En oubli des convenances.      
 
Se retrouver   
Céleste   
Dans le langage   
Au cœur de la relation   
À se soucier du vrai   
En acquisition du feu.      
 
À cinq heures   
C'est le jour qui point   
Point à la ligne   
Point de croix   
Passage du stade instinctif   
Au stade intuitif.      
 
Et si le tonnerre gronde   
S'il y a dépassement de la température   
La folle du logis sévit   
Flammes turgescentes   
De l'imaginaire en fusion   
Accaparant et le pain et le vin.      
 
Au diablotin généreux   
Entre les pampres de la vigne    
Il y a la pensée   
Fille du besoin en tant que manque   
À mi-côte du plaisir   
Entre la sensation et l'émotion.      
 
1279

La présence à ce qui s'advient