Deux pierres de beauté ont surgi Telles oreilles enchantées Du méli-mélo de racines Suppléant à la timidité feinte Du promeneur familier Titubant sur la sente rocailleuse.
En ce jour de l’Assomption Le linge séchait dans le pradou La cloche de Saint Lambert avait sonné Nous attendions habillés de près Souliers cirés Près des grosses pierres de l’entrée.
Souvenir souvenir De la chambre d’écho des Matillou Retentirent les voix raffinées aux petits oignons Des femme-mères afférées à leurs derniers préparatifs Alors que les homme-pères bichonnaient les voitures Là-haut sur la route.
La forteresse de l’avenir était à prendre Le manuscrit bouclé La mélancolie cachait ses dernières poussières La page se tournait Vite fait bien fait Au déplié des visages familiers.
Écrire c’est prendre soin De ce que l’on voit Phrase après phrase Lorsque le frêne et le tilleul bruissent Et que montent du muret Le souffle de la présence des anciens.
Propre et dur Sans grain chenu à se mettre sous la dent La vraie Vie en fond de cour Porte ouverte Cœur timoré Nous avons convenu d’évaluer l’espace monacal Cette offrande de l’orthogonalité des lieux.
Rectitude et Fermeté Amusent la foule Alors que le petit homme Perdu, éperdu, généreux, épuisé mais toujours debout Est la risée de tous Sans que la douce fleur advienne Dans ses épousailles avec le monde.
En fond de la ravine Parmi les dangers de la paresse intérieure Le Ciel s’amuse à nous punir Nous les maîtres de notre destin Enclins à se nourrir à la paille Parmi les traits d’humour Jusqu’à ce que corde vibre au sortir de l'ombre.
Stylet du haut des cathédrales À la pierre tombale feinte Tendre vertu À rentrer au Point du Jour Par la fente de volupté.
Il est du monde Que frontière entre les vivants et les morts Délice de la Goule D’où viennent les moineaux Vraie poésie de la lumière.
Main aux herbes courbes Ensemencement jusqu’à sa propre consomption D’une vigueur altière À portée des feuilles sèches Cingle une dernière voile.
Chercher n’est pas trouver Le livre à la sueur d’encre Qui par nuit de septembre Allumera un dernier feu Éclairant les yeux mouillés de l’aube.
À se taire plus longtemps Les mains pariétales Gagnent la pelouse sage Devant le fleuve de boue En toute subtilité.
Bruits tout partout Du Maître des écritures Apposant sa patte d’encre Sur la logique dépouillée D’un éternel enlisement.
Lovée dans sa conque marine Le vide stylisticien Avale la contrée aux flocons de neige Part intangible de sa légitime passivité À boucler bas la ceinture des instincts.
Battre campagne À fleurs de lys rabattus Engage le bougre à rallumer la flamme Contre la pierre froide De son originalité.
Ombres et lumière s’enlaçant À la veillée des échanges Je saurais être la main miraculée Sortie de terre Terrassée par la musique des orgues.
Du trou la main se lève Doigts et ongles enrobés de glaise Vers la fleur de lotus S’efforçant de percer les nuages Aux marges de la grâce.
Sur la paroi Dansent les ombres de la préhistoire Traits lancés contre le mystère À ne pas mourir trop vite En ces temps de rêveries prononcées.
Nichée de mai Cadavre exquis tombé sur la pelouse Les branchettes ferraillent sèches Jusqu’à l’ivresse de renaître Au jeu des particules lumineuses.
Avec ferveur et humilité Dans le jardin des souvenirs Il fallut jouer des coudes Pour porter la pignole Dans la sérialité de l’âme Jusqu’au foyer grand-parental.
Les sourires colorés de nos désirs Ont gravi la côte La fleur au ventre Conscient de grandir en l’Être Par amour de la Beauté Et de la Vérité.
Rambarde jusqu’en fond de couloir Par temps de musique triste À l’assaut du faîtage vers l’ascension unique Dégageant le remuement des oiseaux L’empreinte noircie sur les murs de chaux Rappelant les torches du passé.
Vivre c’est rassembler des grappes d’images Dans l’ivresse de renaître sous la liqueur bleutée de l’air Aux marches du destin Que le hasard fait sien Par l’instabilité du gargouillis de l’esprit Livre ouvert sur les genoux.
Pas besoin d’anges ni trompettes Au corridor des amours Prélude incessamment répété Par la musique des sphères Sur un fond de fox-trot Grésillant en fond de grange
Faut savoir Que la douleur Seule en bord de route Marque le grignotage de l’âge Engendrant plaies et bosses Au paradis des jours à venir.
Place au Méphisto de l’ombre D’étage en étage La pluie se fait bruyante Sur les vasistas
Flamme Visage et Dentelles Rêveries de la religiosité Bonbons de guimauve Camisole de force Cène officinale de l’Être Alphabet des mondanités Une sainteté va Bruit sourd du marteau-pilon.
Appel au grand air Baguettes magiques sur le tambour de l’âme En guerre contre la fausse parole Geôles ouvertes devant le petit écran Dédicace manuscrite au feutre noir Le pont entre la boue et la mélancolie Une écriture de garde-barrière tôt levé Prince-poète des esthètes et des moralistes.
Aux horloges du monde Les ressorts se sont cassés Le visage reflet s’est usé en rase-campagne La tête de l’hydre s’est envolée Un clou enfoncé dans la misère du monde Le passe-droit des contemplatifs Un arrachement aux cimaises de l’ordre Le premier jour d’école d’une passion triste.
C’est dans le noir qu’on prend feu Qu’il nous reste tout à découvrir Que les chevaux de la pensée éructent Que le bruit du papier froissé fait mystère Que se révèlent les lumières de la poésie Grignotage du simple et du gentil Connaissance de la déchirure Bouche-à-bouche d’amour avec la chose.