Au porte à porte d’une capeline

   Elle avait mis sa capeline   
sèchement
et pris la porte.

Depuis,
silence,
commémoration en temps de crise
petite ébréchure sur la tasse
l'ampoule électrique clignote
nous sommes en fin de ligne
j'ai ouvert le tiroir à pain
me suis coupé tranche de pain
beurre et fromage
façon de faire passer la pilule.

L'horloge sonne les cinq heures
le jour ne paraîtra que dans trois heures
prendre un livre
jusqu'à ce que fatigue vienne.

La cuisinière encore chaude
dans l'ombre
sur laquelle mijote un reste de soupe
un papillon de nuit se réveille
pour se cogner à l'ampoule.

Elle avait mis sa capeline
sèchement
et pris la porte.

Sur la grande table
ses collages
sa vie de trentenaire
ses souffrances amoncelées
un regard de biche perdue
un paysage en trompe l’œil
je froisse le tout
ça réveille le chat
se dandinant vers ses croquettes.

Souvent
paraît que l'aventure
passe par la rupture
que l'on franchit sans se retourner
offert à la nuit frissonnante
du frêne animé par un souffle.

Vite,
refermer la porte
la pièce se rafraîchit
enfourner une bûche dans le foyer.

Elle avait mis sa capeline
sèchement
et pris la porte.


322

seul au pas de porte

 Seul au pas de porte   
se trouver entre vivants et morts
à la proue du navire
couvrant un avenir incertain
sous les patères du vestibule
vêtements dépareillés
par l'errance obligée .

Claque l'oriflamme
le temps qui cogne
offre ses parenthèses
au crépon de nos plaies
sans qu'apparaissent
les coquelicots de l'enfance
mariage éternel
d'avant le grand chambardement .

Dans l'auguste fissure
en attente du jour
d'une marche lourde
s'en va le vieil homme
sur le chemin poussiéreux
des souvenirs à venir
accueil radieux
se détachant du trop connu .

Alors offerte
cet embrasement des couleurs
à pleines brassées
aspiration enchantée
de nos pas comptés
sur le gravier crissant
de la douce venue
de ton sourire .


320

De la terre rouge sous la neige

 De la terre rouge sous la neige  
 pour le noir de l'infini  
 vers le blanc des évènements.  

 Traces volatiles  
 sous le cristal du mouvement  
 le givre craque.  

 Grande écriture chiffrée   
 rencontrée parfois   
 à l'intérieur des montagnes.   
 
 Perdu en lisière  
 l'enfant contre son cœur  
 serre le viatique des belles pensées.  

 Consommer sans se consumer  
 le comble serait de croire  
 et d'en faire parure.  

 Dans le noir de l'encre  
 il y a le vide de l'espace  
 cette page de silence pure.  

 Pour les papillons de nuit  
 point d'obstacle  
 juste le fermoir actif de la révolte.  

 Les pavés de l'oubli résonnent  
 trotte-menu du génie de passage  
 sur le lin blanc du poème.  

 Ça crisse sous les pas  
 se déclinent les nervures de l'illusion  
 au ressaut d'un vide d'air.  

 Brouiller les cartes  
 faire un grand feu  
 l'amour fait des claquettes.  

  ( Photo de Caroline Nivelon ) 
 
321

Mourir en pensées

 
Mourir en pensées
atteindre l'autre rive
sans que mémoire survienne .

Cocher aux basques du temps
la sensation
sans que reflet ne vienne .

Effaroucher le pigeon
d'un geste lent
sans que poussière se mêle .

Écorcher le lapin des songes
au saut du lit
sans que remords parviennent .

Essarter la plaine
au souffle des animaux de trait
sans que fin du jour n'advienne .

Moucher les bougies
entre pouce et index
sans coulure ni brûlure .

Élever le pavois
par lente ascension
sans les hourras de la foule
psalmodier quelques reflets de lumière .


319

sandales de vent

  " Sandales de vent "    
qu'on l'appelait
cet être d'ombres habité
ce cri
hors des rencontres accoutumées
cette solitude
à la trace écornée
origine des passions
courbée sur le pavement des circonstances
cette frilosité
d'avoir à faire
cette fuite ensemencée
de poussières d'or
ces soleils
des jours recueillis
dans une coquille d’œuf
la déliaison des accords majeurs
la musique souterraine
moya o nang le mapheo
ka mor'a ho lahla ho tsoelang pele
moya waka
bokhoni ba ka ba ho haka
mahareng
ho tloha ho tse bonahalang ho isa ho tse sa bonahaleng
the Ha ho letho la tumellano ea rona e fapaneng .



316

moya o kenang

 Moya o tukang  
moya o fokang
moya o tshehang
moya o jalang
moya o fokang ka matla
kgutlisitsoe
le ho cheka noka
ya moriti o moriti
moea oa ka ke lejoe le phikolotsoeng
ka tlas'a mohoma kabelo
lejoe le fetotsoeng
ho senola mahe a dinotshi a lefatshe
lejoe le hohla
eo letlalo le phunyang ho yona
mpa e lapileng
tsa ngoana ea tlang
tlas'a mohoo o fanoeng
qetellong ea potoloho
qetellong lirosa
ho longwa ke serame
e nang le mekhabiso ea mebala
mela ea li-bacchanals
holim'a letlapa la ho tlosoa ha ntlo ea ka
ea ka pakeng tsa rona
lemati le bulehileng
hore ka monwana o le mong ke bule haholo
ho moya o tlang
au vent qui entre .


315

passe-murailles du temps qui passe

 Te souviens-tu
des platanes au bord du canal
des corbeaux à la tombée du jour
aux festons de lumière
épelés par le bruit de l'eau
collés à la cime des arbres
majestueux déplié des nuages
lèvres entrouvertes
élan des bras
vers les colonnes du temple
auscultation métronomique
des orifices que la lumière inonde
finissante nuit d'été
aux rebelles moiteurs
que le vent épouse
frisson ardent
simple réponse
que les pas frisent
sous la rosée avenante
joues rosissantes
les bougies se montrent
dans l'ombre saisissante
étoffe légère sur ton épaule
friselis de ta voix
échancrure d'un souvenir
passe muraille du temps qui passe .


313

ta main légère grignote les cordes

 Ta main légère  
e hlaba likhoele
katiba e phahamisitsoeng
e apereng diaparo tse ntsho
ho fetella ha ka metsing
menoana ea ka e melelele
holim'a lerumo le bolaeang
ntle le bohlale ba tlhaho .

Lipapali tsa metsi
letsoapong le lenyane
li-papillotes le li-caramel
kristale ea bona e hlobotse
bakeng sa meno a ka pele
haka motho e monyebe
masiu a khale .

Decoction ea pososelo ea hau
tlasa duvet e futhumetseng
e khona ho bilika lihlopha tsa linaleli
melamu ya mmino
ka moya wa ho fofa ka boikaketsi
thabank
hore leru le hlakole
hoseng hoo
mokgoa wa moriri hodima leihlo
blur infinity .


314

takatso e matla

 Kelello Sever
ea hona joale ha e sa phalla
joalo ka ba bang ba bangata
ho phonyoha .

Ho tloha ho e tšoanang ho ea ho e tšoanang
thoothello ya ho mamela
'metso oa ruruha
mme o thotse .

Ho tloha Vincent ho ea Toulouse
seipone se felisitsoe
ho qhotsa monoana
ka zinki e phathahaneng .

E ommeng e tala
tlasa madi a naha tse chesang
leshala pakeng tsa meno
takatso e matla .


309

La présence à ce qui s'advient