Bleu sidéral

Bleu sidéral    
perles d'amour    
en corps 
et encore    
dans l'infini    
du nid des choses tendres  
sans que blessure vienne    
la joie    
effiler la trame des jours    
au gré du passage des nuages.        
 
Bleu impérial    
de la confiance    
en ce qui vient    
sans attente    
sans plier celui-ci à nos désirs    
en ce qui surgit    
en bonté    
sans que cela s'explique    
avec ce zeste de manque    
notre lumière à tous.        
 
Bleu blanc bleu    
en sa cohorte d'anges    
soudain réconfortante    
ce presque rien    
dans cette secousse    
qui fait nous ouvrir    
hors le cadre du regard    
pirate de l'âme    
à l'assaut des merveilles    
que le cœur dépose en bonne compagnie.        
 
 
647
 

E tšehelitsoe leboteng


E tšehelitsoe leboteng
dans l'impasse de la rue Gignoux
il griffait la pierre
de ses ongles en sang.

Il tomba
avant que l'alouette finisse sa trille
aux longues tiges du blé dur d'antan
succédaient des tiges courtes aux lourds épis.

L’œillet entre les dents
il se souvenait juste un moment
du bouquet de bleuets de Nogent
caressé par la houle .

Des pensées brûlantes ourlaient sa casquette
et ses yeux tournant au blanc
offraient à tous
l'éclat d'un sourire innocent.

Dans l'impasse rue Gignoux
à genoux contre le mur des Fédérés
griffant la pierre de ses doigts éclatés
il y avait déluge d'obscurité d'où montait la lumière.


646







Re tsamaya ka maoto

Re tsamaya ka maoto    
kgafetsa le kgafetsa    
letsoapong la mabopo    
ho tloha hoseng ho isa ha letsatsi le dikela.       
 
Hone hole tsoseletso etla tsoha    
ho tla ba le litšeho serapeng    
likhahla tsa metsi li tla qhoma     
tlasa mahlo a dinqanqane.        
 
Letsatsi le tla tšollela qhoma ea ho qetela    
ka pele ho borokho ba ho fapanyetsana    
molomo o monyane    
hloekisa ho aka ha maru.        
 
Re tla shebana    
pososelo tlasa raspberry coulis    
boputsoa ba mahlo bo tla hlophisa ho tloha    
hoseng hoa letsatsi la ho qetela.        
 
Sefahleho se petsohile ke ho lla    
tlola sefateng ho ya sefateng    
phopholetsa    
sirapo ea mapolanka ea nkhono.        
 
Ho isa dinokeng    
metsi a phomolo a timiloe    
e tla khutlela morao ka likoahelo tsa mokoti    
ntle le ho kopanya maikutlo.        
 
Beakanya maikutlo a hau    
re tlohe sebakeng se hlwekile    
bakeng sa tlhatlhamano    
ho kgaotsa hoa ts'ebetso eohle.        
 
Metsotsoana e seng mekae e lekane    
ho phela ka ho sa feleng    
ho tswella ho tsamaya    
tlasa leru le lerootho la moya.        
 
bophelo ha bo eme    
ha ho lefu le sa feleng    
ka lehlakoreng le leng la karohano ya pampiri    
sepheo sa bophelo bo bong bophelong ba rona.        
 
 
645

Dihoreng tse ruileng


Dihoreng tse ruileng    
la plainte des Anciens    
nous faisait sortir le dimanche  
à pied le long des trottoirs gris.        
 
Je lisais dans les lézardes du goudron    
l'apparition du végétal    
l'enlacement des êtres    
hors les fenêtres silencieuses.        
 
Ma peau était rose    
les écorchures aux genoux    
croûtaient à profusion    
la poussière sentait bon après l'averse.        
 
Cette lettre    
je l'eus en main    
et n'en fit rien     
dans l'anonymat des sollicitations.        
 
Je pris de la résine    
pour boucher les yeux des poupées    
le vent agitait les grands arbres du bois    
il y eu de fréquentes promenades jusqu'au lac.        
 
A mesure du temps    
la peau se fripe    
les sens tout à leur usage    
essentialisent la pause.        
 
 
644
 
 

matlo a ka

Maisons    
de fond de cour    
de ville    
de village.        
 
Maisons    
de parpaings    
de briques    
de bois.         
     
Maisons    
de l'enfance    
de vacances    
d'adolescence    
d'aujourd'hui.        
 
Toutes à flancs de colline    
vers les nuages de l'esprit    
et je suis resté coit    
en bordure du chemin    
à ranger mes jouets    
lekhetlo la ho qetela.        
 
Plein de coquillages des îles    
borduraient la boite de laque    
le tiroir regorgeait de capsules    
les petites voitures roulaient sur le lino.        
 
Il y eut de tendres moments    
de solitude    
à deux avec sœurette    
sur le devant de la maison    
le roucoulement des pigeons    
et les fais pas ci fais pas ça de maman.        
 
La farandole s'élevait    
joyeuse estampe chinoise    
chargée de brumes    
de ravins et d'arbres    
vers la lumière    
une lumière de dépossession    
une lumière de duvet et de crépi    
s'enroulant tels liserons    
autour de la barrière des limites.        
 
Un souffle chassait l'écriture    
une masure défraîchie en bordure de forêt    
vit entrer l'homme différé    
la gratitude pouvait advenir    
en émerveillement devant la porte de l'invisible.            
 
 
 
 
643

Les sept aspects de Perrotine

Ho likarolo tse supileng tsa Perrotine    
ra ikopanya leru la lebese.

Ka mahlo a kganyang hoseng
phofo ea pixie.

Ho senqanqane se matjato
kgalase e silafetseng ya mafube.

Ka perela oyster
ho etsa sefaha ntle le lejoe.

Sefubeng sa bo nkgono
sefahleho sa boriba bo bonyenyane.

A de Perrotine o ile a mo sheba
ha e sa belaela.

karolo ea bobeli
boraro bo etsa para.

karolo ea boraro
robala trypanosome.

karolo ea bone
quatre à quatre virer de bord.

karolo ea bohlano
e lebile bophirima.

Karolo ea botšelela
o letsa molodi mabaleng a hae.

L'aspect sept
o ne a tseba lintho tse ngata
hore o ile a nyolohela ho morena oa maru.

Likarolo
Habeas corpus
mantsoe a ka
li-mosaic tsa ka.

Mes glottes d'août
n'arrêtent ni le maigre ni l'huître
ka sehlopha se setle
aussi
Sauvignon ka morao
e kene koung
likopo tsa culinary
ka mokhoa o sa rateheng
baesekele
ho tloha lebopong la lewatle
ha ea lahloa ho hang
ka morung
ntle le ho hlotsa
ho thella ha shaka
mapheoana a benyang
folakha ea leoatle le phahameng
likhalase tsa ho sesa
le carnation ea seroki lesobeng la likonopo.

Ho likarolo tse supileng tsa Perrotine
ra ikopanya leru la lebese.


642

La terre fumait en sortie d’averse




La terre fumait
en sortie d'averse.

La houle claquait son fouet
sur les galets sonnants.

Le phare d'une œillade
fermait la nuit.

Père Louis pipe au bec
vint céans sur le banc des attentes.

L’herbe salée mouillée
ourlait ses sabots d'étoiles luisantes.

Un volet claqua
Faby à sa fenêtre.

Des rais de lumière
zébrèrent la mer.

L'arc au sept couleurs
s'éleva sur l'horizon.

Cela méritait chanson
l'abbé prit son violon.

Et Fanette l'aimait
sortie tout droit de l'oraison.


641

Chez Mylène



Chez Mylène
vestes lourdes aux patères
on poussait la porte d'une main ferme
pour entrer en gargote.

Ça parlait fort
tout le monde fumait
sur les bancs de bois
des formes s'agitaient.

Le feu ronflait
la vapeur s'élevait du chaudron
la lumière oscillait
les ombres dansaient.

Puis ça chantait
grave
sous les poutres
où séchait le hareng.

Des voix du fond des âges
à s'escagailler le ventre
griffaient l'assemblée
des hommes de mer.

Une femme
d'une table l'autre
de son pichet de grès
servait le rire et le boire.


640

Marine avait deux ans

Marine avait deux ans    
et un bien joli minois.        
 
Elle babillait d'étranges sons    
de bulles de salive agrémentés.        
 
Ses sabots traînaient un peu    
trop grands pour elle.        
 
De sa sœur aînée    
ils étaient passés à ses pieds.        
 
Et la vie se déroulait douce    
dans la chaumière au chaume épais.        
 
Si l'on tirait verrou    
c'était pour le plaisir.        
 
Si porte restait ouverte    
c'est qu'il faisait beau.        
 
Et si la pluie grignotait le pas de porte    
nos yeux brillaient.        
 
Il y avait de l'amour dans l'âtre    
et de bonnes odeurs de poisson bouilli.        
 
Au retour du père    
l'on se mettait à table.        
 
Et c'est bien ainsi    
de tripoter des paroles fraîches.        
 
 
639
 

Fallait bien du courage

Fallait bien du courage
pour remonter du port
la brouette pleine de paniers
recouverts d'algues.
 
La roue ripait sur les encoignures
des pavés
frères et sœurs à ses côtés
dans la brume du matin.
 
L'humide sériait de près
les touches colorées
de cette toile insensée
que le vent effilochait.
 
De l'écume
beaucoup d'écume
éclatait en bulles fines
sous le pinceau de Roland.
 
Puis une touche de noir
vint terrasser le cadre
passage corbillard
d'un souvenir prégnant.
 
Pour sur la pointe des pieds
murmurer au vieil homme
l'adieu vespéral
capuche rabattue sur son oreille coupée.
 
 
638