Կարգավիճակի արխիվներ: նոյեմբեր 2024

Les écorces du cœur

Vol à voile
De la sagesse
En vision suprême
Le bleu des Dieux
Coule des jours heureux
Au travers du torrent médian
Des écorces du cœur.

Choses inanimées
En interdépendance précaire
La réalité est apparitionnelle
Dans l’expérience du présent
Au nom de l’esprit
Ni torrent ni source advenants
Et essence vide.

Saillie pusillanime
D’une lune claire
Par blanches nues déposées
Le lotus né de la boue
Immobile au creux du mouvement
Frissonne d’une chanson sage
Excluant la moindre émotion.

Il n’est de route
Pour la céleste randonnée
Des chevaux aériens
Sur la trace de la huppe
Que le guide du monde intercepte
Quête et progrès
Étant vains et déprimants.

Gros-Jean comme devant
Nous obligerons l’essentiel de la troupe
De retrouver
À grands coups de chasse-mouches
Les tenanciers de la pollinisation
Là où les plaisirs montants
S’effacent devant la nature.

Ne pas paniquer
Rester calme et serein
Tout nu
S’envoler dans le tel-quel de l’instant
Pour que sans esprit
Le refus de croire impose
L’unique langage universel, la poésie.

1545



Le chapardeur

Les mémoires du chat
Du début des temps
Au cerveau d’aujourd’hui
Sont la solution
Qui ne soit pas auto-créée.

Le sentiment d’avoir un problème
Est réaction à ce qui est
Permettant la résolution
Des idées préconçues
Pour s’adapter au but espéré.

Maquillage des prunelles de l’âge
La descente de l’escalier
Mène aux normes sociales
De l’exigence en conformité
Extérieures à l’idée qu’on s’en fait.

Le mot tisse
Entre le passé et le futur
Sur le métier du présent
L’œuvre d’affinité
La réponse en perspective.

Être une porte sur le monde
Impose la contrainte de connaître
Alors que l’accumulation des connaissances
N’est pas une fin
Juste l’insaisissable Saint Graal.

Le chat part à point d’heure
Il rogne tel le roi du chêne de Vincennes
Sur le rebord de la fenêtre
Dans l’inconnu d’une situation
Le connu des outrances.


1544

L’œuf de l’art

Aimé de toi
L’œuf de l’art
La pierre
Le caillou
Pondu là
Entre les Êtres et les Choses
Embrassant la diversité des pas
En refusant toute excentricité.

Paysage de fleurs et d’oiseaux
Dernier éclat de la mousse
Souffle de la source
Élevant le nuage des humeurs
En variations subtiles
Jusqu’aux confins d’un murmure.

Forme puisée
Propice à l’incitation
Du haut des murs de Babylone
Ouvert de toutes ses fenêtres
Vol des grues par nuit de lune
Adouci au loin
Par l’émergence des phrases isolées
La trame du vivre ensemble
Au cœur de l’homme.

Palmeraie
Aux jeux phoniques délicats
Élaborant symphonie langagière
Cordes vibrantes
Pure résonance
D’un regard qui sait voir
Œil scrutant le paysage
Imprégné de substances
Appuyant la dilatation de la coquille
De pulsions saccadées
Signant de son sang
Le suprême aboutissement
De la rotondité.

Circularité inextricable
Rehausse des désirs informulés
La vision de l’infini
Vibration sobre et élégante
D’une plasticité énamourée
Aux interférences complexifiées
Que le mystère adombre
Au sortir de l’errance
Ombre offerte
Comme carénage d’un cercle
Propulsant hors toutes
Les notes manuscrites
De la confession orale.

Embrasse l’un
Cultive l’autre
Brume des désirs
Le tapotis des doigts
S’adonne à l’universelle présence
D’un balancement prolongé
De traces non traces
Sur le visage sage.

La bête est creuse
La montagne déserte
Personne n’est en vue
L’écho des voix
Somme d’arrimer le socle
Aux cornes du cerf de circonstance.

Refuge des oubliés
Inaugurant
Le plan céleste-terrestre
Par la visée de sélection
De l’ordre vécu et rêvé
D’un déploiement d’ailes
Aux confins visibles et invisibles
De la beauté
Répandue irrévérencieusement
Zeste des fruits mûrs
Le déjà-là
De la levée inaugurale
Du bâton de plumes
Sous le regard vif et profond
De celui qui
De celui quoi
De celui qui pour quoi
Mêle argile et eau
Au service de qui vit.

(œuvre de Martine Cuenat )

1543


Brève coulure

Coulure de l’orifice
Le crément des bulles sages
Le ruisselet des mots de tous les jours
L’apport fraîchement né de l’orage.

Coulent
La bise du matin
Le colifichet des saveurs
La part minuscule d’être là
Aux portes de la mélancolie.

Coule
L’évidence de la perte
D’un au-delà où ré-enchanter le monde
Par cette simple vie sans prestige
Ravaudée par endroits
À mâcher d’un village l’autre
D’une surdité à l’autre
Quelque bouffée de lumière.


Coule
Le naufragé en pays hostile
Loin de la paresse
Mais soumis à la mort merveilleuse
De ne rien faire.

Coule
La grâce toute puissante de la passivité
Conjuguée entre le cœur et le monde
Prête à éprouver l’incertitude négative
De l’intelligence analytique.

Coule
Par vent fort
Cette lutte à mort
De la phrase pleine de graillons
Contre les crevasses du passé.

Coule
L’appel de l’enfant des hautes terres
Au sifflet d’argent
Poussant à l’extrême l’instant éternel.

Coule
Le fond d’un silence
Suscitant la parole
Centre même du vrai langage
Disant la plénitude du fait même d’exister.

Coule
Cet inlassable monologue
Cette réticence à inscrire
D’une écriture blanche
Le mémorable sans malice
Pour se taire.

Coule
Les vérités les plus simples
Les plus concrètes
Comme morceau de verre brulant au soleil.

Coule
La nuit du cœur
En quête du sacré
Ce personnage que nul n’a vu
Sans changer de trottoir.

Coule
L’enfant qui n’habite pas très loin du paradis
Que l’arbitre a sifflé
Car au bord de comprendre
Que l’ennui fleure bon le gibier angélique.

Coulent
Paroles à profusion
De quoi déboussoler le poète
Quand thèmes épinglés
Saillir la crête subliminale
Puis rassembler les flonflons
D’une parole parcellaire.

Coule
Le picot de la scène primitive
École buissonnière
Lieu de rassemblement des herbes folles
À même de jardiner
Le grand et le petit des apartés
Dans le saisissement vertical
Des mots de brève compagnie.


1542

Petits papiers ourlés de miel

Petits papiers 
Ourlés de miel
Recueillent substantiellement
Les mille fleurs du désert.

Éparpillés sur la dalle
Les papiers gras de la fête
Se sont envolés
Pour se coller aux façades.

Papillons de soie
Se précipitant ver la fontaine
Ils ont fardés le visage de Mère
Posé là sous le platane.

Nous irons tous aux gabarres
Fouler le plancher humide
Et permettre la descente de la rivière
Jusqu’à la dernière écluse.

Douce et verte campagne
Au bruissement des aulnes
Nous associerons le claquement de portière
Jeté sec sur le chemin de halage.

Gouttelettes de rosée posées
Le liseron montera jusqu’aux genoux
Pour que rai de lumière soudain
Brûler le cœur du papier d’Arménie.


1541

La nuage du haut de la futaie

Il courait bien vite
Le nuage du haut de la futaie
De droite à gauche
Comme pour remonter le temps
Dans la splendeur du monde.

Filant grand train
Il rejoignait en silence
Ce grand amour qui manque à tout amour
Après avoir ouvert
Les portes du merveilleux.

Conçu
Dans le terreau des pensées et des rêves
Lui l’organiste des sciences appliquées
Il rassemblait les souvenirs d’antan
Pour une ultime friction.

Grave et souriant
Il avait mis le nez à la fenêtre
Tel le prisonnier sortant de geôle
À espérer un petit moment
Un cœur fidèle au quart-temps de la partie.

L’organon n’était plus de mise
Une simple balayette suffisait
Pour chasser les mauvais esprits
Dans l’entre-deux des mirages
D’un printemps qui s’en va.

En robe de lin
Բոբիկ
Il arpentait le ciel
Juste un instant
Avant sa disparition.


1540

Une pierre dans le jardin

Une pierre dans le jardin
Pour un tout pour un rien.

À la patience il y a résonnance
De s’attrister de rayonner.

Nuages et pluies
Brumes et nuages
Ont accompagné le cortège
À l’entrée du goulet
Au son des voix
Que la mission
En lamentations
Ramène à la maison.

Point de fil rouge
Par les portes entrebâillées
S’élèvent les musiques célestes
Toutes assurées
Déchirées même
S’efforçant alors
De faire rien
De la non-attente.

Large est la baie
Disposant à l’horizon
Du double royaume
Des anges et du vent
Rejoints par la parole
Faisant briller les cristaux
De la source même
Où lire et relire la signification des mots.

Ô vertige
Du chant de la pierre
Le bouquet de couleurs avancé
Ouvre les rochers de la profondeur
Des immémoriaux battements de cœur
Faisant nature
De la paume ouverte
Sur le vide médian.

De contact il n’est
Que le destin qui en découle.

Surgissent les tendres souvenirs
De la baie des martyrs.

Indélébile demeure de la nuit
Ruissèlement des visions
Au plus grand des promesses
Naît le souffle parturient
Que la nature présente
Fulgurances et pulsions humaines
Évacuées à larges coups de brosse
Au toucher clair de l’aube.

D’ondes et de particules associées
L’impermanence extrême recueille les effets.

Donner à découvrir l’ossature du réel
Rendent les larmes suffocantes et rebelles.

1539


L’écoute en vérité

Aux tubulures de l’orgue
J’ai joint le bouquet de printemps
Un sentiment de joie pénétrant le cœur
Du vase verser la liqueur
Avant dégrisement.

Marcher sur la terre desséchée
Etreinte puis détente
Avant d’arriver à la barrière
Menues inclinations à ce qui est
Vivant comme légende.

Éliminer les souillures
Modeler jusqu’à l’ambre
Les racines et les branches
Fait douter de la pureté
L’œil enjoignant le soleil.

La rouille avait été accumulée
Offusquant la clarté
Empêchant les images de réfléchir
L’âme face au vrai
Le miroir face à l’objet que l’on veut reproduire.

Elle avait alors dansé
Au proche de l’arbre
Communiant dans la forme
Avec le toboggan des eaux glacées
Visage sidéré devant la bascule.

Le soir
Le grand arbre nous recevait
Au dessus du vide
Expérience du vide intérieur et des émotions
L’écoute en vérité.


1538



C’est la vie qui est en jeu

Il arrive qu’elle s’écarte
Car c’est la vie qui est en jeu
Amoureusement neuve
Au goût d’une rivière
Où puiser force et lumière.

Un pas à oser
À soi-même
À présent
À chercher l’accostage du sérieux
Sur le pont des offrandes.

Elle est seule
En pause légère
À s’éblouir de nourriture
Par cette faim de chair et de sang
Au bouche-à-bouche du consentement.

Femme-énigme
Saisir l’insaisissable
Connaissance déchirée de la déchirure
Au tourment d’exister
Dans l’instabilité première de la marée.

Point de lien de sexe et de commerce
Juste le comblement d’un miroir
Ranimant l’invisible d’un visage
Estomac détraqué
Par les ailes de la maraude.

Part manquante détournée
Je l’ai cherchée du regard
Dans une halot de lumière
En retrait
D’un trait de plume à venir.


1537

Կյանքից մինչև մահ

Donner son sang
Dans la boue et le froid
Écarte les doigts de l’aube
Pour fracas des bombes et des missiles
Sur la terre des ancêtres
Occasionner mille morts
Devant les placards ouverts
De la bête demi-sauvage.

Là dans la tranchée
Point d’infini
Devant les yeux aux paupières lourdes
Juste un peu plus de nourriture et de vin
De casemate en casemate
À chercher la chaleur
Et protéger son fusil de l’humide
Comme un enfant dans les bras de sa mère.

Si quelques morceaux de papyrus
Dans une jarre de la Mer Morte
Ont été trouvés dans la grotte des bergers
Leurs fibres recèlent les signes
Lettres et chiffres
D’un passé de dévotions
Jointes au comptage des biens matériels
À la vie à la mort le compte est bon.

Entrelacés
Hommes et bêtes s’unissent
Aux portes de l’enfer
L’ultime enjoignant de se tenir debout
Dans la posture des adorateurs du rien
Notes de musique
Jouant une symphonie des mots
Pour le caillou saisi par une main gelée.

Griffée
Spoliée
La Beauté s’obscurcit
Sous les arbres éclatés par la mitraille
À mesure de la nuit et du jour
Égrenant le chapelet des pensées
À la face d’un monde
Béni par une goulée de vitriol.

À point nommé
Le sac vidé du sable des dunes
Arrêtera le flot des eaux de fonte
La mort alliée avec la vie
Le ciel dérobé par des étoiles noires
Le totem des poupées désirantes
Levé sur la terre bouleversée
D’une solitude retrouvée.


1536