その過剰に世界があります
そして白いエグレット
彼の静けさの中で.
日没時に
敏感な男がいます
塩性湿地のトラブルメーカー
泡立つ唇.
干潮時
砂の上の痕跡
飛行中の白鳥の
覚えておくべきスリル.
夜は夢を整理します
レインドロップホッパー
神聖なダンスのために
私たちの放浪の兆候.
541

その過剰に世界があります
そして白いエグレット
彼の静けさの中で.
日没時に
敏感な男がいます
塩性湿地のトラブルメーカー
泡立つ唇.
干潮時
砂の上の痕跡
飛行中の白鳥の
覚えておくべきスリル.
夜は夢を整理します
レインドロップホッパー
神聖なダンスのために
私たちの放浪の兆候.
541

Eperdu 森の中を駆け抜ける l'homme se met vite en émoi sous le murmure d'une ramure poussée par le vent qui de ci de là fait vaciller la houppe des grands arbres au regard vibrant point de remue-ménage juste la danse vigilante des gardiens du seuil dont l'œil darde en l'avenir lustré par maints passages telle peau étendue sur la souche au bouche à bouche de mots écrus papillons de lumière livrés au lendemain pourvu qu'ils sachent du temps accompli dire l'attente juste. 540

Sont faits pour s’aimer ces deux là
à la cantonade
d’âme et de gargouillis du cœur
s’échappent à petits jets
les ambages sans menottes
d’ailes altières
les passements de jambes
des poètes nos frères
nos pères nos fils
l’accaparée aux cieux
des calmes enfants de la vie simple.
Passant
ôte ton couvre-chef
il y a là de bon aloi sous les humeurs automnales
beaucoup de silence et d’amitié.
539

Aux limites
de la quête et du doute
il y a cette attente,
la clarté en son avènement.
Les nuages peuvent se déliter,
les vents ne suffisent plus,
il y a aussi la marée du cœur
qui fait vaciller l'être.
La pluie qui tombe sur le ciré
au contact de la peau nue
électrise la conscience
d'être au delà de la chaleur animale
et en deçà du monde.
Plus rien ne se passe comme avant
les vaches continuent de brouter
le chien est assis entre mes jambes,
je suis adossé au talus de pierres,
tous deux sommes de garde
au goutte à goutte du temps qui morigène.
Reviennent du large
les voiles de l'enfance.
Il faut partir
pour ne plus revenir,
l'humide et la lumière se marient,
demain il y aura l'arc-en-ciel.
538

Ma mère de l'autre temps
d'où elle venait
je ne sais
peut-être de ce train
au dessus du viaduc
puis le retour en enfer chez les sœurs
sans Marie
abandonnée dans des draps souillés
offerte à la terreur.
Mon père silencieux et amoureux
s'accrochait à sa femme
comme au radeau de la Méduse
courant joyeusement
derrière la carriole au sortir de la gare
dans la poussière de Montamizé
puis s'adossant contre un paillou
jouait de la trompette.
Ils eurent un enfant
les convoquant à se marier
le bel enfant du printemps
pour palier à l'entrée en guerre
au bout du chemin d'entre les blés
à cueillir le bleuet et le coquelicot
en tendresse et injonction
pour que destin advienne.
Il s'appellera Jean
comme cet oncle mort jeune
libéré des tranchées
et de la grippe espagnole
que je devais réincarner
vint cinq ans après
en ombre portée sur le seuil
chez mémé Danube.
Qu'en sais-je ?
je ne l'ai jamais vu
mais je le crois.
Puis une fille vint
à qui Lulu donna son prénom
alouette des champs
entendue en planèze
au paradis estival de l'Auvergne familière.
Quand le petit dernier jaillit
ce fût le grand chambardement
l'oubli du taudis de Grenelle
notre mère ne fût plus hagarde sauvageonne
à courir les chablis de son enfance
loin des bombardements
elle reprit pied
réagença quelques pièces du puzzle
et fît revenir Fifi sous son oreiller.
Ils n'ont pas été plus loin
les ouvriers de notre source
bâtie sur les ruines de familles en exil
ils reposent en dehors de la scène
sous les étoiles d'un ciel large
qu'il n'est pas vain de contempler
le soir quand le RER ébranle les tombes.
Parfois tout en haut
trois points lumineux nous font de l'œil
derrière la course des nuages
chantent nos morts
s'égaillent les vivants
sur leurs chemins de vie
enfle la rumeur d'une tornade
que le vent soulève
sur la route de Frugères
tel le repli des boches du Mont Mouchet
leur forfait accompli.
Il est temps d'étendre la nappe
sur l'herbe du Pradou
d'amener la vaisselle qui quincaille
dans le grand panier d'osier
sans oublier le vin noir tiré du tonneau
rire et parler haut
pendant que les enfants chahutent
que marraine prépare l'appareil photo
et que grand'père signe d'une croix
le dessous de la tourte.
537

Se sont rapprochés
près du grand hêtre
pour effacer les saisons
en remontée des ans passés.
Assis autour de la souche
à contempler la haute ramure
ont remisé en souvenirs
la sente des sangliers.
Puis ont prié
pour que revienne la pluie
sous le craquelé de la soue
bauge des ultimes protections.
Se sont enquis
de ce que faisaient
les dinosaures nos amis
à culbuter les grands arbres
alors que la plaine immense
bruissait des cavalcades
d'ombres menées à terme
hors les herbages coutumiers.
D'horloge point
juste l'ombre et la lumière
ourdissant au souffle amer
l'ordre et la remontrance
de nos frères les successeurs
ivres de vie à venir
et courant sous la futaie
vers la clairière ceinte de torchis
mettre en saillie
la pierre dernière.
536

Se ferme l'opercule du bulot
sur le sable
aux bulles savonneuses
caresse du temps qui passe
疲れた波のくぼみに
valse lente
narines dilatées
conques marines ahanantes
la main effleure la levée des voiles
sous la vergue tendue
note métallique du piano
silence racé
sagace errance
d'avant la venue de l'ange
à la mine chafouine
sous la pluie de pétales
風が飛散すること
mille baisers à l'encan
pour les pigeons de l'automne
brasier rassemblant
au sortir de l'octroi
l'envol clair de ce qui fût.
Mourir blanc vivre noir.
535

Sur le front bleu de ton enfance
par les passes sombres de la nuit
un œil s'est posé
petite flaque d'eau salée
sur tes lèvres ondulées
que le vent pousse
frêle caresse
à peigner tes cheveux bruns
à la base du cou
et franchir d'un geste
le fond de l'univers .
Ô ma femme aux reins creusés
sorcière feinte
danse en rond
au sacre de l'automne
je te hume
et me perds au lacis de tes bras et jambes.
533

Je roule le tapis de prière
hors la nuit noire
point de faux semblant
juste la musique de l'ancien soleil blanc
cet amoureux à la colonne vertébrale fécondée.
Je calme mes ardeurs
sans que se brise l'œuf blanc
sur les rails du dogme
loin des codages cérébraux
au reste peu demandeurs.
Je distingue les essences subtiles
au milieu des pensées immondes
et transforme le vacarme en musique intérieure.
Hors la vie quotidienne
point de transformateur.
534

Me dis que la parole poétique c'est comme la mer giboyeuse de rêves et racleuse de mots lorsqu'elle griffe la côte. Et si c'est de nuit que la foi chancelle et qu'un vent froid brasse l'écume les hurlements des marins en détresse se font entendre dans les criques chapelles ardentes des trépassés. Rare et obstinée présence de cette nécessité du poème révélation quotidienne à ne pas manquer le rendez-vous percée magique des mots de braise dans l'âtre aux éructations aiguisées. Je vous aime ma vie d'humbles existences affublée dentelles du jour que des mirlitons dévorent telles les perles de verre dans la lumière clignée du matin. Ne vous affligez point il est une poupée malmenée de l'enfance abandonnée sur le trottoir que le passant ramasse lambeaux de tendresse écrue transfigurant celui qui la regarde. Les tambours de l'automne ont rassemblé les murmures et claque aux marches de l'univers la vision stellaire des officiants du cercle sacré que l'amitié révèle en échos. Viens contre l'arbre et le sais par avance que la gerbe des flûtiaux courroucés par la plainte insensée construit le décor de nos retrouvailles naines. 532