En français, existe l’expression “silence de mort”, alors que l’expérience du silence déborde de vie .
Inviter quelqu’un au silence ne veut pas dire lui demander de se taire,
pas plus que se tenir en solitude équivaut à couper toute relation .
Rejetons l’injonction “taisez-vous” pour préférer le
“chut” prononçé à voix basse avec l’index posé au travers des lèvres
pour inciter au silence .
Chut
! Il peut se passer quelque chose que vous n’imaginez pas, que vous pourriez
voir, entendre ou sentir, qui semble caché, et qui peut se révéler et vous
éblouir par sa nouveauté et sa pertinence .
L’invitation au silence peut être comme une invitation au voyage. Elle
permet l’ouverture des sens et l’approche de la vie intérieure. C’est une
attention qui peut aller jusqu’à la contemplation et à la dilatation de l’être
qui va jusqu’à la jubilation .
Mais le silence réclame du temps comme les choses essentielles. Il ne se
montre jamais pressé. Il a besoin de tout son temps car il est au-delà du temps
d’ordre temporel .
Il convient d’abord de lui faire de la place, c’est-à-dire de nous
délester du fatras des pensées, des soucis, des émotions agréables et
désagréables, et même des mots .
Si le silence fait peur à une majorité de personnes, c’est parce
qu’avant de le rencontrer et de l’apprécier, chacun est assailli par ses
animaux intérieurs – que sont les passions, l’orgueil, la colère, le
désoeuvrement, l’ignorance, la volonté de puissance, la fausse humilité, la
séduction, 等… – et qu’une fois les fauves calmés, on se sent seul, perdu,
orphelin, avec la funeste angoisse qui monte .
Blaise Pascal a écrit : ” Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, 悲しみ, le chagrin, le dépit, 絶望 . “
Tant
que la personne n’a pas rencontré véritablement le silence, elle ne se sent
exister que par l’action et l’agitation, par l’incertitude et la
procrastination, par la souffrance et les problèmes de tous genres. Elle
demeure à la périphérie d’elle-même. La peur du vide qu’elle ressent rien qu’à
l’idée de se tenir en silence n’est autre que l’effroi de son propre vide, de
sa pauvreté intérieure .
または, plus nous allons vers notre intériorité, plus nous avançons vers le
silence et plus les portes s’ouvrent sur un espace incommensurable. Alors que
dans la vie extérieure, nous vivons à la remorque de ce qu’il faut faire pour
bien se comporter dans notre société, à savoir comme un simple
“mortel” ; dans la vie intérieure nous sommes un être humain appelé à
la croissance, au plein emploi de soi-même, et même à sa perfection à sa
réalisation “immortelle”. L’être se sent alors pleinement en
possession de lui-même, il est près de la source et se manifeste en plénitude .
Plus on se tait et plus on trouve d’égards envers la Parole et le Silence, et
moins on bavarde .
Pour celui qui a goûté le silence, les discussions, débats, réunions de
famille et colloques intellectuels deviennent difficilement supportables parce
qu’étouffants. Le silencieux, comme le solitaire a besoin d’air et d’espace ;
il a besoin de l’expérience du large, du vaste, du profond. Tout le reste lui
paraît plat, étriqué, superficiel. The “communication” obligatoire et
convenante lui paraît grotesque.
Lorsqu’un être humain est réellement unifié il peut être délivré de cette obsession de communiquer à tout bout de champ et à propos de n’importe quoi. Seul le partage essentiel sur des sujets essentiels ou l’échange silencieux de cœur à cœur ont un sens et offrent une véritable nourriture .
Nous vivons
la fin d’un monde fondé il y a peu sur les religions, les fidélités de
proximité, les patriotismes ; et aujourd’hui marqué par le consumérisme où les
incitations publicitaires nous manipulent au service d’une globalisation
économique et culturelle accentuée par les bouleversements technologiques .
Le rapport au sacré a été modifié. La quête du sens auquel faisait suite
un automatisme de la réponse fondé sur la religion n’existe plus. A la question
: “Pourquoi je suis sur Terre ?”, font suite des réponses
scientifiques et politiques bien générales. On ne peut plus s’appuyer sur la
tradition. Nous sommes en face de nos peurs, … et là nous sommes alors
convoqués à être en face de nous-même .
Donner du sens à la vie que l’on mène ne tombe pas sous le sens, car les
gens empruntent des rôles. Ils disent qu’ils sont victimes du climat, des
autres, de la conjoncture, qu’ils avaient tout pour être heureux et puis que
… または, notre bonheur et notre malheur nous appartiennent. Nous sommes responsables
de notre bonheur et de notre malheur car nous avons l’opportunité de grandir,
de croître .
Nous avons à avancer les yeux ouverts sur le chemin .
Le sens de la vie, c’est l’amour. On ne peut pas vivre sans amour, cet
échange du coeur, cet amour homme/femme, cet amour filial, cet amour entre deux
êtres. L’amour est communion. L’amour est relation avec nos semblables, avec
les animaux, le végétal, la nature, le cosmos et par nos pratiques religieuses
.
Nous sommes des êtres sociaux, des êtres de relation. Nous avons besoin
de donner, de nous éveiller les uns aux autres. Nous sommes là pour nous faire
du bien par l’attention portée à l’autre, l’amitié, la compassion, le don .
Le but de la vie serait-il pas de s’accepter tel que l’on est ? Mais pour
celà, il faut le regard de l’autre pour lire dans le regard de l’autre que nous
sommes aimables. 愛とあなたは愛されるでしょう. Nous devons avoir de la tendresse pour
nous-même .
Il y a des gens qui ne voyant qu’au travers de l’optique matérialiste ne
se posent pas la question du sens de la vie. “Einstein disait, qu’un être
humain qui ne se pose jamais la question du sens de l’existence, qui ne s’intéresse
pas au sens de la vie, n’est pas un être humain .”
Aujourd’hui nous sommes dans un monde où l’idéologie dominante est le
consumérisme, また : “Le but de la télévision, comme le disait Patrick
Lelay, c’est de rendre les cerveaux dociles !”. Le lavage des cerveaux,
c’est la publicité .
Pour contrecarrer cette outrance chosifiante et mortifère, nous avons
besoin de nous recentrer sur nos besoins corporels et sensoriels immédiats qui
ne peuvent nous tromper quant ils sont reliés à l’amour, à la tendresse, aux
sens des choses simples, au spirituel. Nous devons dire oui à la vie.
L’essentiel c’est d’apprendre à aimer la vie, et pour celà travailler sur nos
blessures .
Notre chemin de vie est d’aller de la peur à l’amour. Là est notre joie,
notre joie d’être, de vivre, d’exister. Mais comme cela est refoulé, c’est en
conscience que nous devons conjurer l’ignorance et nous confronter à ce qui
est, à l’expérience de tous ces jours qui nous apportent leur lot de surprises.
Par la psychothérapie, mais aussi par la méditation et la prière, nous avons à
laisser les choses être. C’est par cette astreinte intelligente, et par le
ressenti sensoriel, qu’il y a ouverture du cœur .
Nous avons à beaucoup pleurer en nous plongeant dans le regard d’un petit
être, en observant un joli paysage, une oeuvre d’art, ou bien en écoutant une
musique et des chants qui parlent au coeur. Là est le sens de la vie. La
réponse est soumission à ce qui est, ouverture des sens. La réponse est
“joie” .
Laisser venir à nous les enfants, les petits oiseaux, l’esprit du temps
qui passe, et surtout ne fermez jamais la porte. Il ferait alors trop chaud,
nous manquerions d’air, l’enfer ne serait alors pas loin, … alors qu’il y a
tant à faire !