Pieds nus dans la poussière

 

Pieds nus
dans la poussière du sentier
nous pûmes les rejoindre
compagnons de disette
près de la croix de fer.

La maison était là
blanche en bout de village
à l'orée de la Lande.

Là-haut dans la lumière
volaient les esprits
sous l'archer des violons.

les bourgeons du printemps
claquaient en s'ouvrant
rythmique des doigts de l'artiste.

Nos yeux de porcelaine
rougissaient
à mesure de l'avancée du nuage.

Des voix s'élevaient
vibrionnantes de notes claires
sous le joug étincelant
des heures absolues.

Main dans la main
les générations se succédaient
parées de longues robes blanches.

Je reconnus grand'père Victor et son bâton
l'œillet de poète entre les dents
grand'mère Marie et sa vivacité
puis marraine Fernande pince-mi pince-moi.

Les cloches sonnaient
la nuée s'ouvrit
et vîmes poindre
le félibrige à l'œuf bleu.

הנשמה שלי
ma singulière enfance
tu prospères dans la foule éternelle
mes frères et sœurs rassemblés
dans le drapé des pérégrinations
dans le monde intermédiaire
où naît et meurt
le grand soulagement.

Ce lundi il y avait monde au foirail
de bouses et de biaudes bleues
sous les bérets durcis
la cigarette au coin des lèvres
à deviser
à se claquer les mains
marché conclu.


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