Kaydka Qaybta: Nofeembar 2021

Sur l’écran blanc de la cabane

Sur l'écran blanc de la cabane    
Deux enfants le rouge et le bleu    
Accueillent l'au-delà    
De l'affleurement d'une attention    
Bras ouverts, regards croisés      
Pour débarouler jusqu'en fond de combe       
La boule de neige dodue       
Énorme dévalade jusqu'à l'ultime grève          
Où flotte le plein sens des choses de l'esprit.  
 

Obiwan à l'oreille orientée    
Captait les ondes de la vie ambiante    
Pour se roulant dans la poudreuse    
Être la double-vue    
Cherchant dans la blancheur des astres    
La ressemblance avec l'ordre parallèle    
De ces enfants de couleurs    
Les gardiens de l'Anneau    
D'un univers inrévélé.        

 
Marionnettes courbées    
Aux fils dénudés    
Descendant des cintres profonds    
Nous fûmes les tenanciers de la caverne    
Les garants de l'haleine chaude    
Faisant resurgir par l'eau et la lumière    
Cette œuvre    
Sous le regard à chair nue    
D'un parler clair.        

 

 

937

Où vas-tu l’homme rouge ?

Où vas-tu l'homme rouge    
De tes vingt ans révélés    
Jeune pousse   
Vers la corne d'abondance ?        
 
Que feras-tu des peaux de lapin       
Accolées à la porte des granges    
Quand le jour pointant    
L'abeille en ruche sera abondamment pourvue ?        
 
A quand le rugissement du tracteur    
Près du tas de bois aux amours    
Alors que dehors la bise venue    
Même les traces du lièvre s'effaceront ?        
 
Assise sur la margelle    
Madeleine attendra l'homme doux    
Dont les yeux lavandes    
Effaceront les larmes d'avant l'été .        
 
Affrétant le dessous de table    
D'une litière grasse    
Le chien Obiwan évoquera d'un long aboiement    
Les persiennes fermées encore pour pas bien longtemps.        
 
Petite fille des eaux cristallines      
A la robe de fête    
Chante et me reviens    
La romance du printemps.        
 
 
936

De bon matin

De bon matin    
Le papier de nuit chiffonné
Je me suis enquis de la suite
Rêves ou Projets, les mêmes.

A effacer le passé
Monte l'odeur spectrale du jour naissant
Le rappel de la tradition
Du tout-venant d'où je viens.

Mange ton pain !
Qu'elle disait tante Fernande
Et j'accumulai la confiture de groseille
Par dessus le beurre salé de la veille.

Point trop n'en faut
De cette marmelade
A maugréer à la proue du navire
Quand de toutes parts s'élèvent les rires.

Chapeau bas
Serrons sous le manteau le bâton ferré
Prêt à précipiter sur le pavé humide

La chute du malfrat.

Entrons dans l'attente éternelle du désir amoureux
Soyons la fulgurance
Délicate et variée des fleurs de givre
Sur la paume de la main.


935


La marche vers l’Indochine

Par ricochets    
Sur l'onde amère    
La pierre plate règle ses comptes    
Avec le sec de la berge.        
 
Elle saute, âme bleue    
Entre les roseaux et lentilles d'eau    
Du passage étroit    
Vers l'hémisphère sud.            
 
Il y a là    
La joie et la peine    
Mais surtout le désir de partir    
De l'autre côté des mers.        
 
Entendez-vous le sifflement    
Des vipères mes sœurs    
Au nœud approprié dans la murette     
Sitôt coup de bêche donné.        
 
Mégalithe enceint des brumes    
De la Bretagne d'origine    
Quand la cérémonie convoqua    
La tristesse après les bombardements.        
 
A cela ne tienne    
En suivant la corniche    
Il y eut cette grappe de chauve-souris    
Grinçant dans la pénombre.        
 
A ne plus revenir dans la maison des origines    
Tant le linge sur le fil des souvenirs 
Soutenus par la pince de bois    
Clignait de son œil unique.        
 
En échos au passage des bêtes    
Les sabots ferrés sonnaient sur les pierres de la cour    
Pendant que le chien aboyait en évitant les coups     
Devant l'entrée de l'écurie.        
 
Yvette est là    
Se mêlant à la feuillée     
Habits déposés sur la patère de l'entrée    
Quand le vent chante sous la porte.        
 
Une unique lumière    
Une ampoule nue    
Se balance dans la pénombre     
De la chambre chaude et odorante.        
 
Puis le monopode à la ceinture    
Aller de bête en bête    
Attacher leurs queues à une jambe    
D'une lanière de cuir souple et poisseuse.        
 
Le lait giclera dru dans le seau    
La tête posée contre la cuisse de la vache    
A se laisser bercer au doux bruit du lait    
Par les doigts agiles trayant le pis.        
 
A demi endormi    
Dans le souffle des animaux    
Se laisser aller à la question du pourquoi et du comment    
J'en suis là de ma vie.        
 
Je m'appelle Pierrot    
N'ai pas peur du taureau    
Et bientôt prendrai le bateau    
Pour aller au zoo.        
 
 
934

Cette imagination transcendantale

Cette imagination    
Ourdie de perceptions
Et d'appréhensions des choses
Qui n'ont de corollaire qu'avec le monde vivant.

Cette faculté de voyance
En forme d'intuition
Un plongeon dans le royaume des causes
Cette faculté d'intra-observation.

Se cristallise l'in-commencé
De la projection d'un film sans lanterne
Mais que l'horloge du temps fait tourner
Par la magie neuronale.

Une butte piquetée d'essences arbustives
Fait sienne sa propension
D'être là entre nuages et prairie
Sans imaginer la sortie.

Un bubon jadis de roches rouges puis noires
Recouvert de verdure
Étendue virevoltante sous une saute de vent
Terre féconde des fumerolles du grand soir

Arrimés aux larmes remontantes
D'une bascule dans le matin des magiciens
La surprise fût grande d'être propriétaire de ses gênes
Enchevêtrés à nous tels de gros bébés.

Il y en a sous la semelle
Disaient les courtiers du voyage
Et plus on baisse l'abat-jour
Plus le décor devient de corps et d'esprit imprégné.

Le gros tuyau des amenés
Parvint alors à essaimer
Pierres, plantes, eaux et mystère
Dans l'air sulfureux d'un théâtre d'ombres.

En coulisse les peignoirs sont ôtés
Apparaît le deux de couple
Tête contre clavicule
Du dentifrice dégoulinant à portée des mouches.

" Oui monsieur, être capable d'aimer
C'est lui offrir un chien
Ou une verdure à garnir le jardin ! "
( Avec un calme nouveau et inconnu dans la poitrine )

" Mid, allons nous promener dans les bois
Au gré des chemins de traverse
Et si le loup se montre
Dansons la carmagnole ".

Regardons-nous
Dans l'intensité des vibrations
L'expression de nos visages
Aux bosses et fossés inscrits.

Ainsi posé en arche sur les grands fleuves de la vie
L'homme s'échappe de l'Actuel
Pense dans l'Immanent
Et cherche à dégager la vérité hors éphémère.

Nos couches d'aïeux sont à écrémer
Pour se nourrir du passé
Comme fouiller dans le tréfonds de soi
Le plein air de la casse abrupte.


932


L’énergie de toutes les manières

Ça commence comme ça    
Et ça finit comme ci   
Au porté frais des nuages pompon    
Que le bon ton    
Fait éclipse    
Au profond de l'univers.        
 
L'oiseau vole    
Je m'envole    
Sans m'en vouloir    
De retirer à hue et à dia    
Quelques galets    
De la plage aux mots de trop.        
 
Plus bas que terre    
Il y a ce regard    
En investiture de soi    
Telle une tarière creusant gazon    
Sous le gazouillis fricassé    
Des moineaux du violon.        
 
Y'a de l'eau    
De l'eau en bas de la photo    
Car c'est une photo maritime    
Qu'aurait payé sa dîme    
Avant de montrer son passe-sanitaire    
Aux reclus de la terre.        
 
Et les mouettes passementières    
De s'en donner à cœur joie    
Filant sur le trait de côte    
En permission du qu'en dira-t-on    
A l'instinct    
Sans que le bas blesse.        
 
Des mouettes     
Comme des yeux dans le langage       
Bruyante ménagerie    
D'un brassage atmosphérique    
En féerie continue    
Sur notre terre énigmatique.        
 
L'énergie circule    
Construite et déconstruite.        
 
L'énergie circule    
Duelle et réalisée    
Dans sa complétude affrontée.        
 
L'énergie empoigne le devenir de l'homme    
D'une présence aux extrêmes rejoints.        
 
L'énergie nous fait naître et grandir    
Elle décide l'engagement    
Et exige l'accomplissement    
En vide et en dessein.               
 
 
932

Les plaies à demeure

Les plaies     
A demeure   
Ouvertes au fracas     
Du passage de la micheline      
Que les pèlerins accueillent    
Une fleur de bleuet à la main.        
 
A quai    
Les valises posées    
Un regard vers les poutrelles    
Révèle l'oisillon pépiant    
A qui mieux mieux    
Dans le frais du matin.    
 
Figure    
Au Guinness des outrances    
Cette étrange rencontre    
De l'homme en bure blanche    
Que l'attente    
Devait transformer en ange.        
 
Les petits lapins    
Écrasés par le destin    
Ont crié leur fin de vie    
Dans l'herbe grasse    
De la méconnaissance
Des suites à donner aux instincts.        
 
Tout cela était vain    
For l'avidité de posséder    
Ce plaisir de pacotille    
Tendu comme l'arc    
Jusque dans les soupentes    
D'un grenier aux poutres vermoulues.        
 
Borduré jusqu'à l'excès    
Le chemin du printemps    
Aux pissenlits jaillissants    
Déposait en son milieu    
La viscosité des souvenirs épars    
D'un épanchement de circonstance.        
 
Ivre de soleil    
En ascension d'explosion de soi    
A la mesure sans mesure    
Le toit pouvait s'effondrer    
Avec tant de parures à l'intérieur    
Que la vie semblait belle.        
 
Et si appropriée    
Que l'oubli en un coup de chiffon    
Effaça jusqu'à la frêle denture    
Des attendus de l'exploit
D'avoir été l'enfant à la main tendue    
Que l'Aube seule pouvait saisir.        
 
 
931

Arrangement floral du matin

Arrangement floral    
De bourses chaudes    
Et duvet printanier    
En lisière du sous-bois    
L’Énergumène sortit de sa musette musardière    
Une tirade au raz menu d'un cœur immense    
A la légèreté qui nous sauve :    
                    " Oblongue est le désir    
                           de ma guitare    
                           et m'en remets au temps qui passe    
                           charmante forme    
                           auprès prendre refuge    
                           en vérité de sensation    
                           à la sagesse immémorielle    
                           point de libération de la vie pure. "        
 
S'en furent les farfadets    
Le long des mousses douces    
Quérir l'amertume d'une boisson    
Aux plumes grises d'un oisillon.        
 
Miam miam    
Gloup gloup    
En vélo ou en moto    
Avec des câlins pour le matin    
Fourrer la voie lactée    
Dans son bol de lait    
Est chose facile    
Pour migraine sans faux-cils.        
 
 
930

Une seule pensée d’amour

Une seule pensée d'amour    
En guise de bonheur   
Et puis l'espace s'étendre    
Aussi loin qu'être libre    
Porte ouverte    
Sur la vallée des arbres en fête    
Décrire par le récit de notre vie    
La suite des bontés    
Cette assignation 
À voir vrai.        
 
La soif et la faim    
Plissaient nos ventres    
Plus étranges encore    
Que ces chouettes effarées    
Clouées sur la porte des granges    
Alors que scintillait  dans la flamme des lampes    
Cette offrande admise    
Au mépris d'une patience convenue    
Qu'aucune armure ne pouvait recouvrir    
Sans offenser les promesses d'antan.        
 
D'un claquement des doigts    
De blanches voiles recouvrirent d'incrustations    
La partie brûlée du champ de mars    
Pendant que passaient les cygnes à la voix métallique    
A contrario de la vision soutenue    
D'une forêt à perte de vue    
Échancrée de clairières    
Aux puissants feux élevés    
En respect de ceux qui nous gouvernent    
Les grands hommes de l'Eveil.        
 
 
929

Un regard en éternité

Un regard    
Pour décrire l'âme de ce regard
enchantement simple
promu par un vide essentiel
aléa de l'existence
Tout en prières.

Toucher du doigt
La voûte céleste
Adombre le récit
En décoction de cette nuit soyeuse
De l'absence à la présence
D'une lune parfaite.

En plein vent
Il se peut
Qu'aller plus loin
Dénote la réouverture de la plaie
Dans ce cercle d'air et de songes
Qui ne nous quitte pas.

Au hasard
Mais bien là
Le regard manie l'éternité
Pour faire régner silence
Au pied des souvenirs
Sans aller plus loin.

Un regard
Qui me prend tout
De l'automne à l'été
Un geste qu'il a fallu extraire
De la gangue des faussetés
Mes sœurs pestiférées.

En éternité
C'est toujours comme ça
On se console comme on peut
Dans la perspective
Que la petite main de l'amour
Veuille déposer le nacre d'un sourire.

Mille événements seront passés
De luttes au dégoût, à l'insolence même
Pour qu'en bas de page
Il soit le signe de l'extase
D'une aurore boréale
Toute voile dehors.

Entre le monde et l'âme
Deux foudres inconciliables
J'ai fait le choix
De ce regard

Fixant claire et chantante vie
Le ravissement de l'écrit.


928