Kaydka Qaybta: Sebtembar 2014

tu es seul, tu es nu

   Et c'est bien ainsi ,
 car cela n'a pas été facile
 d'oublier les guenilles
 de l'enfant construit dans l'obéissance
 et de l'adulte formaté
 sommé de fléchir le col
 devant le joug des savoir-faires sociaux .

 Tu as vécu
 tu as parcouru le monde
 tu as éprouvé la souffrance
 et muté
 sans toujours naître à toi-même  .

 Le mimétisme qui t'a fait survivre
 n'est qu'un cache-misère
 devant l'épreuve ultime ,
 n'est qu'un cache-sexe
 devant la pulsion à perpétuer l'espèce ,
 n'est qu'un cache-cœur
 par le forçage des sentiments à évacuer le malheur ,
 n'est qu'un cache-nez
 pour n'avoir pu respirer les effluves d'un nouvel-âge   
 n'est qu'un rince-doigts 
 pour n'avoir pu manipuler la connaissance ,
 n'est qu'un croche-pied
 pour tes envies d'espaces inassouvies ,
 n'est qu'un cloche-pied
 pour avoir fait des choix
 sans soutenir plus avant le paradoxe créatif
 marche imposée
 aurore vers la transdisciplinarité  .

 Tu es figé
 tu es fossilisé
 et le vent du désert
 au crible de ses particules
 fait disparaître les protections charnelles
 squelette vibrant
 livrer au grand vide  
 le chant premier des origines  .

 Il est des cadavres desséchés
 aux graphismes mystérieux
 que l'aventurier rencontre
 et croque sur le carnet de voyage ,
  menues tâches d'encres 
 traits aigus et blanchis
 d'entre les traces
 d'un temps ailleurs
 d'une conscience autre .

 Il est des parenthèses
 de mise en scène
 de rodomontades
 de mise sous tutelle
 où ne plus s'appartenir
 objet de convenances
 alors qu'il y a tant à faire
 anaga  
 les sujets du royaume 
 en conquête de notre humanité  .

 Juste un geste
 juste une chanson pour embrasser l'univers
 pour signes de Vie
 unir l'eau et le feu
 sous l'arche des solitudes  .

 Être en étincelle d'être
 le frisson des morsures
 sans que l'esprit ne se relâche ,
 noqon
 hors du chaos
 l'émerveillement
 nous les rousses fourmis livrées
 au précipité de nos occupations quotidiennes ,
 être impérativement responsable  .

 Puis avant que le sabot
 ne lève la poussière d'une sente blanche
 savoir couper court aux illusions ,
 être enjoué
 des souvenances passagères
 juste ce qu'il faut ,
 être en haleine
 à perdre le souffle
 et que vienne
 en notre attente
 la lumière du fond des âges
 au précipité des chose sues
 sans abris
 le regard levé
 la verticalité assumé
 le sourire aux lèvres
 gratifiant d'une entière acception
 ces choses
 ces éclats
 ces brumes
 que nul enchanteur de pacotille ne peut déceler  .
 Reste à la mer de caresser la grève
 sous un ciel de traîne ,
 à contempler une fois encore
 notre chance d'être du mystère  
 pour que cela soit ,
 de faire 
 de défaire
 au fil à fil du chemin vert
 la bobine de bois ,
 dentelée
 élastique torsadé
 morceau de savon sec
 allumette désouffrée ,
 avancer sur le parquet disjoint
 aux épingles couturières abandonnées
 à la commissure d'un sourire igné .

 Ce qui est là ,
 cet inattendu ,
 d'une façon très intense ,
 c'est la vie avant la mort ,
 la nôtre
 celle qui me porte ,
 m'imprègne et m'anime  .

 Cette vie là ,
 l'éternité  .


 211 

Mise en portée singulière

 En haut du mur
 Cimaise de schiste chaud
 Éclat du visage aux yeux doux
 à la barbe blanche
 que la voix fait vibrer  .

 Écaille de vie
 tombée du reptile premier
 que le vent écarte de la sente
 aux bogues pirates  .

 Corne de brume
 lors du souffle de la bête
 remontant la vallée .

 Échancrure estampillée
 du nombre d'Avogadro
 dont la veste ouverte laisse entrevoir
 le cœur ceint de myrrhe  .

 Vol souple
 des anges par dessus
 le châtaignier et le chêne vert
 piliers de ma maison  .

 Pensée verticalisée
 hors la vague primesautière
 des effluves rugueuses
 d'empreintes échangées .

 Simplement soi
 en qui l'autre
 épargne la tradition  .

 Sagacité
 au risque d'être
 juste ce retournement
 à l'orée du jour commençant .


 210 

toute celles et ceux qui s’avancent

  Toutes celles et ceux   
qui s'avancent
sortant de la forêt
en lisière des choses dites .

A celles et ceux
que tourmentent les pensées disjointes
les fragmentations d'un passé
qu'on ne peut oublier .

A celles et ceux
qui par effet de manche
se montrent aux fenêtres
haranguant la foule des sans noms .

Il m'est arrivé
en rassemblant mes bagages
juste avant de partir
d'immobiliser le temps .

Il m'est arrivé
sous l'ombre d'un arbre
projetée par la lune
de craindre le froid des nouveautés .

Je pus souffler dans la conque
et ne retenant plus mes désirs
rejoindre d'un coup du talon
l'humeur des prairies fleuries .

Puis revenir
vers celles et ceux
des aventures coutumières
me joindre à la foule
haut les cœurs
des pensées code barre
du chemin quotidien .


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