Ẹka Archives: Oṣu Kini 2021

Ecrire au devant de soi

 

 Ecrire ou ne pas écrire.        
  
 Le cri des arbres est adventice    
 à ce qui m'appelle.        
  
 Il est de silence épris    
 et fait grand bruit    
 au fond des brisures de l'esprit.        
  
 Il est la fille des prosopopées    
 et quand vient la chute des feuilles    
 que la forêt est aux abois    
 l'agonie tricotée    
 au pied de l'arbre    
 consigne en quelques phrases    
 l'épuisement de notre monde.        
  
 Comme un retour d'initié    
 la coque de noix se fracture    
 sous les défenses du sanglier    
 prompt à lever les effluves de la forêt.        
  
 Le beau, le bien, le vrai, le bon frissonnent    
 assignés aux humbles tâches de transformation    
 harcelant les parcs d'attraction    
 en quête d'une langue plus forte que la bête.        
  
 Ecrire ou ne pas écrire    
 ou écrire entre les deux    
 en attendant les temps nouveaux    
 où toutes antennes au vent tournées    
 tracer les contours du cercle de l'amour    
 au buisson ardent d'une lumière inextinguible.        
  
  
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L’ailleurs

La souffrance physique    
resserre son étau et me plie    
chair gémissante    
et n'y suis pour pas grand chose    
en effusion de ce qui est bon et beau    
comme d'habitude.        
 
Les dangers de la dérive    
sont voyage courroucé sur une mer calme    
ils disposent de nos passions    
pour s'engager à tarauder le temps    
en long et large le long des pliures    
jusqu'au fractal ciselé par l'orfèvre divin.       
 
Passent d'un hémisphère l'autre    
les oiseaux de fin de saison    
leurs corps minuscules de flèches ardentes    
étant l'objet des turbulences de l'instant    
que l'instinct subjugue    
vers un ailleurs aux yeux rieurs.        
 
Et nous    
bras jetés vers la rencontre furtive    
il nous plaît par un soir d'hiver     
d'être le pirate aux mauvais tours    
raclant de la gorge et tapant du sabot    
pour lécher la plaie d'un corps adombré.       
 
Les tours jumelles sont tombées dans la baie d'Along 
et ne serre la jugulaire de mon casque    
qu'au petit jour    
pour astreindre les chevaux du langage    
à belles foulées    
devant le poète ermite.        
 
 
( peinture de Michel Bole Du Chomont )
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Bouquerie du temps

 
 
 Le bouc se leva    
 pour de son étreinte sensible    
 associer les songes et le temps.        
  
 Point de sentimentalisme    
 à la proue du navire    
 la mer se tordait de douleurs.    
  
 Et la page éclata    
 au souffle pur de l'inspir    
 nous pûmes rejoindre le mot.        
  
 Accroché au langage    
 sans masque bouche ouverte    
 la chaleur se para du feu consumant.    
  
 Disparaissant dans la brume    
 nous échappâmes au pire -    
 de quel degré de réalité sommes-nous fait ?        
  
 Mêlant le livre à la parole    
 en traversant le boulevard    
 je relevai le poids du temps qui passe.        
  
  
                                                                            695
   

Une fresque en légèreté

 
 
 Une fresque en légèreté    
 et tout est art    
 en persuasion    
 en intuition    
 pourvu que le train passe    
 le train des connivences    
 des accords momentanés qui perdurent.        
  
 Puis l'intention se déchire    
 avec plein d'histoires palimpsestes    
 à décortiquer    
 pour que se régalent les danseurs de l'ombre    
 les petites mains de l'ouvrage    
 quand passe le grand vent des manigances    
 audience pour ceux qui pensent.        
  
 Il n'est d'accord viral    
 que le sang des taureaux dans l'arène    
 de bon matin    
 hors des tourments de la veille    
 à faire sens de leurs traces    
 quand passent lasses    
 les cigognes sur l'île nue.        
  
  
 ( œuvre de Sylvain Gérard )
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