All posts by Gael Gerard

Je te tiens tu me tiens

 Je te tiens tu me tiens   
 par la barbichette   
 et ne tiens que vent   
 et boule d'or   
 roulant à fond de ravin   
 vers la cupule des origines.        
    
 Je rêve de te tenir   
 par la barbichette   
 alors que tu dors   
 homme dissipé   
 aux incartades oubliées   
 sans appui sans chemin.    
  
 Le nouvel acte approche   
 le petit enfant rêve dans le sein de sa mère   
 et la question est pesante   
 être couché dans le vide n'a rien valu   
 terrifiant   
 que de regarder en arrière.      
     
 La boule d'or plonge   
 l'écume la recouvre   
 un bruit de rires cumulés   
 monte des marmites de géant   
 l'enclume sonne le dernier rappel   
 brisant l'ordre des choses.      

    
442

Le vieillard aux galoches de vent

 Cette nuit   
 d'avant les chants d'Hildegarde   
 mirador planté dans les herbes folles   
 une pincée de sel à la volée   
 contre la carène des visions.   
   
 La calèche s'éloigne   
 sur la sente pierreuse   
 point de mission en perspective. 
     
 Juste une main tendue   
 dont les doigts se taisent   
 quand passent fraîches   
 les robes à fleurs des demoiselles d'honneur   
 de rires contenues   
 devant le vieillard aux galoches de vent.  

     
441

l’ouvert pour l’autre

  L'Ouvert en soi en moi   
l'Ouvert pour l'autre
l'Ouvert à l'autre.

Retournement des yeux
coquillés au reflet de la libre issue
par les yeux de l'animal.

Dès l'enfance
nous fûmes sur le parvis des apparences
le support des remontrances.

A écrire le plein et le délié
de pinacle en chaire sermonnante
à remonter la pente.

Et puis le jour fût pure essence
et les fleurs s'ouvrirent
appel tambourinant des ménestrels.


440

lati gun si ọna abẹrẹ

   De monter vers l'aiguille  
précède la descente en abîme
la collerette sage du barbu de l'oubli
courbure d'une main
mon âme fleurie
sur le rebord en fenêtre
signe d'élans
de pas dans la neige
à regarder se dépouiller
les branches de leur manchon de miel
chute lente mais néanmoins audible
menus sourires s'époussetant
le bras tendu vers l'horizon
qu'appelle le soir venu
le trait de lumière
annonçant sous la porte
le retour des oiseaux
vers leur niche nocturne.


437

jade kuro ninu omi

   Ti njade lati inu omi   
ìmọ si niwaju
ro idi ti o wa nibẹ
ye ohun ti n ṣẹlẹ
ma ko adaru inú ati ohun ti o jẹ
ya aye re si awọn gbólóhùn ti ga kikankikan fomula.

Asan iranṣẹ
ṣe ojúṣe ẹni
fifun awọn ọmọ kekere
nipa idabobo awọn ọmọ kekere rẹ.

Igbesi aye n beere nkan miiran
Igbesi aye nbeere Ife
bee ni mo je Ife
okan mi si gbona
nitori Ife ni ounje
Ifẹ ni Ẹmi.

Di Ìránṣẹ́ Ìránṣẹ́
ṣãnu fun Olukọni ti ko ye ohunkohun
ba wa ni akoko lati lọ kọja ojuse
kuro ninu iwa
yi ohun lati oke de isalẹ
orukọ igberaga
daruko Olodumare
jẹ imọlẹ, imọlẹ
devant la brise qui se lève.

Alors,
provenir de ce qui a été
afin d’être à nouveau
dans le provenir de ce qui vient
le bien céans des choses de l’Esprit.


436

Rejoindre les miettes du festin

 A la tombée du jour   
 Quand le vieil océan racle les galets.   
   
 Oui j'accepte   
 D'être de mots démuni   
 Devant le vol ultime   
 D'avant la raison.     
 
 Marcheur obstiné   
 D'arbres et de pierres sèches constitué   
 La mer devant soi   
 Être vertical   
 À l'appel du dernier regard.   
         
 D'ivresse point   
 Juste cette douleur à la hanche   
 Stigmate du dernier combat.   
   
 Je rejoins les miettes du festin   
 Disposées tôt matin.   

       
435

le volet crisse

 Au fil tendu   
monte la verte raison.

Quand passe la huppe
reviennent les souvenirs.

Le clapot du ruisseau
reflète la note souveraine.

Au plein bleu du ciel
la découpe sommitale.

Le vent frais du matin
courbe la houppe des arbres.

Deux doigts posés sur le hublot
pour que vive la mère morte.

Le mugissement rauque de l'avion
fait se lever la noire image.

Le volet crisse
il va falloir se lever.

Illustre moment que celui de la remise des prix
quand le pas se fait lourd pour gravir l'estrade.


431