Une après-midi en médiathèque

Retenir pour que cela passe
Ce quelque chose qu’on voudrait dire
Et qui claque au dessus de l’eau
Au milieu de toutes les pluies.

Puis descendre en candeur
Vers le lieu des atermoiements
À défaire le ruban de ce qui viendra
Conque d'où émettre
Le son sourd des alignements de circonstance.

Le futur où sans être tu es à la juste place 
Je l’à-coups je contrecoups
Devant le coq en demi-lune
Portant en place publique
Le corps et son langage
Carénés du chant des partisans
À la une 
Sur le sable de l’arène.

Rien
Vide
La peau nue
S’exonérer pour que ne viennent
Ni souvenance
Ni accords majeurs
Ni simple décrochage 
À franchir
Paupières ouvertes
Sur ce qui advient
Cette immédiateté des corps habillés
Tous différents
Aux têtes parturientes
Prêtes à clamer 
Que la clé est à trouver
Fissure dans le mur
Où lumière noire s’échapper
Expérience d’apposition de la main aux ongles bleus
Sur le col de l’outrepassé.  

Enlever la bogue
Pour que le noyau saute aux yeux
Irruption du codicille avant le texte
Langage écrasé entre le pouce et l’index
Dans l’élan du rien trouver pas pris
Mais surgi.

Il est à toi le mot
La cabosse du fruit
Sitôt fendue
Le lait blanc se mêlant à la terre
Pour disparaître
Là 
Au bout du bout
Fine étole
Recouvrant le sol.

Coursier des abominations
Abattu sur le champ
Les affamés tranchant larges morceaux de viande
Dans la chair de l’agneau.

Monte 
Le regard de la chouette
Gauche droite gauche droite
De ses grands yeux ronds
Où se fatalise
Où se facilite
Le déploiement des nues bleutées
Pieusement consignées dans de vieux rouleaux.

Un soir d’été
À navrer la pointe du couteau
Sur la pierre à sculpter
Avons trouvé la douceur de la joue de Mère   
Et le regard de la vraie vie de Fils.  

Par la trouée
J’ai vu s’enfouir le passé
Mal m’en à pris
Il était 15 heures 35.

Par la trouée
J’ai vu s’enfuir l’avenir
Bien m’en à pris
Il était 15 heures 37.

De la poussière sur le tas de cendres
Le vent passera
Rien ne restera.

1419

Amandier en fleurs

Amandier en fleurs
Amandier au pluriel des heures
Heureux amandier pour amants heureux
Ai mandé l'unique facteur
Sans la chute des fleurs
À point d’heures.

Ma sœur mon cœur
Pleurs d’âme
À la pointe de l’arbre
Au plus haut du berceau
L’écureuil s’attarde
À fleur de peau au milieu du ruisseau.

Reflet sur l’illusion
Avons perdu les paroles de la chanson
Comme un parangon de détachement
À mesure de l’écrit grandissant
Soutenant parapluie
Par temps de pluie à minuit.

Forme faites pour plaire
À contrecœur de la polémique
Il eût été céans
Qu’en termes d’énonciation
La langue ne soit pas littéraire
Mais sujette à caution.

S’amuser comme petit fou
Guetter l’apax
Tel paquet cadeau
En leurre de tergiversation
La Vérité s’époumone dans un non-sens
Pour histoire de céleste solitude.

Point de galimatias
La fleur de l’amandier est là
Accordant de manière ambiguë
Le mot avec le ressenti
Fleurant bon la parenthèse onirique
Du souffle dans l’ombre.

1418

La lettre obsidionale

J’ai glissé ma lettre entre les deux roches
Pour lèvres attenantes
Joindre le geste à la parole
Par la fente obsidionale
Pour sans ambage
Contacter le chercheur en sa conscience unifiée.

Conscience simple
Demeurée immobile au cœur du mouvement
Au bord du torrent qui frissonne
À laper les blanches buées
Comme lotus né de la boue.

Point d’arbre
Juste quelque habile babil 
Avait rassemblé la mauvaise herbe
Cette armoise livrée en container
Posée au pied du roc
En posture de vacuité
À chanter les randonnées sur le chemin des douaniers
Sans fausses balustrades
À pousser au triple galop
Telle bravade des états d’âme
Le coursier du septième sceau
Guignant la ligne de crête.

Vous ne pourrez jamais le rattraper
Ce distant dandy de l’instinct
Sans le guide du routard
Et ses remarques patientelles
À combler les abysses du grand chambardement
Par l’ouïe le regard et l’odorat
Scellant à double tour du sans le sous 
La pratique du progrès
Sur le trop-plein désopilant
Des cabrioles du cœur-esprit de l’an neuf.

Magique et dilaté
Les blocs se sont animés
Et même à danser le froid le chaud
L’habile vieux soleil au lever des eaux
Écartant la faille coquillarde
Des mondes parallèles
Pour vision de la joie érémitique
Chanceler mais toujours de manière poétique
Élevée sans que traces s’effacent
À portée du croque-livres des artifices
Gorges déployées
À distiller la bonne parole 
Dans la cour de l’école
Sans redites
L’angoisse calmée
Par l’orientation bienveillante du serre-livres
Paravent elliptique
Pour brassées d’effluves marines
Avoir eu à déployer
L’abrupt du sérieux et des artifices
De gens bien ordinaires.

Plié
Devant le miroir
Nous sommes convenus de déserter
La logique indescriptible
Du Vieil Immortel
Pour farandole de tous les instants
Barioler de joie et de liberté
Le sermon décomplexé
De l’après-nous des années passées.

1417