Effraction faite
de la main à la main
" juste un petit sou Madame "
pour me permettre de mener à terme
le bien fondé de mon être.
Fût-ce l'échec
de ces maigres paroles
un enténèbrement de la chose à écrire
une adresse à mon père
je sais que cela craque.
Les chevaux de la pensée
n'ont rien à faire d'un singe
parvenu en ces années sauvages
à se passer des jambes
quand se cabre la souffrance.
Tout est relié
même le galero me tient de vêture
moi le cardinal des offices
décroché du prétoire
telle icône désaccordée.
Incinérer les allumettes
est une réalité soufrée
à réduire les livres en cendres
d'une sainteté l'autre
un verre de vin à la main.
Les titres sont mes insultes amoureuses
à se balancer le soir en été
pour un duel organisé
dans les fossés de Vincennes
sous les nénuphars du silence.
Entre l'os et la peau
il y a le vertige du regard
à ne plus saisir la femme de papier
là, assise sur le siège vert
avec du sang par terre.
( Le singe au siège vert - œuvre de Sylvain GERARD )
1108
L'outre mer
au lavabo dédié
pustule caoutchoutée
en bord de bar
disposé à marée basse
contre le zinc
à se mirer
près du tabouret de l'enfance
disposant un Gauguin tahitien
advenu
coquille nue
sur le vieil océan
à vaquer
bras levés
vers l'apôtre des afflictions
martin pêcheur
des aventures triées sur le bâbord
à signaler dans la brume poisseuse
le bruissement de l'eau
contre les flancs du vaisseau.
Je t'attends
près de la table
je t'entends
par les coursives désertes
chanter une contine
pendant que mère-grand
dans son médaillon
ressasse lèvres pincées
l'amour des livres
empilés au bord du lit
sans que claquement de langue vienne troubler
les espaces s'emboîtant tel logos
dans le glacis des événements.
Au loin la ville
de La Rochelle à New-York
tout doux mon fils
nous y arriverons
et franchirons les ors de l'absolu
à piqueter de particules lumineuses
la caravane des brumes
mouettes perdues dans un ciel étrange
alors que jaillissaient les notes graves
du sans souci sans lieu sans projet
jusqu'au rien.
L'air en sa liqueur bleutée
rejoignait le barbouillé du comptoir
pour se hisser
à hauteur du hublot
à voler de crête en crête
de mot en mot
le sourire sous le casque fleuri
en méridienne de notre cap
un cran par dessus
à saisir par le col
le vide écran de nos nuits
puis franchir les écluses bruissantes
quant force était de se dresser
un trait au dessus de la flottaison
dans l'ardeur de l'écriture.
Garde toi mon fils
de l'écume des jours
tout autour disposée
sur nos têtes couronnées.
Il se pourrait
qu'en terre nous soyons
le babil bienheureux
de la vie incessante.
Même éphémère
le poinçon du nouveau-né
contrariant en ses principes
nos pensées impensées
évaluera notre trait de côte
le long des golfes sages
marcheurs infatigables
de notre distraction à être
semence de l'oubli
ultime ricanement
avant le petit tas tout gris
de nos jours accomplis.
( Le médaillon - fusain de Sylvain GERARD )
1107
De pâles lueurs
dardaient en la demeure
quelques langues d'amour
à même d'élever
sous le tamis des rêves
la prière éternelle
des corps enlacés.
Ce bel ange
indolent de la beauté du monde
penché sur mon épaule
palmes à la main
échancrait à petits coups tout doux
et ma bouche errante
et mon cœur de douleurs ceint.
Souvenez-vous
grâce souveraine
de l'ardent délateur
des usines en mosquées
brisant les usages
pour que phrases se suiventtelle salve d'avenir.
Suivre le chemin
corrige le dédain d'être seul
le sang marquant chaque pierre
de l'haleine haletante du crieur
prompt en sa voix publique
d'érafler par la ville encore endormie
le pas des dames matines.
1106
Dans l'instant
je rougis de ta venue
et ne puis toucher ta main
de mon souffle
en épanouissement
de la riante promesse
de pouvoir te faire renaître.
Il y eut cet accroc
des hommages répétés
à la porte des temples
alors que je quémandais
les caresses naissantes
d'un soleil virginal
arrosé de rosé.
À même l'argile prégnante
je rompis le cercle des sphaignes
pour d'un arc murmuré
écarter les lèvres aimées
de cette mort entretenue
baignant la mélancolique nuit
d'étranges chevelures. N'y pouvant mais
gonfler ses narines
et prendre ailes de colombes
font que le cœur palpite
en fierté d'entretenir
le souvenir des floraisons
à même un doux baiser.
1105
Як, des plaines infernales
que la jeunesse abhorre
m'ouvrir par le devant
le ventre
pour me regarder mieux.
Septembre au sceptre doré
annonce fermeture de la maison
quand passe soleil au firmament
de la journée
ma belle boulangère.
Fussent subreptices
les apparitions de l'ombre
rien n'empêche d'être clément
par les chants par les roses
ô fruits de la lumière.
Sitôt aimée
quand brille l'aube
je m'aperçus qu'en son esprit
gisait par le travers
son corps ensemencé.
Roulez à cœur perdu
par les sentes ombrées
nos âmes empenaillées
qui devant l'âtre
soufflent la romance.
A pleines mains
les joues en feu
ils ont vaincu la parole imparfaite
à s'enivrer, à se défier
avant d'éclore le lendemain.
Point de papier froissé
à la corne d'abondance
par les chambres secrètes
soufflait un cercle d'air
embryon des coulures de l'esprit.
Ployons la baguette du sourcier
par dessus la rime gonflée
stance odorante des rires infernaux
saisie sans linceul
la joie fuyant la peine.
Du pic épeiche de la forêt
perché sans arrogance
le menhir arguait l'accomplissement
de tant d'années à soulever encore
au passage des korrigans.
1104
Écrire n'est pas d'éradiquer
d'une plume grasse
la virginité de la page.Le chemin est à ce prix.
Regarder à la dérobée
la fuite du temps
occasionne carambolage de la raison
et cadavre déterré.
Aussi semble-t-il
davantage céans
de se tenir là
accroché au pommeau de la rampe.
Tout est pur.Entre ses lèvres
se lève le râle du fauve épuisé.
" Dis-toi bien qu'on est en train de te tuer ".
Se tenir à l'écart
en contrebas de l'octroi
rend la chose facile
telle tâche de sang du temps des cerises.
Restons en silence
à la bifurcation.Découvrons l'écran secret
des invalidations.
A soulever le vasistas
du côté du couchant
expose à rendre visible
la sente à l'endroit de l'orifice.
L'âme endeuillée
tarde à dresser le pavois
devant l'écrit insensé.
Fais ton travail
enfant du soleil inversé
dont la silhouette vague
ensevelit la cause.
1103
Ecrire c'est aller
là où s'arrête le visible.
Ecrire
c'est valise faites
ne plus savoir où l'on va.
C'est être
devant le grand mur aux pierres sèches
repère des vipères
et des trésors mêlés.
C'est arriver au port
après avoir erré
de rivage en rivage
en distraction des tempêtes
et autres suffisances.
C'est ne pas y être
quant on vous attend
le doigt sur la couture
en érection lente
hors les traces du reflux.
C'est vivre
avec légèreté
en se penchant sur son cœur.
Si faible sois tu
tu pourvoiras
à ton besoin d'élévation,
cet espace
où respirer les grandes randonnées
au soleil de l'esprit.
Ecrire
c'est n'y être plus.
Ecrire
c'est être un bouchon de liège
sur la mer des outrages
à palper de tous ses doigts
les anfractuosités de la fadaise
signes avant coureurs
des onctuosités de l'âme.
Ecrire
c'est aussi,
танҳо,
franchir le seuil de sa maison
pour rien.
Ecrire
c'est chercher ce qu'on a déjà trouvé,
simple idiot du village
en quête des photons de lumière.
1102
S'étonnent de rien
les fibrilles du poème
quand vient le temps des vendanges.
À la lueur des lampes grises
il est de bon ton
de les couper bien ras.
Feuillages tendres
en accomplissement d'un dévers de l'âme
la perspective opère.
Navrées d'être en retard
les ondes progressent
à petites lampées de plaisir.
Creuses à minima
sans que le cœur vacille
les roches pleurent.
À n'entendre que la mer
les mains crochent le vêtement
à mesure de l'ourlet.
Rousse de raison
elle a permis la femme d'esprit
d'opérer à demeure.
Des doigts fins
dédoublent les écailles
d'un geste fol amour.
Fleurset eau
sommes en haut du promontoire
une volée de passereaux.
1101
À fleur de peau
À fleur d'eau
Les nuages s'effilochent
Jusqu'à tard le soir.
La mer monte
Amenant algues et plastiques
Sur la plage aux enfants bruyants
Que les parents morigènent.
Fruits de mer et crêpes sarrasines
En fond des luette
Signent d'un cidre brut
Le bulletin de bonne conduite.
Mêlant le genièvre et la pomme
Adam et Ève
Rassemblent les grumeaux de la fête
Sous la guirlande de la guinguette.
Main dans la main
Dans la découpe des sorbiers
Le soleil se couche
De ses doigts rouges et jaunes paré.
Remontant l'estuaire
L'Écailleur aux huîtres bleues
Sur son paddle endimanché
Agite ses drapeaux de prière.
Un train passe
Sur le pont du NordUn bal y est donné
En souvenir des enfants obstinés.
1099