A quatre mains

A quatre mains    
Me montrer que le pouce manque  
Et que l'alpha et l'oméga    
Ne sont de secours    
Qu'en cas de partage.       
 
Barbe fournie    
Petite bouche sans lèvres    
J'ai revu cette nuit de février    
Les lévriers de mon enfance    
Courants à travers champs.    
 
Mon corps tatoué    
Des ondes magistrales de Gavrinis     
Me sont apparues vaguelettes sages    
Dans la baie du Morbihan    
En remontée de la marée.        
 
Tête bien faite    
Auréolée d'une bistouille monétarisée    
Je crois en un Dieu heureux    
Yeux dans les yeux    
Au passage fraternel des gisants.        
 
Et me vient    
Le prurit occasionné    
Par la longue assise    
D'attente au soleil    
Les ailes s'agitant    
Comme de petits bras    
Dans l'ombre des frênes    
A la porte sud    
De l'édifice    
Fils immaculé    
Paupières de terre    
A demi resurgi    
Au ras de l'horizon    
A tenir le réel    
Épais et solide    
Sous la travée des deux mondes    
L'un délicat et dispos    
L'autre fier d'avoir trouvé la clé    
Des mots l'ordre essentiel    
Paré d'un habit de circonstance    
Parfois effleuré    
Mais portant neige    
Sur la cendre des oublis    
Que l'imaginaire incinère    
Par temps de grande solitude    
En l'orient de chaque visage    
Rappelant le rocher    
Surmonté du phare    
De l'autre côté de la présence.    
 
 
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