Tu te retournes

Tu te retournes
Et ne vois rien
Hormis cette lumière
Présence claire
D’appartenir au monde vrai.

La dernière feuille tombe
Dans le square des pompiers
Un enfant appelle sa mère
Son prénom, Coco bel-œil
Sinon peut-être rien.

Que vienne le couchant
Sans oublier la prison moite
L’inapaisable effarement
De la pointe du couteau
Dans le long chant de la révolte.

Rejoindre l’enveloppe pulvérulente
D’une photo enveloppée
Entre le rire et le dire
Le souvenir
Et quelques mots flamboyants.

Ịdị, règne la chenille
Sur la branche noire
Invisible
Entre les échos figés
D’un silence compatissant.

L’horizon tranche de saumon
Se prête au massacre des enfants d’Yzieux
Premières étoiles montantes
Faisant fuir nuages et oiseaux
Au passage de l'ombre maculée.


1595


Elles marchent

Elles marchent
Ouvrage inaugural
D’une démarche immémoriale.

Demain c’est la fête
Après l’école le réconfort
Auquel l’air froid cède le pas.

Corps en gloire
Bravant l’asphalte
En deçà, au-delà.

Appel persistant
De l’oreille droite à l’oreille gauche
La vie afflue.

Semelle de vent
Âmes retrouvées, âmes errantes
La vaste rythmique du monde.

Sommes-là
Les parturients de l’esprit
À cisailler d'anonymes brumes.


1594


Toi qui entends

Toi qui entends
Toi qui vois
Tu te retournes
Dans la lumière
Poignante ouverture
Hors des portes du temps
Sinon peut-être.

Lancée sur le frêle esquif
Hors le lancinant effarement
De toute beauté
Appelée jusqu’à l’oubli
Il eût fallu se muer en chant d’été
Sinon Être
Rayons d’abeilles.

Ferrures signées et résignées
À voix basse
Refaire le chemin parcouru
Entre le cri des oiseaux
Les cris de douleur
Et de plaisir
Qui tant se ressemblent.

1593

Bruissante assemblée

Bruissante assemblée
Extraite du coquillage
Il fût aise
Au sortir de l’église
Par le geste du chambellan
De se posturer
Dans la splendeur d’une après-midi ensoleillée.

Promesse du vol de l’aigle
Le souffle des origines
Pouvait par l’œilleton du porche
Dégager le crève-cœur
Des âmes en partance
Âme-sœurs évaluées
Au pesant de l’insouciance.

Plissement des yeux
Éclat des sourires
Les pingouins de l’Antarctique
Jasant sur la dalle dégagée des glaces
Comme pétales sous un vent de printemps
S’étaient emparés du sceptre des accoutumances
Sans que grâce ne pâtisse.

1592

N'ikpeazụ ịnọ jụụ

Finalement 
De rester coi
Devant Grand-Chat
Permit au temple des saisons
De faire passer
Brume anonyme d’une ultime gloire
Cette chaise en bois
Pour le réceptacle des choses à venir.

À parader
De gestes et paroles mêlés
Bésicles sur le nez
Offre à l’écriture
D’héler en bord de chemin
La paille et le grain
Pour chasser les brigandes émotions
Du matin des magiciens.

Mille fleurs alentour
Dans le giron d’une personne aimée
Avons barguigné
Jusqu’à tard le soir
Pour un morceau de lard gras
Sur la tartine épaisse
Sortie moelleuse et croustillante
Du tiroir aux miettes tapissé.

1591

Ahu ike !

Ulo odo na-acha odo odo na ngbanwe usoro
M na-elekọta iji jide laly
M ga-ekwe ka anya mmiri ole na ole daa
Na-apụta na ọkụ ọkụ
Na mbara igwe na-adọkpụwo na ọbara na-acha anụnụ anụnụ.

Ihe di egwu
Na-agbaze site na windo gbajiri agbaji
Azu azu
Pertaplet ohu
Site na ndị mmụọ ọjọọ nke ndị ogbenye na nke.

fee ! Gwa m ihe nzuzo gị
Ka anyị jiri ncheta nke ndị okenye
Ka anyị bụrụ ndị na-acha uhie uhie na-eme ka din nke igwe mpịakọta
Maka akụkụ nke na-acha anụnụ anụnụ
Mara ìhè nke anya anyị.

Syenling Sin na njedebe nke ụbọchị
Na-alụ ọgụ nke nnụnụ ahụ
Island na-agaghị agha agha
Iji zere ịzọcha àkwá
Ka ọfụma na-atọ ụtọ.

Na samphare
Ahụ nke sepulchral whitness
Chụpụrụ ihe nzuzo nke obere ụmụ agbọghọ
Site na loopholes nke ulo mkporo
Paspọtụ nye ndị a na-adịghị ahụ anya.

Oge opupu ihe ubi nwere ike itisa nri
Site n'otu aka ụwa si na-egbu egbu
Site n'aka n'aka nke ọzọ nke mbara igwe na-agbanwe
Tupu Nzukọ ahụ pụọ n'okpuru mmiri
Site na ntu na-efegharị n'ime otu ihe atụ.

Ọnweghị nsogbu
Melee Talts
Ndị na-eto eto na-enwe obi ụtọ bịara nso n'ihe owuwu mmezi
Ịbụ mita dị elu
Mee ka onye ọ bụla hụ onyinyo nke ihe ahụ.

Ngwa ngwa na-ekenye Kraist site na nmeputa ya
Na Golgotha ​​nke omume
Akpa juru na mmanụ a honeyụ
Ga-eje ozi dị ka ọwa
Na-eche ihu na-atụghị anya.

Ala ala
Jiri aka na mkpu
Ee e-madụ
Na agha nzuzu mere ka jupụta na ili dị iche iche
Tupu amamihe a mara.

Igwe na-azọgharị na ikuku na-egwu egwu
Ha gafere oke osimiri
Opi na-eduga
Ọgazị
Echiche ndị a kụrụ ebe ahụ.

Na Nsogbu Nile Ahụ Dị Mma
Na n'ọnụ ya na ntị ya mara mma ga-ama ọ joyụ
N'ọnụ ụzọ atụ n'ọnụ ụzọ
Ọmịiko karịa
Site na mkpuchi mara mma nke ụdị obi ọjọọ.

Ka anyị nụ
Mkpụrụ obi na-ekiri n'okpuru njiko nke azọ ọma nke okporo ụzọ
Alụ ọgụ
Site na paini na-achụrụ naanị
Achịcha mmiri a wụsara na usoro ọhụrụ.

(Na-arụ ọrụ site na Jean-Claude Guerrero)

1590

Sistersmụnne nwanyị atọ

Quand je lisais « la manu »  d’avant-guerre
Il y avait des bicyclettes, des fusils
Des instruments de cuisine, des articles de jardin
Et même des vêtements dessinés en taille douce
Sur les feuilles racornies et jaunies.

Au loin les monts du Cantal
Par-dessus les frênes du Pradou
De l’autre côté du jardin
La fontaine aux belles dalles
Et ce pré de descente en vélo vers l’abreuvoir.

Il y avait là, les trois sœurs
Devant la clide près de la gargote
À parader sur les biclous sortis de l’écurie
Fernande, Jeanne et Renée
Drivées par Gérard, Claude et Georges.

La route n’était pas encore goudronnée
Les flaques d’eau laissaient libre court à la patauge
Le tertre était raide
Une alouette parfois tirlipotait
Dans la ruine des Matillou.

Les poules gloussaient librement dans la cour
Leurs crottes collantes nécessitaient
De frotter les chaussures sur les pierres de l’entrée
Augurant quelques remarques parentales
Quand les rires débordaient la vigilance.

Vaisselle faite sous l’ampoule unique de la salle
Il fallait jeter l’eau souillée
Le plus loin possible sans se mouiller les pieds
D’un geste ample de semeur
Faisant se courber orties et framboisiers.


1589

Trois cœurs pour un oiseau de nuit

Étrange composition
Au solstice d’été
Quand la lumière s’éprend du chemin creux
Près du mur de pierres sèches
À pointer l’espace d’un éclair
Le cœur et le cœur et le cœur
Trois cœurs pour un oiseau de nuit
Qui viendra nous ensevelir
Au couchant du furtif passage
Vif encore de flammes virevoltantes
Pour nous dire adieu
Par delà la nostalgie du germe.

Creusant les plaies
De qui entend les mots en échos
Lancés comme chant du loriot
D’appels arrachés à la pointe du couteau
Alors que une à une
Se pétrifient les ombres
D’un douloureux voyage
Acheminant vers le fond du miroir
Promesse de sang
Où brûler les serments
De l’autre côté de l’horizon.
À point nommé, gémissements.

Ils écossaient les petits pois du jardin
En présence de l’impensée vie terrestre
Dans la gloire de l’été
À embraser les lucioles de la mémoire
Égarées là en fidèle compagnie
Des ancêtres, point de mire
Signifiant neuve partance
Creusée à mains nues
Dans l’humus, source inviolée
D’un panier en osier
Bougie allumée sur le pas de porte
Où bercer la veillée de paroles échangées.

1588

Le cœur à bout de bras

Ne me dis-tu pas qu’il soit mort hier
De frayeur
De manquement de soins
D’allers-venus en bord de précipice
À se fendre d’amour d’échancrure en échancrure
Le cœur à bout de bras
Jusque dans l’embrasement des choses dites.

Plus bas dans une démarche immémoriale
Plus haut dans le vide
Avons-nous investi les résonnances qui prophétisent
Bien au-delà des possibilités
Alors qu’il suffit d’avancer
Entre les deux rives
D’une plaie ravivée.

Marcher doucement sur les pierres de la source
Aux serrures du ciel, j’ai préféré le ciel
À la clé des énigmes, les vibrations du lendemain
À la brûlure, la brise des souvenirs
À la tornade, la feuille qui tombe
À la nuit, le jour d’ouverture
À l’unique dignité, le clapotis infini des vagues.


1588

L’allée d’Allagnat

Un faisceau de souvenirs soutient la futaie
J’ouvre les bras
Et me viens
Gentil ami
Dans l’alignement des exvotos
Le désir d’une fête
Guirlande de branche en branche
Marouflant la ramure
De mille feux
Corps s’accordant
Âmes refluantes
Du parterre de feuilles sèches
Pour que vie s’élève
Au grand festin des intimités
Flammes et larmes
Du fond de la frondaison
Tracer la sente faisant chant
Du bruissement des pas
Dans l’immense éclair des grains de poussière
Pulvérisant la beauté du lieu
Aux noces mémorables
Pour qu’advienne
La douce pluie
Crédence tintinnabulante
Offerte à l’inapaisable fontaine.

1586

La présence à ce qui s'advient